Cyclotourisme : histoire du voyage à vélo

Publié par 
Jean-Baptiste Lasserre,
le 
Accueil, Cyclotourisme, Randonnées vélo

Partager

Cyclotourisme : histoire du voyage à vélo

Comment passer des vacances agréables, en alliant santé et découverte ? Il suffit tout simplement de faire du tourisme… et du vélo. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le cyclotourisme, entendez là le voyage à vélo, ne date pas d’hier et n’est pas une vague tendance lancée par des écolos férus de sport en plein air ! Petite histoire du tourisme à vélo.

Les origines du cyclotourisme

Le cyclotourisme, qu’est-ce que c’est ?

Le cyclotourisme, c’est le tourisme à vélo. Jusque-là, rien de bien compliqué. Ces deux activités étant indissociablement liées par ceux qui le pratiquent. Les cyclotouristes roulent pour le loisir, et non pour la compétition. Ce qui intéresse les voyageurs à vélo, c’est découvrir des paysages pittoresques, enchanteurs, insolites… Grâce à un moyen de transport agréable, ludique et bon pour la santé, mais qui invite surtout à faire du tourisme autrement. Si vous êtes novices en cyclotourisme, il est possible de louer son équipement de voyage avec des sacoches qui permettent d’emporter tout le nécessaire avec soi.

À l’origine, un français passionné de cycle

Velocio le précurseur de cyclotourisme

Paul De Vivie, plus connu sous son pseudonyme littéraire, Vélocio, fut le premier à théoriser et à organiser le voyage à vélo. Au départ courtier dans le commerce de la soie à Saint-Etienne, il est amené à se rendre plusieurs fois en Angleterre pour son travail, où il se prend de passion pour l’industrie du cycle. Il enfourche sa première bicyclette en 1881 et commence à sillonner les routes de la région. D’abord en bicycle et en tricycle, sur des montures très lourdes et peu performantes. Puis sur les vélos fabriqués par les frères Gauthier à partir de 1886. Il fonde même une manufacture de cycles, « La Gauloise » à Saint-Etienne, et contribue à l’amélioration des bicyclettes en y apportant quelques innovations (moyeux détachable, pédalier, dérailleur, changement de vitesse…).

Premiers voyages à vélo en groupe en 1887
© L. Prang & Co – United States Library of Congress – Wikimedia Commons

Les routes vallonnées et les cols de la région lui deviennent rapidement familiers. Il se lance alors sur des plus longues distances. Il effectue plusieurs grands voyages à vélo entre la France, la Suisse et l’Italie, effectuant parfois des étapes de 40 heures. Et roule en moyenne près de 20 000 kilomètres à l’année. Une prouesse complètement folle au début du 20ème siècle. Amateur de grandes échappées cyclistes, il a fondé quelques grands parcours cyclistes qui sont encore très prisés des passionnés de cyclo au long cours comme les « Diagonales de France » ou « Pâques en Provence ».

En 1888, il invente le terme « cyclotourisme » pour désigner cette nouvelle discipline qui le passionne tant. Et en fait inlassablement la promotion dans la revue « Le cycliste » qu’il a fondée. Et qui fut même, avant de disparaitre en 1973, la plus ancienne publication sportive française.

Les 7 commandements de Vélocio

Guide du parfait cyclotouriste de 1893
© L. Baudry de Saunier – Le Cyclisme théorique et pratique – Wikimedia Commons

Au-delà du simple voyage à vélo, De Vivie avait la volonté de s’ancrer dans un art de vivre à part entière et totalement nouveau. De l’esperanto qu’il a beaucoup étudié – le langage international fondé pour établir des ponts entre les cultures, très utilisé par les voyageurs à vélo qui s’aventuraient à l’étranger jusqu’en 1914 – Vélocio était également précurseur en diététique. Il avait notamment adopté le végétarisme qui était pour lui le régime alimentaire le plus adapté pour pédaler énergiquement et vivre plus longtemps.

Se pensant comme un voyageur à bicyclette s’appuyant sur un matériel fiable et un bon entrainement, Paul de Vivie ne fut jamais un champion ni un athlète. Il recherchait plutôt dans cette pratique une nouvelle hygiène de vie plutôt stricte dont il établit les sept commandements du cyclotouriste :

  1. Faire des pauses rares et courtes, afin de ne pas laisser tomber la pression
  2. Manger et boire fréquemment et légèrement, et ce sans attendre d’avoir faim ou soif
  3. Ne jamais attendre d’arriver à une trop forte fatigue, se traduisant par un manque d’appétit et de sommeil
  4. Adapter sa tenue régulièrement, se couvrir avant d’avoir froid et faire l’inverse avant d’avoir chaud
  5. Vin, viande et tabac sont bannis, au moins au cours du trajet
  6. Ne pas trop se dépenser, surtout dans les premiers temps, pour ne pas gaspiller toute son énergie
  7. Ne pas continuer par orgueil ou amour-propre.

L’École Stéphanoise et les premiers voyages à vélo organisés

Un cyclotouriste se rase devant sa tente en Angleterre dans les années 1930
© Nationaal Archief – Wikimedia Commons

En 1896, des fervents passionnés de cette nouvelle pratique commencent à se rassembler pour organiser les premiers voyages à deux roues et fondent l’École Stéphanoise. Plutôt des hommes, en général des notables, mais il arrivait qu’une femme puisse y participer. Les premières excursions relient Lyon à Nice, en moins de 24h. Certains suivent les recommandations de Vélocio, mais tous ne partagent pas sa philosophie.

C’est aussi à cette époque qu’apparait le fameux pneu 650B, qui fut longtemps le standard des premiers vélos fabriqués en série et qui s’est imposé dans le cœur de nombreux voyageurs à vélo. Indémodable, fiable et confortable, cette taille de pneu 650 convient en effet parfaitement à la pratique du cyclotourisme et à une randonneuse.

