Malgré l’annonce d’un plan vélo en début d’année, la politique menée en faveur du vélo en France semble encore loin d’être concrète. Beaucoup de promesses, et peu d’action. C’est en tout cas ce que pensent Jérémie Almosni de l’ADEME, Véronique Michaud du Club des villes et territoires cyclables, Olivier Schneider de la FUB et l’expert en mobilité durable Mathieu Chassignet. Ils proposent alors, dans une tribune, des solutions concrètes pour multiplier par 4 les déplacements à vélo en 5 ans. Une stratégie qui permettrait d’atteindre 10 % de part modale en 2024, et de rattraper le retard sur nos voisins européens.
Un Fonds national vélo pour la réalisation des infrastructures cyclables
Selon les quatre co-signataires de la tribune, la première action à mettre en place pour booster les déplacements à vélo est de créer un Fonds vélo à l’échelle nationale. Pour quoi faire ? Avec un budget qui pourrait avoisiner 200 millions d’euros, ce fonds permettrait de financer des aménagements cyclables en complément de ceux financés par les seules collectivités locales à l’heure actuelle. Un fonds supplémentaire qui mettrait l’accent sur l’aménagement des territoires ruraux un peu oubliés. Ainsi que des pistes cyclables qui se terminent brutalement dans le flot de la circulation, assurant ainsi la continuité des réseaux cyclables. Ce budget permettrait également de développer à grande échelle le stationnement vélo dans les gares.
Nos tribuns estiment que le financement de ce fonds vélo ne serait pas si couteux pour le contribuable. Les dépenses des collectivités pour les politiques cyclables ont coûté 7,7 euros par français en 2016. Pour atteindre un budget de 200 millions d’euros pour ce fonds, il faudrait seulement 3 euros supplémentaires par habitants.
À elle seule, cette mesure pourrait, selon les estimations des signataires, multiplier par deux les déplacements à vélo d’ici 2024.
Généraliser l’indemnité kilométrique vélo pour les déplacements à vélo
La seconde proposition est de rendre obligatoire l’indemnité kilométrique vélo à tous les employeurs du secteur public et privé. Pour rappel, les entreprises du secteur privé ont aujourd’hui la possibilité de prendre en charge les frais de déplacement du salarié sous la forme de l’indemnité kilométrique vélo, fixée à 0,25 € par kilomètre parcouru. Dans le secteur public en revanche, ce dispositif n’est pour l’instant applicable qu’à titre expérimental. Mais le débat autour de l’IKV s’est réamorcé depuis quelques mois.
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De plus, cette proposition touche un point important en terme de budget. Une généralisation et une revalorisation de l’indemnité coûteraient certes à l’Etat aux alentours de 190 millions d’euros. Mais en contrepartie, l’augmentation de l’activité physique découlant de ces déplacements domicile-travail à vélo représenterait chaque année jusqu’à 115 millions d’euros d’économie de dépenses de santé. Des chiffres qui laissent à réfléchir.
L’ADEME estime que deux fois plus de salariés se rendraient au travail à vélo si cette mesure était adoptée.
Rétablir l’aide à l’achat des vélos à assistante électrique (VAE)
Troisième et dernière proposition énoncée dans cette tribune, la restauration d’une aide financière pour l’achat d’un vélo électrique, sur le modèle de la prime VAE supprimée en février dernier. Mise en place début 2017, la subvention de l’Etat avait fait exploser les ventes de VAE en 2017.
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Un résultat toutefois encore bien en deçà de nos voisins européens. À titre de comparaison, 255 000 VAE ont été vendus en France en 2017 avec un dispositif d’aide à l’achat. En Allemagne, les ventes annuelles de VAE s’élèvent pour cette même année à 720 000 unités. Le fossé est encore profond…
Néanmoins, en se basant sur les chiffres de vente de l’année précédente avec bonus à l’achat, le nombre de VAE en circulation pourrait atteindre 3 millions d’ici 2023 si une prime était de nouveau accordée. Avec un coût pour l’Etat évalué à 115 millions d’euros par an en moyenne.
Finalement, ces propositions ne représentent qu’un budget assez peu conséquent comparé aux dépenses de construction d’autoroutes ou de lignes à grande vitesse, par exemple. Remettre les français en mouvement et réduire les coûts de santé, envisager enfin une transition durable et rattraper nos voisins européens, le tout à un coût raisonnable, c’est ce que propose cette tribune.
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Sources :
FUB
Transports du futur (ADEME)