Après un début d’année mouvementé par la crise sanitaire, qui a semble-t-il accéléré de nombreux changements, la rentrée était attendue par de nombreux observateurs. Et particulièrement dans le milieu du vélo, devenu geste barrière comme un symbole. En ce début d’automne, elle nous donne en effet un bon indicateur de l’état de la pratique du vélo en France. Avancement des aménagements et du Plan vélo, évolution du nombre de pratiquants… On fait le point sur les chiffres clés du vélo.
L’Insee, un premier indicateur cyclable à l’été 2020
Des chiffres difficilement interprétables
L’Institut national de la statistique et des études économiques a publié le 29 juin 2020 des données intéressantes sur l’usage du vélo en France. Récoltées à partir du recensement national de la population sur la période 2015-2020, ces données et ce qu’elle indiquent sont toutefois à prendre avec des pincettes. D’une part en effet, elles ne tiennent compte uniquement des déplacements domicile-travail et ne concernent donc qu’une partie de la population adulte active. D’autre part, une marge d’erreur doit être prise en compte dans les déclarations des interrogés. À noter également que ces chiffres sont une moyenne et valent pour l’année 2017. Pour connaître les chiffres de l’année 2020 et l’influence de la crise sanitaire, il faudra donc attendre la publication des chiffres en 2023.
Le vélotaf encore peu répandu en France
Sur les quelques 27 millions d’actifs de plus de 15 ans interrogés, le vélo – y compris à assistance électrique – est le mode de transport principal pour 2,1%. La capitale compte le plus de vélotaffeurs. Avec près de 100 000 cyclistes qui ont fait de la bicyclette leur moyen de transport principal. Suivent les métropoles de Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse, Grenoble et Nantes en termes de nombre d’usagers.
C’est peu d’évolution par rapport aux chiffres publiés en 2015. Il y avait, selon les chiffres publiés en 2015 par l’INSEE, 1,9% de vélotafeurs en France.
En termes de part modale en revanche – la proportion des cyclistes par rapport aux autres moyens de transport – l’Eurométropole de Strasbourg reste en tête du classement avec presque 12%. Grenoble et Bordeaux complètent le podium. Si le vélo est surtout un moyen de déplacement privilégié dans les grandes métropoles, on y apprend toutefois qu’il est aussi utilisé dans les villes plus petites, même en Outre-Mer. Dans la Communauté de communes de l’Est guyanais par exemple, le vélo dépasse les 10% de part modale.
À l’échelle des métropoles, les parts modales restent impressionnantes dans les villes les plus dynamiques, mais on voit bien qu’une généralisation du retour du vélo à l’ensemble des métropoles est erronée. pic.twitter.com/CMOVkLpQ9I
— Robin Puchaczewski 🚲 (@R_Pucha) July 31, 2020
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Vélo & territoire et chiffre clé du vélo : hausse partout en France
Très engagée dans la dynamique cyclable en France, l’association Vélo & Territoires nous apporte également des indicateurs tout aussi intéressants.
Post Covid-19, l’usage du vélo à la hausse en ville et sur les pistes
Premier constat, les pistes cyclables et véloroutes françaises ont enregistré des fréquentations record. Un signe de l’essor de la bicyclette depuis la sortie du confinement. À l’échelle nationale, l’association a relevé une augmentation moyenne de 32% des passages journalier de mai à août 2020 par rapport à la même période en 2019. Une progression que l’on doit avant tout aux habitants des milieux urbains. Avec une augmentation du trafic de 36% dans les villes. Dans la seule ville de Paris, la pratique explose, avec 71% de passages supplémentaires comptabilisés par rapport à 2019.
Mais la dynamique est également suivie en milieu périurbain (+23%) et rural (+21%). La progression pratique ne se limite au déplacements quotidiens et au vélotaf, mais concerne également le loisir. Le nombre de passage relevé par l’association montre en effet une augmentation plus importante en week-end (+49%) qu’en semaine (+26%).
Une accélération des aménagements cyclables depuis mai 2020
En ce qui concerne les infrastructures cyclables, 566 km de coronapistes et d’aménagements de transition ont été réalisés depuis le 11 mai 2020. Et 484 km supplémentaires sont d’ores et déjà en projet. Vélo & Territoire nous apprend également que la France est le pays européen ayant pris le plus de mesures cyclables suite au Covid-19. Aux quatre coins du pays, plus d’une centaine de collectivités sont se sont à ce jour engagées dans la réalisation d’aménagements cyclables de transition.
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Ce qui nous amène à un second constat. Lorsque l’État et les collectivité œuvrent pour proposer des infrastructures cyclables adaptées comme une réelle solution alternative, la pratique prend de l’ampleur, et les cyclistes se multiplient. Le retard cyclable de la France est encore conséquent par rapport à certains de nos voisins européens. Mais l’Hexagone semble avoir pris le train en route pour de bon.
Finalement, le principal enseignement de ce bilan de l’automne 2020, c’est que la pandémie a mis un sacré coup d’accélérateur au Plan vélo 2018. Qui, on le rappelle, prévoit d’atteindre 9% de part modale du vélo en 2024.
[article publié le 30 avril 2014 et mis à jour le 7 octobre 2020]