Suite à une modification du Code de la route, les cyclomoteurs légers sont autorisés à rouler sur les pistes cyclables. Concrètement, qu’est-ce qui change pour les usagers des pistes cyclables et comment se comporter pour garantir la sécurité de chacun ? 

Regardons ensemble les possibilités.

Code de la route cycliste, de nouveaux usagers et leurs nouveaux droits

Au 14 janvier 2022, le Code de la route a été modifié par le gouvernement. En effet, le décret 2022-31 fait désormais mention de cyclomobiles légers ainsi que de leurs droits et devoirs sur les pistes cyclables.

Après les vélos à assistance électrique, les trottinettes et skates à batterie, c’est au tour des draisiennes électriques de faire leur apparition dans la faune urbaine. Entrés récemment au catalogue des vélos sans pédales, ces cyclomoteurs bénéficiaient d’une sorte de flou quant à leur place sur la chaussée.

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Même si leur nom peut faire sourire, ces draisiennes électriques sont de vrais petits bolides, capables de pointes jusqu’à 30 km/h.

Trop lents et vulnérables pour la route, mais trop rapides et dangereux pour le trottoir, ce type de véhicule errait sur les différents pans de la chaussée. Depuis ce début d’année, ils doivent dorénavant rouler sur la piste cyclable, une nouvelle qui divise.

Circulation des cyclomoteurs légers sur la piste cyclable, du bon sens

Protection des usagers vulnérables

Le fait de contraindre les petits cyclomoteurs aux pistes cyclables semble être une bonne solution de sécurité globale.

En effet, ces derniers seront ainsi protégés du trafic routier et ne le ralentiront plus. Ils pourront par ailleurs rouler à une allure modérée en protégeant et respectant les piétons sur le trottoir.

Introduction à la mobilité active propre

Pouvoir rouler sur la piste cyclable donne également un côté rassurant à la pratique. Effectivement, au-delà du facteur du prix (le prix d’appel est de 400 €), ces cyclomoteurs facilitent l’accès aux mobilités alternatives. Dans une certaine mesure, et parce qu’ils ne nécessitent pas d’efforts physiques, ces engins autorisent les usagers à se déplacer plus facilement et plus rapidement à l’extérieur, sans utiliser d’énergies fossiles.

Toutefois, ces cyclomoteurs ne demandant pas d’énergie musculaire, leur utilisation ne rentre pas dans la catégorie des mobilités actives.

Meilleurs aménagements des installations

Si cette pratique séduit, grâce notamment à ce nouveau décret, les usagers pourraient se multiplier. Qui dit plus d’usagers dit alors prise en compte de leurs besoins puis augmentation et amélioration des installations urbaines.

Pour les utilisateurs de cyclomoteurs légers, comme pour les autres usagers de la piste cyclable, c’est une excellente nouvelle.

D’ailleurs, améliorer le réseau cyclable européen pourrait sauver jusqu’à 10000 vies par an.

Suite à ce nouveau décret du mois de janvier, les cyclomoteurs légers sont ainsi l’égal des cyclistes, soumis aux mêmes règles, ce qui ne fait pas l’unanimité.

Vitesse et danger pour les cyclistes, les mauvais points de cette obligation

Une catégorie supplémentaire sur un espace déjà restreint

Aujourd’hui, le décret concerne les cyclomoteurs légers, ces draisiennes électriques, qui n’existaient pas encore deux ans auparavant. Dans deux ans, nous pouvons penser que d’autres types de véhicules électriques feront leur apparition et entreront, eux aussi, au Code de la route. Ne pas limiter ces pratiques revient à les accepter, voire les encourager. À moins que les politiques urbaines créent des endroits dédiés à chaque type d’utilisateurs, il y aura trop de nouveaux pratiquants sur les bandes cyclables déjà restreintes.

Modification de l’équilibre délicat des pistes cyclables

Coincées entre les voitures et les piétons, normalement réservées aux cyclistes, la piste cyclable souffre de mauvais traitements. En ville, les cyclistes composent obligatoirement avec les stationnements intempestifs, les aberrations architecturales et la non-vigilance des autres usagers. Chacun se déplace à la vitesse qu’il peut, estimant les vitesses et capacité d’accélération des divers usagers. Rajouter, dans ce fragile équilibre, un cyclomoteur électrique bien plus rapide, le perturbera grandement.

