On pense souvent que les cyclistes ne font plus de vélo dès que l’automne montre le bout de son nez. Mais en réalité, ce n’est pas tout à fait vrai ! Des études montrent que malgré la pluie, les cyclistes urbains et vélotafeurs continuent d’enfourcher leur vélo au quotidien. Nous profitons de cet article pour briser les idées reçues sur la pratique du vélo sous la pluie. En effet, ce ne sont pas quelques gouttes de pluie qui vont arrêter notre grande communauté de cyclistes. Comme dit le vieux dicton, nous ne sommes pas en sucre !
Les études révèlent que la pluie n’empêche pas les déplacements à vélo
Plusieurs études ont été réalisées afin de savoir si la pluie dissuade vraiment les cyclistes de se déplacer à vélo. Nous nous sommes basés ici sur des études nationales réalisées par Vélo & Territoire, une étude locale faite à Paris et enfin une étude internationale analysant les comportements des cyclistes dans 16 pays différents. Globalement on observe effectivement une baisse de la pratique du vélo lorsqu’il pleut, mais celle-ci n’est pas aussi significative qu’on pourrait le penser.
Des chiffres concrets sur la pratique du vélo au fil des saisons
Afin de connaître l’impact du climat sur la pratique du vélo, nous avons récolté des informations sur le taux de pratique du vélo suivant les saisons de l’année. Pour cela nous nous sommes basés sur deux études de Vélo et Territoire, coordinateur du réseau national cyclable. La première étude publiée dans le bulletin n°8 en Décembre 2021, comptabilise le nombre de déplacements à vélo sur 3 ans depuis 2019 jusqu’à 2021.
Sur le graphique, on peut voir le nombre de déplacements à vélo qui, globalement, a augmenté d’une année sur l’autre. L’axe horizontal représente les semaines de l’année. Pour vous aider à déchiffrer : 1 – 11 : l’hiver ; 12 – 24 : le printemps ; 25 – 37 : l’été ; 38 – 50 : automne. (Attention également aux périodes de confinement qui ne sont pas à prendre en compte car elles ne sont pas représentatives du contexte habituel). On observe alors sur le graphique une légère baisse des déplacements à vélo au début de l’hiver. Cependant, durant le reste de l’année, l’activité cycliste reste importante. Malgré l’été pluvieux de 2021, les orages du printemps 2020 et les trois saisons d’automne, les cyclistes continuent de se déplacer à vélo.
La fréquentation cyclable sur tous les mois de l’année
L’organisme Vélo & Territoire réalise une autre étude qu’elle publie en Mai 2020. Grâce à une collaboration avec 90 collectivités et plus de 900 compteurs qui relèvent chaque passage de cycliste, Vélo & Territoire a pu analyser le nombre de passages à vélo tout au long de l’année 2019. Le graphique ci-dessous indique comment se répartit la fréquentation cyclable sur les 12 mois de l’année. Et ce qui est frappant, c’est la fréquentation des cyclistes du mois Décembre qui est aussi élevée qu’au début du printemps. Le climat humide de la fin de l’année est donc loin de faire peur aux cyclistes !
Quelle fréquentation des pistes cyclables parisiennes quand il pleut ?
Nous avons repris ici une étude intéressante faite par le journal Le Parisien sur la fréquentation des pistes cyclables parisiennes lorsqu’il pleut. Pour mettre en oeuvre cette étude, trois grands axes de pistes cyclables ont été pris comme références : le boulevard Magenta, la voie Georges Pompidou et la rue Rivoli. Les compteurs vélo de la Mairie de Paris ont relevé le nombre de passages de cyclistes pendant tout le mois de Septembre 2020, de 8 heures du matin à 12 heures. On peut alors observer une baisse de 28 % des cyclistes sur le boulevard Magenta lorsqu’il pleut. Puis sur la voie Georges Pompidou, l’étude révèle une baisse de 30%. Et en ce qui concerne la rue Rivoli, les compteurs enregistrent une baisse de 27% en moyenne dans les deux sens de circulation. On déduit donc une baisse de la fréquentation des pistes cyclables parisiennes d’environ 28% lorsqu’il pleut. Un chiffre pas si conséquent par rapport à ce que peuvent laisser croire certaines rumeurs sur les réseaux sociaux.
Étude internationale concernant l’impact du climat sur la pratique vélo
Nous nous intéressons ici à une étude très complète réalisée par le Journal of Transport Geography intitulée “How does weather affect bikeshare use?” soit “Comment la météo influe -t-elle sur l’usage des vélos en libre service ?”. Cette étude publiée en 2021 se base sur 100 millions de déplacements à vélo dans 40 villes et 16 pays différents situés dans des zones climatiques très variées.
Quelle est l’influence de la pluie sur l’usage du vélo en ville ?
Cette étude met en évidence le fait que oui, la pluie a un impact sur l’utilisation du vélo, mais elle n’est pas la seule. D’autres variables importantes influent également sur l’usage du vélo. L’étude prouve qu’en première position c’est l’heure de la journée qui influe le plus sur l’utilisation des vélos en libre service. Ensuite, en seconde position, c’est le climat et la température. En effet, plus la température augmente, plus les cyclistes urbains augmentent. Cela est vrai jusqu’à ce que la température atteigne les 27 – 28 degrés. Au-delà, l’utilisation du vélo diminue car les fortes chaleurs dissuadent les cyclistes.
