Portrait: Mathieu Fiollet, voyageur à vélo, voulait parcourir le monde

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Jean-Baptiste Lasserre,
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Portrait: Mathieu Fiollet, voyageur à vélo, voulait parcourir le monde

Mathieu Fiollet s’est tourné vers le voyage à vélo il y a peu de temps, mais il n’est déjà plus un novice. En effet, il a découvert la rando vélo très récemment, et rêve déjà de tour du monde. Portrait d’un jeune aventurier cyclotouriste que rien ne prédestinait à la petite reine.

Le voyage à vélo, le meilleur compromis pour découvrir le monde

Mathieu Fiollet, le cyclotouriste qui rêvait de tour du monde
© Mathieu Fiollet

Un rêve de tour du monde

Mathieu Fiollet est un jeune voyageur de 31 ans, originaire de Provence. Et depuis longtemps, un peu comme chacun de nous, il a des rêves d’aventures. « Ça faisait longtemps que je voulais faire un tour du monde. On a tous un peu cette idée dans la vie ».

Pensant au départ à le faire à pied, il se rend compte avec le temps que de cette manière, un tour du monde lui prendrait trop de temps.

Sa première rencontre avec le voyage à vélo remonte à 2014. Il réalise une petite partie du Danube à vélo, après être tombé par hasard sur un article. Une première expérience peu concluante pour le jeune provençal. Puis en écoutant les récits d’un ancien collègue cyclotouriste parti faire le tour du monde en stop, puis à vélo et en suivant son blog, l’idée de parcourir le monde renaît. Et le vélo lui apparaît comme une solution idéale.

Une découverte tardive du vélo

Il s’inscrit alors sur le réseau Warmshower pour accueillir chez lui des voyageurs à vélo du monde entier. Toutes ces rencontres finissent par le décider, et il commence à faire du vélo il y a un peu plus d’un an, en juin 2017. Au départ, il commence par faire du vélo entre midi et deux, pendant sa pause déjeuner. Il réalise des boucles d’une heure pour rentrer chez lui, de plus en plus régulièrement.

« Le vélo c’est devenu un petit peu la solution facile pour faire quelque chose avec mes jambes »

Voilà le point principal de sa démarche : réaliser des choses avec son corps, par lui-même. Sans voiture, sans avion ni aucun autre moyen de transport.

« La plus grande liberté c’est à pied, parce qu’on est totalement libre, mais on a des contraintes physiques qui font qu’on ne peut pas aller trop vite trop loin. La voiture, c’est l’inverse, il n’y a aucune contrainte donc le plaisir est moindre quand on accomplit quelque chose. Et le vélo c’est vraiment entre les deux. Il y a le côté dépassement pour y arriver, et en plus derrière il y a une petite récompense. »

Les premiers coups de pédale

Voyage à vélo sur l'EuroVelo 8
© Mathieu Fiollet

Depuis Lambesc, le petit village provençal où il vit, le cyclotouriste entreprend alors un premier voyage jusqu’à Bruxelles en septembre 2017. Mais l’aventure s’arrête à Chalon-sur-Saône. « J’ai été un peu présomptueux sur mes forces à ce moment-là. », nous confie-t-il. Une fois rentré, avec quand même près de 700 km dans les jambes, il décide de quitter son travail pour se consacrer entièrement au voyage à vélo.

Il se lance ensuite sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, qu’il terminera en deux fois après une blessure. Mais Mathieu n’est toujours pas rassasié.

À l’été 2018, il se lance cette fois dans un plus grand défi : un tour d’Europe à vélo. Depuis Marseille, il traverse le nord de l’Italie jusqu’à Trieste. Il se rend ensuite en Slovénie, puis à Vienne. Et revient vers l’ouest en longeant le Danube jusqu’en Alsace. Avant de redescendre jusqu’à la cité phocéenne pour retourner à maison. Une première longue escapade d’un peu plus d’un mois.

