Pour un déplacement au lycée ou au collège, le vélo n’est pas une solution privilégiée par les jeunes étudiants. Manque de sécurité routière, difficulté de stationnement, pas ou peu de connaissance mécanique, peu d’encouragement, les raisons sont nombreuses.
Pourtant, la mobilité à vélo entraîne une augmentation de la confiance en soi et une meilleure autonomie. Cela permet aussi de créer une bonne habitude que ces jeunes adultes en devenir insèreront dans leur quotidien.
Découvrez pourquoi ce système vélo ne plait pas et comment faire pour y remédier.
Aller au collège ou au lycée à vélo, les mobilités actives ne plaisent pas
Aller au lycée ou au collège à vélo ne séduit pas les jeunes étudiants. Ces étudiants représentent 8,5 % de la population française. Une part assez importante des usagers de la route, qui sont aussi les adultes de demain.
Pour rappel, en France, la part modale d’utilisation du vélo est seulement de 3 %. Encourager et accompagner ce mode de déplacement, c’est créer une bonne habitude pour 5,7 millions d’élèves du second degré. Respect de l’environnement, autonomie et sport santé, sont autant de bienfaits du vélo.
Cependant, ce n’est pas la motivation qui fait défaut à ces élèves. Un déplacement à vélo au collège ou au lycée n’est pas réalisé, souvent par manque de moyen. Tour d’horizon des freins à la pratique et comment les abolir.
Les jeunes ne roulent pas, car ils ne le peuvent pas
Tout déplacement à vélo au collège ou au lycée implique de devenir un usager actif de la route. Et, pour que ces déplacements soient réalisés en toute sécurité, des infrastructures et des services sont indispensables. Aujourd’hui, ils ne sont pas suffisamment nombreux.
Le manque d’infrastructure, premier frein au déplacement vélo vers le lycée ou le collège
L’étude sur la mobilité à vélo des collégiens et des lycéens, réalisée par l’ADEME à la rentrée 2022, montre plusieurs éléments.
Dans un premier temps, l’étude démontre que le principal obstacle quant à un déplacement vélo vers le collège est le manque d’infrastructures.
En effet, les établissements sont difficilement accessibles à vélo, et ce, pour différentes raisons. Tout d’abord, la distance séparant le domicile de l’étudiant à son lieu d’étude. Ensuite, l’insuffisance de pistes cyclables. Des pistes absentes, non continues ou dangereuses ne permettent pas un déplacement sécurisé. Et, l’amélioration du réseau cyclable se fait par petites étapes.
Sur ce point, on note que la notion de danger est un frein bloquant pour les parents. En effet, pour les parents des plus jeunes étudiants, laisser son enfant âgé de 12 à 15 ans au cœur d’un trafic routier dangereux est inconcevable.
Stationnement et ateliers vélo, des services insuffisants
L’étude de l’ADEME a soulevé un autre point intéressant. Si les jeunes délaissent le vélo au profit d’autres modes de déplacement, c’est en partie à cause du manque de services.
En effet, dans les établissements ou à proximité, il n’y a souvent pas de lieux pour attacher son vélo. Quand ils sont mis en place, les espaces de stationnement vélo se résument à des râteliers très insuffisants pour la sécurité des vélos. De plus, même lorsqu’elles sont présentes, ces options de stationnement sont insuffisantes. Les établissements ayant répondu à l’étude de l’ADEME indiquent qu’ils disposent de 30 places vélo, pour les 500 élèves en moyenne présents dans ces établissements.
De fait, un déplacement vélo au collège (ou au lycée) se résume à ne pas pouvoir stationner son vélo et prendre le risque de se faire voler son vélo. D’ailleurs, selon nos statistiques, 50 % des vols de vélo surviennent dans des lieux privés.
Un autre facteur bloquant le déplacement vélo lycée et collège des jeunes étudiants concerne les ateliers. Les étudiants interrogés indiquent qu’ils ignorent comment ou ne peuvent pas réparer leur vélo. On parle ici de petites réparations et de petits réglages, améliorant le vélo au quotidien, mais bloquants si non réalisés.
Dans les établissements, mais également à proximité, il n’existe aucune solution pour réparer son vélo et le régler soi-même.
“Pourquoi un déplacement vélo au lycée si je peux prendre le bus ?”
