Avez-vous entendu parler de l’obsolescence programmée des vélos ? Les adeptes de la « petite reine » aimeraient conserver leur vélo le plus longtemps possible. Au fil des déplacements et des kilomètres, on développe certains affects envers sa bicyclette. Mais il arrive qu’elle se casse et qu’il faille changer soit des pièces, soit le vélo en entier. Or, dans la société de consommation où l’on vit, on voit de plus en plus souvent des vélos qui tiennent peu de temps. Les fabricants feraient-ils exprès ? Quid sur l’obsolescence programmée des vélos !

L’obsolescence programmée des vélos : c’est quoi ?

Cimetière de vélo désuets

Avant de l’appliquer aux vélos, il faut faire un point sur l’obsolescence programmée. Très frustrante pour les consommateurs, cette pratique est définie et interdite par la LOI n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte :

« L’obsolescence programmée se définit par l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement. »

Il s’agit donc d’une stratégie commerciale qui consiste à limiter volontairement la durée de vie d’un objet. C’est donc un délit puni d’une peine de deux ans de prison et jusqu’à 300 000 € d’amende. Voilà de quoi dissuader les marques de vélo d’employer cette pratique.

Les ingénieurs sont poussés à concevoir des produits qui vont casser ou ne plus fonctionner. Cela passe parfois par l’emploi de matériaux de mauvaise qualité, dans la recherche de toujours baisser les prix. On est dans une logique du low cost et de surproduction. Les consommateurs ne sont pas intéressés par réparer un vélo premier prix : ce n’est pas rentable, voire pas possible.

L’obsolescence programmée d’un vélo peut être de deux ordres : technique ou esthétique. La première est quand un composant ou une pièce n’est plus fabriqué. La seconde touche l’allure globale du vélo : une peinture qui se dégrade ou des couleurs qui se démodent.

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Un puzzle de pièces qui peuvent casser

Le vélo est un véritable puzzle de pièces. Plus on a de composants, plus on a des chances statistiques que l’un d’entre eux se casse.

En fonction de son matériel de base, un cadre est plus solide qu’un autre et plus facilement réparable. Ici on ne parle pas performance mais durabilité !

Forcément, un vélo en acier est beaucoup plus lourd mais plus résistant et simple à souder. De son côté, l’aluminium représente un bon compromis légèreté/réparabilité. Enfin, le carbone est parfois garanti à vie, mais un cadre brisé est irrattrapable. Sachant qu’il y a des cadres de bonne et de mauvaise qualité, indépendamment du matériau !

On a parlé du cadre, mais faisons la liste des parties qui peuvent lâcher : les fourches, le guidon ou les amortisseurs des VTT. Les roues sont particulièrement soumises à l’abrasion et aux chocs. Les garde-boues de mauvaise qualité peuvent se briser, les pédales en plastique peuvent avoir une courte durée de vie, les freins, c’est pareil…

Et la liste est loin d’être exhaustive ! Chaque pièce est potentiellement un point de faiblesse pour un vélo. Il est donc facile de programmer l’obsolescence d’un vélo. Surtout si le consommateur fait un mauvais entretien des équipements.

Des pièces irremplaçables d’un véloRéparation d'un vélo

Quand un élément du vélo se casse, le premier geste devrait être de chercher des pièces de rechange. Mais ce n’est pas toujours évident de trouver. L’obsolescence programmée des vélos consiste parfois à inclure des pièces qui ne sont pas vendues séparément, voire plus fabriquées !

On le voit par exemple avec la mise à jour des groupes mécaniques ou électroniques. Au fil des évolutions, on a vu les groupes passer de 7 à 8, 9 ou 10 vitesses. Certes, il existe certaines compatibilités entre les groupes mécaniques.

Mais chez les groupes électroniques, les pièces de rechange sont beaucoup plus difficiles à s’en procurer. Comme elles ne sont plus fabriquées, les stocks existants s’épuisent peu à peu. Et les consommateurs sont obligés de changer tout le groupe du vélo.

Ce sont donc des modèles qui ont été conçus pour être remplacés dans leur totalité.

L’obsolescence programmée des accessoires vélo

Ce problème touche également aux accessoires vélo. Et comme pour les parties du vélo, plus on a d’accessoires, plus on a de chances qu’ils tombent en panne, comme les ampoules des lampes vélo.

Quand certaines marques proposent des accessoires en plastique de mauvaise qualité, leur durabilité est très faible. Par exemple, une sonnette ou un siège vélo bas de gamme peuvent rapidement se casser. Le second a également le problème des attaches dont on a du mal à se fournir des pièces de rechange.

