Ronds-points à vélo, comment les aborder ?

Publié par 
Jean-Baptiste Lasserre,
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Ronds-points à vélo, comment les aborder ?

Pour les cyclistes, le carrefour à sens giratoire est un véritable casse-tête car beaucoup ne savent pas comment s’y comporter. Il peut même devenir un piège, car en copiant les automobilistes, les choses risquent de mal se passer. Et aucun d’entre nous n’a envie de passer sous les roues d’une voiture. Alors, comment bien prendre un rond-point à vélo ?

Rond-point et carrefour à sens giratoire

Rond Point de l'Etoile à Paris au début du 20ème siècle
© Library of Congress – Wikimedia Commons

Empruntés aux britanniques, les ronds-points et « carrefours giratoires » sont apparus sur les routes françaises au début du 20ème siècle. Permettant de fluidifier le trafic aux intersections, ils se sont véritablement généralisés dans les années 1970. Aujourd’hui, les ronds-points et carrefours giratoires sont des éléments de circulation que l’on retrouve fréquemment, surtout en milieu urbain.

Par abus de langage, le rond-point est souvent associé au carrefour à sens giratoire, mais il s’agit bien de deux intersections différents. La différence se joue au niveau de la priorité et de la signalisation. Le premier donne la priorité aux véhicules arrivant dans l’anneau en appliquant la règle de la priorité à droite. Tandis que le carrefour à sens giratoire accorde la priorité aux véhicules déjà engagés. Les conducteurs souhaitant s’engager dans l’aménagement doivent céder le passage aux véhicules dans l’aménagement.

Il y a quelques dizaines d’années, des schémas pour détailler les différentes situations dans les ronds-points et giratoires ont bien-sûr été dessinés dans les bureaux des administrations chargées de régir la circulation automobile. Mais ces règles avaient le tort de ne s’appliquer qu’à des situations parfaites dont on ne trouve, hélas, que bien peu d’exemples dans la vraie vie. Combien de giratoires à deux ou trois voies et deux ou trois voies d’entrée en France ? Tout au plus 5%, voire 10%, ce qui est loin de faire une généralité. Pour toutes les autres situations, difficile parfois d’y voir clair, autant du côté des automobilistes que des cyclistes.

La solution des bandes cyclables sur les ronds-points ?

Pour faciliter le franchissement de giratoire par les cyclistes, certaines communes ont expérimenté le rond-point avec bande cyclable réservée. Une voie de droite exclusivement dédiée aux vélo à l’extrémité extérieure du giratoire.

Toutefois, dans ce type de rond point avec bande cyclable, les cyclistes n’ont pas, ou du moins c’est ce à quoi ils sont incités, la possibilité de quitter le bord extérieur de la chaussée. Et il s’avère que cela peut se transformer en véritable piège. S’ils doivent par exemple parcourir trois quarts de cercle avant de sortir, et qu’ils sont suivis par un automobiliste qui n’en décrit qu’une moitié, cet automobiliste a toutes les chances de sortir du giratoire devant leur roue, leur faisant à l’occasion une belle frayeur doublée d’une jolie « queue de poisson ».

Un véhicule qui quitte le rond-point doit pourtant laisser la priorité au cycliste qui circule sur la bande cyclable. En effet, comme le stipule l’article 415-4.III du Code de la route, tout véhicule qui quitte une route doit céder le passage aux cycles sur les pistes adjacentes

Loin d’être volontaire, cette manœuvre fait partie des mœurs. Et aucun automobiliste ou presque n’a le réflexe de contrôler dans l’angle mort arrière droit la présence d’un autre usager. Le rond-point avec bande cyclable semble être une fausse bonne solution pour les cyclistes.

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Des risques réels pour les cyclistes

Dans les zones urbaines particulièrement, les ronds-points et giratoires sont devenus des passages obligés pour les cyclistes. Bien que les véhicules y circulent généralement à plus faible vitesse, ces intersections restent de véritables zones à risques. Et les ronds-points peuvent parfois devenir des zones conflictuelles pour les usagers.

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Certains automobilistes n’y donnent pas toujours la priorité aux cyclistes. D’autre part, plus un giratoire est vaste, plus il est tentant de suivre la plus faible courbure pour limiter l’inconfort de la force centrifuge, et augmenter la vitesse de franchissement. La vitesse élevée, même relative, signifie risque supplémentaire pour les cyclistes. Cela réduit en effet le temps dont dispose l’automobiliste pour observer, jauger, analyser et décider de ses actes. Mathématiquement, le risque croit avec la vitesse et avec les écarts de vitesses. Plus nous réussirons à harmoniser les allures, réduisant celles des automobiles et autres deux-trois roues à moteur jusqu’à des valeurs compatibles avec celle des cyclistes, plus la circulation, en ville et même en dehors, sera agréable et paisible.