La jeune génération est de plus en plus impliquée pour la protection de l’environnement. Ces derniers comprennent les enjeux et affichent leur volonté de changement. Le déplacement vélo, les mobilités douces, sont des réponses concrètes à leur besoin de changement. Cependant, encore trop peu de jeunes se mettent en selle et franchissent le cap.
Le vélo n’est pas représenté dans les médias des ados
Aujourd’hui en France, le vélo comme mode de déplacement ne fait pas partie des normes sociales. De trop nombreux usagers de la voie publique privilégient les solutions motorisées, car jugées plus faciles. Ainsi, si les adultes ne le font pas, les plus jeunes ne le feront pas non plus.
Néanmoins, les changements peuvent provenir des plus jeunes. De fait, le vélo pourrait s’imposer comme l’outil de déplacement de référence, pour ceux qui le peuvent. Mais, pour cela, il faudrait communiquer. Se déplacer à vélo n’est pas mis en avant dans les médias et sur les réseaux des plus jeunes. Ainsi, la petite reine n’a aucune image, ni bonne ni mauvaise et il est donc difficile de s’y identifier.
À titre d’exemple, sur Instagram, le hashtag “vélo” compte près de 4,168,964 publications. Le hashtag “vélotaf” auquel pourrait s’identifier les jeunes utilisateurs, n’en compte que 71,731.
Ici, on voit explicitement que les utilisateurs du vélo, qu’il soit sportif ou touristique, sont nombreux. Seulement, ils sont plus rares à franchir le cap du vélo quotidien. Pour cette raison, les collégiens et lycéens, cyclistes amateurs, ne songent peut-être même pas à ce moyen pour leur déplacement au lycée ou au collège.
Déplacement vélo lycée, peu de transmission
À l’heure actuelle, les initiatives existant au sein des établissements pour promouvoir le vélo sont rares. Le personnel des établissements, l’équipe enseignante et l’éducation nationale, n’ont pas, en interne, la possibilité de mettre en avant le vélo.
Manque de temps, manque de moyens, manque d’infrastructure ou de médias, les établissements sont livrés à une gestion autonome. On peut alors dire que les étudiants n’ont pas toutes les clés pour se déplacer et se stationner à vélo.
Cependant, des projets commencent à se développer en France. Dans une optique sport santé pour les plus jeunes (école et collège), une semaine de la Marche et du Vélo a vu le jour. Initiée par le Gouvernement, cette Semaine aspire à sensibiliser dès l’école aux mobilités alternatives. Mais, aucune garantie que le mouvement ne perdure ni ne mobilise tous les établissements de France. Lors de cette semaine, le Centre Ressource en EcoMobilité et l’Association Droit au Vélo ont mis en place un Challenge de l’écomobilité version collège dans la région des Hauts de France. Ce challenge vise à récompenser les classes, collèges ou groupes de personnels les plus éco-mobiles.
Découvrez également le dispositif SRAV, Savoir Rouler à Vélo destiné aux enfants du primaire.
Du côté des initiatives locales et privées ainsi que des collectivités, une certaine organisation se met en place. La Maison du Vélo de Lyon a fondé le mouvement “au collège à vélo”. Ce dernier propose un panel d’animations variées, réalisées en collège, sur demande de l’établissement. Contrôle technique, stand d’animation et sensibilisation, cours de mécanique basique, sensibilisation au Code de la route et parcours d’équilibre constituent les ateliers les plus populaires.
Avec le développement de tels moyens, l’utilisation du vélo pour les déplacements scolaires pourrait grandement se démocratiser. D’ailleurs, de nombreux parents utilisent le vélo pour les déplacements avec leur enfant, comme Aude, maman de deux enfants et adepte du tout à vélo.
Coût et charge d’un vélo
Un autre point de blocage important quant à l’utilisation du vélo pour se rendre au collège ou au lycée reste celui du vélo. En effet, un déplacement vélo confortable et sécuritaire commence par la possession d’un vélo. Et, posséder un vélo entraîne certaines contraintes.
Prix d’achat et coût à l’utilisation du vélo
Tout d’abord, posséder un vélo représente un budget. Rouler au quotidien demande d’avoir un vélo en bon état, adapté à la morphologie de l’adolescent, confortable et robuste. Utiliser son VTT du week-end est envisageable, à condition de pouvoir le stationner en toute sécurité. Mais, tous les adolescents n’ont pas la possibilité d’avoir un vélo. Le budget représenté par l’achat et l’entretien d’un vélo est conséquent pour de nombreuses familles. À ce sujet, des aides gouvernementales commencent à apparaître, bien qu’elles ne concernent qu’un vélo par foyer.
