S’il est encore considéré par beaucoup comme un simple divertissement, le vélo est bel et bien un moyen de transport à part entière. Et même au-delà, il est une véritable réponse aux enjeux environnementaux et urbains qui se posent aujourd’hui. La place du vélo, qui ne laisse personne indifférent, est depuis quelques années redevenue un vrai sujet politique qui s’invite désormais dans le débat lors de chaque élection. Retour sur l’histoire du vélo dans les élections politiques en France.

Le partage de l’espace public, un sujet de discorde

Piétons, cyclistes, scooteristes, automobilistes… La cohabitation peut parfois être difficile dans les villes et mener à des situations tendues, voire tragiques. Du côté des cyclistes, on entend souvent que les automobilistes font le choix de l’égoïsme en préférant le confort de l’habitacle à l’intérêt général. Du côté des automobilistes et des piétons, le son de cloche n’est pas plus tempéré. Les cyclistes ne respectent rien et mettent en danger les autres usagers.

La cohabitation des usagers dans le débat électoral

La question ici n’est pas de savoir qui a raison, puisque chacune de ces accusations est en partie vraie. Mais cette opposition révèle une problématique bien plus globale. Celle du partage de l’espace public qui est au cœur de ce débat, et dont la résolution incombe en grande partie aux élus. C’est en ce sens que, dans des villes de plus en plus saturées, d’un point de vue de leur densité et de leur pollution, le vélo redevient un sujet politique à part entière qu’il est nécessaire de prendre en compte pour le futur. Et pas que celui de nos centres-villes.

Le vélo, un moyen de transport avant tout

Faire du vélo ne veut pas uniquement dire « être écolo » ou « défendre la planète ». La bicyclette reste avant tout un moyen de se déplacer. Il ne faut pas confondre vélo comme sujet politique et vélo comme instrument politique. En effet, même si la minorité militante du monde du vélo est plus bruyante que la grande majorité pratiquante, la bicyclette ne sert pas une idéologie extrémiste. Ni même est un moyen d’affirmer son appartenance à un courant politique. C’est en cela que le vélo se distingue des autres débats. Il est d’ailleurs faux de penser que l’usage de la bicyclette est représentatif d’une situation financière. Ce n’est pas non plus un signe d’appartenance à une classe sociale. Le vélo est universel.

Ombre de cycliste

Les motifs poussant à la pratique du vélo sont en effet divers et variés. Tout comme les cyclistes sont différents les uns des autres. Le choix du vélo, de la voiture ou de la marche comme mode de déplacement ne peut pas se justifier par un seul argument. Il faut aller au delà du cliché des « nouveaux chevaliers du bitume » oppressant et méprisant leurs ennemis jurés : les motorisés pollueurs et responsables du malheur de la planète.

Le vélo dans les élections politiques en France

Dans les années 2010, le vélo s’impose dans les politiques locales

En France, les premières décisions politiques concernant le vélo se sont généralisées au début des années 2010 au niveau local. Même si on constate quelques rares exceptions, notamment Strasbourg à la fin des années 70 ou La Rochelle et Grenoble dans les années 2000, les premières politiques cyclables sont votées dans les grandes villes françaises au début de la décennie. De Nantes à Lille en passant par Lyon, Bordeaux, Rennes, Toulouse et même Paris. Des initiatives politiques toutefois encore globalement timides, mais positives pour la suite.

Aménagement et signalisation cycliste

© Frédéric Bisson – Flickr

Un bilan positif des politiques cyclables municipales en 2016

Fin 2016, le Club des villes et territoires cyclables fait le bilan de l’évolution des politiques cyclables et piétonnes dans différentes villes et agglomérations françaises, à la moitié de la mandature municipale 2014-2020. Et les résultats sont plutôt encourageants. Premier constat, la pratique du vélo augmente. Les politiques cyclables ont été consolidées. Les villes poursuivent leur dynamique d’aménagement, notamment pour le vélo. Comme la généralisation des zones 30 ou de doubles sens cyclables, et de promotion des modes actifs. Une hausse des offres de stationnement est également observée. Le réseau d’acteurs pour le développement de l’usage du vélo alerte toutefois les municipalités sur le fait qu’il reste encore de nombreux efforts à accomplir.

Bilan des politiques vélo en vue des élections

© Club des villes & territoires cyclables – Résultats de l’enquête nationale 2015/2016

D’autre part, quelques initiatives commencent à émerger localement. Par exemple, la mise en place d’une indemnité kilométrique vélo (IKV) dans les entreprises ou l’instauration d’une prime à l’achat d’un VAE par certaines communes.

Le vélo à l’élection présidentielle de 2017

« Parlons Vélo » entre communication et lobby

Le vélo s'immisce lors des élections présidentielles de 2017

La FUB compare les mesures vélo dans les programmes des différents candidats © FUB

Début 2017, à l’occasion de l’élection présidentielle, la FUB lance la campagne de communication « Parlons Vélo ». Par ce biais, l’association nationale de défense des usagers du vélo souhaite attirer l’attention des candidats. Le but est ainsi de mobiliser les électeurs sur l’importance de la solution vélo. Pour donner sa place au vélo dans cette élection, elle établit également une liste de 10 propositions pour mettre en place une politique cyclable efficace, partagée aux 11 candidats.

