Dans « Rêves Across America », Arnaud Manzanini nous raconte sa course, une aventure hors du commun. 12 jours de vélo de la Californie à l’Atlantique sur la Race Across America. Un carnet de route qui permet de prendre conscience de l’exigence de cette épreuve ultra-cycliste, aux limites de la santé physique et mentale. Rêves aussi comme le nom de l’association auprès de laquelle il s’est engagé à reverser une partie de ses gains. Plongée au cœur de l’effort cycliste poussé à l’extrême.
La Race Across America, la course cycliste la plus exigeante du monde
La RAAM, petit nom de la Race Across America est une épreuve « ultra-cycliste ». Une épreuve très longue distance, sans étapes, où le dépassement de soi est plus fort que la compétition. Chaque année, cette course traverse les Etats-Unis d’est en ouest. Soit 4 833 km à parcourir en moins de 288 heures. 12 jours durant lesquels les participants doivent organiser et gérer leur effort et leur sommeil pour avoir une chance de franchir la ligne d’arrivée.
Mais la RAAM est aussi un véritable voyage à vélo qui nous transporte à travers l’Amérique et tout ce qu’elle a de plus mythique. Depuis le départ de Oceanside en Californie, elle traverse l’Arizona, l’Utah, le Colorado, le Kansas, le Missouri, l’Illinois, l’Indiana, l’Ohio, la Virginie, la Pennsylvanie et enfin le Maryland, où la ligne d’arrivée est tracée à Annapolis au bord de l’Atlantique. Dans la chaleur extrême du désert californien, le froid et le dénivelé des Rocheuses et des Appalaches ou les descentes exigeantes comme The Glass Elevator, les coureurs traversent aussi des paysages impressionnants. Réserves indiennes, parcs nationaux, Monument Valley, Grand Canyon, Meteor Crater, fleuve Mississippi, Route 66…
Une course d’une exigence extrême, dont il faut sembler être fou pour y participer. Chaque année en effet, 70% des concurrents sont victimes de déshydratation dès la première semaine. Et 20 % d’œdèmes pulmonaires dès la première moitié de la course. Une épreuve totalement hors-norme, dont certains athlètes deviennent mêmes des cobayes scientifiques. C’est, par exemple, le cas de l’américain David Hasse, sponsorisé par IBM, qui utilise la science dans le but de boucler la course en moins de 9 jours, faisant ainsi de lui un objet d’étude sur l’optimisation de la performance.
Au cœur de l’épopée extraordinaire d’Arnaud Manzanini
Rêves Across America, un récit en caméra embarquée
Après une première participation en équipe, Arnaud Manzanini se lance en 2015 dans une RAMM en solo. Dans ce livre, il nous raconte son épopée, ses péripéties au fil des 12 jours de course et des 72 check-points à valider. Et aborde aussi le parcours, le paysage traversé, la gestion de sa course où chaque étape franchie parait plus difficile que la précédente. Au fur et à mesure des pages, on vit la course au rythme de ses pauses au bord de la route et sur les parkings. On partage les moments de galère mais aussi les moments magiques. Des hauts et des bas entre ivresse, euphorie, extase, sensation de puissance ultime, incidents techniques et envie d’abandon.
« Traverser à nouveau ce pays à vélo, seul cette fois, me permet de le découvrir comme aucun séjour touristique ne pourrait le faire ».
Arnaud Manzanini raconte ses centaines de kilomètres avalés sur les bandes d’arrêts d’urgence d’autoroute, les montées et les descentes, l’enchainement des paysages, les endroits parcourus. Entre décors de film de western et dunes de Star Wars aux réalités américaines plus sévères comme le passage au Check Point de la Border Patrol à la frontière mexicaine.
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Résister à soi-même et aux éléments
Point central du récit, il nous parle aussi de l’importance de la préparation et de la stratégie pour venir à bout d’une telle épreuve. Régime, entrainements, sacrifices. Il lui aura fallu près de 3 ans pour s’aligner sur la course dans une forme optimale.
Mais ce n’est rien par rapport à ce qui attend les participants au cours de l’épreuve.
« Pour survivre, je vais devoir boire vingt litres d’eau par jour », confie-t-il. La gestion de l’alimentation est aussi la clé. Arnaud explique que pour réaliser cet exploit, il doit absorber chaque jour entre 16 000 et 20 000 calories soit… un Big Mac toutes les 30 minutes.
Un véritable exploit au-delà des limites de la santé physique et mentale. « La course est d’abord une course contre soi-même ». Le défi mental consiste à résister à la fatigue, aux hallucinations qui en découlent et qui l’emmènent parfois à la limite de la transe, à rester concentré pour éviter les accidents mais également gérer ses pensées. Côté physique, outre la gestion de l’effort, il faut aussi gérer le sommeil – jamais plus de 3h par jour par microsiestes de 15 minutes – mais aussi les blessures, la douleur et les soins.
« Nous avons parcouru 636 kilomètres depuis le départ et je n’ai dormi qu’une heure quarante-cinq minutes sur les trente-six dernières heures ».
Enfin, l’épreuve est une lutte contre les éléments. Il raconte sa traversée infernale du désert où la chaleur intenable lui fait tester les limites de son corps, le froid extrême aussi dans les montagnes, la pluie, le vent.
Une épreuve en solitaire, mais impossible sans une équipe
Bien qu’il ait réalisé la course en solo et que son seul nom restera gravé au palmarès des finishers, sa performance n’aurait pas été possible sans son entourage. Sa reconnaissance envers son équipe, ses proches, sa compagne est palpable et émouvante.
« Selon moi, la répartition est la suivante : 40% physique, 40% mental, les 20% restants revenant à l’équipe et au talent qu’exige son pilotage ».
Dans Rêves Across America, au-delà de la course, Arnaud évoque sa vie personnelle, son enfance, sa famille, sa scolarité. Il aborde l’origine de sa passion pour le vélo ainsi que ses expériences cyclistes. De son premier club à sa 12ème place sur les championnats de France amateurs, mais aussi les sacrifices et l’excès d’entrainement qui le fait passer à côté d’une carrière professionnelle.
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