Deux ans après sa mise en place, les premiers effets positifs de l’indemnité kilométrique vélo sont observables. Cette rétribution versée par les employeurs aux salariés qui se rendent au travail à vélo porte déjà ses fruits. Et peut laisser rêver à des ambitions encore plus grandes sur le développement du vélo en France.

L’indemnité kilométrique vélo, des premiers résultats prometteurs

Les conclusions de la première évaluation du dispositif de l’IKV viennent de tomber. Et une chose est sûre : tous les signaux sont au vert. L’Observatoire de l’indemnité kilométrique vélo, à l’initiative de cette étude, donne des signaux très encourageants sur la pratique du vélo dans l’Hexagone.

Un salarié vélotaffeur

© ll0zz – Pixabay

Porté par le Club des villes et territoires cyclables et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) depuis février 2016 et la mise en place de l’IKV, cet observatoire vise à promouvoir l’indemnité kilométrique vélo auprès des employeurs et des salariés. Du recensement des entreprises qui mettent en place cette aide à leur accompagnement, jusqu’à l’évaluation du dispositif. C’est grâce à lui que le suivi de l’IKV est possible, grâce à la collecte de données mises à jour régulièrement auprès des structures l’ayant déjà mise en place.

Basé sur un échantillon représentant un panel varié d’entreprises, l’Observatoire de l’indemnité kilométrique vélo a mené une enquête qualitative en avril et mai 2018 auprès de 66 employeurs privés et publics. Et les premiers effets positifs se font d’ores et déjà sentir.

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Les effets positifs de l’ indemnité kilométrique vélo

Les résultats de cette étude permettent de constater des effets positifs sur la santé des salariés. D’après ses conclusions, un salarié cycliste bénéficiant de l’IKV est en moyenne sujet à 15% d’arrêts maladie en moins. Il est donc en meilleure santé et moins absent qu’un salarié non cycliste. Par ailleurs, l’étude constate que dans les structures où l’IKV est mise en œuvre, deux fois moins de salariés sont en maque d’activité physique. Plusieurs employeurs affirment qu’ils ont observé que leurs salariés cyclistes étaient en meilleure santé physique et psychique.

Schéma sur l' indemnité kilométrique vélo

© Club des villes et territoires cyclables

Un autre effet positif est effectivement notable. Une plus grande satisfaction des salariés cyclistes au travail. D’une part, le stress lié aux conditions de transport diminue largement. Finie l’angoisse des embouteillages et des problèmes de stationnement. De plus, ils sont bien plus sensibilisés à la réduction des émissions de CO2. D’autre part, on note un gain de pouvoir d’achat des salariés qui font d’énormes économies, notamment sur les frais liés à la voiture.

« Le cycliste est valorisé. Il est passé du statut de “le pauvre, il est bien courageux”, à celui de plus malin “qui gagne de l’argent avec son vélo” »
Claudie Tricoire, chargée de mission développement durable à La Roche-sur-Yon

Difficile pour autant de dissocier les effets positifs relatifs au salarié et à l’employeur tant la corrélation est vertueuse. Les salariés sont en meilleure forme, et plus satisfaits dans leur travail. Et par conséquent, les employeurs aussi. 60% des structures interrogées ressentent les bénéfices associés à l’IKV dans leur entreprise. Conséquences directes : impact positif sur la communication, diminution des coûts du stationnement automobile et récupération d’espace confisqué par la voiture. Finalement, l’IKV se révèle être un véritable levier de transition.

L’IKV, un point de départ pour accélérer la pratique du vélo en France

L’indemnité kilométrique vélo s’affirme clairement comme étant un levier pour développer le vélo en France et accélérer sa pratique. Depuis sa mise en place, le nombre de cyclistes dans les entreprises privées a augmenté de 69% ! Ce qui porte à 9% le nombre total de salariés qui se rendent au travail à vélo dans les entreprises ayant mis en place l’IKV, contre 3% en moyenne dans les autres structures. Dans la fonction publique, dont le projet est encore en phase d’expérimentation, on constate une augmentation de 25% des agents qui viennent à vélo.

Une autre conclusion de cette étude indique que 43% des structures qui appliquent le dispositif vont encore plus loin. Elles mettent, en effet, en place des actions d’accompagnement et d’encouragement à la pratique du vélo. En installant des stationnements sécurisés et adaptés par exemple, en organisant des ateliers de réparation ou en mettant à disposition des outils pour entretenir les vélos des salariés. Ou encore en proposant une flotte de vélos de fonctions. Favoriser les trajets domicile-travail à vélo est incontestablement un point de départ pour la transition à la mobilité douce.

>> A LIRE : aller au travail à vélo, la résolution pour 2018

Quel avenir pour l’indemnité kilométrique à vélo ?

D’autant plus que l’indemnité kilométrique vélo est un dispositif qui ne coûte pas forcément plus cher aux entreprises. L’étude nous apprend qu’une expérimentation menée par l’ADEME en 2014 révèle en effet que la moitié des bénéficiaires de l’IKV étaient d’anciens utilisateurs de transports en commun, dont l’entreprise prenait une majeure partie en charge. Il y a donc dans ce dispositif un glissement d’une grande partie du budget transport en commun de la structure vers l’IKV, qui n’ajoute aucun coût supplémentaire à l’entreprise.

L’étude évoque aussi la proposition du député du Maine-et-Loire Matthieu Orphelin. Rendre obligatoire l’IKV pour tous les employeurs pour atteindre l’objectif de 1,4 million de salariés cyclistes en 2022. Comme l’ajoute Pierre Serne, Président du Club des villes et territoires cyclables, « souhaitons que les résultats de cette nouvelle enquête permettent de convaincre non pas la ministre des Transports, mais ses collègues du gouvernement qu’ils détiennent une solution efficace pour faire pédaler ». À méditer.

À propos de l’auteur : Jean-Baptiste Lasserre

3 de commentaires

  1. Michel PEYRAUD 6 décembre 2020 at 14 h 39 min - Reply

    Bonjour

    Ces incitations fiscales auraient du être mises en place dans les administrations après le Grenelle II (FEVRIER 2016)

    Or rien depuis ? ; pourquoi ces mesures réservées aux entreprises ? Le secteur public en retard sur la mobilité écologique ???

  2. Katogan 7 juillet 2018 at 9 h 46 min - Reply

    Avec cette mesurette plafonnée à 200 euros/an car au delà l’employeur paie des cotisations sociales et nous des impôts, vous pensez qu’on gagne de l’argent?

    Je roule sur le trajet domicile-trajet durant toute l’année et j’atteins le plafond le l’IKV en moins de 2 mois. Certains font bien mieux que moi. Je ne fais pas ça pour l’argent, c’est mon mode de vie, je suis plutôt sportif et j’aime rouler vert avec des vélos sans assistance pour le moment. Dans ma très grosse entreprise nationale (CAC 40), 17% des salariés viennent à vélo au boulot.

    Sur mon site dans l’agglomération nord d’orléans, l’entreprise a mis à disposition 2 belles douches très pratiques et complètes.

    Ce qu’on attend surtout, ce sont de bonnes infrastructures pour rouler sans dommage et en toute sécurité.
    Le moins qu’on puisse dire est qu’en la matière, tout reste à faire aussi bien en terme d’aménagements, certains sont en dehors de tout bon sens, en matière d’éducation avec les autres usagers. Strasbourg a donné le ton mais toutes les grosses communes ne sont pas prêtes à lui emboîter le pas, ça traîne des pieds. La politique reprend le dessus.

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