Les élus du Club des villes et territoires cyclables ont invité les candidats à l’élection présidentielle 2017 à accélérer le changement en matière de plan vélo. Les avantages liés à la petite reine ont maintes fois été démontrés. Que ce soit au niveau de la santé, de l’économie ou de l’environnement. Aujourd’hui, il temps d‘agir afin de pleinement profiter des retombées positives que le vélo peut engendrer.
Pour les élus du Club des villes et territoires cyclables, la présidentielle 2017 doit être l’occasion de mettre le vélo au service de la transition écologique. La bicyclette est un sérieux atout en termes de qualité de vie, de santé, de lutte contre la pollution. Mais aussi d’emploi, d’économie et de développement, Il faut absolument développer sa pratique. Pour ce faire, les élus du Club ont présenté quelques recommandations à tous les candidats à la présidentielle 2017. Elles se résument en 10 pistes regroupant une quarantaine de mesures.
Piste n°1 : Le vélo pour plus de pouvoir d’achat
Selon une étude de l’UNAF (2011), les foyers peuvent économiser davantage grâce au vélo. Son usage peut accroître leur pouvoir d’achat. Il leur suffirait d’effectuer un transfert de la voiture vers le vélo. Cette action permettrait de réaliser des économies mensuelles de l’ordre de 50 à 100 euros, voire de 300 à 500 euros. Elle offrirait alors la possibilité à chaque famille de subvenir à d’autres besoins essentiels notamment en matière d’éducation, de santé, de loisirs, ou de culture.
Selon le communiqué de presse des élus , il conviendrait de :
- Rendre l’indemnité kilométrique vélo (IKV) plus incitative en portant la défiscalisation des sommes à 385 € au lieu des 200 € actuels
- Rendre l’IKV obligatoire autant dans les entreprises, les collectivités locales qu’au sein des fonctions publiques
- Procéder à la diffusion d’outils de sensibilisation. Ceci afin de mieux informer les usagers aux coûts des différents modes de transport et aux bienfaits de la mobilité active
- Lancer une grande campagne nationale de promotion du vélo et de la mobilité active auprès du grand public, des collectivités et des entreprises pour renforcer ces mesures
Piste n°2 : remédier à la crise
En matière d’économie, le vélo peut contribuer à faire face à la crise. Dans le domaine de la santé, il est à l’origine de près de 4.6 milliards d’euros par an en France. En outre, la France étant la deuxième destination mondiale du tourisme à vélo, ce domaine représenterait à lui seul de 39 à 66 millions de recettes fiscales. Selon une étude d’Altermodal – Atout France (2009), il suffirait que les investissements en faveur de la petite reine s’intensifient. De quoi faire en sorte que les retombées économiques liées à ce mode de déplacement soient multipliées par 10.
Aux vues de tout ce potentiel, il faudrait revoir certains points clés :
- 10% du budget des routes nationales et autoroutes devrait être affecté au maillage des itinéraires pour vélo.
- Les entreprises devraient pouvoir jouir d’une extension de l’exonération fiscale pour faciliter l’achat de flottes de vélo.
- Il faudrait mettre en place une TVA réduite pour les petits services de réparation. Ce secteur a un très fort potentiel de création d’emplois.
Piste n°3 : plus d’emplois
Pour ce qui est des emplois, actuellement, en Europe, l’industrie du vélo permet à près de 650 000 personnes de travailler. Elles sont réparties dans différents secteurs. La production et la distribution, l’entretien et la réparation, le tourisme, ou encore les services de locations, de gardiennage et d’apprentissage. En ce qui concerne la France, le plan vélo représente près de 35 000 postes. Il est à l’origine d’emplois de proximité, non délocalisables et permet de dynamiser l’économie locale. En doublant la part modale du vélo pour l’Europe, on pourrait alors passer de 650 000 à 1 000 000 d’emplois.
on demande alors aux candidats à la présidentielle 2017 de :
- Recréer un diplôme d’état de niveau CAP/BEP pour l’entretien et la réparation de vélos.
- Ouvrir cette formation sur le numérique, désormais présent dans la mécanique, dans les consoles des VAE et les applications numériques.
- Créer un label national pour les vélos assemblés en France.
- Inciter les régions à créer des emplois-tremplins afin de développer plus de projets vélo.
- Accompagner les efforts des associations et des collectivités dans la mise en place de vélo-écoles.
- Mettre en place un dispositif de co-financement pendant les deux premières années de l’embauche d’éducateurs mobilité à vélo titulaires du CQP.
