La capitale française du vélo a déjà beaucoup fait pour la bicyclette. Trop peu pour les uns, suffisamment pour les autres. Quoi qu’il en soit, la capitale alsacienne reste un précurseur en matière de politique cyclable. Les élections municipales 2020 permettront-elles à Strasbourg de garder cette dynamique et d’aller encore plus loin ? On fait le point, avec notre dossier sur le vélo en France et les élections municipales 2020.
Municipales 2020 : l’écologie s’invite à la mairie
C’est une grande première pour la ville la plus cyclable de France qui pour la première fois de son histoire, bascule sous pavillon écologiste. Jeanne Barseghian, la candidate EELV prends les commandes de la mairie après avoir remporté plus de 41% des voix au deuxième tour. De quoi conforter son statut de capitale nationale de la bicyclette pendant encore quelques années…
Strasbourg et le vélo, une longue histoire d’amour
Les premières politiques cyclables sous Pierre Pfimlin
Élu à la mairie en 1959, le dernier Président du Conseil de la IVe République est un précurseur en matière de politique cyclable. À l’époque en effet, à la différence d’autres grandes villes françaises, Strasbourg n’a pas les moyens de réaliser un métro. Le maire centriste, qui n’a lui-même pas le permis, se tourne alors vers la bicyclette. Si l’ancien président du Parlement européen dans les années 80 a œuvré toute sa carrière pour faire de Strasbourg une capitale européenne, c’est du côté de Fribourg en Allemagne, située à une soixantaine de kilomètres, qu’il va chercher de l’inspiration pour mettre en place sa politique cyclable.
En 1978, la communauté urbaine dont il est président est à l’initiative du premier schéma directeur vélo en France, qui prévoit la mise en place progressive d’un réseau cyclable structurant sur l’agglomération. Avant-gardiste dans l’Hexagone en ce domaine, Strasbourg commence alors son réaménagement. La communauté urbaine généralise également plus de 350 double-sens cyclables dès 1983.
La continuité de Catherine Trautmann dans les années 1990
Catherine Trautmann arrive à la mairie en 1989 et poursuit la politique de mobilité de son prédécesseur. L’élue socialiste intègre même dans son équipe un chargé de mission vélo. Un nouveau schéma directeur vélo est adopté en 1994 et permet d’étendre encore un peu plus le réseau cyclable strasbourgeois et de renforcer son maillage. Des pistes cyclables sont intégrées aux premiers projets de tramway, dont la première ligne sera inaugurée en 1994. Trautmann crée également en 1996 des aires partagées cyclistes-piétons et milite pour faire intégrer au PLU l’obligation de réaliser des places de stationnement vélo dans les constructions neuves. En 1997, le vélo représente déjà 6% de la part modale dans l’agglomération.
En 1992, le Département du Bas-Rhin vote un Plan vélo, le premier du genre en France, qui prévoit 660 km d’itinéraires cyclables, principalement longue distance, dans tout le département.
L’explosion du vélo dans les années 2000
La gauche est battue aux élections municipales de 2001, mais Fabienne Keller, fraichement élue à la mairie, reste dans la même dynamique. Elle poursuit la réalisation du tramway. Keller fait d’ailleurs installer des vélo-parcs à plusieurs stations du réseau pour favoriser la multimodalité entre les transports en commun et le vélo. Elle soutient également un projet de parking vélo de 850 places à la gare de Strasbourg, inauguré en juin 2007 et rempli en moins de 6 mois, et mène les premières expérimentations de tourne-droite au feu rouge dès 2008.
Roland Ries devient maire en 2008. La gauche reprend les commandes de la politique municipale et souhaite aller encore plus loin pour le vélo. En 2009, le vélo représente 8% des déplacements dans la communauté urbaine strasbourgeoise. Encore trop peu pour l’élu alsacien qui lance en 2010 Vélhop, un service de location de vélo longue durée, choisi plutôt qu’un système « one way » pour donner aux habitants le gout du vélo.
>> A LIRE : Vélhop, un service de location de vélos pas comme les autres
En 2011, la communauté urbaine met en place un nouveau schéma directeur vélo avec pour but de doubler la part modale du vélo en 2025. La capitale alsacienne est alors en lutte avec Nantes pour le titre de capitale française du vélo.
Strasbourg, encore et toujours capitale du vélo en 2020
Avec près de 16% des déplacements effectués à vélo, Strasbourg reste la capitale incontestée du vélo en France. 1ère ville française et 5ème ville mondiale dans le classement 2019 de Copenhagenize, elle truste également encore fois la première marche du podium du Baromètre des villes cyclables 2019 de la FUB.
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Grâce à des politiques municipales ambitieuses menées depuis plus de quarante ans, influencées par une association de défense des cyclistes incisive, Strasbourg a su aménager sa ville pour la bicyclette, tout en instaurant à ses habitants une forte culture vélo.