On remarque dans cette étude que les pays habitués aux temps pluvieux comme l’Europe du nord sont moins sensibles aux précipitations. Par exemple à Dublin, le taux de cyclistes roulant sous la pluie est de 81% par rapport au taux habituel. Tandis que dans d’autres villes situées dans des zones plus sèches, le taux de cyclistes peut diminuer jusqu’à 50% lorsqu’il se met à pleuvoir.
Avec un réseau cyclable élaboré, la pluie n’est plus un problème !
D’autre part, l’auteur de l’étude nous fait remarquer que la qualité des infrastructures a également un impact important sur l’utilisation du vélo. On peut en effet facilement observer ce phénomène en Europe du nord. Prenons par exemple le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas. Ces trois pays, bien qu’ils possèdent un climat très humide, sont ceux qui abritent le plus de cyclistes. Etant donné les aménagements cyclables très élaborés dont ils bénéficient et la culture vélo qui est très présente dans ces pays, on peut comprendre pourquoi les cyclistes ne se laissent pas impressionner face à quelques gouttes d’eau.
La pluie et le vélo ne font pas bon ménage : une idée reçue !
Malgré ce qu’en disent les sceptiques, la pluie n’empêche pas la pratique du vélo. Brisons ces idées toutes faites sur le vélo qui serait soi-disant incompatible avec la pluie.
Rouler sous la pluie à vélo, c’est dangereux ?
Il est vrai que lorsqu’il pleut la visibilité diminue et, en tant que cyclistes, nous sommes plus vulnérables face aux voitures. Mais cet inconvénient lié à la pluie est le même pour tous les usagers de la route. C’est pourquoi en voiture, par exemple, les limitations de vitesse sur les grandes routes sont davantage restrictives lorsqu’il pleut. En ville aussi les automobilistes doivent ralentir pour mieux anticiper et voir les autres usagers de la chaussée. Et bien en vélo, c’est la même chose. Lorsqu’il pleut, nous devons être plus vigilants, rouler lentement et anticiper tout ce qu’il peut arriver sur notre route. On est également prudent lors des freinages que l’on doit anticiper et on évite les zones glissantes comme les rails de tramway, les zones de peintures blanches ou les flaques d’eau qui peuvent cacher de vilains nids de poule.
Une fois toutes ces précautions prises, le vélo sous la pluie n’est pas particulièrement plus dangereux que par beau temps. Comme toujours, c’est une question de vigilance et de respect des normes de sécurité.
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Les vélotafeurs arrivent forcément trempés au travail lorsqu’il pleut
Sans un équipement adapté, oui, le vélotafeur arrivera trempé au bureau s’il pleut sur son trajet. C’est pourquoi tout cycliste urbain qui se respecte connait les bases des vêtements à utiliser pour la pluie. Pour protéger l’ensemble du corps, on utilise un poncho avec capuche. On peut aussi se couvrir le haut du corps avec une veste imperméable et les jambes avec un pantalon étanche à enfiler par-dessus son pantalon de travail. Il existe même des protections pour les chaussures qui vous permettent d’avoir la panoplie complète contre la pluie. Avec un bon équipement étanche et respirant, vous pouvez arriver au bureau bien au sec, sans avoir mouillé ou sali votre costume.
D’autre part, les fabricants soucieux du bien-être des cyclistes urbains conçoivent des accessoires pratiques pour lutter contre la pluie. Vous trouverez, par exemple, des ponchos respirants qui vous permettent de protéger entièrement votre corps de la pluie et de ne pas arriver tout en sueur au travail. Plus récemment, on découvre la Bub’Up, un toit amovible en forme de bulle qui protège 80% du corps du cycliste. Ces inventions créées par les fabricants spécialisés dans le cyclisme montrent bien l’existence d’un réel marché de cyclistes urbains qui roulent sous la pluie.
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La pluie pourrait-elle abîmer les vélos électriques ?
On peut tout à fait rouler en vélo électrique sous la pluie puisque la batterie est protégée dans son étui étanche. La batterie du VAE possède un indice IP qui certifie sa protection contre les projections d’eau et les poussières. Vous pouvez donc rouler l’esprit tranquille sur votre vélo électrique pendant les saisons pluvieuses. Cependant, la batterie a tout de même ses limites et ne doit pas pour autant être totalement immergée dans l’eau. Par ailleurs, pour éviter son usure prématurée, il est conseillé de la ranger lorsqu’on arrive à destination et que l’on stationne le vélo sous une forte pluie. Cette précaution est à prendre en cas d’averse mais aussi lors des périodes de fortes chaleurs ou de grands froids.
Pour conclure, on peut donc dire que la pluie a certes un impact sur l’utilisation du vélo. Mais les réelles raisons du taux de fréquentation cyclable en France se situent plutôt au niveau des infrastructures, des connaissances en termes d’équipement et de la culture vélo plus ou moins ancrée dans les populations. Par ailleurs, une étude faite par Météo France démontre qu’en réalité un vélotaffeur assidu n’est que très peu souvent affecté par la pluie sur son trajet. A Paris, il ne roulerait sous la pluie qu’une vingtaine de jours par an et seulement dix jours par an à Marseille. La pluie ne devrait donc pas être un frein pour les cyclistes urbains et adeptes du vélotaf. Et vous, avez-vous laissé le vélo cet hiver à cause de la pluie ?