La date officielle du déconfinement en France est désormais connue, ce sera le 11 mai. Mais pour préparer l’après, le pays doit s’adapter à la menace du virus toujours présente. Et prévoir des mesures pour que les citoyens puissent ressortir tout en se protégeant du mieux possible. Dans le domaine des transports, la sortie du confinement fait craindre un retour massif à l’automobile. Une solution : promouvoir le vélo pour le déconfinement. C’est pourquoi le gouvernement réfléchit à la mise en place de pistes cyclables provisoires.
Une réflexion sur les déplacements dans un contexte de pandémie
Bientôt des pistes cyclables provisoires ?
Le 13 avril 2020, Pierre Serne, conseiller régional écologiste d’Ile-de-France et président du Club des villes cyclables, s’est vu confier par le gouvernement et notamment par Elisabeth Borne, ministre de la ministre de la Transition Écologique et solidaire une mission pour coordonner la mise en place de solutions de déplacement permettant la distanciation sociale. 500 acteurs de la mobilité se sont d’ailleurs réunis autour d’une séance de travail collectif inédite lors d’un webinaire organisé par le Cerema – Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement – le 23 avril 2020. Avec au centre du débat, le vélo.
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Les avantages du vélo
Dans ce contexte, la bicyclette est en effet le moyen de transport qui présente le plus d’avantages. Outre son faible coût économique, et la résilience économique de l’industrie du vélo, le vélo permet de se déplacer rapidement tout en respectant les mesures barrières nécessaires pour limiter la diffusion du virus. Contrairement aux transports en commun peu adaptés à la distanciation sociale. L’objectif pour le gouvernement, favoriser les déplacements à vélo après le déconfinement du 11 mai, qui est la meilleure réponse au problème de mobilité urbaine et périurbaine. Cette semaine, l’OMS a par ailleurs appuyé cette recommandation.
🚶🚴♂️ Whenever feasible, consider riding a bicycle or walking to provide physical distancing and daily physical activity. #COVID19 #coronavirus
For more info 👉 https://t.co/gJwybDZUSk pic.twitter.com/ECKFNoSOoC
— WHO/Europe (@WHO_Europe) April 21, 2020
« Dans la mesure du possible, envisagez de faire du vélo ou de marcher pour offrir une distance physique et une activité physique quotidienne. »
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Mais surtout, le retour à la normale pourrait avoir des conséquences ravageuses. La peur des transports en commun va favoriser le report modal sur l’automobile. On craint une congestion des villes sans précédent, liée aux embouteillages. Mais également une explosion de la pollution aux particules fines qui, d’après l’Université d’Harvard, seraient responsables d’une augmentation de la mortalité des patients infectés au coronavirus. Et qui pourraient aussi potentiellement transporter le virus. La problématique est de taille donc. Et les enjeux en ont rarement été aussi décisifs.
« Les gens vont avoir psychologiquement du mal à s’agglutiner dans les trams, bus ou métros »
Pierre Serne, président du Club des villes cyclables
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La nécessité de remodeler l’espace urbain
Quand l’aménagement urbain cloisonne nos modes de vie
À travers cette crise sanitaire, on se rend surtout compte que l’urbanisme de nos villes est loin d’être adapté à nos modes de vie. La place prépondérante donnée à la voiture déséquilibre les rapports humains, et devient aujourd’hui une menace pour notre santé.
Qui n’a jamais fait l’expérience de devoir s’écarter du trottoir pour laisser passer un groupe de piéton en déambulant dans un centre-ville ? Dans certaines rues, il n’y a parfois même pas a place pour deux personnes. Cette problématique, dont le débat a récemment été relancé par la question du stationnement sauvage des nouveaux moyens de transport en libre-service venus s’ajouter aux scooters, est d’autant plus importante en temps de crise, où il est désormais nécessaire de faire la queue devant les magasins par exemple.
