La Calabre, située à l’extrémité sud de la péninsule italienne, est une région réputée pour ses paysages spectaculaires, ses montagnes majestueuses et ses côtes pittoresques. La Ciclovia dei Parchi della Calabria, qui fait partie de l’EuroVelo 7, est une route cyclable emblématique qui traverse cette région, offrant aux cyclistes une aventure inégalée à travers certains des parcs naturels les plus préservés d’Italie.

Ce récit de voyage explore en détail le parcours, les difficultés à prévoir ainsi que la période idéale pour entreprendre ce voyage.

Ciclovia dei Parchi de la Calabria – Parcours complet

️545 km   ⛰️ 1565 m   +10 240 m   -10 510 m

Parcours complet

Parcours complet de la Ciclovia Parchi Calabre

La « Ciclovia dei Parchi della Calabria » en chiffres

  • Difficulté : Moyenne à élevée, en fonction des segments, certaines parties sont plus adaptées aux cyclistes expérimentés ;
  • Temps de parcours : Le parcours compte 13 étapes, réalisables en 6 à 9 jours pour les cyclistes entraînés, ou en 13 jours pour les cyclotouristes moins expérimentés qui souhaitent alterner entre vélo et visites culturelles ;
  • Période idéale : Printemps et automne ;
  • Type de vélo : Vélo gravel, vélo de course type endurance ou VTC ;
  • État des routes et signalisation : Varié, certaines sections peuvent être en mauvais état avec des nids-de-poule, signalisation adéquate ;
  • Topographie : Très diversifiée, allant des montagnes escarpées et des vallées verdoyantes aux prairies alpines et forêts denses ;
  • Parcs naturels traversés : 3 parcs nationaux et 1 parc régional
  • Pays, villes et villages traversés : 46
  • Eurovelo : La Ciclovia dei Parchi fait partie de la “Véloroute du Soleil”, l’EuroVelo 7 qui démarre en Norvège et termine à Malte.

Préparer votre voyage

Pour bien organiser votre voyage à vélo le long de la Ciclovia, commencez par consulter le site officiel Ciclovia dei Parchi della Calabria. Ce site est une ressource précieuse pour obtenir des cartes détaillées, des itinéraires, des informations sur les hébergements et les services disponibles, ainsi que des renseignements pratiques sur comment s’y rendre.

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Carnet de route – La Calabre à vélo

La Ciclovia dei Parchi della Calabria a été une véritable montagne russe de paysages !

Nous avons parcouru plus de 500 km à travers la Calabre, du nord au sud, de Mormanno à Reggio Calabria, et ce fut tout sauf une promenade de santé. Nous avons escaladé des montagnes abruptes, traversé des prairies alpines, plongé au cœur de forêts denses et admiré des côtes spectaculaires. Les altitudes allaient de 19 m à 1 565 m, avec un total de plus de 10 000 m de montées et 10 500 m de descentes. Le parcours était un véritable yo-yo, alternant entre des segments modérés et d’autres très exigeants, nécessitant à la fois force et courage !

Arrivée en train à Scalea et transfert en bus à Mormanno

Nous avons choisi de rejoindre la Calabre en train, car en Italie, il est possible de voyager avec son propre vélo non demonté sur les lignes Intercity et sur les TER, moyennant un billet supplémentaire de 3,50 euros par jour.

Nous avons pris l’Intercity Rome-Reggio Calabria jusqu’à Scalea, notre arrêt en Calabre. De là, il est possible de rejoindre la Ciclovie à vélo en direction de Mormanno par deux itinéraires : soit via la SP3 vers Papasidero (45 km), soit par un trajet plus court, mais beaucoup plus difficile vers Orsomarso (36,3 km, avec un dénivelé de 1 200 m à 9-10 % de moyenne). Arrivés l’après-midi, et en raison des montées ardues ainsi que de la chaleur du mois d’août (43 °C), nous avons opté pour le bus TNC Trasporti Nord Calabria, avec transport de vélo, pour rejoindre Mormanno (ligne 365). Il est conseillé de réserver. (Pour plus d’informations).

Étape 1 : Mormanno – Morano 18,5 km

La première étape a été un vrai sprint : 18,5 km en seulement 45 minutes ! Malgré tout, nous avons pris le temps d’admirer les paysages splendides le long de la Ciclovia.

Après avoir quitté le paisible village de Mormanno, perché à 840 mètres d’altitude, nous avons rejoint la plaine de Campotenese, nichée entre le Pollino et l’Orsomarso, où la piste cyclable suit l’ancien tracé ferroviaire Calabro-Lucana. À Campotenese, une fraction de Morano Calabro, la Ciclovia culmine à 1050 mètres. Ce village est célèbre pour son parc de lavande, que l’on peut admirer dans toute sa splendeur à la fin juin, lors de la floraison. Ensuite, nous avons descendu vers Morano Calabro, le plus beau bourg médiéval de Calabre (680 m).

