Comme la plupart des grandes métropoles françaises, Marseille possède elle aussi son service de VLS, Le Vélo. Dans une ville où la bicyclette peine à prendre sa place, et les cyclistes à être crédibles, le vélo bleu et blanc marseillais – désormais orange et blanc, a malgré des débuts difficiles, tout de même réussi à conquérir ses habitants. Présentation et mode d’emploi des offres de mobilité en libre-service de la cité Phocéenne.

Le vélo, un service de VLS dans une ville peu cyclable

Des débuts timides

En 2005, la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole lance un appel d’offre en vue de mettre en place un système de vélo en libre service. Le VLS marseillais, sobrement et simplement appelé Le vélo, est finalement inauguré en octobre 2007. L’exploitation du service est confiée à JCDecaux, le géant français de l’affichage publicitaire pour un contrat de 15 ans. 1000 vélo sont répartis dans 130 stations. Un chiffre qui semble élevé, mais qui est en fait assez faible pour une ville de la taille de Marseille.

Détail d'une bicyclette en VLS

© Nicolas Nova – Flickr

Lors du lancement du service, la ville de Marseille visait les 50 000 abonnés. Mais au terme de sa première année d’existence, le vélo peine à atteindre les 9 000 utilisateurs réguliers. Les taux de fréquentation ont même continué à chuter en 2009 de 21% puis de nouveau en 2010 de 16%. En 2011, on ne dénombre plus que quelques 5 000 abonnés au service de VLS.

De nombreuses critiques

Le vélo a soulevé, dès sa mise en place, de nombreuses critiques. En ce qui concerne le choix des emplacements des stations, on reproche au service d’avoir favorisé une bonne exposition publicitaire plutôt que le transport des habitants. Les lieux touristiques et le centre-ville sont abondamment desservis. Les quartiers populaires et excentrés un peu moins. Rien à Endoume, ni proche des stations de métro National, Bougainville, Chartreux, Saint-Just, Malpassé, Frais Vallon ou du côté de La Rose…

Le Vélo, une des offres de mobilité en libre-service de Marseille

© emmanuel dautant – Wikimedia Commons

On reproche aussi à JCDecaux sa mauvaise gestion de la flotte. La rotation entre les stations du centre-ville et des zones périphériques ont du mal à se faire. Beaucoup de stations excentrées sont quasi vides tandis qu’il est difficile de trouver une place pour pour son vélo dans les stations de l’hypercentre. De plus, trop de vélos sont en mauvais état de marche, ou en réparation.

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Les freins d’une ville hostile à la bicyclette

A priori, la pollution et les embouteillages devraient motiver les marseillais à se mettre au vélo. D’autant que le beau temps est au rendez-vous quasiment toute l’année. Mais il n’en est rien. Le vélo peine à gagner sa place dans une ville qui n’a d’yeux que pour le ballon rond.

Une station VLS Le Vélo sur le Vieux-Port

© Le Vélo – Marseille Provence

La géographie de la ville n’y est sûrement pas indifférente. Marseille est une grande métropole, très étendue, coincée entre la Méditerranée et les collines où se situent les quartiers les plus populaires. Si l’on ajoute à cela le fait que, jusqu’à aujourd’hui, le vélo a complètement été délaissé de la politique de mobilité urbaine de la ville, on obtient… 80 km de pistes cyclables sur l’ensemble de la Métropole. À titre de comparaison, cela représente 14 cm de pistes cyclables par habitant, soit 1 000 fois moins que Strasbourg avec 140 mètres par habitant. De plus, ces aménagements se trouvent plutôt en périphérie et non au centre ville où se situent la plupart des stations Le Vélo. Aucune connexion intermodale, n’a été non plus imaginé pour inciter l’utilisation de la bicyclette.

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Un autre frein, est moins saisissable et plus compliqué à évaluer. À Marseille, contrairement aux autres grandes ville de France, le vélo ne semble pas vu comme un accessoire de bobo-écolo mais comme un transport du pauvre. Méprisé, aux dépens de la voiture qui reste un gage de sa réussite sociale. La cité Phocéenne est même une championne en la matière puisque, selon les chiffres de la Métropole, « 39% des déplacements du quotidien de moins de 3 kilomètres se font actuellement en voiture ».

Enfin, quiconque a déjà vécu à Marseille peut en témoigner. Faire du vélo reste dangereux et le cycliste est loin d’avoir sa place privilégiée sur la chaussée.