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Un voyageur à vélo solitaire et ambitieux

Un aventurier du voyage à vélo

Mathieu voyage à vélo exclusivement seul. Pour des contraintes de temps et de disponibilité déjà, que ses amis et proches n’ont pas forcément, mais aussi par liberté. Liberté de rouler à son rythme et de s’arrêter quand il le souhaite. « Par moment je m’arrête à un endroit, je bouquine pendant une heure puis je repars ».

Lorsqu’il choisit ses destinations, ce cyclotouriste laisse une grande place au hasard et à la découverte. Il démarre son voyage à vélo avec une vision générale du trajet, puis affine avec des recherches sur des blogs et des sites spécialisés. Quand il projette de partir plusieurs jours, il regarde d’abord où il a envie d’aller.

« C’est vraiment au feeling. Je vais sur Google Maps, je fais une grosse boucle en passant par les endroits dont j’ai déjà entendu parler et qui m’intriguent. Et entre ces étapes-là, je me renseigne pour voir s’il y a des endroits intéressants à découvrir. »

Il prévoit toutes les étapes intermédiaires, à raison de 100 à 120 km par jour, avec en tête une liste des villes où il va s’arrêter. Toutefois, ses voyages ne sont pour autant pas définitivement fixés à l’avance. Une fois sur place, le trajet peut changer en fonction des possibilités qu’il rencontre.

Les équipements et la navigation

La source du Danube à Donaueschingen
© Mathieu Fiollet

Mathieu parcourt les routes sur un VTC Riverside 700 Décathlon, équipé de pneus Schwalbe Marathon et de chambres à air increvables.

« Le VTC c’est vraiment pour moi le bon compromis. Les VTT ne me plaisent pas, je n’aime pas la position dessus. Les vélos de route ne me permettent pas de passer partout où je veux passer. Le VTC permet de faire plein de choses. Il ne les fait pas super bien mais au moins il les fait toutes. »

Pour ranger ses affaires, il a doté sa bicyclette d’un porte bagage et d’une valise Ortlieb, qu’il estime beaucoup plus pratique en voyage. À l’avant, une petite sacoche lui permet de ranger des batteries de téléphone. En effet, son téléphone lui sert d’enceintes pour pédaler en musique mais également de GPS. Un système que le cyclotouriste évite parfois volontairement de mettre pour découvrir de nouvelles choses.

« Quand c’est des endroits proches de chez moi que je veux découvrir, je fais exprès de ne pas mettre le GPS. Mais c’est une découverte contrôlée. Quand je suis dans un pays étranger, j’évite de partir un peu à l’aventure et de me rendre compte 100 kilomètres plus tard que j’étais pas du tout là où je devais aller ».

En termes d’équipement vélo pour ses voyages, Mathieu a ses incontournables. Des chaussures de vélo qui offrent une certaine rigidité sur la plante des pieds pour les longs trajets. Deux genouillères pour le confort sur les longues étapes. Un cuissard cyclotouriste et un t-shirt.

Pour parer à d’éventuels problèmes, il voyage toujours avec un kit multi outils, un jeu de clé Allen et de chambre à air, un rouleau de chatterton, un couteau, des rustines, une bombe de WD40 et une chaîne de rechange. Ainsi qu’une petite pompe à main pour dépanner, en attendant de trouver une station-service pour regonfler.

La question du logement et de la nourriture

Pour se loger, il utilise uniquement les réseaux Warmshower et Couchsurfing. Quand il ne trouve pas, il se tourne vers l’option hôtel et Airbnb. Mais pour le moment, il n’ose pas franchir le pas de voyager avec une tente et bivouaquer.

Côté alimentation, Mathieu voyage avec peu de nourriture dans ses sacoches. Quelques petites barres seulement l’accompagnent pour lui donner un coup d’énergie de temps en temps. En général, il ne mange pas le midi pour ne pas couper l’étape, ce que par ailleurs, il ne conseille pas forcément. Et lorsqu’il arrive trop tard, il préfère attendre le soir pour se sustenter. Entre snacks et restaurants sur la route, ou dîner avec ses hôtes.

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Sa philosophie du voyage à vélo

Quelques moments de galère

Le voyage c’est aussi des moments dans la forêt et dans la boue à réparer.