Il suffit parfois de chercher des attaches dans d’autres rayons. Mais en cas d’accident, les assurances pourront se déresponsabiliser. Et puis, s’agissant d’un élément de sécurité, il vaut mieux avoir un matériel testé et garanti.

Il en va de même pour le textile des équipements de vélo. Les maillots, les culottes, les sacoches… Dans l’ère du fast-fashion, il vaut mieux investir dans du matériel de qualité et garanti.

Les vélos électriques et la durée de vie des batteries

Les choses se compliquent dès qu’on ajoute la variante des batteries. S’il existe un lien entre obsolescence programmée et vélos électriques, c’est bien la durée de vie de la batterie.

Les consommateurs de VAE se plaignent souvent de l’autonomie de plus en plus faible de leur vélo. Si les batteries sont performantes et légères, elles sont aussi fragiles et chères.

Les vélos électriques sont un moyen de mobilité douce en ville. Mais la fabrication des batteries est parfois assez polluante. Certes, on peut recycler sa batterie, mais le plus convenant du point de vue écologique est de ne pas avoir à changer une batterie !

Certains fabricants promettent une durée de vie des batteries Lithium de 5 à 10 ans. Mais les consommateurs sont forcés de s’en séparer bien avant cela. Alors, s’agit-il d’une mauvaise utilisation ou d’obsolescence programmée du vélo ?

L’obsolescence programmée ou l’usure normale des vélos ?

Vélo maltraité et non entretenu

Si les vélos ne semblent pas échapper à une certaine forme d’obsolescence programmée, les consommateurs parfois y sont pour beaucoup.

Sans parler d’utilisateurs qui maltraitent leur vélo, c’est outil de déplacement requiert d’un entretien régulier. Lorsqu’on veut conserver son vélo à long terme, il faut donc prendre soin de chaque pièce de son cycle.

En fonction de son usage, un vélo est fortement soumis à l’usure. On roule parfois sous les intempéries, on laisse la bicyclette attachée sous le soleil… Même en y prenant soin, un vélo s’use au bout de plusieurs années.

Une pétition pour dire stop à l’obsolescence programmée des vélos

Quoi qu’il en soit, les associations environnementales et les collectifs se manifestent pour mettre fin à ces pratiques. Peu éthique et non éco-responsable, l’obsolescence programmée des vélos ne fait pas l’objet d’une loi partout dans le monde. Et certains groupes arrivent quand-même à détourner la règle.

Pour l’histoire…

Aux États-Unis, un collectif de mécaniciennes et de mécaniciens de vélo qui travaille dans des associations vient de publier une pétition cinglante.

Il s’agit d’un signal d’alerte aux consommateurs et aux fabricants. La pétition a pour but de dire stop aux vélos de mauvaise qualité qui tombent en panne seulement quelques mois après leur mise en circulation.

Leur fabrication hasardeuse rend impossible la réparation de vélo d’entrée de gamme. Ils soutiennent de façon louable que les vélos moins chers doivent être réparables.

Voici les problèmes de ce genre de produit :

  • c’est particulièrement nocif pour l’environnement et incite à la surconsommation,
  • il érode la confiance du public dans l’utilité et la joie des vélos,
  • les fabricants gaspillent l’argent des consommateurs qui les achètent, souvent peu aisés.

Les actions contre l’obsolescence programmée

La pétition interpelle les fabricants de vélo et les détaillants. Le collectif les appelle à :

  • fixer une norme de durabilité minimale de 500 heures de conduite avant que le vélo ne tombe en panne.
  • concevoir des vélos avec des réglages, des pièces et des composants remplaçables et évolutifs,
  • cesser la fabrication et la vente de vélos avec une faible durée de vie, peu qualitatifs et avec des méthodes de fabrication douteuses.

Cette campagne est encore active et il faudra donc attendre pour découvrir la réaction des marques de vélo concernées.

Conseils pour éviter de tomber sur un vélo qui tiendra peu

Le choix d’un bon vélo vous aidera à éviter l’obsolescence programmée de certains modèles. Voici quelques aspects à prendre en compte avant d’acheter un vélo.

Évitez les premiers prix techniques

Avoir un budget limité n’implique pas forcément de choisir un vélo qui vous lâchera dès la première fois. Il faut tout de même éviter les premiers prix fabriqués à partir de composants d’une qualité médiocre. Ce sont souvent des vélos jetables qui produisent beaucoup de déchets et difficilement réparables. Essayez au mieux de trouver le meilleur rapport qualité/prix.