Morano Calabro

Crédits : Vue de Morano Calabro, Marcus 1756 CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Étape 2 Morano Calabro – San Donato di Ninea 62,9 km – ️1.440 m

Après un réveil matinal à Morano, nous avons repris la route pour 63 km d’aventure en direction de San Donato di Ninea.

Le parcours de la Ciclovia nous a d’abord menés à Castrovillari, la plus grande ville du Pollino, où nous avons fait une pause gourmande sous prétexte d’acheter une chambre à air.

Pitta 'mpigliata

© Anastasia – La Pitta ‘mpigliata, un dessert calabrais ancien à base de fruits secs et miel.

Ensuite, la chaleur accablante de l’après-midi nous a accompagnés sur la SP263, une des routes les plus tranquilles et peut-être les moins touristiques du parc naturel du Pollino. On a traversé l’Orsomarso, une région parsemée de villages arbëreshë, où les communautés albanaises préservent fièrement leurs traditions: San Basile (540 m), Saracena (606 m), célèbre pour son vin moscato et Firmo (344 m). Ensuite, nous avons entamé une montée vers Lungro (590 m), siège de l’Éparchie byzantine qui rassemble toutes les communautés albanaises d’Italie. Une nouvelle ascension nous a menés à Acquaformosa (785 m), où nous avons admiré la splendide église Matrice, avant de plonger dans une descente vertigineuse aux virages serrés, surplombant la vallée de l’Esaro.

En fin d’après-midi, après avoir grimpé une route sinueuse pendent 3,3 km, nous avons passé la nuit à San Donato di Ninea. Un joli petit village perché sur un éperon rocheux au pied du Cozzo del Pellegrino, la montagne la plus haute du coin.

Nous avons posé nos sacoches à l’Ostello Kairo’s, une ancienne maison de noblesse reconvertie en auberge par la mairie avec une vue à couper le souffle sur le village et la vallée.

Étape 3 San Donato di Ninea – Acri 74,1 km – ️1.200 m

Cette étape a sans doute été la plus chaude. Nous sommes partis de San Donato, à 720 m d’altitude, pour descendre jusqu’à Roggiano Gravina, à 63 m. La température ressentie atteignait le 48 degrés. En fin d’après-midi, nous sommes remontés vers Acri, à 720 m, sur des pentes avoisinant 13 %. Après une sieste bien méritée dans un petit parc à Bisignano, nous avons repris la route pour rejoindre la vaste et surprenante commune d’Acri, aux portes du parc national de la Sila Greca.

Le Parc National de la Sila

Le Parc National de la Sila s’étende sur environ 150 000 hectares et est divisé en trois partie : Sila Greca, Sila Grande et Sila Piccola. Ce parc abrite des sommets, des plateaux, des forêts denses et des lacs artificiels en altitude.

Créé en 1997, le Parc National de la Sila protège aujourd’hui 73 695 hectares de nature préservée. Il fait partie des espaces naturels emblématiques de la Calabre, avec une histoire de préservation de l’environnement qui remonte au parc national d’origine de 1968.

Étape 4 Acri – Lorica 62,8 km – ️1.380 m

Nous avons quitté Acri à l’aube, à 5h30 précises, pour échapper à la chaleur exceptionnelle de ce mois d’août 2024. La Via della Sila, culminant à 1 262 mètres près de la Cava di Melis, est exigeante pour les cyclistes. Elle offre cependant des panoramas impressionnants sur les vignobles en terrasses et les sommets de la Sila, dont le Monte Pettinascura à 1 689 mètres.

Ensuite, la Ciclovia nous a menés au lac Cecìta, scintillant comme un bijou perdu parmi les conifères. En longeant le lac, nous avons fait une pause au Centro Visita Cupone, parfait pour découvrir les trésors du Parc National de la Sila. Nous avons terminé notre journée à Lorica, où se trouve un beau camping niché sous les arbres de conifères, le Camping Lago Arvo, juste en dessous du lac.

Lac Cecita

© Anastasia – Lac Cecita

Étape 5 Lorica – Villagio Mancuso 58,3 km – ️850 m

Depuis Lorica, nous avons pris la direction de Rovale (1350 m), un petit coin de paradis au nord-est du lac Arvo, où la vie semble plus paisible. La montée s’est révélée être un véritable défi, avec des pentes atteignant près de 7 %. Cependant, traverser la forêt dense de pins et de hêtres fut un pur plaisir, loin de la chaleur étouffante et du bruit des voitures.

