Lancé en février 2021, le programme ADMA vise à développer l’expertise en mobilités actives et favoriser la marche et le vélo pour tous les déplacements quotidiens. L’Académie des Experts en Mobilité Active, composée de 8 personnes, s’inscrit dans dans le large programme de la transition écologique visant à réduire nos émissions de CO2. Nous avons interviewé Fannie Bélanger-Lemay, experte et formatrice en mobilités actives à l’ADMA.

Qu’est-ce que l’ADMA ?

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, ainsi que votre poste au sein de l’ADMA ?

« Cycliste et marcheuse du quotidien, je possède une expérience concrète du monde du vélo, tant du côté de l’industrie – j’ai travaillé chez LeCyclo.com – que du côté des associations cyclistes. Mais j’ai également une approche plus théorique de la mobilité et de ses enjeux de justice, ayant fait des études supérieures en philosophie sur l’éthique des transports. J’apporte à l’ADMA ce double regard, théorique et pratique, sur la pratique du vélo et de la marche comme modes de déplacement. L’ADMA est une structure très horizontale : les 8 experts travaillent tous à créer des formations sur les mobilités actives et chacun contribue à la création du contenu et à la recherche d’expertise. »

 

Quels sont les objectifs principaux de l’ADMA ?

« Le programme ADMA comporte trois parties principales. La première est la création d’une plateforme de connaissances sur la marche et le vélo, disponible sur notre site web. La seconde est un programme de formation. Il permet d’obtenir une certification de l’expertise (4 niveaux). Cela permet à l’Académie de compléter les formations existantes en matière de mobilité active. Cela permet aussi de répondre aux différents besoins des territoires et d’approfondir des thématiques spécifiques telles que :

  • La marche comme mode de déplacement
  • Les mobilités actives dans les territoires peu denses
  • Le potentiel des services de vélos à assistance électrique
  • Le plaidoyer pour les mobilités actives
  • La participation des enfants aux politiques de mobilités actives
  • La création d’un système sûr pour les mobilités

Enfin, la création de l’AMV (Académie des Métiers du Vélo), permet de répondre aux besoins urgents de formation de nouvelles personnes à la mécanique du vélo. L’AMV est, quant à elle, gérée par une équipe distincte. »

 

A quels besoins cherche à répondre l’ADMA et dans quel contexte l’initiative est-elle née ?

« L’ADMA est née dans la foulée du Plan vélo national de 2018. Le Gouvernement a lancé ce plan ambitieux voulant faire tripler la part modale du vélo sur l’ensemble du territoire. L’ADMA souhaite outiller les collectivités et toutes les personnes intéressées à participer à ce grand chantier. »

 

Qui est à l’initiative de l’ADMA ?

« L’ADMA est une idée de Olivier Schneider, président de la FUB, et de Maxime Frodefond, de l’entreprise ROZO. Le même duo était à l’origine du Coup de Pouce vélo. Il a permis la réparation de près de 2 millions de vélos en 2020. »

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Quels organismes portent et soutiennent le projet ?

« Le programme de l’ADMA est financé par les Certificats d’Economie d’Energie (CEE), l’Académie est portée par la FUB, la Fédération française des Usagers de la Bicyclette, et ROZO. Nous travaillons étroitement avec l’ADEME et le CEREMA. Nous créons également des partenariats avec les autres acteurs du système marche et vélo en France. »

 

Quelle est la valeur ajoutée de l’ADMA par rapport aux autres programmes en France ?

« L’ADMA s’insère dans l’écosystème existant des mobilités actives en France. Les formations et le contenu produit par l’ADMA viennent compléter l’offre déjà disponible. L’ADMA se distingue par l’utilisation plus poussée de la pédagogie active, par l’usage des outils de facilitation graphique, par le profil international de ses recherches et également par la volonté de créer un dialogue entre les différentes parties impliquées dans l’amélioration de la marche et du vélo en France : collectivités, techniciens, associations, individuels. Nos formations et nos activités mixent ces publics pour permettre des échanges riches. »

interview adma cycliste

À la découverte du programme de formation de l’ADMA

Quelles sont les thématiques abordées ?

