La cyclo-logistique et son développement ont le vent en poupe. En effet, de plus en plus de camions de livraison sont remplacés par des cyclos. Qu’ils soient avec et sans assistance électrique. Cette nouvelle habitude est à voir comme une bonne nouvelle. Et pour cause, dans la logistique du dernier kilomètre, il y a quelques économies à faire.

En mettant en place un système de livraison écologique, grâce au vélo, les entreprises s’assurent une diminution de leur impact environnemental. Mais, face à un tel engouement, les cyclos-logisticiens se trouvent un peu dépassés. Une fédération des cyclo-logisticiens se crée pour améliorer la situation. Ordre, sécurité, cadre, tous les pans de la livraison de colis à vélo sont en train d’être étudiés.

Les cyclo-logisticiens français en pleine (re)conquête de l’espace urbain

Le terme de cyclo-logisticiens regroupe les acteurs de la logistique urbaine, réalisant leurs tâches à vélo.

La logistique à vélo, un nouveau défi

Livrer des colis à vélo semble être une habitude relativement récente. Certaines entreprises implantées dans les grandes métropoles ont pris le pli. Ces dernières ont mis en place un service de livraison de petits colis à vélo en moins d’une journée pour leurs clients résidant à moins de vingt kilomètres.

Si le principe reste le même, c’est la notion de petits colis qui change pour les cyclo-logisticiens. Désormais, dans cette logistique urbaine, il est courant de voir des livreurs transporter des appareils électroménagers, des matelas, du mobilier et tout autre équipement plus important à vélo.

Les nouvelles technologies, notamment la popularité des vélos cargos, ont rendu cette forme de transport possible.

Cependant, nous n’avons rien inventé. Et pour cause, les cyclos-logisticiens existent depuis le début du XXᵉ siècle. Les vélos cargos étaient alors couramment utilisés par les commerçants et divers marchands pour les livraisons locales. Livrer en vélo cargo est la bonne idée des pros depuis de nombreuses années. Souvent utilisés pour les denrées alimentaires, les cargos se sont étendus à tous types de produits. Puis, notre quête de l’immédiat a laissé ces véhicules au passé, en les remplaçant par des solutions motorisées.

Aujourd’hui, en ville, de plus en plus d’entreprises font machine arrière. Elles remettent la cyclo-logistique sur le devant de la scène. Les raisons invoquées consistent en la réduction des nuisances sonores et de la circulation sur les routes, ainsi qu’une diminution de l’impact des augmentations du prix du carburant. Selon une étude de l’ADEME réalisée en 2021, ce changement de situation a eu lieu suite à la crise sanitaire.

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Qui sont ces livreurs à vélo ?

À l’heure actuelle, ces acteurs de la logistique ultra-urbaine ne peuvent pas être rangés dans une case. Il n’existe pas de profil type. 

Certains sont déjà logisticiens, habitués du transport et se déplacent grâce à un autre véhicule que le camion classique. D’autres ont choisi le statut de micro-entrepreneur et consacrent du temps à travailler pour des entreprises ou des particuliers. D’autres encore sont salariés d’entreprises et affectés à la livraison de colis à vélo.

Si la fédération est en train d’être créée, c’est justement pour lisser ces disparités. Ainsi, les cyclo-logisticiens deviendront agréés et reconnus. Ce service deviendra métier et les travailleurs seront plus identifiés. Avant, les cyclo-logisticiens avaient l’opportunité de se regrouper en coopérative. C’est notamment le cas de la coopérative Toutenvélo qui se charge des déménagements et de tous les déplacements réalisés à vélo dans le secteur de Rennes.

La fédération professionnelle de la cyclo-logistique, présentée à Paris

Les réels acteurs de la cyclo-logistique, les logisticiens eux-mêmes, ont ainsi décidé de s’unir en fédération. Une telle union permet de professionnaliser leur métier, en leur permettant d’accéder à une certaine reconnaissance.

Des acteurs de renom au service de cette nouvelle fédération

Afin de soutenir cette fédération, les cyclo-logisticiens français ont su s’entourer. Deux acteurs majeurs du monde du vélo soutiennent haut et fort le projet d’association.

La Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) et ses 524 membres apportent désormais leur soutien aux acteurs de la cyclo-logistique. Et pour cause, la cyclo-logistique reste un déplacement à vélo, avec les mêmes contraintes, droits et devoirs que tous les usagers des pistes cyclables.
Un tel acteur est sans nul doute un poids supplémentaire pour appuyer une demande. Fondée en 1980, la FUB est un représentant considérable pour la défense des cyclistes du quotidien.

Seconde fédération à adhérer au programme des cyclo-logisticiens, les Boîtes à vélo. Pour cette union, on touche au cœur du sujet. Comme son nom l’indique, cette association soutient le vélo comme outil de déplacement professionnel. Au-delà des livraisons à vélo, ce sont tous les entrepreneurs à vélo qui sont concernés. Pour les Boîtes à vélo, le cyclo est déjà un moyen professionnel d’exercer son activité. De fait, la logistique à vélo est un projet totalement réalisable et déjà mis en place au quotidien.