Les trottoirs en rouge sur cette carte de Paris sont ceux où il n’est pas possible de respecter la distanciation sociale en marchant (< 2m50). Cette crise nous invite à repenser complètement l’espace public
[ Source @vrmtvrmt ] pic.twitter.com/aGdBaj0nKd— Adrien Lelièvre (@Lelievre_Adrien) April 21, 2020
Mais l’exemple le plus représentatif est celui de l’espace utilisé. En une heure, sur une même voie de 3 à 5 mètres de large, on estime que 7 fois plus de cyclistes vont passer que d’automobilistes – 14 000 vélos par heure contre 2 000 voitures. Même dans un contexte de distanciation sociale où les vélos seraient 2 fois plus espacés, on pourra toujours faire passer plus de vélos que de voitures. Le problème, comme on a pu le constater avec les grèves à la fin de l’année 2019, c’est que les aménagements existants sont rapidement saturés.
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L’urbanisme tactique, des pistes cyclables temporaires pour préparer l’après
Ces derniers jours, on parle beaucoup d’urbanisme tactique. Pour simplifier, il s’agit d’organiser nos villes de façon plus stratégique, en mettant notamment en place « des aménagements temporaires qui utilisent du mobilier facile à installer ». Cela permet de mettre en lumière les aménagements possibles et d’étudier leur influence sur le changement de comportement des usagers.
Partout autour du monde, de nombreuses initiatives dans ce sens ont vu le jour. À Bogotá durant le confinement, 35 kilomètres de pistes cyclables provisoires ont été aménagées dans la capitale colombienne. Aux États-Unis, les villes d’Oakland et plus récemment celle de San Francisco ont mis en place des « rues apaisées » avec vitesse réduite pour les véhicules et la priorité laissée aux piétons et aux cyclistes. À New York, certaines rues ont été fermées aux voitures comme la 2ème avenue de Manhattan. Du côté de Montréal, l’élargissement des trottoirs permet aux piétons de se déplacer en respectant la distanciation sociale dans le but de redonner confiance aux consommateurs et ainsi relancer le commerce local.
Plus près de chez nous en Europe, Berlin a ouvert plusieurs bandes cyclables temporaires et recommande ce type de dispositif. La ville de Milan a quant à elle annoncé son plan pour le déconfinement : limitation à 30 km/h, 35 km de pistes cyclables temporaires, élargissement des trottoirs, priorité aux piétons et aux cyclistes. Du côté de Bruxelles, le centre-ville va être limité à 20 km/h et la priorité donnée aux piétons et aux cyclistes.
Installation d’une piste cyclable provisoire à Bruxelles
Vous noterez la vitesse avec laquelle elles sont tracées et délimitées… impressionnant!pic.twitter.com/XaNwnuTDgg
— Mathieu Chassignet (@M_Chassignet) April 24, 2020
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En France, villes et départements anticipent la levée du confinement
Des pistes cyclables provisoires apparaissent
Au niveau local, de nombreuses villes et départements français ont déjà annoncé l’aménagement de pistes cyclables temporaires. Montpellier, Grenoble, Rennes, Lyon, Nantes, Toulouse, Lille, Bordeaux, et dernièrement Angers. Les départements du Val-de-Marne et de Seine-Saint-Denis ont eux aussi annoncé plusieurs dizaines de kilomètres de pistes cyclables provisoires.
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Le vélo, la nouvelle star du déconfinement ?
Depuis quelques jours, le vélo est sur toutes les lèvres. Les déclarations et les articles de presse vantant les mérites de la petite reine se multiplient. L’élevant même au rang de solution de déplacement idéale de l’après-confinement.
Paradoxalement, et contrairement à ses voisins européens et à la dynamique qui touche la plupart des villes du monde, la question de la bicyclette ne semble pas faire l’unanimité dans l’Hexagone. Verbalisations abusives de cyclistes, fermetures incompréhensibles d’aménagements cyclables… Pendant le confinement, le vélo souffre encore de son image de « sport-loisir » aux 4 coins du pays. Il est même plus problématique que le jogging. Alors que les recherches scientifiques n’ont pas encore tranché la question du risque de propagation par les cyclistes.