- Promouvoir l’innovation de service dans le domaine du vélo et des mobilités actives avec des concours pour distinguer et valoriser les start-up et les nouveaux acteurs.
Piste n°4 : une meilleure santé
Le vélo est également excellent pour la santé. Sa pratique régulière constitue un traitement efficace pour de nombreuses pathologies. Selon plusieurs études médiales, le vélo permettrait même de gagner 3 années de vies. En outre, pédaler sollicite le système nerveux et entretien les facultés cognitives. Qui plus est, il améliore le moral, évite la dépression et maintient la créativité en éveil. Promouvoir le vélo serait, pour le vainqueur de l’élection présidentielle 2017, la garantie d’une meilleure santé aux citoyens et générer près de 5.6 milliards d’euros annuels de bénéfices pour la société.
Pour mieux tirer profit des avantages du vélo dans ce domaine, il faudrait alors :
- Mettre en œuvre un programme de promotion de la mobilité active, à pied et à vélo, pour les déplacements domicile-travail,
- Introduire le remboursement de l’activité physique prescrite,
- Valoriser les bonnes pratiques et les meilleures initiatives des collectivités et des entreprises dans l’encouragement de la mobilité active,
- Valoriser les politiques cyclables exemplaires et leur impact sur la santé publique grâce à un système de bonification de la dotation globale de fonctionnement.
Piste n°5 : plus de proximité et de liens
Grâce au vélo, des liens se créent plus facilement entre les individus. Des liens intergénérationnels se forment. Il facilite le déplacement des enfants vers les grands-parents. Ils peuvent aussi se déplacer et jouer en toute sécurité avec leurs camarades et ainsi avoir deux fois plus de contacts sociaux. Le vélo est un excellent moyen de rapprochement. Il permet de rompre l’isolement des personnes résidant dans des zones mal desservies par les transports publics ou qui n’ont pas accès à la voiture. Par ailleurs, sa pratique favorise la fréquentation des espaces publics.
Pour le bien de la société, il faudrait ainsi :
- Accélérer la réalisation du schéma national des vélo-routes et voies vertes afin de relier les territoires.
- Achever les itinéraires EUROVELO en France avant la fin du quinquennat.
- Accompagner les collectivités locales pour la création de conseils en mobilité à vélo dans les territoires de moyenne et faible densités.
- Déployer des solutions de mobilité pour tous en coordonnant les acteurs institutionnels et économiques, sur le modèle des « managers de centre-ville ».
- Lancer un programme de recherche sur des aspects encore peu explorés des modes actifs. (Les freins et les meilleurs leviers pour développer la pratique du vélo, l’accompagnement du changement de comportement de mobilité, la remise en selle…)
- Initier des recherches sur le lien entre mobilité, proximité, commerces et retombées socio-économiques;
- Promouvoir la marche et le vélo afin que l’arrêt de la conduite automobile ne soit plus synonyme de mort sociale pour les personnes vieillissantes.
- Développer l’apprentissage du vélo à tout âge avec des séances de remise en selle et le développement des vélo-écoles.
Piste n°6 : plus de sécurité
Favoriser la pratique du vélo, c’est également apporter plus de sécurité aux usagers de la route. Effectivement, alors que l’usage du vélo s’est fortement développé en dix ans, dans la même période, les accidents mortels de cyclistes ont diminué de 30 %. Plus il y a de cyclistes, plus la pratique du vélo est sûre. A titre d’information, à Lyon, après le lancement de Vélo’v, en 2005, une augmentation de 80 % de la pratique du vélo a été constatée en deux ans. Durant cette période, le risque d’accident rapporté au nombre de déplacements n’a pourtant pas augmenté. Au contraire, il a été 1,7 fois plus faible qu’avant le lancement du système de vélos en libre-service.
Pour la présidentielle 2017, les élus demandent de :
- Généraliser les amendes minorées à l’encontre des cyclistes, sur le principe de la juste proportionnalité des peines.
- Promouvoir auprès du grand public, des collectivités et des entreprises les évolutions réglementaires récentes (Code de la route).
- Faire connaître les incitations économiques (IKV, incitation fiscale pour les flottes vélos…) dans le cadre d’une grande campagne nationale.
- Expliquer dans ces actions de communication les bénéfices de l’abaissement des vitesses, des zones de circulation apaisée et des aménagements en faveur des cyclistes, ainsi que les cédez-le-passage cyclistes dans les carrefours à feux.
- Sensibiliser les cyclistes et les piétons aux dangers de la cohabitation avec les véhicules à grand gabarit, et aux risques d’angle mort des poids lourds dans le continuum éducatif.
