Monter une entreprise à vélo, voilà un projet qui peut sembler fou. Pourtant, cela est peut-être bien plus sensé qu’on pourrait le croire. Entretien avec Ze Plombier, une entreprise de plomberie à vélo à Nantes, que nous avions déjà rencontrés en 2013. Six ans après, Sonia Boury, co-fondatrice et co-gérante de Ze Plombier, fait le point sur la vie d’entrepreneur à vélo.
Ze Plombier, un précurseur de l’entrepreneuriat à vélo
Une idée née d’une contrainte
En octobre 2010, la France est touchée par une forte crise sociale. Les raffineries notamment, sont en grève, et l’essence se fait rare. À cette époque, Sonia et Pierre-Olivier Clerc, que nous avions rencontré lors de notre premier portrait, cherchent à monter leur entreprise. C’est alors qu’un de leur ami habitant en centre-ville les sollicite pour un dépannage. Problème, Sonia a besoin de la toute petite voiture du couple pour se rendre au travail à l’autre bout de Nantes. Pierre-Olivier prend alors son vélo pour intervenir. Et là, c’est la révélation. L’idée est trouvée, monter une entreprise de plomberie à vélo.
Pierre-Olivier et Sonia montent la structure, et cherchent alors à acheter un vélo qui pourrait être adapté à leur activité. Ils découvrent un constructeur de triporteur cargo à Nantes. Bingo. 5 000 euros plus tard, le premier vélo de la société permet de transporter tous les outils simplement et rapidement grâce à une assistance électrique. C’est le début des chantiers pour Pierre-Olivier, et de la réussite pour Ze Plombier. Sonia rejoint officiellement l’aventure en 2012. Fin 2013, ils embauchent leur premier salarié, et investissent dans un second vélo. Trois ans plus tard, l’entreprise change même de statut pour devenir une SARL.
Aujourd’hui, malgré quelques difficultés de recrutement, l’entreprise est florissante. Outre les deux associés, elle compte 5 employés, dont un apprenti. Au niveau de la flotte de vélos, 4 triporteurs, 2 biporteurs et 2 remorques assurent les chantiers. Une réussite sans conteste pour cette société familiale qui fêtera ses 10 ans l’année prochaine.
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Les avantages d’être plombier à vélo
Quand on leur demande quels sont les avantages d’avoir une entreprise à bicyclette, la réponse est évidente. « Travailler à vélo, ça n’a que des avantages ».
D’une part, les techniciens gagnent en sérénité car le vélo leur permet d’éviter les problèmes de circulation et de stationnement. Aussi, la relation au temps n’est pas la même à vélo. La bicyclette permet moins d’aléas et quelques avantages non négligeables en hyper centre-ville, comme se garer au plus près du client. D’autre part, le contact avec le client est différent. Si certains ne se rendent même pas compte que leur plombier est venu à vélo, cette manière peu banale de se déplacer pour un artisan éveille la curiosité. Et crée immédiatement un rapport de proximité et d’échange. Une relation agréable généralement très positive. D’autant que le client peut en permanence rentrer en contact avec l’artisan, dans la rue, au feu rouge… car il est facilement identifiable et accessible.
« On a aussi plein de gens qui « like » notre page Facebook. C’est rare quand même les gens qui « like » leurs plombiers ! »
Sans oublier l’impact économique. Les factures moins lourdes pour le client. En effet, le prix final est allégé car l’artisan ne répercute pas les frais liés au déplacement, aux assurances, au stationnement…
Du côté de l’entreprise, les coûts sont aussi moins élevés. À titre d’exemple, les cinq vélos de l’entreprise coûteraient le prix d’un camion. Compte tenu de la zone d’intervention plus restreinte – dans un périmètre de 10 minutes autour du siège de l’entreprise – les techniciens ont aussi la possibilité de faire plus de chantiers par jour. Finalement, tout n’est qu’une histoire d’organisation, bien différente de celle des plombiers traditionnels.
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Artisan à vélo, un métier pas toujours idyllique
Bien-sûr, travailler à vélo implique quelques déconvenues. A commencer par la météo, et particulièrement la pluie et le froid à laquelle sont soumis les techniciens.
« Évidemment c’est dur quand le lundi commence et qu’il pleut des cordes. J’ai mal pour eux, je souffre pour eux. Mais on se soutient. On essaye de fournir des vêtements pour qu’ils puissent se changer le midi. »
L’entreprise doit également gérer des contraintes de volumes. Les stocks sont reçus au siège, et les techniciens effectuent le dernier kilomètre à vélo. Mais il arrive que certaines fournitures soient trop importantes pour les transporter jusqu’au chantier. Ils font alors sous-traiter par des collègues à vélo qui assurent la livraison chez les clients. Ze Plombier doit aussi faire face à un problème de recrutement. « Trouver des plombiers est déjà extrêmement difficile, mais alors trouver des plombiers qui veulent faire du vélo, c’est carrément de l’ordre du miracle ». L’entreprise est régulièrement en sous-effectif et avec la demande, les délais s’allongent.
