Plutôt à la traine sur ses voisines de l’Hexagone, la métropole de Lyon rattrape petit à petit son retard en matière de bicyclette. Et si le réveil est assez récent sur les rives du Rhône, les dernières années ont vu une belle amélioration de la qualité cyclable. À tel point que le vélo devrait peser dans la balances des prochaines élections municipales à Lyon en 2020. Un nouvel article de notre Dossier sur le vélo aux municipales 2020.

Lyon bascule sous pavillon écologiste

C’est sans doute la plus grande surprise de ces élections municipales 2020. Le parti Europe Écologie Les Verts remporte à la fois la mairie, mais également la Métropole, toutes deux convoités par la droite et la gauche après le retrait de Gérard Collomb. Avec plus de 52% des voix au second tour, Grégory Doucet prend les clés de l’Hôtel de Ville. Son homologue Bruno Bernard prend lui la tête de la Métropole après une courte victoire avec 22,5% des voix.

Un retardataire qui revient sur le devant de la scène vélo

Les années Collomb

Si Lyon s’est dotée de ses premières lignes de métro à la fin des années 70, son intérêt pour la petite reine est bien plus récent. Sous la mandature de Gérard Collomb, élu à la marie et à la communauté urbaine de Lyon – l’ancêtre de la Métropole de Lyon – en 2001, la capitale des Gaules est néanmoins une des premières villes de France à se doter d’un système de vélos en libre-service, Vélo’v, inauguré en 2005.

>> A LIRE : Vélo’v, la réussite du vélo en libre service à Lyon

Le service de VLS se révèle rapidement apprécié et efficace. Grâce au vélo rouge et gris, les Lyonnais se mettent petit à petit à pédaler. Mais l’engouement pour la bicyclette reste timide dans la Cité des gones. En 2015 en effet, la part modale du vélo dans la métropole lyonnaise représente seulement 1,7% d’après l’Enquête déplacements 2015 réalisée par le Sytral, le syndicat qui gère les transports.

Le Vélo'v, symbole de la politique vélo lyonnaise

© Velo’v – Facebook

Les premières politiques vélo de la Métropole de Lyon

En 2016, toujours sous la présidence de Gérard Collomb, la métropole de Lyon se dote d’un Plan d’Actions pour les Mobilités Actives (PAMA). L’objectif est d’atteindre 1 000 km de réseau cyclable et 7,5 % de part modale vélo à l’horizon 2020. Les résultats ne se font pas attendre, même s’ils sont loin des objectifs. Si la part modale globale du vélo à vélo ne représente encore que 2 à 3 %, la pratique du vélo progresse de 10 % à 15% tous les ans. Par rapport à 2010, l’augmentation est même de 250% !

Dans cette dynamique, l’idée de faire de Lyon une ville sans voitures commence aussi à faire son chemin. Car si l’automobile est encore omniprésente dans la ville – 58% des déplacements de moins de 3 km sont réalisés en voiture – des expérimentations de piétonisation de la Presqu’île lyonnaise sont lancées fin 2019. Cette même année, la métropole vote une enveloppe supplémentaire de 6 millions d’euros pour prolonger son PAMA et construire 7 parcs relais vélos sécurisés supplémentaires.

Les associations vélo présentent un Plan vélo citoyen aux candidats

À l’occasion des élections municipales 2020 à Lyon, les associations vélo de la ville se sont regroupées pour présenter un Plan vélo citoyen intitulé “Une métropole cyclable pour toutes et tous. On retrouve La Maison du Vélo Lyon, qui accompagne et développe les usages du vélo et de la marche comme instruments d’un changement de société depuis 2004. La Ville à Vélo, qui porte les revendications des cyclistes au niveau politique. Janus France, qui accompagne le développement de l’usage de la bicyclette comme solution durable de mobilité. Et les ateliers de la CLAVette, qui regroupent les ateliers d’auto-réparation participatifs de cycles.

Dans ce programme ambitieux, une trentaine de mesures sont proposées pour porter le vélo à 15 % de part modale d’ici 2026 et « créer un véritable système vélo sur la métropole de Lyon ». Le Plan vélo se structure en trois axes : l’accompagnement au changement de pratiques, des services vélos variés et innovants et des infrastructures cyclables de qualité.