Piste n°7 : plus de stationnement vélo
Afin de développer la pratique de vélo, les élus du Club des villes et territoires cyclables rappellent que tous les cyclistes ont besoin de stationner leur monture. Ces stationnements sont utiles à leur domicile et sur leur lieu de travail ou d’études. Ils représentent même une condition nécessaire au transfert de la voiture vers le vélo ou à la combinaison vélo/transports publics. A noter qu’aux Pays-Bas, 44 % des personnes viennent à vélo à la gare et utilisent aujourd’hui le train pour se rendre au travail. Le gouvernement a investi 200 millions d’euros (2005 à 2010). Cette somme a notamment servi à la réalisation de parkings vélo de dans 380 gares. Elle a eu pour conséquence une augmentation de 46 % de la pratique du vélo chez les usagers du train.
Pour suivre l’exemple, en France, on devrait :
- Mettre en œuvre un plan vélo ambitieux de développement du stationnement dans l’habitat collectif, dans les opérations de rénovation urbaine, les équipements publics et les gares…
- Développer le stationnement vélo dans le cadre des démarches initiées par l’état recevant des financements nationaux ou bénéficiant d’un label national : éco-quartiers, territoires à énergie positive, smart city…
- Suivre et évaluer l’application de la loi portant sur la réforme ferroviaire de 2014. (Qui prévoit l’élaboration – par la SNCF et en concertation avec les collectivités locales -d’un plan de déploiement et de financement d’équipements de stationnement vélo dans et aux abords des gares prioritaires.)
- Encourager la réalisation de locaux de stationnement sécurisés dans les parties communes ou sur les parcelles des immeubles d’habitation grâce à l’exonération temporaire de deux ans de taxe foncière.
Piste n°8 : favoriser l’apprentissage du vélo
En outre, en France, de nombreuses personnes ont appris à faire du vélo. Au fil des années cependant, certaines ont perdu l’habitude de pratiquer. Même si les réflexes et les bonnes pratiques ont été oubliés, ces personnes peuvent néanmoins rejoindre les rangs des cyclistes. Pour les inciter à franchir le pas, les vélo-écoles sont d’excellents moyens.
Pour ce faire, il faut alors :
- Généraliser l’apprentissage et pratique de la mobilité à vélo dès le plus jeune âge,
- Accélérer le développement des vélo-écoles sur le territoire. Avoir a minima une vélo-école tout public dans tout pôle urbain de 50000 habitant. Ainsi que dans les zones rurales et de faible densité,
- Sensibiliser les jeunes aux avantages de la mobilité active,
- Relancer la mise en œuvre de plans de déplacements d’établissement scolaire (PDES).
Piste n°9 : plus de rapidité avec le plan vélo
L’usage du vélo combiné aux transports collectifs est aussi une solution « gagnante ». Elle permet d’augmenter la performance et l’attractivité des transports publics en impactant favorablement sur leur couverture spatiale. Par ailleurs, en milieu urbain, le vélo est plus rapide que la voiture ou les transports publics. Sur des distances plus importantes et notamment en périphérie, grâce aux réseaux express vélo (REVE), les cyclistes peuvent effectuer un trajet plus rapide, sécuritaire et sans coupure.
Afin de mieux profiter de cette rapidité, il convient de :
- Mettre en œuvre un programme national de réalisation de réseaux de voies express vélo pour les liaisons inter-agglomérations et le rabattement à vélo vers des modes de transport collectifs.
- Lancer un appel à projets national dédié aux mobilités actives. Ceci afin d’accompagner les collectivités territoriales et mettre en lumière des réalisations exemplaires qui opèrent un report modal de la voiture au vélo et à la marche en moins de cinq ans.
Piste n°10 : réduire les émissions de Gaz à effet de serre
Enfin, pour parvenir à réussir le « Facteur 4 », le vélo est l’un des leviers à ne surtout pas négliger. Il peut aider la France à diviser par 4 ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Utilisé seul et combiné aux transports publics, le vélo est plus efficace que les seuls transports collectifs.
Il faut prendre en compte cycliste et piéton dans les politiques nationales et territoriales à l’issue de la présidentielle 2017. Ils doivent également être concernés par toutes les démarches initiées ou suivies par l’État. Démarches recevant des financements nationaux ou bénéficiant d’un label national. C’est ainsi que l’on parviendra à mettre le vélo au service de la transition écologique. Le tout, en profitant pleinement des retombées qu’il pourra engendrer. Et vous, quelles auraient été vos propositions aux candidats à la présidentielle 2017 pour aider au développement de l’utilisation du vélo ?