Une fois à 1380 m au km 26,4, nous avons attaqué une descente bien méritée vers le lac Ampollino (1282 m), qui fait le grand écart entre la Sila Grande et la Sila Piccola. En longeant le lac pendant environ 13 km, nous avons croisé une parade de cyclistes et de motards.

Ensuite, cap au sud vers Borgo di Torre Spineto, au km 44,7. Le parcours est devenu plus exigeant, grimpant jusqu’à 1 435 m avant de redescendre à Fontana dei Monaci, puis de remonter jusqu’au sommet de l’étape à 1 439 m. Après une magnifique descente jusqu’à Villaggio Racise, quelques petites montagnes russes plus tard, nous avons atteint Villaggio Mancuso (1304 m), un charmant centre de villégiature avec ses chalets en bois datant du début du XXe siècle. Une journée bien remplie, avec des vues imprenables et des paysages à couper le souffle !

Étape 6 Villagio Mancuso – Tiriolo 55,7 km – ️1.120 m

Depuis Villaggio Mancuso, nous avons filé entre les pins laricio, puis grimpé légèrement avant de dévaler à toute allure jusqu’aux portes d’Albi. Là, le paysage s’ouvre sur des collines couvertes d’oliviers, avec la mer Ionienne en toile de fond. Après quelques virages sympathiques, nous avons grimpé jusqu’à Taverna (521 m), le pittoresque village natal du peintre du XVIIe siècle Mattia Preti, où ses œuvres décorent fièrement les églises et le musée local.

Ensuite, le parcours a grimpé jusqu’à Sorbo San Basile (620 m), puis s’est poursuivi jusqu’à Maranise, avant de passer près de Fossato Serralta (720 m). Nous avons atteint le sommet de l’étape à 890 m, près de la Casa Cantoniera Cafarda, avec une vue époustouflante sur les vallées. Après une descente jusqu’à Gimigliano (525 m), entrecoupée de quelques bosses pour égayer le trajet, nous avons traversé le viaduc sur le Fiume Corace. Ensuite, nous avons repris notre ascension vers Tiriolo (690 m), un village offrant des panoramas si impressionnants sur les deux mers qu’ils pourraient vous couper le souffle. Par temps clair, on peut même apercevoir les îles Éoliennes.

Tiriolo: le village des deux mers

Tiriolo, surnommé « le village des deux mers », est un véritable balcon sur la mer Ionienne et la mer Tyrrhénienne. Perché à 670 mètres d’altitude, il est réputé pour ses ruelles pittoresques et ses maisons en pierre. Le village est aussi célèbre pour ses musées locaux qui exhibent des œuvres d’art et des artefacts de la région, ainsi que pour ses boutiques artisanales proposant des produits faits main. On y trouve encore quelques ateliers d’art qui produisent des vancali (écharpes traditionnelles) et des tissus en laine et en soie, ainsi que la tradition de la transformation du genêt.

Mais ce n’est pas tout : Tiriolo se distingue également par la production artisanale d’instruments de musique traditionnels comme la lyre calabraise, la fidula de la Renaissance, les flûtes et la guitare battante. Les artisans, dont les ateliers parsèment le village, se consacrent à la création de sculptures sacrées et profanes, de masques apotropaïques, d’objets en bois d’olivier, de pièces en terre cuite et en céramique. Bref, un véritable joyau avec des vues à couper le souffle et un charme indéniable !

Vue panoramique de Tiriolo

Crédits : Vue panoramique de Tiriolo (CZ) – Pinodario – CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Étape 7 Tiriolo – Serra San Bruno 77 km – ️1.650 m

Depuis Tiriolo, nous avons entamé une longue descente à travers des collines couvertes de châtaigniers, chênes, oliviers et figuiers de Barbarie. Après avoir traversé Settingiano (170 m) et la zone entre les mers Ionienne et Tyrrhénienne, nous avons grimpé vers Caraffa di Catanzaro (358 m), affrontant des pentes à 11 % avec des vues superbes sur la vallée du Corace. La route descend ensuite vers Girifalco (446 m), un village médiéval connu pour sa « Fontana del Diavolo » et ses paysages agricoles.

Depuis Girifalco, nous avons gravi le Monte Covello, atteignant le point culminant de la journée à 848 m. Nous sommes ensuite descendus vers Cenadi, puis San Vito sullo Ionio (400 m), célèbre pour ses mûriers et ses pipes en bruyère. À partir de là, la route alterne entre montées et descentes jusqu’à Chiaravalle Centrale (525 m), en traversant des vergers et des collines cultivées. Elle serpente ensuite à travers des noiseraies pour rejoindre Torre di Ruggiero, puis Simbario.

