Indéniablement, le vélo offre de nombreux avantages à plusieurs égards : la santé, le moral, l’environnement, l’économie… Mais qu’en est-il quand on fait du vélo dans un milieu pollué ? A priori, le vélo serait moins bénéfique car on s’intoxiquerait. Dans ces cas, il vaudrait mieux délaisser la « petite reine » au détriment d’autres moyens de transport comme la voiture ou le bus. Mais est-ce vrai ? Cette alternative est-elle meilleure pour vos poumons ? Faisons un état des lieux des risques de la pollution à vélo et découvrez quelques conseils pour y faire face !
Quels sont les polluants auxquels sont confrontés les cyclistes en ville ?
De plus en plus de personnes adoptent le vélo comme principal moyen de transport. Comme tout véhicule, il présente certains risques. Mais les avantages sont aussi (voire plus) nombreux et selon la FUB (Fédération des usagers de la bicyclette), il présente autant de dangers en ville qu’en campagne. Cette dernière est moins fréquentée, mais les gens roulent plus vite ! Cela dit, en ville, la saturation de l’espace public engendre donc plus de risques d’accidents.
L’autre grand ennemi des grandes villes européennes, c’est la pollution.
Si l’environnement est pollué, tout le monde respire un air plus ou moins toxique, notamment les cyclistes. Le problème de la pollution, c’est qu’elle est incolore et (très souvent) inodore. Or, l’ennemi le plus dangereux est celui qu’on ne voit pas.
Passons alors en revue les principaux polluants atmosphériques auxquels les cyclistes sont exposés :
Le faux ami à vélo : l’ozone
Quand il est présent au niveau de la surface de la terre, l’ozone est l’un des principaux polluants atmosphériques. S’il protège les êtres humains des rayons UV, vous avez tout intérêt à ce qu’il reste éloigné de vous. En effet, il est très toxique pour les voies respiratoires.
L’ozone provient en fait d’une réaction entre la lumière solaire et les gaz d’échappement (oxydes d’azotes). C’est ce que l’on appelle une réaction photochimique.
Comme il est très oxydant, en cas d’exposition, le cycliste souffre d’irritation des yeux ainsi que d’inflammation des muqueuses. L’air riche en ozone rend les asthmatiques encore plus asthmatiques. Ceux-ci deviennent plus sensibles aux allergènes et sont donc plus susceptibles d’avoir une crise d’asthme.
En somme, ozone et cyclisme ne font pas bon ménage !
Le monoxyde de carbone : un polluant qui rend difficile votre oxygénation à vélo
L’union fait la force et le monoxyde de carbone adore les bouchons ! En effet, il est le résultat d’une combustion incomplète de carburants. À Paris, à Marseille, à Lyon… On en trouve à chaque fois que les voitures s’accumulent dans les voies de circulation.
Le problème du monoxyde de carbone, outre sa toxicité, est qu’il se combine avec l’hémoglobine. Hors, cette protéine est chargée de transporter l’oxygène dans le sang. Combinée avec le monoxyde de carbone, l’hémoglobine devient une carboxyhémoglobine (HbCO). Or, à ce stade, il n’y a plus de place pour l’oxygène !
Si vous faites une activité physique (y compris le vélotaf) dans un milieu avec de fortes concentrations de monoxyde de carbone, votre taux de HbCO augmente. Or, selon la charge d’entraînement, il peut même atteindre des niveaux des fumeurs.
Les oxydes d’azote (NOx) : très toxiques pour les cyclistes
Les oxydes d’azotes, également appelés NOx, regroupent deux particules différentes : le monoxyde d’azote (NO) et le dioxyde d’azote (NO2). On retrouve ces deux polluants lors de combustions à haute température.
Ils sont tous deux des précurseurs de l’ozone, cité plus haut. Les oxydes d’azote sont également présents dans des acides forts et sont souvent à l’origine de pluies acides.
Or, qui est-ce qui produit la plus grande part de NOx dans nos sociétés ? Tout à fait : le secteur routier, juste avant l’industrie manufacturière et l’agriculture.
Les cyclistes sont donc souvent exposés aux NOx qui s’avèrent être très toxiques pour les voies respiratoires. Ils provoquent également des irritations mais peuvent être bien plus nuisibles pour des personnes vulnérables.
Les composés organiques volatils ou COV : le fourre-tout des polluants
Les composés organiques volatils font partie des principaux polluants. Pour être considéré comme COV, le gaz doit être composé d’au moins un atome de carbone. Celui-ci se combine à d’autres éléments comme l’oxygène, l’hydrogène, l’halogène, le soufre ou le phosphore, entre autres.