Certaines associations cyclistes voient cette nouvelle réglementation d’un mauvais œil pour des raisons de sécurité, jugeant également qu’elle désavantage la mobilité active.

Décourager les moins motivés

Dans les prochaines années, nous pourrions voir de plus en plus de conducteurs sur tous types d’engins à pleine vitesse, évoluant sur les pistes cyclables. Le sentiment d’insécurité sur ces espaces sera alors démultiplié, freinant parfois la volonté de certains. En effet, selon une étude de la Fédération française des usagers de la bicyclette, 80 % d’usagers du vélo se sentent plus en sécurité lorsque séparés du trafic motorisé.

Ainsi, l’augmentation du nombre de cyclomoteurs légers pourrait rapidement freiner les élans de motivation de cyclistes moins rassurés ou débutants.

Quand on sait les bienfaits qu’apporte le vélo, sur les plans écologiques, humains et du point de vue de la santé, cela pose un vrai questionnement.

Nouvelle règlementation, où peuvent circuler les cyclomoteurs ?

Cyclomoteur, scooter ou moto ?

Si cette réglementation ne fait pas l’unanimité, c’est notamment à cause des dérives que cela risquerait d’entraîner. En effet, la qualification d’un engin comme cyclomoteur est très stricte, mais bien souvent méconnue.

Nouveau décret, qui a le droit de rouler sur la piste cyclable ?

À l’heure actuelle, un cyclomoteur est un véhicule de deux ou trois roues, dont le moteur fait moins de 50 cm³ ou 4 kW et ne dépassant pas une vitesse de 45 km/h, quelle que soit leur forme. Ainsi, la dénomination “cyclomoteur” regroupe tout aussi bien les scooters, les motos légères, les mobylettes et même les Vélos Solex.

Seulement, la nouvelle législation ne concerne qu’une sous-catégorie de cyclomoteurs, la catégorie L1e-B, relative aux véhicules répondant à ces caractéristiques :

  • construit pour le déplacement d’une seule personne,
  • absence d’aménagements destinés au transport,
  • vitesse maximale de 25 km/h,
  • moteur non thermique inférieur ou égal à 350 W,
  • poids à vide inférieur ou égal à 30 kg.

Ce sont ces derniers, uniquement, qui sont autorisés à rouler sur les pistes cyclables.

Ce nouveau décret ne concerne en aucun cas les cyclomoteurs de classe A ou B ou tout autre véhicule à moteur thermique.

Ainsi, ces petits cyclomoteurs entrent dans la catégorie des EDPM, les engins de déplacements personnels motorisés, au même titre que les trottinettes, les monoroues, les gyropodes… du moment que ces derniers sont équipés d’un moteur électrique.

D’ailleurs, en France, la législation fait souvent le grand écart entre les EDPM électriques et les autres. C’est notamment le cas des trottinettes où il existe bien des différences entre une trottinette classique et une trottinette électrique. Nous avons d’ailleurs consacré tout un sujet à la réglementation des trottinettes électriques en France.

Moto, cyclomoteur ou scooter sur la piste cyclable, les dérives obligatoires

C’est un fait, il n’est pas toujours évident de différencier les nombreux types d’EDPM, sans compter les nouveaux modèles qui arrivent chaque année sur le marché.

Certaines associations urbaines s’inquiètent des dérives que ce nouveau décret pourrait entraîner.

Les abus à anticiper

La classification des EDPM étant assez méconnue, des usagers peu scrupuleux peuvent tout à fait rouler sur les pistes cyclables avec des moteurs bien trop puissants. Mobylettes, scooter et même motos, seraient capable de profiter du manque de connaissance pour se faufiler sur la bande cyclable.

Cette pratique, déjà existante dans certaines grandes agglomérations françaises, est dangereuse pour tous les utilisateurs.

L’appropriation du décret par les collectivités

Les pouvoirs de police pourraient se retrouver, eux aussi, dans une situation similaire. En méconnaissant les différences entre les types de cyclomoteurs, en n’identifiant pas ceux qui sont autorisés de ceux qui ne le sont pas, la circulation pourrait s’avérer délicate.

À l’échelle locale également, certaines collectivités pourraient s’arranger avec ce décret. Des dérogations aux dispositions, une tolérance aux débordements ou, au contraire, une interdiction de ce qui s’y rapproche sont à prévoir.