Tournez-vous vers l’occasion

Les vélos d’occasion sont souvent d’excellentes affaires. Les vélos anciens sont facilement réparables et pensés pour durer. Vous trouverez pas mal de pièces détachées. Certes, ce ne seront pas les rois de la légèreté ! Pour les vélos plus récents, renseignez-vous sur la comptabilité des pièces de rechange ou sur leur disponibilité. Il est normal d’être séduit par la nouveauté. Mais vous n’aurez jamais de recul par rapport aux derniers modèles et à leur durabilité.

Choisir un vélo adapté à son usage

Pour éviter une casse ou une panne avant l’heure dans un vélo, il faut en faire un bon usage. Et pour cela, il faut choisir un vélo selon sa pratique. Si vous allez vous balader en ville, il est inutile de prendre un vélo de route en carbone avec un groupe électronique. Le mieux adapté serait un vélo de ville ou un vélo hollandais. Dans l’autre sens, un vélo pliable ne tiendra pas longtemps sur des sentiers techniques. Un VTT bien entretenu c’est ce qu’il vous faut.

Prenez soin et profitez de votre vélo

L’obsolescence programmée est malheureusement un fait chez certains constructeurs de vélos. Mais si vous vous renseignez avant l’achat et que vous trouvez un bon vélo, il n’y a pas de raison de tomber sur un mauvais plan. Lisez la notice d’entretien et enregistrez votre vélo auprès de la marque, s’il est neuf. Pour les occasions, renseignez-vous sur comment entretenir son vélo pour prolonger sa vie utile. Si vous avez acquis un VAE, pensez à utiliser le chargeur original et à ne jamais laisser la batterie à vide.

Ces petits gestes vous aideront à conserver et à profiter de votre beau vélo le plus longtemps possible !

À propos de l’auteur : FredericU

4 de commentaires

  1. Grego 17 octobre 2022 at 8 h 01 min - Reply

    Bonjour
    Que dit la loi sur l’obsolescence programmée pour les vélos et leurs accessoires?
    On m’a volé ma batterie sur mon mi smart qicycle qui est assez répandu, acheté il y a 10 mois à la fnac…
    Il est impossible de trouver une batterie de vélo pour la remplacer…
    Je fais quoi du vélo ?

    • Quentin Cornuault 17 octobre 2022 at 9 h 45 min - Reply

      D’après l’article L 441-2 du code de la Consommation, l’obsolescence programmée « se définit par le recours à des techniques, y compris logicielles, par lesquelles le responsable de la mise sur le marché d’un produit vise à en réduire délibérément la durée de vie. » C’est ensuite l’article L 454-6 du code de la Consommation qui énumère les sanctions suite à une obsolescence programmée avérée.
      Il s’agit donc bien d’une durée de vie volontairement réduite, nous ne sommes pas sûrs que cela s’applique dans votre cas, dans la mesure où une pièce de rechange est difficilement trouvable, suite à un vol.
      Ceci dit, nous espérons que vous trouverez une solution de remplacement pour votre batterie !

  2. Camelin 21 mars 2022 at 11 h 17 min - Reply

    Bonjour, merci pour votre article très complet. Une note cependant: n’est pas mentionne l’obsolescence programmée des pièces de rechange!
    Il semble que depuis une quinzaine d’années il faille changer chaine et pignons de vélos de manière outrageusement régulière. J’ai utilise le vélo toute ma vie, ai toujours fait le choix de ne pas avoir de voiture et je pense que ce phénomène est plutôt récent. Pour l’achat d’un vélo neuf d’une valeur de 1300 euros en juin 2020, obligation de changer presque tout le système chaine-plateaux-pignons en Septembre 2021, certes pour un usage quasi quotidien uniquement fonctionnel(circulation en ville). Pièces de rechange et réparation: 180 euros. peut-être que je souffre du syndrome de « c’était mieux avant » mais je crois avoir roulé pendant des années avec des vélos achetés d’occasion sans vraiment avoir ce genre de problème, hormis de temps a autre la chaine qui cassait? Voilà… Il me semble que vous insistez sur les entrees de gammes et sur la disponibilité des pièces de rechange, je mets l’accent sur…l’impossibilité de trouver une gamme de qualité pour les pièces de rechange, quel que soit le prix payé! je serais curieux d’avoir des retours….

    • Quentin Cornuault 28 mars 2022 at 10 h 52 min - Reply

      Bonjour et merci de votre témoignage qui va finalement dans le sens de l’article. L’obsolescence programmée prend de plus en plus de place dans le monde du vélo !

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