Comme partout en France, la course aux élections municipales 2020 à Bordeaux est lancée. Dans une ville vélo-friendly, qui s’est même imposée comme une référence en Europe depuis une dizaine d’année, le sujet du vélo est d’une évidence capitale dans la campagne électorale. Comment se positionnent les associations vélo et les candidats en course pour le Palais Rohan, siège de la mairie bordelaise ? On fait le point sur les bords de la Garonne, dans le cadre de notre dossier sur le vélo aux élections municipales en France.
Résultat des municipales 2020 : un basculement historique
Autre grande surprise de ces municipales, Bordeaux voit elle aussi un candidat écologiste s’imposer pour la première fois. Il s’agit de Pierre Hurmic, le candidat EELV qui est élu avec plus de 46% des voix au second tour. La belle endormie, toujours bien placée dans les différents classements des villes cyclables aura à cœur de rivaliser ses prochaines années avec les villes les plus vélo-friendly de France et d’Europe.
L’état des lieux du vélo à Bordeaux en 2020
Juppé et la transformation de Bordeaux
Quoi que l’on puisse dire de sa politique, de ses déboires judiciaires ou de ses prises de position, Alain Juppé, maire de Bordeaux de 1995 à 2019 quasiment en continu, a beaucoup travaillé pour faire de Bordeaux une ville si propice à la bicyclette. Sous l’égide de Michel Duchène, écologiste et cycliste urbain convaincu qui devient adjoint aux transports et à l’urbanisme, la ville prend un tout autre visage. Dès son élection, il concrétise le projet de tramway. Puis dans les années 2000, il ferme progressivement le centre-ville aux voitures laissant ainsi piétons et cyclistes prioritaires. Dans les années 2010, la municipalité met également en place un système de VLS, le Vcub. Et réduit la largeur des voies pour les voitures.
Une politique avant-gardiste et ambitieuse qui, avec le temps, a permis un véritable changement de comportements. Instinctivement en effet – et poussés par les travaux du tramway qui se sont un peu éternisés – les habitants se sont reportés vers les transports en commun et le vélo. À tel point que, en 2018, la bicyclette est devenue le mode de déplacement principal de 17 % des Bordelais. Soit une augmentation de 50% en 4 ans.
Le vélo toujours une priorité
Mais la municipalité ne s’est pas arrêtée là. Elle a continué dans cette dynamique en transformant par exemple certaines voies automobiles en pistes cyclables comme sur le Cours Maréchal Juin. Et même en juillet 2018, en décidant la fermeture définitive aux voitures de l’incontournable pont de Pierre. Grâce à tous ces efforts, Bordeaux est devenue une des villes les plus cyclables de France et d’Europe.
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Plus récemment, 70 millions d’euros ont été injectés dans le Plan vélo 2017-2020 par la Métropole. Soit l’investissement par habitant le plus élevé de France pour atteindre les 15% de part modale. Une politique ambitieuse dans la lignée de ce qui a été fait jusqu’à maintenant, donnant à la bicyclette une place centrale dans le débat public bordelais.
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Les propositions de Vélo-Cité pour le vélo à Bordeaux
Créée en 1980 en révolte contre la politique du « tout voiture », l’association Vélo-Cité milite pour défendre la place du vélo à Bordeaux. Elle a joué un rôle majeur dans la transformation urbaine de la ville, soufflant régulièrement des idées à Michel Duchène. Comme celle de créer des « contresens cyclables » dans le quartier Saint-Pierre au début des années 2000.
Pour les élections municipales de Bordeaux 2020, l’association cycliste a élaboré un plaidoyer intitulé « La Métropole à vélo » contenant 5 propositions pour les candidats à la mairie à réaliser d’ici 2026. L’association juge que désormais, Bordeaux doit « passer à la vitesse supérieure » pour devenir une métropole moderne, active, attractive mais également intermodale, apaisée et respirable.
Parmi ces propositions, l’association demande l’aménagement d’un « réseau cyclable à haut niveau de service », maillé, homogène, sécurisé et efficace, permettant de relier les différentes communes de la Métropole. En deuxième lieu, elle souhaite l’aménagement d’un « parc circulaire sur les boulevards ». C’est à dire une voie cyclable séparée de la circulation et végétalisée. Troisième requête, une « métropole intermodale » avec des parkings relais équipés de box sécurisés aux intersections des voies rapides et des cyclables. L’association demande également des « villes & centres-villes actifs, apaisés et attractifs » où la vitesse serait limitée à 30 km/h et le trafic limité ou absent dans les centres-villes. Enfin, Vélo-Cité recommande de « faire émerger une génération vélo » en permettant notamment aux enfants d’apprendre à être autonomes à vélo dès le collège.
