Le film de Nicolas Hulot et Jean-Albert Lièvre « Le syndrome du Titanic », est plus une réflexion sur le fonctionnement de nos sociétés qu’un documentaire sur l’environnement. Sorti ce mercredi, cette production oscille entre constat accablant et ode à la vie.

Le syndrome du Titanic, une alerte écologique

« J’ai peur ». D’emblée, la voix off de Nicolas Hulot nous laisse entendre ce qu’essaie d’être ce film.

« C’est un cri d’espoir et de désespoir », résume le père du Pacte écologique de la campagne présidentielle de 2007, à propos de son premier long métrage. Le syndrome du Titanic est un film personnel, à la première personne. Un film dans lequel Hulot livre en voix off ses réflexions sur la notion de progrès, le matérialisme, la société de consommation.

A l’écran, les plans fixes à la photo léchée s’enchaînent dans un lent kaléidoscope d’images déjà vues mais toujours efficaces.

Pour alerter le spectateur, lui faire prendre conscience que crise écologique et crise sociale sont deux aspects d’un même problème, les réalisateurs interrogent des paradoxes. Aux plans de vieillards chinois contraints de vivre dans de minuscules cages grillagées alors que poussent les gratte-ciel, ils opposent des chiens japonais se refaisant une santé dans des caissons à oxygène. Aux mouches sur les yeux d’un enfant namibien, les touristes blancs venus visiter son village tel un zoo. A l’opulence occidentale les cimetières d’ordinateurs africains.

Du Japon à la Namibie, de Los Angeles au Caire, de São Paulo à Shanghai, il s’attarde sur des visages, des regards, des situations absurdes. Il montre ainsi, sans l’asséner, à quel point les destins sont liés. Il invite à regarder les relations Nord-Sud à travers le prisme des contraintes écologiques et de la limitation des ressources.

Aujourd’hui, « on ne consomme pas, on consume »

« Ça n’est pas un film écologique », soutient Hulot. Plutôt un document sur la combinaison des crises. Crises écologique, économique, sociale et culturelle. Son leitmotiv: pour réduire les inégalités, il faut « partager ». Mais pour avoir de quoi partager, il est indispensable « d’économiser » et de « préserver ». Aujourd’hui, « on ne consomme pas, on consume », assène la voix off.

Film de Jean-Albert Lièvre et Nicolas Hulot

Or, le temps presse. « La complexité et la gravité des crises auxquelles nous sommes confrontés est sans précédent dans l’histoire de l’humanité », martèle le producteur d’Ushuaïa Nature, qui évoque une opportunité « inespérée » de « redéfinir l’ambition du projet humain ». Une opportunité « à un coup ».

« Si nous laissons la nature réguler, elle le fera dans des proportions violentes », prévient-il. Alors que, « quand il le veut, l’homme est capable de faire de grandes choses » ajoute-t-il.

Pour son auteur, ce film, fruit de 48 semaines de tournage sur quatre continents (300 heures de rush et 13 mois de montage), n’a pas l’ambition d’être une boîte à outils pour définir le nouveau modèle de société qu’il appelle de ses vœux. Mais il ouvre « un champ de réflexion et de proposition ».

Et cette question, toujours posée depuis les films d’Al Gore (Une vérité qui dérange, 2006) ou de Yann Arthus-Bertrand (Home, 2009) : que fait-on maintenant? Dans un monde passé de l’abondance à la rareté, et bientôt à la pénurie, Nicolas Hulot répond « mutation radicale ». Et appelle l’humanité à apprendre à conjuguer les verbes « préserver, partager, renoncer, réduire ».

Différents témoignages comme ceux de JFK, de Théodore Monod ou encore celui d’Al Gore, apportent des cautions théoriques et morales au film. La bande son est plutôt joyeuse. Faisant cohabiter airs d’opéra, airs de jazz ou encore quelques notes du « poinçonneur des lilas » en version japonaise.

« Le syndrome du Titanic » est simplement un film fort, parfois déroutant, qui ne tente pas d’être séducteur.

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Voir la bande annonce du documentaire.

Source:

France 24

Libération

À propos de l’auteur : Citycle

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