La Fédération française de cyclotourisme (FFVélo) voit le jour en 1923. Elle regroupe aujourd’hui 125 000 licenciés dans 3 100 clubs. Et a pour but de promouvoir, d’organiser et de développer le cyclotourisme en France.

« Le cyclotourisme, c’est prendre son temps, admirer le panorama, pédaler tout en se faisant plaisir, préserver sa santé et son environnement »

Fédération française de cyclotourisme

>>> A LIRE AUSSI : Une nouvelle façon de voyager à vélo, le slow tourisme

Des retombées économiques importantes

Le cyclotourisme a aussi un avantage considérable, il est bon pour l’économie. Tous les territoires qui ont mis en place des politiques d’aménagement pour accueillir les cyclotouristes dans les meilleures conditions ont constaté que le voyage à vélo génère des revenus non négligeables.

>> A LIRE AUSSI : quelques conseils pour bien débuter dans le cyclotourisme

En effet, les séjours à vélo sont plus longs en moyenne. Les cyclotouristes ont aussi généralement des budgets plus conséquents que les touristes de passage. De plus, les voyageurs à vélo ont tendance de manière naturelle à favoriser l’économie locale. Et sont bien plus consommateurs des richesses locales : artisanat, culture, patrimoine, nature, gastronomie, hébergements, etc.

Des mesures pour favoriser le cyclotourisme

Les initiatives dans l’Hexagone

Le gouvernement français, sous l’impulsion de plusieurs ministères, a lancé en 1998 un premier Schéma national des véloroutes et voies vertes dans le but de développer les aménagements cyclables du pays. Révisé en mai 2011, le désormais Schéma national vélo a pour but de constituer un réseau de grands itinéraires cyclables nationaux afin de développer et promouvoir à la fois la mobilité quotidienne et la pratique touristique du vélo.

Au 1er janvier 2019, le Schéma national vélo est réalisé à 68 %. Sur les 23 330 km inscrits, 15 780 km sont d’ores et déjà ouverts, dont la moitié en site propre. L’échéance est fixée à 2030 pour aménager les 7 550 km d’itinéraires nationaux restants.

Le réseau EuroVelo à l’échelle européenne

De la même manière, un projet équivalent est aussi en route à l’échelle du continent : le réseau des véloroutes européennes EuroVelo. Porté par la Fédération européenne des cyclistes (ECF), le réseau EuroVelo compte 15 itinéraires cyclables répartis à travers tout le continent européen. Les 15 itinéraires EuroVelo traversent 42 pays, de la Norvège à la Grèce et du Portugal à la Russie.

Le réseau EuroVelo, qui représente au total près de 70 000 km, est achevé à 85 % soit 45 000 km déjà réalisés. La France est concernée par 8 EuroVelo, soit 8280 km d’itinéraires européens. 7030 km sont aujourd’hui ouverts, faisant de la France un terrain de jeu idéal pour les cyclotouristes européens et du monde entier.

Quelques idées de balades à vélo

Si vous souhaitez vous lancer dans le voyage à vélo, ou que vous êtes déjà amateurs de cyclotourisme, voici quelques idées de beaux itinéraires à parcourir à bicyclette.

Promenade en groupe le long du canal sur La Méditerranée à vélo
© Vélo Loisir Provence

Et pourquoi ne pas commencer par profiter des EuroVelo françaises ? Sur le Canal de Huningue ou à travers les châteaux de la Loire, pour un petit séjour en Bretagne ou dans la région lyonnaise, du Mont Saint-Michel au bassin d’Arcachon, vous trouverez forcément une balade qui correspond à votre niveau et à vos envies.

D’autres parcours vélo très bien aménagés et balisés existent également dans l’Hexagone. La littorale bretonne, la Véloroute Val de Seine, le Canal des 2 mers à vélo®, La Véloscénie, l’Avenue Verte London-Paris® ou encore la Vélo Francette® récemment désignée Itinéraire Vélo 2018. Vous trouverez aussi des rando vélo en Corse sur l’île de Beauté, à Paris et même au Maroc.

>> A LIRE AUSSI : Trophées vélo 2018 : la FFvélo honore La Manche et la Vélo Francette®

[Article publié le

Partager

2 comments

  1. Velocio est certes un monsieur clé dans l’histoire du cyclotourisme, mais son approche « philosophique » tendant quelques fois à l’aspect sectaire (définir des règles pour le vélo, outil de liberté) a fait un énorme tort à cette discipline. Les règles que vous citez (malgré le fait qu’elles datent de près d’un siècle) en est l’illustration.

    La conséquence de cela est que nous avons 2 fédérations de vélo (la FFC et la FFCT devenue FFVélo); dasn ma commune de 10000 habitants nous avons 3 clubs de vélo, on parle de « vrais cyclotouristes », ce qui sous-entend qu’il y en ait de faux, etc.

    Aucun autre pays n’a autant de clivages autour d’une discipline que l’on peut pratiquer de plein de manières, mais qui reste du vélo!
    La FFCT qui vous fournit cet article est une vieille dame qui est systématiquement en retard sur toutes les pratiques. Elle devrait être rattachée à la CNAV compte tenu de l’âge moyen de ses membres!

  2. Merci pour ce superbe article. je pars faire un périple en vélo cet été le long du canal du midi. Je me suis bien équipée pour être écolo et éco responsable: direction mon magasin velo occasion bordeaux pour acheter tout un nécessaire de voyage d’ocas. Le top.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Conseils et Actu Vélo

📬 Toutes les deux semaines, je reçois une news complète autour de la petite reine : conseils, itinéraires, actualité
 

Catégories

Qualité de l'air