À l’occasion de la Race Across Paris, nous avons discuté avec Noémie, en charge de la partie communication et marketing de l’événement. Avec des origines qui remontent au Grand Tour Paris en 2019, la Race Across Paris est bien plus que la petite sœur de la Race Across France. Cet événement d’ultra distance, qui aura lieu du 28 avril au 1er mai 2022, fera la part belle à la région Île-de-France et mettra en avant tous les plus beaux monuments de la capitale. Un tracé qui promet aux coureurs à la fois des étoiles dans les yeux et des crampes dans les mollets.

La Race Across Paris, une course d’ultradistance pour s’initier à la pratique

  1. Pouvez-vous nous parler de l’événement ? Pourquoi ce désir de décliner la Race Across France qui proposait déjà un parcours de 300 km notamment ?

Pour faire un historique de la course, en 2019, Arnaud (Manzanini, créateur de la Race Across France et de Race Across Paris, ndlr) et l’équipe d’organisation de l’époque avaient créé la Race Across Île-de-France. Arnaud a également été un des cofondateurs de Grand Tour Paris. C’était une épreuve d’ultradistance en Île-de-France qui faisait 500 km. C’étaient les prémices de la Race Across Paris (RAP) avec une épreuve plus accessible pour développer la pratique de l’ultradistance dans cette région. Relancer la RAP cette année vient aussi de la Race Across France (RAF), épreuve majeure en termes d’ultra en France. C’est d’ailleurs la course avec le plus d’inscrits au niveau mondial, on est à plus de 1000 participants sur cette épreuve.

L’idée était de permettre aux coureurs de se préparer avec une épreuve qui arrive assez tôt dans le calendrier, fin avril. C’est un peu une épreuve d’ouverture de saison sur de l’ultradistance avec des distances et des dénivelés plutôt accessibles et des parcours roulants (par rapport à la RAF). L’idée était vraiment de créer une plateforme d’entraînement pour les coureurs qui veulent aller tenter la RAF. Mais aussi avoir une épreuve en Île-de-France puisqu’on connaît déjà le terrain, les beaux itinéraires et la possibilité de faire un parcours de 1000 km sans être sur des routes redondantes. Avoir la nature aux portes de Paris, c’était aussi un pari de proposer ça aux participants.

A la découverte des lieux mythiques de Paris et de la région parisienne

Passage devant le Musée du Louvre

Crédit photo : Quentin Iglesis

  1. Et pourquoi avoir choisi l’Île-de-France d’ailleurs ?

L’ïle-de-France est une terre de vélo avec une grande communauté de cyclistes. C’est également pratique pour y venir. On se base à Chantilly qui reste assez accessible comme ville avec la possibilité de passer dans des lieux mythiques dans la ville de Paris. Ces lieux peuvent intriguer ou rendre curieux des internationaux qui viennent vivre des moments magiques de nuit avec les plus beaux monuments de Paris notamment.

  1. Tous vos parcours font une boucle, ce qui rend le parcours en termes de logistiques et d’organisation pour les participants.

C’est aussi l’intérêt de cette épreuve pour des participants qui voudraient se lancer dans l’ultradistance. Le principe de boucle est moins compliqué que des traversées de pays comme on le propose sur la Race Across France ou la Race Across UK. De plus, on a un format “semi supported” avec de l’assistance sur notre base de vie uniquement. Cela peut rassurer des participants qui viennent pour la première fois sur des épreuves de longue distance. Ils peuvent donc être ravitaillés sur nos checkpoints. On a, en fait, 3 boucles.

Concrètement, ceux qui font le parcours de 1000 km vont d’abord faire la grande boucle de 500 km en autonomie avant de repasser sur la base de vie de Chantilly. Ils vont enchaîner avec la boucle de 200 km qui remonte vers Compiègne au nord, puis Chantilly. Ils terminent par la boucle de 300 km qui les emmène dans le Vexin, dans Paris puis à nouveau Chantilly.

Passage en forêt de Compiègne pour la Race Across Paris

Forêt de Compiègne / Crédit photo : Quentin Iglesis

Un itinéraire dans la circulation ouverte avec des voies cyclables et du dénivelé

  1. Comment trouver suffisamment de dénivelé en Île-de-France, dans une région réputée plutôt plate ? Le parcours de 1000 km présente un dénivelé positif de 6400 mètres.

