Aujourd’hui, on vous propose de passer un petit moment avec Tristan, un des fondateurs d’Explorers Without Traces. Au programme : la découverte de l’ambitieux projet vélo de trois étudiants jusqu’au lac Baïkal en Russie. Une odyssée à vélo
Découverte du projet Explorers Without Traces
Bonjour Tristan ! Peux-tu nous présenter le projet Explorers Without Traces ?
T – Au départ, on est trois amis, Gabriel, Luca et moi. Tous étudiants en école d’ingénieur. Moi et Luca, nous sommes à l’ESTACA et Gabriel est à l’AgroParisTech. On aime voyager et on voulait partir à l’aventure pendant 6 mois. Mais on s’est rendu compte que ça pollue plutôt beaucoup. Aussi, on a réfléchi à une manière de voyager beaucoup moins polluante et responsable.
Pourquoi choisir comme première destination le lac Baïkal ? Un projet ambitieux !
T – Avec Gabriel, on avait très envie de voir la Russie. Le pays nous intriguait. Le folklore, les clichés et le mythe de la Russie, tout ça nous intéressait. Je dois aussi avouer que la lecture de livres d’aventure, notamment qui parlaient du lac Baïkal, de ses paysages incroyables, a joué un rôle important dans le choix de la destination. Et puis rouler sur un lac gelé, c’est incroyable non ?
Aussi, le lac Baïkal est un endroit incroyable. C’est d’ailleurs le plus grand réservoir d’eau douce dans le monde avec un volume de 24 000 km3, ce qui représente 20% des réserves mondiales d’eau douce. Il y a tout un écosystème unique là-bas, et 80% de la faune et de la flore est endémique.
En tout, c’est 6 000 km à vélo qui nous attendent. On est partis sur une expédition d’une durée de 6 mois.
Quel est l’objectif de l’expédition Baïkal – Nordkapp : A Bike Tour ?
T – On voulait faire un film qui retrace tout le voyage. Montrer en quoi les écosystèmes du lac Baïkal et du Nordkapp sont exceptionnels. Il s’agit aussi de documenter la vie là-bas, de partir à la rencontre des gens afin de raconter leur histoire. Il s’agit pour nous de transmettre et de partager cette expérience et les informations récoltées sur cet endroit unique.
Nous sommes déjà en contact avec la Lake Baïkal Foundation. Ils sont partants pour faire une collaboration avec nous, autour de notre projet.
Préparation et équipements pour aller jusqu’au lac Baïkal à vélo
Pourquoi choisir le vélo pour ce voyage ? Êtes-vous tous les trois cyclistes à la base ?
T – J’aime bien faire du vélo. Et puis ce moyen de transport ne pollue pas. C’est aussi un moyen pas très cher pour voyager, et bien plus rapide qu’à pied. Je fais du triathlon aussi donc ça aide. Luca et Gabriel s’y sont mis par la force des choses…
L’idée d’un voyage tous les trois à vélo est née début 2020. Deux moments ont également compté. J’étais parti à vélo en Islande pendant 10 jours, seul, en autonomie. J’ai parcouru près de 700 km dont 350 sur des pistes nichées sur des hauts plateaux déserts. Un défi que je m’étais lancé. Le roadtrip avec Gabriel et Luca que nous avons effectué nous a aussi convaincu qu’il y avait quelque chose à faire tous les trois.
On a aussi choisi le vélo pour la réaction des gens. Ils sont souvent plus accueillants et chaleureux quand on voyage à vélo ! Ils hésitent pas à encourager quand on les croise sur la route. C’est hyper sympa !
Sur quel type de vélo vous allez rouler ? Quels sont les équipements que vous emportez ?
T – On va équiper nos vélos de pneus cloutés assez larges. Rouler sur la glace, ça se fait, mais rouler dans la neige, c’est une autre histoire… Je suis allé dans le Jura tester le vélo sur la neige et quand elle est profonde, c’est impossible. Autant marcher à côté de son vélo, c’est plus rapide !
On roule sur des vélos gravel. On a contacté une marque anglaise FairLight Cycles et ils nous ont proposé une belle réduction sur le prix des vélos en échange de visibilité. Ils ont aussi adapté les vélos à notre aventure. On aura aussi des grosses sacoches vélo bikepacking, installées partout sur notre vélo et sur des porte-bagages.
