Plus qu’une autre façon de voyager, en prenant le temps de se déplacer et de découvrir le monde, les paysages et les gens, le cyclotourisme est une vraie philosophie. Notre série de portraits de voyageurs à vélo nous amène aujourd’hui en Belgique à la rencontre de Fabienne, une voyageuse à vélo qui a commencé ses aventures à bicyclette il y a 5 ans. Et qui a déjà exploré de nombreuses contrées à la force de ses jambes.
Le voyage à vélo, une suite logique pour une cycliste convaincue
Pour Fabienne, les vacances d’été sont synonymes de voyage à vélo. Une évidence pour cette bruxelloise qui ne se déplace qu’en vélo au quotidien. Pour le travail, pour faire ses courses… « De base, j’adore le vélo » avoue-t-elle. L’idée lui est venue en 2014, lorsqu’on lui offre un guide de La Vélodyssée®. À cette période, sa vie professionnelle prend également un tournant. Des circonstances idéales pour se jeter à l’eau. « J’avais envie de fêter d’une manière ou d’une autre ». Ce sera donc en voyage à vélo. Elle prend alors sa bicyclette et, accompagnée de son ami, se lance sur les sentiers de l’EuroVelo 1, le long de la côte Atlantique d’Hendaye à Royan. C’est le coup de cœur.
Depuis, elle part chaque année. Deux ou trois semaines, au minimum. La Vélodyssée, puis le Rhône à vélo « très plat et donc très chiant ». Puis 1 670 km en Écosse, et Croatie l’année suivante. L’Allemagne enfin, dernier voyage en date, toujours à deux. Partir seule ? Pourquoi pas pour un « petit voyage de 2 ou 3 jours seule à vélo » mais pas pour une rando vélo aussi longue. D’ailleurs, la question ne se pose pas pour l’instant. « Comme je sais que ça marche bien à deux et que c’est chouette de faire à deux, on fait à deux ! ».
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Une philosophie de retour à la liberté et aux choses simples
Pour Fabienne, le cyclotourisme est la manière idéale de voyager. « Plus je le fais, plus je trouve que c’est le bon moyen pour visiter un pays ou des villes. À pied c’est trop lent, faire en voiture c’est trop rapide. ». Le vélo est pour elle le meilleur compromis, et va à la bonne vitesse pour apprécier les paysages.
Mais au-delà de la vitesse, le vélo est plus qu’un simple moyen de se déplacer.
« Ce que ça représente, c’est avant tout une liberté incroyable. Le fait d’être en autonomie, de ne rien avoir, ça laisse la place pour les imprévus, pour les découvertes, pour les changements de plan. Ça donne vraiment un sentiment de liberté très fort que je ne trouve pas dans d’autres façons de voyager. C’est vraiment synonyme de liberté, mais aussi de simplicité. »
En effet, rien de plus simple que de prendre sa bicyclette et s’en aller sur les routes. « Une fois que l’on a son vélo, sa nourriture et sa tente, on a tout ce qu’il faut pour partir. Ça rappelle qu’il ne faut pas grand chose pour trouver du plaisir, et à quel point les choses peuvent être extrêmement simples ».
Destination et itinéraire : place à l’improvisation
Choix de la destination
Question organisation, notre voyageuse à vélo et son ami ne sont pas du genre à planifier à l’avance.
« On sait quand on part, et d’où on part. On sait éventuellement d’où et quand on va repartir ». Mais pas toujours. Lorsqu’elle part en train, elle prend uniquement son billet aller. Le retour est pris au dernier moment en fonction de là où elle se trouve. Partir en avion demande toutefois un peu plus de planification. « Ça nous est arrivé une fois de voyager en avion. On avait pris les billets à l’avance. On partait de Bruxelles, et on savait que 3 semaines plus tard on devait être à Dubrovnik ».
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Le choix de la destination, quant à lui, dépend des envies et des informations glanées ça et là sur Internet, et notamment sur le site EuroVelo. « Si cet été on a envie de soleil, on va plutôt aller dans le sud. C’est un mixe entre ce qu’on sait des infrastructures qu’il y a pour les vélos et nos envies de découverte ».
« Le fait de laisser la place à l’improvisation, c’est justement ce que l’on aime ».
Le parcours
Si le départ et, parfois, le point de chute à l’arrivée sont connus, il n’en est rien concernant le déroulé du voyage. « On a un peu une idée du trajet que l’on va faire. On suit souvent des EuroVelo donc ça nous donne une idée du chemin. Mais par quelle ville on va passer, si on va faire des escapades, combien de kilomètres on va faire, où est-ce qu’on va s’arrêter, ça c’est vraiment au jour le jour. »
« Au cours du voyage, quand on a décidé de la direction, on se permet des détours pour aller voir ce qui nous intéresse sur les guides touristiques. Si on est dans un endroit qu’on aime bien, on peut aussi décider de bifurquer. On voit au jour le jour en fonction des paysages, de la nature, de notre forme… »
Un voyage à vélo sous le signe de la liberté
Itinéraire, un retour au papier
Pour ce qui est de la navigation, Fabienne est plutôt carte papier. Le voyage à vélo est aussi « une super occasion de revenir » à ce support qui a déjà fait ses preuves. Toujours à portée de main et rarement défaillant. En camping, il n’y a d’ailleurs pas toujours la possibilité de recharger ses appareils électroniques, bien que son ami soit plutôt adepte du GPS.