La majorité du dénivelé est du côté de la vallée de Chevreuse où ça monte assez vite. On fait passer les coureurs dans des endroits où il y a pas mal de bosses. Il y en a aussi du côté du Vexin. La boucle de 500 km présente déjà 3500 D+, et c’est la boucle qui passe par Chevreuse et le Vexin. Ça monte aussi pas mal tout à l’est vers Coulommiers.

  1. Comment gérer les risques d’une course avec circulation ouverte ? En particulier le passage en plein cœur de Paris, comment on gère ça ?

C’est un point sur lequel on est vigilant et qui est important pour tout organisateur de courses. Le 1er élément de réponse, c’est que le départ des coureurs va leur permettre d’arriver dans Paris à des moments où la circulation est assez faible. On a calculé approximativement, ils devraient arriver à Paris soit en fin de soirée, soit au petit matin. Ça permet d’être sur des plages horaires où il y a très peu de circulation. Et surtout, on a travaillé le tracé pour les faire circuler sur les voies cyclables de Paris. On emprunte toutes les voies cyclables le long de la Seine, la voie qui va jusqu’au Louvre, etc. Ce sont des itinéraires balisés, protégés et qui sont en plus entretenus.

On a aussi un nombre de coureurs assez limité sans phénomène de peloton avec des passages un par un. Donc, pour nous, Paris n’est pas un endroit majeur en termes de risque tant avec des arrivées dans Paris à des horaires plutôt adaptés et des itinéraires cyclables protégés.

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Une course encadrée par une équipe de bénévoles au service des coureurs

  1. Combien de personnes sont nécessaires durant les épreuves pour accompagner et encadrer la course ?

Nous avons plusieurs missions qui sont proposées à la vingtaine de personnes qui compose l’équipe de volontaires. Ces volontaires peuvent être sur site ou derrière leur écran pour veiller au suivi live afin de détecter toute anomalie de déplacement.

On travaille avec Komoot, notre partenaire officiel sur l’ensemble de nos événements de cette année. Les participants ont déjà le tracé et peuvent le connecter à leur GPS. On leur fournit une puce GPS pour avoir leur position en temps réel

Cette année, on aura également un système de détection à différentes échelles, similaire à ce que fait l’UTMB sur leurs trails, avec système d’alerte en cas d’anomalie. Le suivi GPS est, donc, aussi une mission de la team de bénévoles qu’on a pour nous aider sur l’organisation.

La Race Across Paris vers l'Arc de Triomphe

Crédit photo : Quentin Iglesis

En équipes ou en solo, une course en semi-autonomie

  1. Parlez-nous des différentes manières de participer à la course ? En quoi consiste l’inscription par équipes notamment ?

On peut donc participer à la Race Across Paris en solo, on démarre et on va jusqu’au bout seul. On peut également participer par équipes. En duos ou par équipes de 4. L’idée est de partir ensemble et d’arriver ensemble.

Il y a une notion de relais mais on part ensemble, on arrive ensemble contrairement à une épreuve avec assistance. La Race Across France, par exemple, permet un relais des coureurs avec une voiture suiveuse. Ici, quand on parle de “relais”, c’est plus en termes d’aspiration qu’on peut se relayer entre celui qui est au vent et celui qui est derrière.

L’ultradistance à vélo, une discipline qui fait de plus en plus parler d’elle

Les conseils de l’organisation pour se lancer dans l’ultracyclisme

  1. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient tenter l’aventure et n’ayant jamais fait d’ultra ?
  • Matériel : Le plus important est d’avoir une parfaite connaissance de son vélo et de tous les périphériques. L’idéal serait de savoir démonter et remonter son vélo afin de partir en toute confiance face au moindre problème mécanique.
  • Physique et mental : L’élément clé pour une bonne préparation c’est de rouler, rouler le plus possible et avaler des kilomètres afin de s’habituer. Le corps et l’esprit vont prendre des repères, envoyer des signaux qu’on apprend à détecter , analyser et utiliser pour aller au bout de l’aventure. Dans la préparation physique, la nutrition est aussi un élément important pour ne pas subir et continuer à apprécier le moment.
  • Stratégie : il faut également mettre une stratégie en place et ne pas se laisser emporter par ses emotions. Elles peuvent jouer des tours avec la fatigue menée à l’euphorie. Repérer les endroits pour optimiser ses pauses et surtout rester le plus longtemps sur le vélo.

Le point le plus important pendant une épreuve est d’écouter son corps et de savourer chaque instant de liberté seul avec soi ou son équipier, qu’offrent les épreuves d’ultra distance comme nous les organisons.