Pour asseoir encore davantage le poids de ses arguments, la FUB lance cette même année la plus grande enquête jamais menée en France sur l’appréciation de l’état du vélo dans le pays, le Baromètre des villes cyclables. Près de 113 000 français ont donné leur avis sur leur pratique du vélo au quotidien, permettant ainsi d’établir des classements des villes françaises les plus vélo-friendly. Et de mettre en lumière les villes les moins accueillantes et ainsi mettre la pression sur les élus des villes les plus mal classées. L’opération réitérée en 2019, et dont les résultats sont très attendus, a déjà battu les records de participation de l’édition précédente.

>> A LIRE : les résultats du Baromètre des villes cyclables 2017

La campagne est de nouveau relancée lors des élections législatives 2017. Le but est une nouvelle fois de rappeler aux candidats l’importance d’intégrer la petite reine dans leurs politiques.

Depuis, la campagne pro-vélo de la FUB n’a cessé de gagner en visibilité et en crédibilité. À tel point que le Plan vélo national annoncé en 2018 s’appuie dans ses grandes lignes sur les recommandations de la FUB.

Les recommandations des élus du Club des villes et territoires cyclables

De leur côté, les élus du réseau de collectivités territoriales engagées dans la promotion de la bicyclette invitent les candidats à l’élection présidentielle 2017 à intégrer à le vélo à leur programme. Pour cela, ils présentent 10 recommandations pour développer la pratique de la bicyclette. Relancer le pouvoir d’achat et l’emploi, faire face à la crise, favoriser la santé, la sécurité et la proximité… Ils donnent des pistes et des arguments pour convaincre le futur président que le vélo est un élément incontournable du débat politique.

>> A LIRE : Présidentielle 2017 : 10 propositions autour du vélo pour les candidats

2018, le vélo s’impose au niveau national

Alors que l’ONU fait du 3 juin 2018 la première journée mondiale du vélo, la France s’apprête à vivre un tournant dans son histoire de la politique vélo. En septembre 2018, le gouvernement dévoile les principaux axes d’un Plan vélo national destiné à accélérer le développement de le bicyclette dans l’Hexagone.

>> A LIRE : Un plan vélo national enfin adopté !

Il annonce notamment le financement d’infrastructures cyclables, la création d’une indemnité vélo pour les trajets domicile-travail. Mais aussi la volonté de transmettre une culture vélo dès l’enfance. Ou encore le marquage obligatoire, la création de stationnements sécurisés. Enfin la généralisation des doubles sens cyclables.

>> A LIRE : Un bilan vélo 2018 marqué par des promesses politiques fortes

Le vélo entre dans la loi en 2019

Adoptée le 18 novembre 2019, le très attendu projet de loi LOM – loi d’orientation des mobilités – fait également la part belle au vélo. Présenté à l’automne 2017 lors des Assises de la Mobilité, il a fallu attendre deux ans pour que les plus grandes instances législatives de notre pays se prononcent pour encourager le changement des pratiques et répondre aux défis climatiques et de mobilité auxquels nous faisons face.

>> A LIRE : Projet de loi LOM : en route vers un « système vélo » en France

Constitué d’une cinquantaine d’articles, il donne au vélo une place centrale dans les nouvelles formes de mobilité. Le but étant d’apporter des solutions pour sortir de la dépendance à la voiture individuelle. Outre le covoiturage, l’autopartage, les véhicules autonomes ou le transport à la demande, de nombreuses mesures touchent spécifiquement le vélo. Notamment l’obligation d’équiper les trains neufs ou rénovés de places pour les vélos ou encore la création d’un « forfait mobilité durable » afin d’encourager les salariés qui viennent au travail à vélo. Elle précise également la réglementation des services de mobilité en free-floating.

Surtout, le projet de loi LOM intègre de manière définitive les promesses annoncées du Plan vélo. Et notamment en ce qui concerne le financement pour améliorer les infrastructures. Celles-ci permettent ainsi de réduire les discontinuités du réseau dans toutes les villes françaises.

Prochaine échéance : en route pour les élections municipales 2020 à vélo

Si le vélo est aujourd’hui entré dans le débat national au plus haut niveau de l’État, il ne faut pas oublier qu’un ancrage solide de la pratique et un changement des comportements passent avant tout par des politiques locales et municipales claires et ambitieuses. Et cette année encore, la thématique cyclable devrait s’inviter dans les campagnes municipales. Au point de déchainer les passions ? Comme  récemment à Paris où le vélo semble être un sujet qui ne laisse personne indifférent. Nous faisons le point dans notre dossier complet sur le vélo dans les élections municipales 2020 en France.

>> A LIRE : Le vélo, acteur majeur des grandes métropoles

Vous organisez une activité vélo dans votre ville pour les élections municipales 2020 ? Faites-le savoir en l’ajoutant à l’Agenda du vélo Citycle. Si ce n’est déjà fait, vous devrez créer votre compte gratuit.

[article publié le 17 septembre 2014 et mis à jour le 10 janvier 2020]

À propos de l’auteur : Jean-Baptiste Lasserre

2 de commentaires

  1. MADIC 9 mars 2020 at 11 h 53 min - Reply

    Bonjour,

    Non, le vélo n’est pas utilitaire! Non, le vélo n’est pas universel! Le vélo, c’est la LIBERTÉ. Votre discours est un discours de contraintes inspiré par ceux qui ne veulent pas de liberté, par ceux qui ont le pouvoir. Si, le vélo s’oppose à l’idéologie extrémiste dominante, celle de l’économie, de la vitesse, du pognon.

  2. […] N’oublions pas que cet événement a pour but de sensibiliser la population sur ce mode de transport, où  malheureusement la voiture reste encore la privilégiée dans les grandes villes (Marseille étant l’exemple idéal). Pour aller plus loin, lisez l’article comment le vélo est redevenu un sujet politique ? […]

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