« Selon Simon Bacon, qu’il s’agisse de coureurs ou de cyclistes, les doutes entourant le risque de contamination restent donc les mêmes. »
Québec Science, COVID-19: les coureurs posent-ils un risque?
La Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) a d’ailleurs saisi le Conseil d’État le 20 avril dernier pour faire reconnaître le vélo comme moyen de transport légitime. Du côté de la presse conservatrice, le vélo reste moqué et réduit au statut d’instrument pour écolos aveuglés par leur « dogmatisme anticarbonne ». Et à en lire les réactions, l’avis semble partagé par de nombreux Français. Le lobby automobile a encore de beaux jours devant lui. Et les Français devraient moins se ruer sur la bicyclette que sur le papier toilette.
[Breaking news] La @FUB_fr a reçu le mémoire-défense de @Place_Beauvau concernant le référé-liberté 🚲
Je résume :
✅le 🚲 est autorisé pour tous les motifs
✅le 🚲 est notamment autorisé pour le motif 5
❌un tweet ne saurait tenir lieu de Journal Officiel
cc @Maitre_Eolas
⤵️⤵️ pic.twitter.com/mK6CidUulf— Olivier SCHNEIDER (@oschneider_fub) April 25, 2020
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Et si le provisoire devenait définitif ?
Le principe de l’urbanisme tactique est de démontrer les changements de comportements. La transformation de Time Square à New York, la plus célèbre des intersections du monde reste un illustre exemple. En 2009, Janette Sadik-Khan, chargée des transports à la mairie, profite des beaux jours pour fermer provisoirement la zone aux voitures. Quelques barrières et de la peinture au sol matérialisent la zone piétonne. Des dizaines de chaises de plage sont installées à titre expérimental. Immédiatement, les piétons prennent possession du lieu et des nouvelles installations. Dans le même temps, les statistiques montrent que les bouchons dans le quartier n’avaient pas augmenté. En 2010, Times Square devient définitivement piéton.
C’est ainsi que fonctionne la démarche de l’urbanisme tactique : mettre citoyens et décideurs en face des bénéfices potentiels du changement. Si ces nouveaux aménagements provisoires venaient à changer profondément et positivement les comportements des citadins, on pourrait envisager de les rendre définitifs. Puisqu’à les écouter, nos dirigeants ont pris la mesure des dysfonctionnements de notre système révélés par cette crise sanitaire, il est peut-être temps de se débarrasser de nos habitudes de l’«ancien monde ». Et de construire une nouvelle organisation sociale et spatiale en rupture avec celle imposée depuis les années 70 faisant la part belle au tout voiture. Affaire à suivre…
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Bonjour,
je souhaitais savoir si vous aviez des informations ou effectuez des constats/travaux sur l’insécurité à Paris que représente les pistes cyclables ancien dispositif et les pistes coronapistes et notamment sur ces 2 pistes unidirectionnelles séparées par le surélevèrent d’environ de 3cm alors qu’il était prévu initialement de 5 à 7 cm.
De nombreux accidents ont lieu car les cyclistes changent de file pour éviter des dépassement intempestifs sur les 2 voies unidirectionnelles et tombent.
Cela est notamment vrai sur le tronçon rue de Rivoli (hauteur métro saint paul)
Le marquage que ce soit au sol ou vertical n’indique rien et tout cela participe à une insécurité que l’on peut constater tous les jours.
Je souhaiterais pouvoir échanger avec vous sur ces sujets.
Dans cette attente.
Bien à vous.
Nathalie DAVID
Bonjour,
Nous n’avons malheureusement pas d’information concernant l’installation de ces pistes et les 1ers retours les concernant. Ceci dit, et même si une surélévation de 7mm semble plus sécuritaire pour les cyclistes, il faut également prendre en considération qu’un rebord trop élevé peut également entraîner des chutes lors du passage pour monter sur la piste…
Nous espérons en tout cas que la Mairie de Paris et toutes les municipalités qui veulent encourager la pratique du vélo adapteront leur marquage au sol et leur signalisation aux cyclistes comme vous le soulignez afin d’améliorer leur protection sur la voie publique !
Bonne journée.