Le plan est ambitieux, clé en main, transversal et tellement bien ficelé que les candidats n’auront pas grand-chose à faire s’ils veulent s’en emparer.
Lyon Capitale

Les propositions des associations vélos lyonnaises pour les élections municipales 2020 Lyon

Les propositions du Plan vélo citoyen des associations vélo de Lyon © Maison du Vélo Lyon

>> A LIRE AUSSI : Le grand Plan Vélo de la métropole de Lyon

Les candidats aux élections municipales 2020 à Lyon et le vélo

À Lyon, le scrutin municipal sera un peu inédit. En effet, les Lyonnais voteront pour les élections métropolitaines en même temps que pour les élections municipales. Les compétences sont en effet partagées entre l’Hôtel de Ville et le Grand Lyon. La politique vélo est notamment plutôt du ressort de la Métropole. Mais la thématique des transports en communs et des déplacements à vélo est prise très au sérieux par les différents candidats, à gauche comme à droite.

Des candidats pro-vélo à gauche et chez les écologistes

Du côté des écologistes, Grégory Doucet est le candidat à la mairie et favori des sondages pour le moment tandis que Bruno Bernard est candidat à la métropole. Ils souhaitent rendre la ville 100% cyclable. Notamment grâce à la mise en place d’un Réseau Express Vélo, à la création de “Vélorues” où les cyclistes et piétons sont prioritaires ou à l’installation de remontes vélos sur les collines de la ville.

Pour Sandrine Runel, tête de liste d’une union de gauche du PS au PCF pour la mairie, la « prise de conscience écologique doit se faire ». Notamment par « l’interdiction du diesel » et par la mise en place d’un Plan piétons et vélos d’envergure. Idem pour son homologue à la métropole Renaud Payre, directeur de Sciences-Po Lyon.

Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement et candidate FI à la mairie – dont elle laissera la place à Malika Haddad-Grosjean en cas d’élection – et à la Métropole de Lyon, est aussi pour la création d’un réseau express vélo, qu’elle financera grâce à l’abandon du projet de rocade de l’Anneau des sciences.

La bicyclette importe aussi à droite

Du côté des candidats du centre et de la droite, le vélo s’invite lui aussi dans les programmes des candidats, bien que les propositions manquent souvent de clarté.

Si Etienne Blanc, candidat LR à la mairie, lui aussi bien classé dans les sondages, veut faire de Lyon la plus grande ville-jardin d’Europe, il veut également construire des routes spécifiques dédiées aux modes doux ainsi que des garages à vélos. De son côté, le candidat à la métropole François-Noël Buffet annonce vouloir privilégier « le rail, ainsi que les modes doux et les transports collectifs sur la route et les fleuves » sans pour autant donner plus de précisions.

Deux candidats dissidents LREM viennent également se mêler à la bataille. Georges Képénékian, déjà maire par intérim pendant la parenthèse de Gérard Collomb au ministère de l’Intérieur, aimerait bien retrouver son fauteuil. L’actuel premier adjoint se montre discret sur le vélo, tandis que son homologue dissident David Kimelfeld, président sortant de la métropole et candidat à sa propre succession, est favorable à un plan vélo à l’échelle métropolitaine.

Les candidats qui ne se prononcent pas

Eric Lafond, candidat centriste sans étiquette à la mairie et à la métropole, veut répondre à la saturation du territoire par la création de parkings aux abords de la ville et par la mise en place d’un « aérotram » sans toutefois évoquer la bicyclette.

Les candidats de la majorité présidentielle sont quant à eux plutôt silencieux sur la thématique du vélo. L’ancien gymnaste Yann Cucherat, poulain de Gérard Collomb et candidat LREM officiel à la mairie, ne s’est pour l’instant pas exprimé sur le sujet. Le maire sortant Gérard Collomb se présente lui à la métropole sous la bannière LREM avec la volonté de faire de Lyon une ville écologique de référence en Europe. Mais cela se fera visiblement sans vélo.

Pour le Rassemblement National, le vélo ne fait pas non plus partie du programme. Pas plus pour Agnès Marion, candidate à la mairie que pour Andréa Kotarac, prétendant à la métropole.

Enfin pour Denis Broliquier, tête de liste d’un rassemblement centre-droit pour la Métropole, la priorité est de mettre en place des transports en commun fiables et efficaces, « meilleures alternatives à la voiture » mais rien sur le vélo.

>>> A LIRE AUSSI : Le vélo dans les élections régionales et départementales en Auvergne-Rhône-Alpes

Vous organisez une activité vélo dans votre ville ? Faites-le savoir en l’ajoutant à l’Agenda du vélo Citycle. Si ce n’est déjà fait, vous devrez créer votre compte gratuit.

À propos de l’auteur : Jean-Baptiste

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