Bien aborder un rond point à vélo

Ralentir et être prêt à s’arrêter à l’approche du rond-point

Ronds-point à vélo, comment les aborder ?
© agamitsudo – WIkimedia Commons

À vélo, à l’approche d’un rond-point, une des premières choses à faire est de ralentir. En effet, la prudence est toujours de mise à un carrefour giratoire, surtout si celui-ci est bondé. Commencez donc par réduire votre vitesse avant même de vous y engager. Soyez également prêts à freiner, même si vous avez la priorité. En ville, et surtout à un rond-point, être prioritaire n’est jamais gage de sécurité. De préférence, gardez toujours vos mains sur les freins.

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Se placer dans un rond point à vélo

À l’entrée dans le giratoire, placez-vous dans la file de droite, s’il y en a deux ou plus. Restez sur la file extérieure, bien au milieu, sans serrer ni à gauche ni à droite. Cela coupera aux automobilistes la tentation de vous dépasser.

Une fois engagé dans l’intersection, pensez à vous positionner bien au centre de la chaussée. De cette manière, vous resterez bien visible. Cette méthode peut paraître originale, et même de nature à s’attirer les foudres des automobilistes qui pensent que les cyclistes doivent s’écarter pour leur laisser le passage. Mais cela permettra en fait de se faire respecter des autres usagers, et c’est sans doute la meilleure façon d’éviter les situations conflictuelles.

Laisser la place aux voitures en serrant sa droite, tant à l’entrée que dans le giratoire, c’est se mettre en danger. En effet, si vous restez à droite dans un rond-point, les automobilistes peuvent être tentés de vous doubler et de vous couper la route. De plus, le bord extérieur peut être dangereux car souvent jonché de détritus divers, graviers, morceaux de verre, fatals à nos fragiles pneumatiques. Évitez donc à tout prix de serrer à droite, surtout si vous prévoyez de prendre la dernière sortie.

Ne pas toujours appliquer le code de la route à la lettre

Panneau de signalisation d'un rond-point
© Roulex 45 – WIkimedia Commons

Il faudra aussi parfois oublier les conseils donnés dans les auto-écoles sur le placement avant et dans les giratoires. Du point de vue la sécurité, difficile en effet d’appliquer à la lettre ces consignes tant les comportements des automobilistes et des cyclistes sont différents, et parfois même inattendus.

Certaines règles sont effet suicidaires pour les cyclistes en raison de l’écart de vitesse avec les autres véhicules. Et peuvent donc être ignorées, comme l’article R412-9 du code de la route qui stipule dans son deuxième alinéa que « toutefois, un conducteur qui pénètre sur un carrefour à sens giratoire comportant plusieurs voies de circulation en vue d’emprunter une sortie située sur sa gauche par rapport à son axe d’entrée peut serrer à gauche. »

Indiquer sa direction aux automobilistes

La première préoccupation du cycliste, c’est d’assurer sa sécurité vis à vis des automobilistes. Ces derniers, qui savent pas toujours ce que circuler à vélo signifie, n’ont qu’une idée imprécise des besoins et du comportement des cyclistes, et de celui qu’ils doivent adopter vis à vis d’eux. Il est donc nécessaire d’être particulièrement clair, de bien se faire comprendre.

Une fois dans le rond-point, pensez à toujours indiquer la direction que vous voulez prendre. Faites usage de vos bras ! Petit conseil bonus : signalez que vous ne tournez pas à droite et ne sortez pas du giratoire en tendant le bras gauche à l’approche de chaque sortie. Évidemment à l’inverse, tendez votre bras droit pour signaler votre sortie quand vous arrivez à proximité de la voie que vous avez choisi de prendre. Ces gestes de communication simples permettent de bien faire comprendre vos intentions aux autres usagers. Pour encore plus de sécurité, équipez votre bicyclette de feux de changement de direction.

À la sortie du giratoire, ne vous rabattez pas brutalement à droite. Cela pourrait surprendre les autres usagers. Dans un rond-point, il faut absolument éviter les changements de direction brusques, souvent cause d’accidents. Placez-vous plutôt à droite, sur la bande cyclable s’il y en a, une bonne vingtaine de mètres avant de sortir.