Autre blocage à la pratique, le stationnement. Si stationner au sein de son établissement est compliqué, stationner à domicile l’est tout autant.
Les familles vivant en maisons avec jardin ont plus de facilités quant au stationnement sécurisé des vélos. Au contraire, les enfants résidant en appartement sont désavantagés. D’autant plus s’il y a plusieurs vélos à stationner dans l’appartement.
Déplacement vélo, des disparités d’apprentissage chez les ados
Un autre facteur de refus de la pratique vient de l’apprentissage. Tous les enfants n’ont pas la même possibilité d’apprendre à faire du vélo. Il existe même des disparités entre garçons et filles. Ainsi, maîtriser son vélo, être autonome sur la voie et évoluer au milieu du trafic aux heures de pointe n’est pas donné à tous les étudiants. Tous n’atteignent pas l’autonomie cycliste au même âge, ce qui crée encore plus de disparités.
Un apprentissage pour tous, à l’école, supprimerait ce frein pour faire rentrer le déplacement vélo collège ou lycée dans les mœurs.
Enfin, une méconnaissance de la mécanique prive certains étudiants. Les réglages et réparations fondamentaux comme le gonflage des pneus, le réglage de selle et l’entretien sont plutôt simples. Cependant, comme toutes les choses simples, il faut les apprendre et pouvoir les mettre en pratique. Si les parents ou l’école n’enseignent pas ces manipulations ou ne permettent pas de les réaliser, qui peut le faire ?
Les bonnes pratiques qui font de nos collégiens et lycéens les cyclistes de demain
Pour aller plus loin, l’étude de l’ADEME propose des pistes d’amélioration et des recommandations visant à ce que le déplacement vélo lycée devienne la norme.
L’un des premiers axes d’amélioration concerne la communication. L’idée est alors de faire entrer le vélo dans le quotidien des jeunes par leurs propres moyens de communication. Les réseaux sociaux, notamment, se révèlent primordiaux pour cette étape. Avec les bons interlocuteurs, ces médias peuvent créer une image autour du vélo, un environnement “cool et fun” plus engageant.
Mais, la communication va de pair avec la sensibilisation. Si les jeunes sont déjà sensibles aux déplacements actifs et propres, il reste une seconde cible à convaincre. Les parents d’élèves, réticents pour des raisons de sécurité, pourraient changer d’avis en intégrant les enjeux défendus par un déplacement vélo lycée ou collège.
Au-delà de la communication, l’ADEME propose l’optimisation des aménagements cyclables aux abords des établissements.
Tout d’abord, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie insiste sur l’importance de rendre accessible par voie cyclable tous les nouveaux établissements. Pour les établissements existants, l’optimisation et la sécurisation des accès cyclistes est cruciale pour des déplacements sécurisés.
L’étude donne un total d’une vingtaine de recommandations tournant vers le même but. À l’heure actuelle, aucune de ces recommandations n’est en place en France. Pourtant, elles ne sont pas insensées.
Avec une vision globale, il est aisé de remarquer que certains pays européens sont en avance pour ce qui est du déplacement vélo lycée.
Ainsi, les pays les plus en avance disposent d’aménagements cyclables protégés du trafic routier, continus et larges, jusqu’aux établissements. La sécurité s’améliore. Par ailleurs, les étudiants se voient proposer un suivi de la pratique cyclable, de la maternelle au collège. Garçons ou filles, dès l’enfance, chacun apprend à évoluer à vélo pour être autonome dès l’entrée au collège.
De plus, dans certains collèges et lycées, les étudiants bénéficient d’initiation à la réparation et à l’entretien de leurs vélos, ce qui favorise le développement de la pratique.
Ces mesures participent à créer des espaces cyclables sécurisés ainsi que des utilisateurs confiants, à tous les âges. De fait, une bonne habitude se crée dès le plus jeune âge, habitude qui a de fortes chances de perdurer.
La mise a disposition gratuite d un velo d occasion a l ensemble des collegiens d un site donne, pendant 4 ans, en echange d une caution parentale par cheque, de la possession du diplome Savoir Rouler a Velo, d un acces au reparateur du coin et d une identification des cheminements cyclables seraient une superbe action en milieu urbain peu dense!
Sur un plan cognitif, ce serait la premiere possession a moyen terme de l enfant, le symbole collectif de l adolescence, une identification aux copains.