Le CADR67, l’association qui mousse le vélo à Strasbourg
Créée en 1975 par Jean Chaumien, un pasteur passionné de bicyclette et également initiateur de la FUB, la Fédération française des usagers de bicyclette. Révolté par l’accident d’une mère de famille en solex percutée par un camion en plein centre de la ville, il fonde l’association CADR67. Elle milite à Strasbourg depuis plus de 40 ans pour promouvoir le vélo comme moyen de déplacement à part entière. Dès sa création, elle a très vite porté son influence sur la politique municipale et sur les maires successifs. Et c’est en grande partie grâce à elle que Strasbourg reste encore aujourd’hui une ville cyclable modèle dans l’Hexagone.
Si l’association n’a pas lancé de campagne spécifique à l’occasion de ces élections municipales 2020 à Strasbourg, le CADR67 interpelle toutefois les candidats par l’intermédiaire du site de la FUB et les reçoit sur demande au local de l’association.
En s’appuyant sur la récente enquête Parlons vélo de la FUB, l’association planche actuellement sur un document de travail et des propositions qu’elle adressera « à tous les futurs maires de l’Eurométropole de Strasbourg et des grosses villes du département » après les élections.
La carte collaborative de la 2eme enquête « parlons velo » est disponible !!! Beaucoup de travail sur la planche pour les futur(e)s maires https://t.co/nRDQPVYyI6
— CADR67 (@CADR67) December 2, 2019
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Les candidats aux élections municipales 2020 à Strasbourg et le vélo
Malgré son statut de capitale française de la bicyclette, le sujet du vélo ne fait pas l’unanimité parmi les candidats aux élections municipales 2020 à Strasbourg.
Les candidats pro-vélo
Jeanne Barseghian, candidate EELV et favorite des sondages veut faire de Strasbourg une ville « zéro-carbone ». Sa première mesure sera de déclarer Strasbourg en « état d’urgence climatique ». Elle propose également une prime pour les habitants qui abandonnent leur voiture, la création de 15km de piste cyclable par an et d’ « autoroutes à vélo » avec l’objectif de doubler la part du vélo dans les déplacements.
Du côté du candidat LREM Alain Fontanel, 1er adjoint au maire sortant qui devrait lui aussi se mêler à la course à la maire, les ambitions pour la bicyclette sont plus mesurées. Bien qu’il ait fait de l’écologie son cheval de bataille et a d’ores et déjà annoncé « un bouclier vert » pour protéger la ville du changement climatique, il souhaite également faire de Strasbourg la « capitale du vélo responsable ». Comprenez : rendre la place aux piétons et responsabiliser les cyclistes en les remettant sur des voies réservées. Parmi ses propositions, créer de nouvelles vélorues et installer une piste cyclable en boucle sur les quais. Mais également « mettre fin à l’impunité des cyclistes » en verbalisant les comportements dangereux. Par ailleurs, il a organisé le 24 novembre 2019 une « balade urbaine et participative à vélo » afin d’échanger avec les habitants sur le Strasbourg de demain.
Kevin Loquais, le candidat FI veut quant à lui « empêcher les gens de systématiquement prendre leur voiture » par la mise en place de « mesures d’accompagnement » notamment pour les populations les plus précaires.
Les candidats qui ne se prononcent pas
À gauche, le maire sortant Roland Ries ne se présentera pas. Il laisse sa place à la candidate socialiste… Catherine Trautmann, déjà maire de Strasbourg à deux reprises dans les années 1990. Une candidature surprise pour la conseillère municipale, après le retrait de Mathieu Cahn impliqué dans une affaire pénale. À l’heure où cet l’article est écrit, elle n’a pour l’instant pas révélé son programme.
Chantal Cutajar, candidate d’une liste sans étiquette 100% citoyenne fait, elle, campagne sur la participation citoyenne et une autre forme de gouvernance. La maître de conférence à l’Université de Strasbourg spécialisée dans la lutte contre la criminalité organisée et le blanchiment d’argent n’a toujours pas dévoilé son programme.
Les candidats peu touchés par la question du vélo
Pour Jean-Philippe Vetter, tête de liste LR, le vélo ne semble pas être une priorité. Le candidat de droite, qui a axé sa campagne sur la sécurité, souhaite même « compenser les 400 places de stationnement disparues […] par des places souterraines et à proximité du centre-ville ».
.@JPVETTER pour lutter contre la #pollution de l’air et le #ChangementClimatique il est crucial de diminuer la place de la voiture à #Strasbourg !#OnVeutRespirer#Municipales2020
Jean-Philippe Vetter (LR) : https://t.co/zXtK05VykF via @rue89strasbourg pic.twitter.com/VBVqqSnzTN
— GreenpeaceStrasbourg (@GreenpeaceStras) January 13, 2020
Du côté de la candidate UPR Pascale Hirn, la priorité est plutôt aux questions européennes. Ou plutôt anti-européennes. Mais rien sur les transports, la mobilité ou même la bicyclette. Idem pour Hombeline du Parc, tête de liste RN qui, malgré sa volonté de reverdir – et de nettoyer – la ville, prône avant tout le « rétablissement de la sécurité ».
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