La FUB et Boîtes à vélo sont donc deux soutiens majeurs dans le développement de la cyclo-logistique. Des acteurs puissants dont la légitimité n’est plus à prouver.

Dans sa propre vision de sa fédération, les cyclo-logisticiens entendent collaborer avec la logique déjà en place. Il n’est, en effet, pas question pour les vélos de remplacer les camions. Afin de soutenir cette vision, les cyclo-logisticiens comptent sur le soutien de France Logistique. Il s’agit d’une organisation nationale de tous les acteurs de la logistique et de la filière du transport de marchandise.

C’est main dans la main que France Logistique et la fédération de cyclo-logistique avancent désormais. Les cyclo-logisticiens sont dorénavant perçus comme le dernier maillon de la chaîne, protagonistes indispensables dans la logistique du dernier kilomètre.

Le plan d’action de la fédération des cyclo-logisticiens

La nouvelle fédération des cyclo-logisticiens étant à présent lancée, de gros chantiers subsistent. Dans un premier temps, il est crucial de définir un cadre à l’activité de la cyclo-logistique.

Pour commencer avec la première étape du plan, la fédération répond à un besoin de réglementation. Dans l’idée, les cyclo-logisticiens s’imposent aussi une règle quant à leurs véhicules.
On parle de différenciation des vélos cargos ainsi que leurs droits. En effet, un vélo cargo léger s’apparente à un vélo et obtient les mêmes droits que ce dernier. Toutefois, les cargos lourds, ceux permettant de transporter de lourdes charges, s’apparentant plutôt à des voitures. La piste cyclable leur est donc interdite.
De plus, la fédération entend contrôler ces véhicules. Elle propose alors une sorte de contrôle technique vérifiant la fiabilité du vélo cargo en utilisation. De même, des ateliers professionnels spécifiques sont requis pour réaliser l’entretien de ces vélos. Réalisée en 2017, une étude d’évaluation des ateliers vélos, réalisée par l’ADEME, montrait l’utilité et l’impact des ateliers pour les particuliers. Il est facilement imaginable que cet impact serait démultiplié pour les professionnels du vélo.

Dans un second temps, la fédération s’engage du point de vue humain. Recrutement et formation sont deux points cruciaux sur le plan de la fédération des cyclo-logisticiens. L’image du métier de logisticien attend de se redorer, d’autant plus qu’il s’agit d’un marché porteur. De plus, la formation des futurs logiciens est prévue au programme. En effet, conduire un vélo avec une capacité d’emport de plus de 300 kg dans le trafic routier fréquenté d’un centre-ville, ne s’improvise pas.

Sur la même idée, une fois recrutement et formation effectués, la fédération des cyclo-logisticiens entend appuyer sur la sécurité au travail. La SST est cruciale dans ce secteur dans lequel les collaborateurs sont en extérieur au quotidien, aussi vulnérables que tous les cyclistes.

D’autres sujets représentent les ultimes étapes du plan de programme de la nouvelle fédération des cyclo-logisticiens. Ainsi, des questions d’assurance, le sujet du foncier et l’aménagement des infrastructures urbaines et pistes cyclables sont en cours de discussion.

Se faire livrer à vélo, une solution pratique et écologique pour les consommateurs

Comme clients consommateurs, se faire livrer à vélo présente quelques avantages.

Pour commencer, les consommateurs s’assurent une livraison plus respectueuse de l’environnement. Certes, si le produit a fait trois fois le tour de la terre avant d’arriver sur le vélo cargo qui va le livrer, une question se pose. Cependant, la cyclo-logistique assure de désencombrer les villes des camions bruyants et polluants. Il s’agit finalement d’un petit pas vers des habitudes plus écologiques. Car, rappelons-le, le vélo est une alternative permettant de lutter contre la population.

Dans un second temps, la logistique à vélo promet un service local plus rapide. En effet, là où d’ordinaire le camion attendait d’être rempli pour commencer sa tournée, le cyclo-logisticien peut se déplacer pour un nombre de colis plus restreint. Selon la marchandise, il est aussi possible d’envisager une livraison dans la journée.
Pour les prestations de services, la facture s’allège également. C’est ce qui a séduit Ze Plombier, entreprise de plomberie à vélo dans la région nantaise.

Enfin, investir dans une entreprise qui inclut la cyclo-logistique permet une action engagée. Grâce à ce choix, l’entreprise s’inscrit dans une démarche vertueuse, mettant en avant l’écologie, mais également l’humain avec un emploi éthique. Ce choix est par ailleurs un choix conscient de circuit court.

Ainsi, du côté du particulier et du côté des entreprises, la cyclo-logistique du dernier kilomètre à de beaux jours devant elle. S’unir en fédération permet de soutenir les acteurs de la cyclo-logistique, de les comprendre de même que de les inclure dans les habitudes des consommateurs.

Le développement de la cyclo-logistique est une solution d’avenir, pour le privé, les professionnels et les collectivités locales.

À propos de l’auteur : ElisaL

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