Les candidats aux élections municipales 2020 à Bordeaux et le vélo
Si les propositions par rapport au vélo sont encore timides voire inexistantes du côté de la capitale, la quasi-totalité des candidats aux élections municipales 2020 à Bordeaux se sont positionnés favorablement. Une différence assez flagrante entre une ville qui a déjà enclenché sa transition, et une ville décidément aussi déconnectée du reste du pays que des enjeux planétaires.
Les candidats les plus ambitieux
Nicolas Florian, maire Les Républicains sortant après la démission d’Alain Juppé, souhaite continuer une politique vélo et de mobilité dans la lignée de son prédécesseur. Il prévoit d’injecter 20 millions d’euros en cinq ans pour développer des voies sécurisées et dédiées au vélo. Notamment sur les boulevards pour « innerver le centre-ville de cheminements sécurisés » structurants en croix et circulaires. Ainsi que pour construire trois grands parkings vélo sécurisés et gardiennés (Quinconces, Stalingrad et Gare Saint-Jean). Ce qui ne l’empêche pas toutefois de critiquer certaines mesures pro-vélo. Il juge par exemple que « cela a été une erreur de laisser prendre aux vélos certains contre-sens cyclables ».
Face à lui, l’ancien président de la Métropole Vincent Feltesse veut redonner de la place aux piétons et aux vélos. Et que, a contrario, « les gens seuls dans leurs voitures et les poids lourds soient pénalisés ». Le candidat socialiste, pas encore certain de se présenter, accuse d’ailleurs le maire actuel de copier sur son programme de mobilité.
Le candidat LREM Thomas Cazenave veut aussi faire du vélo une priorité, tout comme la désaturation de la rocade. Il propose notamment un plan de 200 millions d’euros pour tracer 200 km de pistes cyclables en dix ans. Et lancer la construction « de parkings, de box fermés et de lieux couverts de gonflage et de réparation » pour atteindre les 25% de part modale en 2030.
Mais à Bordeaux, le plus ambitieux en terme de politique vélo est Pierre Hurmic. Le candidat écologiste soutenu par plusieurs mouvements de gauche. Il se revendique lui-même le candidat de l’urgence climatique, et souhaite mettre en place un véritable plan Marshall pour les modes doux, piétons et vélos.
De l’ambiguïté à l’inconnu
Si Gilles Garçon, le candidat UPR, veut transformer 20 km de route en voie vélo en 6 ans, il annonce également la réouverture du pont de Pierre à la circulation automobile. Parmi ses autres propositions vélo, structurer les pistes cyclables en un axe circulaire et 3 axes radiaux. Ou encore aménager un wagon de chaque tram pour transporter les vélos et les poussettes.
Enfin, deux candidats ne se prononcent pas sur la politique vélo. Bruno Paluteau, conseiller municipal RN dans la ville voisine de Bègles. Et Pascal Jarty, candidat sans étiquette qui veut toutefois la gratuité des transports.
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Vous organisez une activité vélo dans votre ville ? Faites-le savoir en l’ajoutant à l’Agenda du vélo Citycle. Si ce n’est déjà fait, vous devrez créer votre compte gratuit.
J’aimerais que les vélos évitent de foncer sur les piétons qui marchent sur les trottoirs. Beaucoup ne respectent pas le code de la route, et mettent en danger les piétons qui sont vulnérables.
Je fais 5500km par an, pour aller du centre de Bordeaux où je vis à la zone aéroportuaire où je travaille et ce depuis 10 ans.
L’usage du vélo est limité à l’hypercentre. Au-delà les infrastructures sont pauvres ou dangereuses.
L’agglomération bordelaise est très centrée sur la voiture. Il faut surtout développer les transports en commun.
Nota : si le pont de pierre a été interdit aux voitures c’est parce qu’il s’affaissait et ce n’est pas au départ un choix écologique.
J’aimerai dire le contraire mais la vision de cet article est déconnectée de la réalité pourvu que ça change ;)