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On va aussi acheter un téléphone satellite qui fait aussi balise GPS. Ce qui veut dire qu’on peut nous suivre en direct sur la carte. C’était un peu la seule condition des parents ahah !
Le vélo part à la conquête de l’est et du lac Baïkal
Vous avez choisi de monter le projet via du financement participatif. Pourquoi ? Avez-vous des sponsors ?
T – Nous avons contacté de nombreuses marques et sites. Nous avons quelques sponsors et bénéficions de réductions sur plusieurs sites. On a eu beaucoup de retours positifs mais avec la COVID, certaines marques n’ont plus de budget pour ce genre de projet.
En fait, ça faisait un énorme budget à 3. Pas loin de 10 000€ par personne (5 000€ de matériel et 5 000€ de vivres environ). Du coup, nous sommes partis sur le système du financement participatif. C’est aussi un moyen de faire parler du projet !
Comment avez-vous dessiné le trajet, composer les étapes ou la durée ? Départ en février 2021 mais arrivée prévue pour … ?
T – Au départ, on voulait prendre moins de trains que ça n’est pas possible, surtout en Asie centrale (transsibérien). Baucoup de frontières sont impraticables (champ de mines, terrorisme…). On a été obligés de passer cette partie en train. On a choisi d’aller jusqu’au Nordkapp car c’est un point un peu symbolique et le reste des destinations se sont dessinées au grès de nos envies de voyager. Et de faire la fête un peu ahah !
Notre départ est prévu mi-février 2021 car nous sommes obligés d’être en mars au lac Baïkal pour qu’il soit encore gelé.
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Où allez-vous dormir ?
T – Camping tout le temps ! Sur le lac Baïkal pas le choix. Nous sommes bien équipés (duvet pour -20 et tout le matériel d’alpinisme grand froid). J’ai aussi regardé sur Warmashowers* (que j’ai déjà utilisé) et il y en en Russie autour du lac Baïkal. Sur le lac, toute la nourriture est en autonomie, et après on fera nos réserves sur le long de la route.
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*ndlr : une application basée sur la générosité qui fonctionne comme Couchsurfing. Grâce à Warmshowers, vous pouvez trouver un jardin pour planter votre tente, une douche chaude…
Se préparer pour une odyssée sibérienne et le lac Baïkal à vélo
Qu’est-ce que vous redoutez le plus dans le voyage ?
T – La météo, la neige et le vent très très pénible… Et bien sûr la blessure. Il y a aussi la COVID-19 qui réduit beaucoup le champ des possibles (fermeture des frontières, couvre-feu, isolement et quarantaine obligatoire…)
Comment vous préparez-vous préparation physiquement et mentalement ?
T – Nous avons fait des entraînements à vélo de 2 à 3 jours complets, avec du camping. Nous faisons plusieurs activités comme de la rando, de la voile (parfait pour s’habituer au froid et au vent !). Gabriel et Luca se sont mis au vélo de manière plus intense. Comment se préparer au froid maintenant ? Faire du sport dehors, investir dans du matériel chaud et bien s’habiller à vélo pour lutter contre le froid. Apparemment prendre des douches glacées serait efficace mais on n’a pas encore testé… En Islande au début j’avais froid et après ça allait. Le corps s’adapte !
On a tous aussi appris un peu de russe et on sait lire l’alphabet. Et puis apparemment, les Russes sont assez francophiles.
Est-ce qu’il y a un « plan B » si la pandémie perdure ?
T – Pour l’instant Russie est fermée, et le reste des pays fermé aussi ou avec 5/10 jours d’isolement. Ce qui implique de rallonger le séjour et des frais supplémentaires. Et puis visiter un pays où tout est fermé présente moins d’intérêt.
Pour le plan B, on a eu une idée… On reste en Union Européenne et on fait du vélo de la pointe la plus au sud de l’Espagne jusqu’au cap nord, le point symbolique. Il a aussi des chances d’évoluer un peu… On va probablement faire un détour par l’Islande avant d’aller au cap Nord.