Après avoir grimpé le mont Pietre Bianche (818 m), une descente nous a conduits à Serra San Bruno (798 m), un charmant village connu pour la Chartreuse de Santo Stefano, fondée au XIe siècle par Bruno le Chartreux. Perché à environ 800 mètres d’altitude, le monastère, entouré de forêts et de montagnes, est un havre de paix et lieu de pèlerinage. Nous avons ainsi exploré les Serres calabraises, une chaîne montagneuse riche en forêts reliant le plateau de la Sila et le massif de l’Aspromonte.

Étape 8 Serra San Bruno – Gambarie 112,8 km – ️2.300 m

Depuis Serra San Bruno, le parcours commence fort avec une montée raide atteignant presque 10 % de pente. Après avoir franchi les 1000 mètres, une agréable descente nous a mené à Mongiana (920 m), connu pour ses Reali Ferriere Borboniche et son musée.

Ensuite, nous avons grimpé en direction de la réserve naturelle de Cropani Micone, traversant des forêts de hêtres et de châtaigniers, jusqu’à atteindre Fabrizia, un village niché au cœur des montagnes.

Le parcours s’est poursuivi par une ascension vers Limina (820 m) , puis jusqu’au Passo di Croce Ferrata (1 128 m), avant de descendre vers la Valle Gelata et de remonter jusqu’au Monte Seduto (1160 m). Nous avons ensuite entamé une descente d’environ 12 km jusqu’à l’entrée du parc de l’Aspromonte, ponctuée de montées et de descentes à travers de magnifiques forêts de hêtres.

Une légère montée nous a conduits vers la bifurcation pour Canolo Nuova, près du pittoresque Canolo Vecchia. Ensuite, le parcours s’est poursuivi au Passo del Mercante (942 m) avec une descente vers Zomaro, où se trouve le musée botanique du parc de l’Aspromonte. Après avoir traversé des forêts, nous avons gravi jusqu’aux Piani dello Zilastro (1 061 m), en passant par l’ancien sanatorium de Zervò, aujourd’hui transformé en refuge. Puis, la route a traversé des paysages rocheux et offert des vues sur des monolithes, comme Pietra Salva. Enfin, après avoir atteint 1 378 m, nous avons descendu vers Gambarie, avec un panorama sur Reggio Calabria.

Piani di Zomaro

Crédits: GJo, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Étape 9 Gambarie – Reggio Calabria

Le parcours a commencé à Gambarie (1 324 m), où nous avons directement attaqué une montée vers la Colonia S. Antonio (1 363 m). Ensuite, la grande descente vertigineuse a suivi : accrochez-vous, les pentes atteignaient parfois 10 % ! Nous avons dévalé jusqu’à Ortì (Km 17), un village charmant où les sourires étaient aussi larges que les vues. Au kilomètre 29, nous avons rejoint la route menant au Monastère de la Visitazione, offrant une vue spectaculaire sur Reggio Calabria, le détroit de Messine et l’imposant Etna.

La descente s’est poursuivie à travers des vignobles et des figuiers de Barbarie, avec des pentes vertigineuses atteignant 19 % ! Au kilomètre 25, nous avons commencé à distinguer les premiers bâtiments d’Archi, en périphérie de Reggio Calabria. Nous avons finalement atteint la côte au kilomètre 30,8 et avons emprunté la piste cyclable longeant la mer jusqu’à l’Arena dello Stretto, avec l’Etna en toile de fond.

La Ciclovia s’est magnifiquement achevée sur le lungomare Falcomatà, le célèbre « plus beau kilomètre d’Italie », dans la ville de Reggio Calabria. C’est là que se trouve le Musée archéologique national (MArRC), qui abrite les légendaires Bronzi di Riace, resplendissants comme notre aventure !

En savoir plus sur l’EuroVelo

L’EuroVelo est un réseau de routes cyclables longue distance qui traverse l’Europe. Créé par la European Cyclists’ Federation (Fédération européenne des cyclistes), il comprend 17 itinéraires couvrant plus de 90 000 km à travers 42 pays. Chaque itinéraire est conçu pour les cyclistes de tous niveaux, qu’ils soient voyageurs à long terme ou amateurs de balades locales. L’EuroVelo vise à promouvoir un tourisme durable et des modes de transport respectueux de l’environnement. Ces routes connectent des villes, des sites culturels et des paysages naturels, offrant une façon unique de découvrir l’Europe à vélo.

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À propos de l’auteur : Anastasia

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