Anciennement Sacoche Hirondelle, la Sacoche Filante est une toute nouvelle marque de sacoches vélo entièrement made in France. Basés dans la Drôme, les fondateurs de la marque sont très attachés aux valeurs fortes qu’ils défendent. Ils créent des sacoches imperméables upcyclées à partir de matériaux issus de chutes de tissus. Entre approche éco-responsable et respect du modèle social français, Laure et Jonathan nous expliquent ce qui a motivé leur choix de lancer la Sacoche Filante, les difficultés inhérentes à ce type de projet et les axes de développement futur.
La Sacoche Filante, une sacoche vélo symbole de voyage
D’où vous est venue l’idée de monter une entreprise qui fabrique des sacoches de vélo en 1er lieu ?
« Il faut savoir que le vélo est un outil central dans nos vies depuis une dizaine d’années. Tant au quotidien (en mode vélotaf), qu’en vacances (en cyclorandonnée), nous passons énormément de temps à vélo et nous adorons cela !
Il y a quelques années, Jonathan s’est formé à la couture pour habitats légers. Pour apprendre différentes techniques de couture, il est toujours bon de s’exercer à créer des nouvelles pièces. Un jour, Jonathan a eu envie de créer une sacoche pour son vélo, qui lui serait utile au quotidien. C’était le premier prototype et l’idée était lancée ! »
Pourquoi le nom de Sacoche Filante ? Que signifie-t-il pour vous ?
Auparavant nommée Hirondelle, la marque a changé de nom pour devenir La Sacoche Filante à lui suite d’un recours sur la propriété industrielle. Un appel à idées a alors été lancé auprès du public et le choix de Sacoche Filante a été choisi.
« C’est l’idée du mouvement qui prime, une énergie motrice qui nous plaît beaucoup dans le nom de La Sacoche Filante » nous partage la marque. « La Sacoche Filante renvoie également aux étoiles, que l’on peut observer la nuit, lorsque l’on pédale à vélo. Ou que l’on part quelques jours en randonnée vélo et que l’on dort sous la tente. Enfin, la notion de « fil » dans l’adjectif filante est un clin d’œil au fait que les sacoches sont cousues main ! »
Des produits nommés en hommage à des femmes cyclistes inspirantes
Parlez-nous du nom de vos produits qui reprennent tous des prénoms féminins : Lisette, Annie et Suzanne. Ces femmes sont-elles une source d’inspiration ?
« En nommant ainsi nos modèles de sacoches, nous avons envie de mettre en valeur des femmes méconnues et qui, pourtant, se sont illustrées de manière remarquable avec une bicyclette !
Annie (Londonderry) est ainsi la première femme à avoir fait le tour du monde à vélo, en 1894. Partie de Boston, aux Etats-Unis, son itinéraire l’a menée en France où elle a roulé de Paris à Marseille. Imaginez un peu le défi que cela devait être, à une époque où la chaussée n’était pas bitumée et que le système de vitesses n’existait pas !
Lisette, elle, est une sportive qui participe à des courses de vélo. Suite à ses victoires, elle devient la première cycliste à être qualifiée de « championne » par la presse.
Pour notre troisième sacoche, nous avons voulu saluer une grande militante des droits de femmes. Susan B. Anthony se rendait chaque jour à son travail en bicyclette. L’une des premières « vélotaffeuses » de l’histoire. Par ailleurs, ma grand-mère s’appelle Suzanne. C’est aussi un petit clin d’œil pour elle, qui a parcouru toutes les routes de France (et de Navarre) sur sa bicyclette.
Cette idée n’est pas née d’hier. je suis contributrice depuis quelques mois au collectif Les Sans PagEs qui travaille à réduire les déséquilibres de genre sur les articles de Wikipédia. Pour aller plus loin dans la mise en lumière de ces femmes remarquables, nous avons donc choisi de donner leurs prénoms à nos sacoches. Avec l’espoir qu’ainsi, un peu plus de monde se souvienne de l’exploit d’Annie, de la championne Lisette et de la formidable militante Suzanne. »
Des accessoires vélo 100% conçus en France
Pourquoi proposer un produit 100% français ? Pour rappel, les fournisseurs sont situés entre le Morbihan, le Nord et la Drôme et l’atelier de fabrication est dans la Drôme.