« Il n’empêche qu’on a quand même un backup. Je dirige avec la carte, et quand il y a un os, on a un GPS et les cartes numériques de la région. Après, lorsque l’on se balade dans un pays bien aménagé, en Allemagne ou en Angleterre par exemple, les circuits vélos sont très bien indiqués. Il y a des panneaux partout sur la route, on se repère très bien. »
Le camping ou rien
Pour passer la nuit, le camping est la règle « sauf gros problème ». Alors bien-sûr, ce type d’itinérance vélo demande un équipement plus conséquent : tente, matelas et équipements pour faire à manger. Soit « entre 10 et 15 kg chacun sur nos vélos ». Mais c’est le prix à payer pour garder un sentiment de liberté.
« Ça charge un peu plus le vélo que de dormir sous un toit mais je trouve que ça laisse plus de liberté parce que, pour la peine, on ne réserve rien avant puisqu’on ne sait pas exactement ce qu’on va faire. »
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Cela demande aussi un peu d’organisation en ce qui concerne la nourriture. « Le matin, ça nous arrive de ne rien avoir comme nourriture ». Il faut donc trouver le petit déjeuner sur la route. Le midi, un pique-nique léger type sandwich est suffisant. Et le soir au camping, il faut sortir des sacoches l’équipement de bivouac pour faire la popote. « Surtout des pâtes, on mange beaucoup de pâtes ! ». Le petit conseil de Fabienne : toujours avoir des fruits dans une sacoche. D’autant que parfois, il est possible de rouler toute une matinée sans trouver la moindre épicerie. « Une des choses auxquelles on fait très attention, c’est de tout le temps avoir des fruits sur nous ». Surtout en pleine canicule.
Le matériel, un moindre investissement pour les habitués du vélo
Pour se lancer, pas besoin d’acquérir une randonneuse ou un vélo adapté hors de prix. Fabienne et son ami voyagent sur deux VTC Orbea. « Ce sont les vélos que l’on utilise tous les jours. La seule chose qu’on a fait, c’est d’ajouter un porte bagage à l’arrière pour les voyages ». Pour transporter leurs affaires, des sacoches triple Vaude. Seul bémol, elles ne sont pas imperméables. « Quand il pleut, il faut mettre une capote pour les protéger de l’humidité ».
Il est donc possible de partir en vadrouille sur les véloroutes du monde avec son vélo du quotidien, si tant est qu’il soit régulièrement entretenu. Bien-sûr, avant une grande échappée, il est fortement recommandé de s’assurer du bon état de sa monture.
« Avant chaque long voyage, on fait une révision des vélos. Une ou deux semaine avant, on l’amène chez un vélociste. C’est le moment de dévoiler la roue si elle est un peu voilée ou de s’assurer que les patins de frein sont en bon état. »
Suffisant en tout cas pour éviter les petits soucis mécaniques. « Je ne sais pas si on a eu de la chance, mais on n’a jamais eu de gros pépins. » Des crevaisons, bien-sûr, comme il en arrive à tous les cyclistes. Et des rétroviseurs cassés, mais rien de grave. Quoi qu’il en soit, elle a toujours, au fond d’une sacoche, l’équipement de base pour réparer une crevaison et quelques tournevis.
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Des paysages et des montées, le secret d’un voyage réussi
De son voyage à vélo en Écosse, notre voyageuse en retient sans conteste les paysages des Highlands. Malgré la pluie.
« C’était juste incroyable. Je garderai longtemps en mémoire ces images de ciels gris menaçants avec des rayons de soleil qui les traversent et qui se réfléchissent sur les lochs. Tandis qu’au fond on aperçoit un rideau de pluie, le tout bordé par des forêts et des plaines remplies de fleurs sauvages. Oui, il y a des moustiques en Écosse, oui il pleut beaucoup, oui ça n’est pas plat, oui il ne fait jamais très chaud, mais la nature est à couper le souffle ! »
Lors de son dernier voyage, Fabienne et son ami ont choisi l’Allemagne et la Forêt-Noire, qui est loin d’être une forêt plate. « Cette année, on a renoué avec des montées et des descentes, c’est vraiment quelque chose d’un peu magique ». En effet, dans ce massif montagneux proche de la frontière française, certaines portions peuvent se révéler être de véritables murs.
« On a passé une journée à faire quelques kilomètres pour monter une pente à 7-10%. C’est très dur, d’autant plus qu’on a un chargement pour être en quasi autonomie sur son vélo, mais une fois tout en haut, la satisfaction est grande d’avoir fait cet effort. Les descentes ensuite sont juste merveilleuses. »
Les conseils cyclo de notre voyageuse à vélo
Première chose, il faut commencer petit à petit, « par quelques jours à un endroit plat et bien balisé, où on ne va pas se retrouver à faire des tronçons dans la circulation ». Surtout si on n’ose pas trop.
Autre conseil de Fabienne pour les voyageurs à vélo en herbe : ne pas trop remplir ses sacoches, au risque de se rendre la tâche plus compliquée. « Il y a toujours cette question du rapport entre poids et utilité. C’est vrai qu’on pourrait prendre plus d’équipement mais c’est plus lourd. Et comme on ne roule pas que sur le plat, ce sont des choix à faire ». Mais pas de panique, « ça s’apprend au fur et à mesure mais durant les premiers voyages, on part forcément un peu trop chargés. Et puis on réduit, on sait que l’on n’a pas besoin de 12 t-shirt et que 3 feront largement l’affaire. »
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Finalement, « il y a tout ce qu’il faut pour tous les gouts. Si on n’est pas habitués au vélo, on n’est obligé d’aller dans des endroits où il y a des côtes à 10%. On n’est pas obligé de faire 100 km par jour. Aujourd’hui en Europe et partout dans le monde, il y a de plus en plus de circuits développés et il y en a vraiment pour tous les gouts. »
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