En cas de pépins techniques, un vélo de secours est à disposition. Ze Plombier a aussi l’avantage d’intervenir dans le centre-ville de Nantes, où les réparateurs de cycles ont fleuri ces dernières années. Côté vol et accident, aucun événement majeur n’est à signaler en 9 ans d’existence.
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Le vélo, une solution multiple
Cycliste urbaine, Sonia utilise le vélo pour réaliser ses déplacements quotidiens depuis le lycée. En 2008, lorsqu’elle rencontre Pierre-Olivier, il n’a pas de voiture et se rend sur ses chantiers à vélo.
« J’ai toujours utilisé le vélo dans mes moyens de déplacement. J’ai le permis mais je n’ai pas eu de voiture pendant plus de 10 ans. Assez rapidement en tant que jeune, en tant que femme, j’ai trouvé que le vélo c’était la solution. Quand j’étais étudiante, je ne voulais pas prendre les transports en commun ni marcher seule dans la rue donc pour le moi le vélo, c’était une manière pas chère et sécurisée et plus rapide pour me rendre à l’école. »
Travailler à vélo a étendu leur « manière de voir et d’utiliser le vélo ». Triathlon, cyclotourisme… En dehors du travail, le vélo reste un élément important. Mais qui fait aussi partie du quotidien. Le vélo de l’entreprise, bien plus pratique que leur voiture, leur sert aussi à transporter leurs deux enfants.
De la plomberie aux enjeux sociétaux
« Le grand-père d’une de nos premières clientes était plombier à vélo. Effectivement, avant les ouvriers étaient à vélo. Et aujourd’hui, on revient à cette problématique, mais qui est maintenant d’ordre écologique, d’apaisement des villes ». Au-delà des avantages pratiques et économiques, l’entrepreneuriat à vélo apporte une véritable nouvelle approche de la ville. Une nouvelle vision sur laquelle les pouvoirs publics feraient bien de se pencher…
« On permet aussi de libérer l’espace public pour d’autres corps de métiers qui ont aussi besoin de stationner. On apaise la ville parce qu’on n’est pas bruyants, parce qu’on ne pollue pas. C’est plus agréable d’entendre un vélo qui passe plutôt qu’un camion ».
Pour Sonia et Pierre-Olivier, il est temps de changer les choses. « Nous on est apolitiques mais malgré tout, une personne qui veut faire attention à son impact carbone, c’est plus logique qu’elle fasse appel à une entreprise qui en produit le moins possible ».
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En 2013, ils créent avec d’autres entrepreneurs à vélo nantais un collectif au sein duquel ils se rassemblent : Boites à vélo Nantes. Sollicités par d’autres villes de France comme Grenoble, Paris ou Angers, l’association devient nationale et rassemble aujourd’hui près de 200 entreprises sur toute la France. Les collectifs Boite à vélo s’auto-gèrent au niveau des villes et fait du lobbying au niveau national.
« On se considère comme la première fédération des travailleurs à vélo de France. A travers les Boites à Vélo, l’idée et de développer tous ces services et l’artisanat dans les hyper centre-ville de France, car c’est l’avenir de nos centre-ville ».
L’entreprise à vélo, une chance pour le futur ?
C’était pourtant loin d’être gagné pour le petit plombier à vélo qui a dû faire face à beaucoup de railleries au lancement de son activité. Et parfois même à de la colère de la part d’autres plombiers qui ne comprenaient pas comment ce jeune couple venait désacraliser une profession « poussiéreuse » dont la pratique est inimaginable sans camion. C’était sans compter que le gros avantage du vélo, c’est d’être silencieux. « On ne l’entend pas arriver. Aujourd’hui, on a pris une bonne partie du marché de l’hyper centre-ville. » nous lâche Sonia. Et désormais, il n’est pas rare que les passants et les touristes prennent les techniciens en photo.
Le témoignage de Sonia est révélateur de la place du vélo en France : on assimile souvent le vélo à la balade.
« Il y a une phrase qui revient souvent, surtout de la part d’autres confrères. « Vous faites de la bricole dans votre carriole » ou « vous vous baladez ». On a l’impression que chez nous, les plombiers se baladent. Je voulais mettre une petite plaque sur le vélo avec écrit « on ne se balade pas, on travaille » ».
Il reste encore du chemin à parcourir pour ancrer le vélo dans le quotidien des français, mais grâce à ces entrepreneurs à vélo, les lignes sont en train de bouger.
Vous êtes aussi un professionnel à vélo ? Témoignez !
Bonjour
Existe t il une carte du tour de Creuse ?
Bien cordialement
Gérard
Bonjour,
Nous n’en disposons pas en tout cas. Nous vous invitons à vous tourner vers l’Office de Tourisme de la Creuse directement.
Merci d’avance pour votre compréhension.
Bien à vous