Cela dit, c’est le méthane, le composé organique volatil que l’on retrouve le plus dans l’atmosphère. Et il provient… Encore une fois, des vapeurs d’hydrocarbures des véhicules. Mais pas que ! Il émane également des déchets de différentes industries (chimiques, pétrole, autres carburants, solvants…). Le méthane est très présent dans les peintures et donc dans les foyers des françaises et des français.
Comment l’exposition à la pollution affecte-t-elle les humains ?
Nous avons déjà mentionné quelques effets indésirables de l’air pollué sur les cyclistes en général. Mais analysons de plus près les risques de la pollution pour la santé des différents profils d’utilisateur…
Effets de la pollution sur la population à risque
La pollution a un effet pro-inflammatoire assez négatif pour l’organisme. En effet, selon Santé Public France, il y aurait presque 50 000 décès prématurés à cause de la pollution de l’air, tous publics confondus (pas exclusivement des cyclistes).
Les systèmes pulmonaire et cardio-vasculaire sont les plus touchés par les effets collatéraux des polluants sur l’organisme. L’exposition à des environnements pollués augmente le risque d’accidents vasculaires cérébraux, d’infarctus du myocarde, de crises d’asthme, de bronchite chronique ou de cancer des poumons et des bronches.
Les personnes vulnérables sont les femmes enceintes, les personnes de plus de 65 ans, les enfants et les individus atteints de pathologies cardio-vasculaires, pulmonaires ou immunodéprimés. Ces publics doivent donc éviter de faire du vélo lors des pics de pollution. En effet, les effets de la pollution sur les cyclistes varient selon les conditions de chacun et de chacune.
Quelles conséquences des polluants pour un public sportif ?
Même si vous avez une meilleure forme physique, cela implique que vos capacités respiratoires sont meilleures. Autrement dit, vous arrivez à absorber plus d’oxygène. Or, dans un environnement pollué, vous respirez également plus de pollution. Cet air malsain affecte donc vos poumons plus profondément, a priori. Pendant les pics de pollution, faudrait-il alors prendre la voiture ?
Cependant, selon la FUB, l’ADEME et certaines études scientifiques, cela n’est pas toujours vrai. Il paraît qu’à vélo, on respire moins de polluants qu’en voiture et que l’exposition à ces composants est jusqu’à trois fois plus faible. En outre, les bénéfices de la pratique à vélo sont toujours valables même dans des endroits pollués.
Cela dit, même si les effets négatifs sont à nuancer, il vaut mieux se protéger pour préserver sa santé et profiter de son sport favori.
Solutions pour se protéger de la pollution de l’air à vélo
Si les cyclistes sont confrontés à la pollution, il existe néanmoins quelques gestes barrière à adopter. Pour limiter ses effets, appliquez ces conseils lors du prochain pic de pollution :
Équipez-vous de protections pour bicyclette : masque, filtre anti-pollution
Le premier conseil pour diminuer les effets de la pollution, c’est de respirer par le nez. Contrairement à la bouche, le nez possède des mécanismes de filtrage. Si cela n’est pas suffisant, vous pouvez également vous tourner vers des accessoires et des équipements disponibles sur le marché.
Le masque anti-pollution pour vélo
L’un des plus répandus et des plus polémiques est le masque anti-pollution. En effet, tous ne sont pas aussi efficaces. Certains ne filtrent pas bien les particules fines ou ultrafines et vous empêchent de bien respirer. Le problème est que cette difficulté se traduit par une respiration plus agitée et plus profonde qui favorise l’hyperventilation. Or, plus vous avez besoin de respirer, plus vous absorbez de pollution.
Or, pour rouler en tout confort, le cycliste doit pouvoir bien respirer, sans gêne et avec des sensations agréables.
D’autres masques plus performants filtrent des particules jusqu’à 0,4 microns. Cela permet d’empêcher plus de 90 % des polluants d’atteindre vos voies respiratoires. En effet, certains modèles intègrent un filtre FFP2 que l’on trouve également dans des masques utilisés dans le secteur médical. Ce type de filtre bloque non seulement la pollution, mais aussi d’autres agents allergènes comme le pollen ou la fumée de cigarette. En outre, pour respirer en tout confort, misez sur les masques réglables et faciles à ajuster, avec des tissus hydrofuges et respirants.
Le foulard anti-pollution pour cyclistes
L’autre filtre anti-pollution très répandu, c’est le foulard ou tour de cou. Une fois enfilé, il protège à la fois le nez et la bouche, offrant une protection optimale contre les polluants et les allergènes. Contrairement à d’autres tours de cou, un foulard anti-pollution pour vélo intègre souvent un masque filtrant.
C’est une excellente option pour préserver votre santé contre la pollution et le froid en hiver !