Pour plus de sécurité, rester aux aguets

Quelle que soit la situation, il faut tenir compte du fait que le champ de vision des automobilistes est plus faible. Compte tenu de leur enfermement dans leur véhicule et de leur position assise dans un fauteuil, leur angle de vue est réduit.

Pour prendre un rond-point en toute sécurité, restez toujours très attentifs ! Observez sans arrêt les autres usagers et analysez le carrefour. Faites attention à tous les autres véhicules, qu’ils soient à coté, devant ou derrière vous. Soyez extrêmement prudents surtout en présence de bus, de camions ou encore de motos. Pensez autant que possible à anticiper leurs mouvements. Évitez en outre de vous placer dans les angles morts des gros véhicules. Rester en alerte et faire preuve de prudence sont toujours les meilleures façons d’éviter les situations dangereuses.

Bien-sûr, si vous avez peur, si vous n’allez pas vite, si vous êtes mal à l’aise ou que le giratoire est vaste et provoque une élévation de la vitesse des automobiles, vous pouvez descendre de votre bicyclette et faire le chemin à pied.

En suivant ces quelques règles de sécurité, vous pourrez désormais aborder les ronds-points à vélo et giratoires en toute sérénité. Et vous éviter bien des désagréments !

>> A LIRE AUSSI : connaissez-vous bien le code de la route à vélo ?

[ Article publié le 30 janvier 2013 et remis à jour le 18 mars 2019]

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13 comments

  1. Fab

    Ayant eu un accrochage récemment, je ne vois pas de bonne solution.

    J’étais dans un rond-point urbain (une place avec un rond central de 10m de diamètre et deux voies) sans panneau de priorité (feux rouges) et je voulais aller à gauche. J’ai suivi les consignes du code de la route et je me suis mis dans la file de gauche. Quand je suis arrivé en face (donc j’étais à tourné à 90° par rapport à ma rue d’origine), je me suis quasi-arrêté pour laisser passer une voiture qui arrivait de ma droite (venant en sens inverse de ma rue d’origine). Ce que font les voitures qui empruntent cette place. Là, une voiture m’est rentré par derrière (je me suis retrouvé débout sans blessure, mais elle a roulé sur ma roue arrière).

    Aurais-je dû me mettre dans la file de droite tout le long? Le problème est que la plupart des voitures qui vont en face dans ce rond point prennent la file centrale. Donc si je prends la file extérieure du rond-point pour en faire le tour, je crains de risquer une collision de ma gauche avec des voitures qui traversent la place.
    Si le rond-point était plus grand, je pense que ce conseil serait approprié car les voitures seraient moins incitées à prendre la mauvaise file.

    PS: après s’être arrêté, l’automobiliste a refusé de faire un constat et est parti. Il a fallu 3 mois pour que la police le retrouve avec son numéro de plaque.

    1. Bonjour,

      Malheureusement ce genre de situation arrive trop souvent. Du point de vue du Code de la Route, vous avez en effet bien fait de vous mettre sur la fil de gauche dans votre situation. Le problème dans ce cas précis vient de l’habitude de cet automobiliste à prendre la voie de gauche pour aller tout droit.
      En espérant que ce genre de situation ne se reproduise pas !

      Bonne journée !

  2. Anticiper , se signaler et s’imposer semblent être les techniques les plus importantes pour aborder l’environnement circulatoire urbain et ce ne sont pas les techniques les plus simple …. Même au bout d’une quinzaine d’années (pour ma part ) , elle nécessite de la pratique et beaucoup d’autocritique!

  3. Soit le carrefour giratoire de la place Jean Moulin à Libourne : 5 entrées et autant de sorties, les Allées R. Boulin étant en sens unique pour chacun de ses deux axes. Soit une piste cyclable peinte en vert (sur le noir du bitume, difficile de la voir), continuant de la rue du Pt Carnot vers l’Avenue Georges Clémenceau. Soit un cycliste arrivant de Pt Carnot et ne laissant pas la priorité à l’anneau, mais poursuivant sur sa lancée vers Ae G. Clémenceau. Soit l’automobiliste que j’étais, venant de G. Clémenceau et se dirigeant vers Allée Robert Boulin. L’automobiliste est depuis plus d’une moitié d’anneau quand il croise la voie du cycliste ; celui-ci emprunte l’anneau bien après l’automobiliste. Qui a la priorité ?