Un regain d’intérêt pour Le vélo depuis 2012

Le service semble toutefois avoir regagné l’intérêt des marseillais depuis quelques années. En 2012, le vélo devient disponible la nuit. En 2014, le cap des 11 000 abonnés est franchi, soit une augmentation de 45% par rapport à 2012. Les derniers chiffres de 2017 avancent 15 000 abonnés annuels et plus d’un million de vélos utilisés sur l’année, soit 2 vélos loués chaque minute.

Un bilan qui pourrait encore s’améliorer dans les années à venir ? C’est en tout ce qu’à ce que peuvent nous laisser entendre les récentes décisions, et notamment le Plan vélo adopté en juin 2019 qui prévoit l’aménagement de 250 km de pistes cyclables dans les 5 prochaines années…

Le vélo pratique : guide d’utilisation

Tarifs et formules

Le vélo propose deux types de formules rendant le service très simple à comprendre et à un prix défiant toute concurrence.

Pour une utilisation ponctuelle, optez pour le Ticket 1 à 7 jours. Pour la modeste somme d’un euro, vous bénéficiez d’un nombre illimité de trajets pendant 7 jours consécutifs. La première demi-heure est gratuite. Chaque heure supplémentaire au-delà de ces 30 minutes seront facturées 1€.

Pour la modique somme de 5€, vous pouvez souscrire à un abonnement annuel vous permettant d’utiliser une bicyclette de manière illimitée. Les 30 premières minutes sont gratuites. Comptez ensuite à 0,50 euros par heure supplémentaire. Une caution de 150 euros vous sera également demandée.

Mode d’emploi

Une borne de VLS Le vélo

© Le Vélo – Marseille Provence

Pour utiliser une bicyclette Le vélo, il suffit de se rendre à une station et d’acheter un ticket. Glissez-le ensuite dans la fente prévue à cette effet, ou passez votre carte d’abonné sur le lecteur. Identifiez-vous ensuite en composant votre code personnel sur l’écran tactile puis choisissez « Retirer un vélo ». Vous aurez alors la possibilité de choisir un vélo. Déverrouillez-le, et vous pouvez partir !

Pour restituer son vélo, enclenchez la bicyclette sur un point d’attache libre et attendez que le témoin lumineux s’allume et que le signal sonore émette un double bip. Si la station choisie ne dispose pas de point d’attache disponible, vous pouvez, en vous identifiant sur la station en question, bénéficier de 15 minutes supplémentaires gratuites pour vous permettre de vous rendre à une autre station.

Les autres offres de mobilité en libre-service à Marseille

Les trottinettes électriques, populaires et excessives

Les premières trottinettes électriques en « free-floating » ont débarqué dans le centre-ville de Marseille en janvier 2019. Une apparition plus tardive que dans les autres villes de France, qui s’explique par la négociation d’une charte très précise entre les opérateurs et la mairie. Ainsi, Lime a été le premier à déployer ses engins, et compte actuellement à lui seul plus de 500 trottinettes. (Une longue période de préparation de terrain, qui a très vite atteint ses limites)

Cinq opérateurs se partagent aujourd’hui les rues de la cité Phocéenne. Lime donc, Bird, Circ (anciennement Flash), Tier, VOI et le local Wing, une start-up marseillaise qui partage son application avec Bird.

Mais l’été 2019 aura changé la donne de la place de la trottinette en libre service à Marseille. Un plongeur marseillais a d’abord repêché une trentaine de deux roues dans la Méditerranée, le long de la corniche. Suffisamment pour alerter et faire réagir les pouvoirs publics et les habitants. Les opérations de repêchage se sont multipliées, du Vieux-Port au Mucem, parfois en association avec les opérateurs en quête de redorer leur image. En réponse à ces incivilités qui inquiètent, la société Lime, leader du marché, a notamment mis en place une brigade de médiateurs afin de prévenir les mauvais usages. Mais c’est trop tard, la ville de Marseille veut limiter le nombre d’opérateurs. D’ici la fin de l’été, ils ne seront plus que 3, disposant chacun de 2 000 trottinettes.

Depuis août 2019, la mairie a également pris la décision d’interdire la circulation des trottinettes électriques – ainsi que des mono-roues ou overboards – sur les trottoirs marseillais.

Des voitures électriques en libre service

On retrouve également des les rues marseillaises un service d’autopartage. Le service TOTEM mobi propose en effet à la location des voitures électriques Renault Twizy depuis 2015. Disponibles 24h/24 et 7j/7, le stationnement est libre et gratuit. Grâce à une application, vous pouvez, comme pour les trottinettes, trouver un véhicule, vérifier leur autonomie et leur position, trouver une station… Le service compte aujourd’hui près de 200 véhicules, contre 15 voitures à son lancement. Avec sûrement moins de chance de finir dans le Vieux-Port.

À propos de l’auteur : Jean-Baptiste

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