« Les thématiques abordées par nos cinq premières formations sont le plaidoyer, la marche, les services pour VAE, les mobilités actives dans les territoires peu dense et un parcours de sensibilisation aux mobilités actives pour les élus. »

 

Qui peut bénéficier de la formation ?

« Toutes les personnes intéressées résidant en France peuvent participer. Les formations sont entièrement prises en charge par les CEE jusqu’en juin 2023. Il n’y a donc pas de coût pour les personnes suivant la formation. »

 

Quels sont les supports et formats des formations proposées par l’ADMA pour développer son programme ?

« L’ADMA propose des formations basées sur la pédagogie active : les apprenants participent à la création de leurs propres connaissances. Par ailleurs, les formateurs de l’ADMA pratiquent tous la facilitation graphique et nos formations utilisent de nombreux exemples internationaux.

La plupart des formations sont données à distance. Quelques séances peuvent avoir lieu en “présentiel”. »

 

Quels sont les domaines d’expertise des formateurs ?

« L’équipe se compose de 8 experts, tous convaincus de la nécessité de promouvoir la marche et le vélo, et de repenser la mobilité du quotidien. Nous venons tous de domaines différents, mais avons pour point commun de faire évoluer le territoire vers des modes de transports plus responsables. »

Le développement d’une culture vélo en France ?

Selon vous, qu’apporte le vélotaf pour les employés et entreprises ?

« Ce n’est pas une question d’opinion personnelle. Les données existent à ce sujet. Les personnes qui pratiquent le vélotaf sont plus ponctuelles et sont moins souvent malades. Les personnes utilisant un vélo plus de 3 fois par semaine ont un taux d’absentéisme jusqu’à 15% plus bas. Ce sont deux avantages pour elles-mêmes, mais également pour leur employeur. 

D’un point de vue personnel, le vélotaf m’apporte des moments propices à la réflexion, lorsque je suis seule. Et des moments d’échange magiques avec mon enfant, qui commente chacune des grues de chantier et chacun des camions poubelles sur notre trajet. »

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Selon vous, quelles sont les avancées notables en faveur du développement du vélo en France ?

« Le financement récent de la réduction des discontinuités cyclables est une avancée intéressante qui répond à un réel besoin de cyclistes en France. Ce financement a le mérite d’exister, mais il reste encore bien en deçà de ce qui serait nécessaire pour régler l’ensemble des interruptions du réseau cyclable. »

interview adma pieton

À l’inverse, quels sont les retards et points à améliorer ?

« La France doit rattraper son retard sur le financement global du système vélo, qui inclut des services pour les cyclistes en plus des infrastructures. L’amélioration des aménagements cyclables doit par ailleurs se faire tout en améliorant les aménagements pour les piétons. Près de 60% des personnes ayant répondu au Baromètre des villes marchables indiquent que les aménagements pour vélo nuisent aux déplacements à pied. C’est un réel problème qui ne peut pas relever uniquement d’une perception. »

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Selon vous, quelle est la priorité pour développer le vélo en France ?

« La priorité est de faire du vélo un véritable réflexe pour les déplacements courts de moins de 7km. Cela pourra se faire en améliorant les aménagements cyclables, en réduisant l’espace public réservé aux automobiles – ou du moins pris de facto par les automobiles – et en réduisant le volume et la vitesse générale des trafics motorisés. »

 

Quelles sont les pratiques du vélo des experts au sein de l’ADMA ?

« À l’ADMA, nous pratiquons tous la marche et le vélo au quotidien. 

La plupart d’entre nous utilise un vélo pour les trajets quotidiens, mais pas de manière exclusive. En effet, nous utilisons également les transports urbains et le train pour nos déplacements plus longs. 

Si certains préfèrent la vitesse et l’efficacité du vélo, quelques-unes préfèrent marcher, lorsque la distance est moins longue. C’est un amusant sujet de débat entre nous. 

Environ la moitié des personnes de l’ADMA pratique également les balades de loisir à vélo et nous sommes deux ou trois à avoir pratiqué le cyclotourisme pour nos vacances annuelles. »

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À propos de l’auteur : Bertrand Deguerne

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