    1. Bonjour,
      Vous semblez parler d’un giratoire qui est longé par une piste cyclable. Comment le cycliste et le véhicule motorisé doivent-ils alors se partager les priorités ? En gros, comme les autres véhicules, en respectant le Code de la route. Sauf disposition contraire de Libourne, la piste cyclable le long du giratoire est une partie de la chaussée, comme les autres voies du giratoire, mais elle est réservée aux cycles. (art. 415-14). Le cycle est un véhicule, comme la voiture. Le cycliste doit donc laisser priorité aux véhicules déjà engagés dans le rond point lorsqu’il s’y engage lui-même. (art. 415-10). Comme il s’engage sur une voie réservée aux cycles, il doit laisser le passage aux autres cycles uniquement – le cycle ne se trouve pas sur une voie partagée avec les véhicules moteur.
      Un véhicule qui quitte le rond point doit laisser la priorité au cycliste qui circule sur la piste cyclable, pour deux raisons : d’abord, le cycliste circule sur une voie à sa droite et ensuite, tout véhicule qui quitte une route doit céder le passage aux cycles sur les pistes adjacentes (art. 415-4.III).
      Dans le cas que vous décrivez, il semble que le véhicule moteur souhaitait quitter le rond point quelques mètres après que le cycliste se soit engagé sur le même rond point en toute légalité : la priorité était donc au cycle sur sa piste, le véhicule moteur devait le laisser passer même s’il était déjà engagé depuis plus longtemps dans le giratoire (durée qui n’influe en rien les priorités, bien entendu).
      L’aménagement que vous décrivez semble difficile à comprendre et à utiliser de manière sécuritaire pour tous les usagers.

  4. Un indicateur fiable : si aucun tr . . du c . . motorisé n’a fait hurler son klaxon en te dépassant, c’est que tu était mal positionné et que tu as mis ta vie en danger

  5. Il fallait bien sûr lire 7 à 8000 km 🙂

  6. Tous ces conseils sont pleins de bon sens.
    Je suis moi même cycliste urbain (7 à 80000km par an) et j’ajouterai à tout cela une chose très importante, c’est de capter le regard des utilisateurs motorisés. Pour moi c’est un gage de sécurité énorme, de savoir que l’autre vous à vu.

  7. C’est vrai que c’est compliqué d’aborder un rond point à vélo.
    Personnellement je suis assez lente donc prendre toute une place me rend nerveuse. Quand il y a trop de monde et que je ne suis pas pressée je préfère encore rouler sur le trottoir et faire le tour du rond point ^^

  8. J’adhère totalement à ce qui est écrit dans cet article. Nous avons de nombreux ronds-points dans notre secteur et les aborder ne me pose plus de problème. J’y ai trouvé ma place. Il ne faut pas hésiter à indiquer avec le bras si l’on continue ou quitte. Pour informer et s’affirmer. Les coloris fluo peuvent en imposer ainsi que l’allure sportive.
    Pratiquant depuis une quarantaine d’années, j’ai constaté une nette amélioration du comportement des automobilistes vis à vis des cyclistes.

  9. Tout à fait d’accord avec Régis Hulot, je circule pas mal en ville. Il faut être vu par les automobilistes, pour cela il faut être devant eux, pas à côté. L’automobiliste ne pense pas qu’il peu y avoir un cycliste à droite, il ne voit que la voiture devant lui. Si le cycliste est là, il le voit . Nous gênons, mais en fait nous n’avons pas d’autre solution.
    Bonne route à tous.

  10. Bravo très bon texte, clair et didactique. Je suis également cycliste urbain depuis des années et approuve ces consignes. Il n’y a pas pire danger pour un cycliste que de vouloir s’effacer dans la circulation, prendre sa voie est un réflexe de sécurité qui peut amener à échanger, courtoisement, aux feux rouges, des points de vue divergents sur la circulation urbaine. 😉

  11. Je roule à vélo depuis au moins 30 ans, et j’approuve totalement les conseils donnés par l’auteur. Toutes les solutions qui plaquent les cyclistes à l’extérieur sont de la fausse sécurité, et les obligent à presque ou tout à fait s’arrêter à chaque branche. Il faut que les cyclistes s’entraînent à occuper l’espace. Je dirais même que plus la circulation est rapide ou nerveuse PLUS il faut être dedans. Pour les OBLIGER à nous doubler de loin. De plus il faut être conscient que le champ de vision de l’automobiliste est assez étroit; sur le côté, il ne nous voit tout simplement pas, de bonne foi.

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