Véritable mythe pour tout cycliste passionné, le Ventoux à vélo est aussi vénéré que redouté. Amateurs ou professionnels, les cyclistes se massent chaque année pour affronter le géant de Provence. Une ascension extrêmement exigeante qu’il ne faut jamais sous-estimer. Climat, matériel, préparation, circuits… nous vous apportons ici les armes indispensables pour affronter sereinement le sommet légendaire.

Le Ventoux à vélo : une ascension mythique

Un sommet unique en son genre

Le mont Ventoux est unique à bien des égards. Sa singularité lui vient principalement de sa situation géographique. Surplombant la Provence du haut de ses 1912 mètres, le sommet est parfaitement isolé de ses petites sœurs des monts du Vaucluse, ce qui le rend visible de très loin (100 km à la ronde) et lui donne cette allure de géant. Mais le plus impressionnant est la vue ultra-dégagée qui, depuis son sommet, offre aux observateurs l’impression d’être sur le toit du monde ! De là-haut et par temps clair, vous aurez la chance d’admirer simultanément la chaîne des Alpes, le Massif Central, la vallée du Rhône, et même la mer Méditerranée. Une récompense à la hauteur de l’effort qu’exige son escalade à vélo.

la vue depuis le sommet du Ventoux

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Gravir le Ventoux comme le Tour de France

L’ascension du Ventoux à vélo peut se faire par trois routes qui partent de trois villages différents. La plus “facile” est celle depuis Sault, avec tout de même 26 km de route à 4,6% de pente en moyenne. La route intermédiaire est celle de Malaucènes, avec ses 21 km de pente sur plus de 1500 mètres de dénivelée et des passages à plus de 12%. La plus redoutable et la plus empruntée est la route depuis Bédoin, avec 1600 mètres de dénivelée sur 21 km, des pentes à 7,5% de moyenne et aucun moment de repos ! Bien entendu, les cyclistes en quête d’exploit feront sans hésiter l’ascension depuis Bédoin, mais si vous recherchez une route différente et moins fréquentée, foncez sur Malaucène. Vous pourrez même admirer dans le village la magnifique source du Groseau

Le Tour de France est passé 16 fois par le sommet du Ventoux depuis 1951. Le tour a majoritairement choisi la route par Bédoin, ce qui explique aujourd’hui son succès populaire. Le record actuel depuis Bédoin est d’ailleurs détenu par Iban Mayo Diez, qui a atteint le sommet en 2004 en seulement 55 minutes et 51 secondes. (Il est à noter que pour ce tour de France 2021, le parcours a prévu de faire gravir deux fois de suite le mythique sommet). Si tant de champions ont su dominer le Ventoux, d’autres en ont fait les frais… un géant ne se dompte pas si facilement !

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Ne jamais sous-estimer la difficulté du Ventoux

“N’est pas fou qui monte au Ventoux, est fou qui y retourne” dit le dicton provençal. Du pur bon sens populaire que devraient méditer les très nombreux apprentis aventuriers qui s’élancent sans préparation sur le toit du Vaucluse. Trois grands dangers font du mont Ventoux à vélo une ascension à ne jamais prendre à la légère.

Un climat rude et changeantsommet du mont Ventoux

Le climat du Ventoux est certainement l’un des aspects les plus sous-estimés par les débutants. Les différences de climat entre le pied et le sommet ont surpris bien des cyclistes aguerris. On passe d’un climat méditerranéen à un climat de haute montagne sans s’en apercevoir. 

Même avec un temps paisible en bas, ce sont de véritables tempêtes qui peuvent accueillir les coureurs au sommet. Le Tour de France lui-même a annulé l’arrivée en 2016 à cause des conditions de vent. N’oubliez pas qu’il n’est pas rare d’y voir souffler le mistral à plus de 150 km/h, et qu’il détient le record de France de vitesse du vent avec 320 km/h enregistrés en 1967 en son sommet ! Si le vent souffle trop fort au sommet du Ventoux, vous ne pourrez tout simplement pas tenir sur votre vélo !

Ne jamais sous-estimer non plus le froid et la température ressentie. Une température de 0° combinée à un vent “classique” à 100 km/h vous feront regretter de ne pas avoir apporté votre coupe-vent. Un conseil : redescendez le plus vite possible ! Et si le froid est redoutable, le soleil en été peut aussi s’avérer très agressif. La chaleur peut même être caniculaire au sommet, d’autant plus après avoir gravi le Ventoux pendant deux heures. Mistral violent, neige, pluie, froid, canicule et coups de soleil, tout est possible au sommet du mont Ventoux.

Une ascension très exigeante physiquement

Gravir le mont Ventoux n’est pas une sinécure. Sans préparation physique correcte, il est très difficile, voire dangereux de s’élancer sur ses pentes. Avec ses 7,5% de moyenne et des zones à 13%, il faut avoir le cœur bien accroché ! D’autant plus que les coureurs sont privés de la moindre faveur de la pente du début à la fin de l’escalade… autrement dit : pas de pause. Ça grimpe sans cesse et ça fait mal. 

Nombreux pourtant sont les débutants qui s’élancent sans savoir ce qui les attend. Selon des habitués du Ventoux, sur 200 coureurs, seuls 3 sont de vrais cyclistes aguerris. Le résultat : on voit régulièrement des malaises et des chutes le long des routes. En moyenne, les pompiers doivent intervenir entre 10 à 20 fois par an pour venir en aide aux cyclistes sur les pentes du Ventoux.