La disparition des vélos urbains

Par ailleurs, autoriser des usagers plus rapides à utiliser les pistes cyclables est une façon de décourager les cyclistes les moins motivés. Les derniers adeptes de la mobilité active seront peut-être aussi les premiers à la délaisser.

La sécurité et le respect de tous les usagers de la route sont des points importants pour les cyclistes urbains. Ne pas retrouver ces valeurs entraînerait l’arrêt de la pratique, avec les conséquences que l’on imagine.

Afin que tous les usagers puissent rouler sur la route en toute sécurité, la législation française a instauré des mesures. Souvent oubliées, il est bon de se les remémorer régulièrement, pour la sécurité de tous.

Est-il obligatoire d’emprunter la piste cyclable ? Rappels sur la législation en France

Dans l’espace urbain, que l’on soit cycliste, piéton, automobiliste, conducteur de cyclomoteur ou autre, nous sommes soumis à certaines règles. Elles ont pour but de nous protéger, de protéger les autres usagers et de faciliter la coexistence.

Cependant, ces règles ont tendance à être (continuellement) délaissées. Revoyons ensemble les bases.

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Qui peut circuler où ? Règles de sécurité à connaître

De façon générale, nous devons nous déplacer à l’endroit qui nous est dédié. Les piétons sur le trottoir, les vélos sur la piste cyclable, les autobus dans le couloir de bus et ainsi de suite. Ces éléments sont faits pour notre sécurité.

Ils sont généralement reconnaissables, car matérialisés par un marquage au sol, ou bien des pictogrammes de vélo ou de bus notamment.

Normalement, nous ne devons pas quitter l’endroit qui nous est réservé. Seulement, c’est souvent mission impossible, surtout concernant les pistes cyclables.

Quel cycliste n’a jamais dû rouler sur la chaussée afin d’éviter un véhicule en stationnement sur la bande cyclable ? Combien encore ont manqué de se faire percuter alors qu’ils roulaient sur la piste, remontant la file de voitures arrêtées à une intersection ? Qui n’a jamais été obligé d’esquiver de justesse un piéton peu attentif ?

Les déplacements sur la route sont une affaire de priorités qu’il faut connaître et appliquer sans cesse. Notre article sur les priorités à appliquer sur la piste cyclable devrait vous aider à y voir plus clair.

>> POUR EN SAVOIR PLUS : Nos conseils pour bien circuler en ville à vélo

Améliorer son confort à vélo sur la route

Même en respectant toutes les réglementations, sur la route, nous sommes constamment vulnérables. Bien entendu, les cyclistes, conducteurs de deux-roues ou piétons, le sont encore plus.

Les usagers des deux-roues électriques ou musculaires ont cependant à leur disposition de nombreuses solutions pour se protéger.

Certains équipements de sécurité à vélo, bien qu’ils ne soient pas obligatoires, sont vivement conseillés pour votre propre sécurité. On parle alors de casques, rétroviseurs, signaux sonores ou visuels, qui sont souvent délaissés, mais peuvent sauver des vies. Se signaler, par tous les moyens, reste la meilleure façon d’être vu par les autres utilisateurs de la route.

>> A LIRE AUSSI : Le matériel obligatoire à vélo

Sur la chaussée, la piste cyclable ou le trottoir, chacun doit être attentif aux autres et respectueux de la réglementation qui le concerne. Le vélo urbain et les mobilités actives sont garants de notre santé tout en étant écoresponsables. En se déplaçant dans les plus bonnes conditions, toute une partie de la population pourrait en faire une habitude durable.

À propos de l’auteur : ElisaL

2 de commentaires

  1. Marie Busch 6 décembre 2023 at 22 h 35 min - Reply

    Mon cousin se souhaite un cyclomoteur, c’est pour cette raison que cet article m’a interpellé. Trop pratique, que les cyclomoteurs sont également autorisés sur les pistes cyclables. Je lui en parlerai de cela prochainement.

  2. lecourt 20 juillet 2023 at 15 h 01 min - Reply

    Bonjour,
    votre texte est bien écrit mais aucune référence à une règlementation en cours n’est stipulée. Comment pouvoir expliquer votre réglementation ?
    merci pour votre travail

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