« Lorsque nous avons lancé notre entreprise, nous n’envisagions pas les choses autrement ! Travailler avec des fournisseurs français, c’est à la fois limiter le bilan carbone des sacoches, en réduisant le transport lié à leur création. Mais c’est aussi soutenir l’emploi et le modèle social français, en finançant des entreprises domiciliées en France.
Quant à la fabrication, nous avions à cœur de maîtriser de A à Z notre produit, pour vendre une sacoche de qualité, que nous réalisons avec soin et que nous avons testée (et validée) nous-mêmes. »
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Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans le sourcing de tissus et de matières en France ?
« Comme tous et toutes nous subissons les conséquences des dernières années « sous Covid », et du ralentissement de la production (due notamment aux absences du personnel). En conséquence, les délais d’approvisionnement, même en France, sont très longs. Pour vous donner une idée, lorsque nous commandons un tissu, le délai de livraison est environ 8 mois. Dans le cas d’une entreprise en lancement, comme nous, il est vraiment difficile d’avoir une vision sur les commandes dans 8 mois. »
A l’heure où l’obsolescence des marchandises vendues est presque la norme, vous allez à contre-courant avec des sacoches démontables et réparables. Pourquoi déjà ? N’est-ce pas plus difficile d’être rentable avec ce modèle économique ?
« Ce qui fait la valeur de nos sacoches aujourd’hui, c’est (entre autre) l’idée de pouvoir les garder longtemps et de pouvoir les réparer ou les faire réparer.
Dans une société comme la nôtre qui génère déjà beaucoup de déchets, cela nous paraît évident de créer un produit le plus durable possible. »
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Des sacs vélo responsables et écologiques à partir de matériaux upcyclés
Vous faites des produits en partie upcyclés, notamment à partir de chutes de tissus ou encore le fond des sacoches qui provient de kayaks. Comment avez-vous trouvé des entreprises qui fournissent le type de matière dont vous aviez besoin ? Et également d’accord pour vous fournir leurs chutes ?
« Avant de travailler à la création de sacoches, j’étais animatrice d’un tiers-lieu où se côtoient des entrepreneurs et des artisans. Parmi les artisans installés, il y a Olivier, créateur de Mékong packraft, une entreprise de production de kayaks gonflables.
Lorsque nous avons décidé, avec Jonathan, de créer notre gamme de sacoches, nous avions donc déjà connaissance de la production de packrafts et des chutes générées par les découpes de ces produits. Nous en avons discuté avec Olivier et aujourd’hui, nous passons régulièrement à leur atelier pour récupérer leurs « déchets » que nous valorisons dans les sacoches. »
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Avez-vous la volonté de tendre vers un produit 100% upcyclé ?
« Oui ! Idéalement, nous aimerions beaucoup produire des sacoches 100% upcyclées. Cela fait sens pour nous, d’autant que nous avons bien conscience de la quantité de déchets enterrés chaque année en France.
Malheureusement, il est difficile de trouver des « fournisseurs » qui nous permettent de récupérer de manière régulière (contrainte logistique) des tissus étanches (contrainte technique).
Cette double contrainte rend complexe le développement de nouveaux partenariats en tissus upcyclés. Néanmoins, si vous avez des pistes à nous soumettre, nous serons ravis de les découvrir ! »
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Des sacoches testées grandeur nature par les fondateurs
Où peut-on trouver vos produits ?
« Nos produits sont principalement vendus en ligne. Occasionnellement nous participons à des marchés de créateurs et festivals de voyage à vélo. Ce sont des temps que nous apprécions beaucoup car ils nous permettent de rencontrer d’autres passionnés de vélo ! »
Vous pouvez retrouver la sacoche Annie sur Lecyclo.com et les deux autres sacoches sur le site de la marque.
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Avez-vous d’autres produits en cours de développement ?
« Nous travaillons actuellement à un modèle de sacoche de guidon. Pratique pour transporter des petites affaires comme des clés, porte-monnaie ou smartphone. C’est un besoin de beaucoup de cyclos. »
Avez-vous d’autres voyages à vélo prévus prochainement ?
« Oh oui ! A l’automne nous pensons partir un mois à la découverte de l’Italie. C’est un pays proche de chez nous mais que nous n’avons jamais vraiment parcouru. Notre idée serait de descendre jusqu’en Sicile et ainsi traverser le pays dans toute sa longueur.
L’occasion aussi pour nous de tester les prochaines options qui seront proposées sur les sacoches. »
Et vos sacoches vous accompagnent-elles dans tous vos périples ?
« Bien sûr ! »
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