« De Bordeaux à Saint-Jacques, j’ai crevé environ en moyenne une fois par jour. Avec certains jours où j’ai même crevé deux ou trois fois ! C’était sous la pluie évidemment, sinon ce n’est pas drôle. Changer une chambre à air, la réparer, enlever le pneu, je sais très bien faire ! »

L'étape galère du Passo della Cissa en Italie
© Mathieu Fiollet

Et des imprévus un peu plus gênants. Au début de l’été 2018, il décide de faire un tour de France à vélo. Il commence par se perdre dans les Alpes et casse ses freins. Après être rentré en stop jusqu’à Marseille, il part de nouveau. Il passe alors par Grenoble, mais une journée de pluie interminable l’amène à s’abriter dans un fast-food en attendant une accalmie. Au bout de 2h quand il sort pour reprendre la route… son vélo a disparu.

Ces mauvais moments qui, avec le temps, deviennent des bons souvenirs. Tout comme cette étape en Italie qui s’est révélée plus compliquée que prévue, entre La Spezia et Parme :

« Je vois que le chemin fait environ 120 kilomètres. Je me renseigne un peu et je trouve le témoignage d’un voyageur qui l’a fait dans l’autre sens. Il semble dire qu’il y a 60 kilomètres de montée et 60 de descente. Je me prépare donc à le faire dans le sens inverse. Après 40 premiers kilomètres plats s’enchainent en fait 20 km de montée sur 1200 mètres. J’étais mort. Quand je suis arrivé en haut, je n’arrivais plus à rien. En fait c’était juste un col, mais après ça continuait à descendre et à monter. »

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Un rythme cyclotouriste élevé

Ce qu’il aime dans le voyage à vélo, c’est de voir les paysages défiler. Apprécier la diversité que l’on peut croiser en seule journée, sur une centaine de kilomètres. Une distance qu’il juge par ailleurs amplement faisable à vélo en une journée. Une sensation différente que lorsque l’on reste au volant d’une voiture.

« Avec la voiture, on a perdu la sensation de distance, qu’on retrouve un petit peu avec le vélo. C’est vraiment cette idée-là qui est importante pour moi. Il y a un véritable plaisir de se retourner et de se dire ‘’j’ai fait tout ça, et je l’ai fait tout seul, avec mes jambes’’. » 

En bon aventurier cyclotouriste qui aime se faire mal, Mathieu apprécie aussi quand la route s’élève.

« Je connais plein de gens qui n’aiment pas les montées, moi j’aime bien. Et la vue qu’on a une fois en haut en général, elle vaut le coup ! ».

Ses conseils de cyclotouriste

Première chose, ne pas partir sans préparation physique. Lorsque la condition est bonne, il recommande de commencer le voyage doucement, pour prendre l’habitude. De faire deux ou trois étapes assez courtes et peu difficiles pour s’imprégner du rythme. De par son expérience personnelle passée, il préconise également de ne pas être trop ambitieux sur la longueur des étapes et du voyage.

Mais le point essentiel selon lui, c’est surtout d’avoir de bon équipement pour limiter les risques de douleur physique.

Et de conclure :

« Le voyage à vélo, c’est le principe de vraiment faire face à soi-même, avec sa propre force. Il y a un côté libérateur de se dire qu’on arrive à le faire. Et je pars du principe que si moi j’y arrive, tout le monde peut le faire. »

Pour le futur, Mathieu envisage un grand tour d’Europe cyclotouriste dès l’année prochaine. En longeant les côtes européennes et en empruntant les EuroVelo. L’EV 8 jusqu’à Athènes puis l’EV 11 qui remonte jusqu’au Cap Nord, en Norvège. Un voyage de 8 à 9 mois, en attendant peut-être un tour du monde à vélo en 2020 en partant vers l’Est, s’il n’est toujours pas rassasié… Et un échauffement sur la côte italienne jusqu’en Sicile avant la fin de l’année 2018.

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1 comment

  1. Je vois qu’il est de Marseille. Peut être est il un descendant de Pierre Fiollet journaliste au Petit Marseillais et organisateur du fameux Tour du sud est dans les années 20?

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