Adaptez votre itinéraire à vélo pour éviter la pollution
Lors des pics de pollution, les amoureux de la « petite reine » ont tout intérêt à adapter leurs trajets à vélo. Tout d’abord, le mieux est encore d’éviter les périodes de la journée où la pollution de l’air est à son plus haut niveau. Avant les bouchons du matin, c’est le meilleur moment pour se mettre en selle et aller au travail à vélo.
Si vous devez rouler hors des périodes moins polluées, pensez à emprunter des sentiers dans les parcs ou les rues secondaires, quitte à rallonger le trajet. En effet, les arbres absorbent une partie de la pollution qui épargne donc vos poumons.
Dosez vos efforts à vélo pour respirer moins de pollution
Certaines études montrent que si les cyclistes absorbent plus de particules fines qu’en voiture, c’est à cause de l’hyperventilation. Plus on fait d’efforts, plus on a besoin d’oxygène. Or, comme la cadence de respiration augmente, vous absorbez ainsi plus de polluants.
Pour éviter cela, dosez vos efforts et essayez au maximum de conserver un rythme cardiaque détendu, en dessous de 130 battements par minute. Autrement dit, vous devriez pouvoir tenir une conversation sans difficulté !
Lors des pics de pollution atmosphérique, ce n’est pas le moment de faire des fractionnés ou des sorties longues. Limitez-vous à faire vos trajets quotidiens et attendez que l’air soit propre pour vous donner à fond.
Si vous avez une sensation de grande fatigue, une gêne respiratoire, le nez bouché, la gorge qui pique ou des palpitations, cessez l’activité.
Le déclenchement des alertes pollution : l’abstinence du vélo
Avant de prendre votre vélo et d’arpenter les rues de votre ville, renseignez-vous sur les niveaux de pollution. Par loi et selon le Code de l’environnement, la qualité de l’air est surveillée en permanence. Il existe en France un total de 26 agences qui analysent la présence de quatre polluants dangereux pour la santé : les particules fines, le monoxyde de carbone, le dioxyde de soufre, le dioxyde et l’oxyde d’azote.
Si le niveau de concentration est élevé, à ce moment-là, la population reçoit une alerte. Vous saurez alors que ce n’est vraiment pas le moment de vous amuser à deux roues !
Les dangers de ne pas faire du vélo à cause de la pollution
Les effets négatifs de la pollution constituent un frein pour de nombreux cyclistes. S’il faut éviter l’effort physique lors des pics, la pollution ne doit pas pour autant empêcher les gens de pratiquer du vélo. Voici les dangers de ne pas faire du vélo sous prétexte d’un air pollué :
Les risques de la sédentarité
Vous savez ce qui est pire que de faire du vélo dans un environnement pollué ? Succomber à la sédentarité ! Il vaut mieux bien choisir les moments où l’on sort faire du vélo que de s’enfermer chez soi et passer du temps assis sur le canapé. La sédentarité est aussi nocive, silencieuse et invisible que l’atmosphère polluée.
Rouler à vélo pour se rendre ou rentrer du lieu travail permet en outre de se détendre et d’être plus heureux. De plus, les alternatives pour vos déplacements quotidiens ne sont pas dénuées d’une exposition à la pollution.
Pourquoi utiliser le vélo plutôt que de s’enfermer dans l’habitacle de la voiture ?
Même si la voiture donne la sensation d’être isolée de l’atmosphère extérieure, c’est une fausse impression ! En fait, les habitacles des voitures sont exposés aux particules fines. Comme en général l’air circule moins à l’intérieur, vous respirez tout de même un air contaminé, même si vous êtes moins agité qu’à vélo. Les polluants sont même plus concentrés qu’à l’extérieur.
Par conséquent, un conducteur coincé dans les bouchons respire tout aussi bien les émissions de gaz liées au trafic routier.
Qu’en est-il de la pollution dans les transports en commun ?
Naturellement, cela s’applique aussi aux transports en commun comme le bus, le tram ou le métro. Même si ce dernier n’est pas dans les bouchons, l’air souterrain est moins ventilé qu’en surface. Cela fait qu’un usager du métro respire des polluants tout au long des trajets.
Est-ce que le vélo pollue ?
Les pics de pollution sont le pire moment pour prendre le vélo. Or, faire plus de déplacements à vélo est la solution contre les gaz à effet de serre et la pollution. Mais le problème est que le serpent se mord la queue !
La bicyclette est un moyen de transport non polluant qui offre de nombreux avantages pour la santé et pour la société. Dans les années à venir, le déploiement de stratégies vélo et de pistes cyclables devrait encourager la population à adopter le vélo pour les courts trajets quotidiens.
Cela permettra de raréfier les pics de pollution. Mais l’affaire est à suivre…
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[Article publié le 10 mars 2014 et mis à jour le 19 août 2022]