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Race Across Paris, un événement parmi d’autres favorisant la démocratisation de l’ultra

  1. Que pensez-vous de la démocratisation des courses d’ultra depuis quelques années en France ? Avec en tête la Race Across France, le Biking Man ou encore le GravelMan qui présente un parcours de plus de 300 km en gravel.

Pour nous, c’est une très bonne chose. En tant qu’organisateurs de courses, on voit un engouement pour la pratique de l’ultradistance. Tout ce qu’on fait va dans le sens de rendre la pratique plus accessible. Les partenariats qu’on noue, le développement de nos événements vont dans le sens de montrer que l’ultradistance est un peu une étape d’après quand on aime le vélo ou qu’on est déjà dans le trail ou l’ultra sur d’autres disciplines. C’est une pratique qui est difficile mais qui est à tenter et qui, avec la bonne préparation, est accessible.

Pour nous, c’est une bonne chose de rendre la pratique plus visible. On a un rôle à jouer dans la dimension pédagogique et éducative des cyclistes et des autres pratiquants. Notamment les conseils avant de commencer, les erreurs à éviter pour ne pas être dégoûté de la discipline. C’est aussi à nous, organisateurs d’événements, de faire cette démarche-là, accompagnés de nos partenaires pour toujours plus valoriser cette discipline qui nous apporte des émotions fortes et intenses.

Une discipline qui attire des personnalités du monde du cyclisme

  1. Tu parlais de notoriété de la discipline. Est-ce que vous avez des cyclistes professionnels ou du moins chevronnés qui veulent participer aux courses pour se frotter à l’ultra ?

Je ne peux pas encore donner le nom mais on va effectivement avoir un coureur qui sort tout juste du peloton. Il est dans sa première année de retraite et va s’aligner sur le 2500 km de la Race Across France mais on n’a pas encore annoncé sa participation. Ça va être un beau challenge pour lui cette distance sans peloton autour. On a aussi Mike Egger (@mikemono), un cycliste allemand très suivi, qui a fait beaucoup de courses. Il va participer aux 500 km de Paris pour se préparer aux 1000 km de la RAF. C’est notre tête d’affiche sur Paris.

Nous avons eu, par le passé, de grands champions qui ont participé. Certains sont devenus finisher et d’autres ont connu l’abandon… Parmi les anciens coureurs, on a eu notamment Eric Leblacher, ancien cycliste pro, qui a fait plusieurs fois la Race Across France.

Quand on voit que des pros s’intéressent à la discipline et viennent tester leurs limites sur ce type de distances, ça intrigue et ça interpelle, notamment les médias. Ça apporte de la visibilité aussi parce que ces cyclistes sont suivis par des marques. Ce qu’on aime montrer aussi sur nos courses, c’est que ce sont majoritairement des personnes ordinaires qui réalisent de l’ultra ordinaire. C’est ce qui est important dans l’ADN de l’événement, des personnes ordinaires qui réalisent ce genre de défis hors du commun. C’est un mélange de profils très intéressant.

La Race Across Paris à Fontainebleau

Crédit photo : Quentin Iglesis

Et les autres Race Across ?

  1. Peut-on s’attendre à de nouvelles Race Across dans le futur ?

La Race Across UK, c’est une création d’événement par notre équipe. La Race Across Paris aussi, basée sur de l’historique (Race Across Île-de-France, ndlr). On a également la Race Across Belgium qu’on a co-organisée l’année dernière avec un organisateur belge. Cette année, nous reprenons entièrement l’organisation, avec un nouveau parcours qui permettra de rouler toutes les classiques belges.

  1. Avez-vous déjà défini le parcours de la Race Across France en juin ? Et avez-vous des détails du parcours ?

Le parcours est déjà défini. On fait l’inverse des quatre premières éditions avec un court passage en Bretagne en plus. Les participants vont partir du Touquet et arriver à Mandelieu-la-Napoule. Tous les participants vont arriver à Mandelieu, il va y avoir une belle fête des finishers à Mandelieu. C’est différent des années précédentes où il y avait un seul départ et 4 arrivées différentes, là c’est 4 départs et une arrivée commune.

Le 2500 km part donc du Touquet, le 1000 km de Megève, le 500 km part de St-Jean-en-Royans et le 300 part de Mormoiron au pied du Ventoux.

  1. On garde donc les cols pour la fin…

Exactement, mais on a fait des prédictions. On s’attend à rester dans les mêmes temps parce qu’ils vont certainement rouler fort au début vu que c’est plus roulant et ça va se corser sur la fin. 

Affaire à suivre donc…

À propos de l’auteur : Quentin C

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