Une descente dangereuse 

ascension du mont Ventoux à véloUne difficulté dont on ne pense pas assez : la descente. Après tout, on vient de terrasser le monstre, qu’est ce qui peut nous arriver ? Le problème est ici. On est fier, on se sent invincible, grisé par l’exploit, et on s’élance en pleine confiance sur la descente. Enivré par la vitesse, on fonce tête baissée vers le vide. Pourtant, cette descente est fréquentée par de nombreux véhicules, et certains virages sont délicats à négocier. Si vous préférez rouler sans voiture, il existe un grand nombre de cols réservés aux vélos.

Un conseil : reposez-vous en haut, mangez, buvez et attendez que retombe l’euphorie et l’adrénaline. Vous vous engagerez l’esprit plus lucide dans une descente piégeuse qui exige une grande concentration. N’oubliez pas que le Ventoux est un sommet qui s’aborde à vélo avec sérieux et préparation.

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La bonne préparation pour gravir le mont Ventoux à vélo

Ne pas négliger la préparation physique et le bon matériel

Avant de s’élancer à l’assaut du mont Ventoux, il convient d’avoir la préparation adéquate, à commencer par l’entraînement physique. On ne s’élance pas sur ses pentes sans avoir quelques heures d’entraînement dans les cuisses. Si vous faites déjà régulièrement du vélo sur du plat, vous avez le cardio, mais il vous manque les muscles. Il vous faudra donc travailler ça sur de la pente. Une bonne préparation adaptée passera par des sorties régulières en côtes. Bon courage !

Le matériel est également un paramètre important. Il va sans dire qu’un bon vélo de route avec un faible développement sera de mise. S’élancer sur la montagne sans lunettes adéquates peut gâcher la fête. En effet, que ce soit le mistral ou le soleil, vous aurez tout intérêt à protéger vos yeux. La crème solaire ne sera d’ailleurs pas de trop, le soleil étant extrêmement fort et traître au sommet du Ventoux. Enfin, pensez à emporter un complément vestimentaire contre le froid ou adapté aux conditions climatiques capricieuses : coupe-vent, veste thermique, tour de cou.

Toujours se renseigner sur les conditions météo

Les conditions météo sont l’élément capital à connaître avant de s’élancer. Toujours vérifier le temps au sommet et se préparer en conséquence. Un conseil si vous ne voulez pas vous faire surprendre par la météo, jetez un coup d’œil sur le site internet de la station météorologique. Sachez que le col n’est pas accessible à vélo de la mi-novembre à la mi-avril. Le meilleur moment pour y aller n’existe pas, car les conditions peuvent être impraticables en toutes saisons. Cependant, nous vous conseillons d’y aller en mai ou juin, et de préférence tôt le matin pour limiter les grosses chaleurs.

Avant de partir, ne négligez pas l’eau et la nourriture. Vous aurez obligatoirement besoin d’un bon carburant pour tenir la route. Nous vous recommandons de boire 500 ml d’eau par heure d’effort. Deux bidons pour vélo de 700 ml feront l’affaire. Buvez par petites quantités, mais régulièrement, et mangez de la même manière pour conserver une énergie et une hydratation constante. Les barres énergétiques seront un excellent apport calorique stable, car leur indice glycémique moyennement élevé vous éviteront le “yo-yo” énergétique.

S’il est mythique, exigeant et dangereux, le Ventoux peut se faire à vélo en toute sécurité à condition d’y être préparé et d’avoir une bonne connaissance des conditions météo et du terrain. Si les conditions sont réunies, deux heures peuvent suffire pour gravir le géant de Provence. Et si le Ventoux est trop petit pour vous, n’hésitez pas à vous aventurer sur le plus grand domaine cyclable du monde : La Maurienne

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À propos de l’auteur : Charles-Henri

One Comment

  1. Bonjour.

    J’ai gravi le sommet du Ventoux à vélo électrique en 3h30 (avec arrêt repas d’une 1/2 heure au chalet du Mont Serein) par la route de Malaucène, qui n’est pas la plus difficile, ce lundi 23 août 2021. Les conditions étaient plutôt favorables, beau temps, pas trop de vent au sommet. J’ai simplement un peu négligé, en effet, la température du vent au sommet, qui m’a légèrement « fouetté » les mains. Quand je le referai, j’emporterai des gants. J’ai apprécié non seulement la pause déjeuner au chalet à l’aller, pour me « poser », ce qui ma permis de continuer, mais également, en redescendant, pour me désaltérer avant de poursuivre la descente sur Malaucène. La prudence s’impose effectivement sur la descente, pour ne pas aller trop vite, surtout sur la route plus étroite entre le sommet et le chalet (15 à 20 km/h maxi). En revanche, pour avoir pris de l’assurance, et par ce que la route est plus large du chalet à Malaucène, et qu’il n’y avait pas trop de voitures, je me suis permis une vitesse plus élevée, 25 à 30 km/h avec des « pointes » à 45 km/h. J’ai beaucoup apprécié les panoramiques sur les paysages alpins et provençaux à la lumière ensoleillée de fin d’après-midi. A peine deux heures, pause boisson comprise, pour la descente. Dernière précision. J’ai 56 ans, avec plutôt de l’embonpoint et c’était la première fois que je gravissais un sommet à bicyclette.

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