05 octobre. Alors que l’automne pointe le bout de son nez, un troupeau de 260 cyclistes quitte le stade vélodrome de Marseille pour tenter de rejoindre Naples sur 1300 kilomètres. En quête de soleil et d’échappatoire à cette saison humide pour sur, mais également en quête d’aventure et de dépassement de soi pour le plus grand nombre.

Le 5 octobre, c’était le départ de la 1ère édition de la course d’ultra cyclisme : Marseille – Napoli. 

 

Couché de soleil Niçois

 

Marseille Napoli: 1ère édition

 

Les courses d’ultra cyclisme fleurissent, comme les bourgeons du printemps. Cette discipline attire de plus en plus de monde, et de nombreuses nouvelles courses apparaissent dans le paysage des deux roues. C’est le cas de Marseille Napoli, qui peut se targuer de réunir 260 passionnés dès la première édition. Une communication bien léchée, La traversée d’une partie de l’Italie, quelques passages emblématiques sur le chemin, il n’en fallait pas plus attiser la curiosité de la communauté.

 

Les villes de Marseille et Naples ont de nombreux points communs. Des villes intenses, bouillonnantes et extrêmement vivantes. Des villes où circuler à vélo est une aventure en tant que telle. Rester attentif, se faufiler entre voiture et scooter au rythme des klaxons. Cette aventure prenant des airs de danse urbaine. Le décor est planté. 

 

Pour rejoindre la ligne d’arrivée, il faudra rouler 1300 kilomètres et 16000m de dénivelé positif durant sept jours maximum en suivant le tracé imposé par l’organisation. Les premiers arriveront au bout de deux jours et demi en ne dormant pas plus d’une heure. Les derniers prendront les sept jours impartis, arrivant durant la “fête des finishers”. Ils seront acclamés chaudement. Peu importe le rythme, l’objectif est le même pour tous: Le plaisir de dévorer une pizza napolitaine à l’arrivée. Un petit bonheur qui prend de l’épaisseur quand le chemin fut si long pour l’atteindre.

 

Le point matériel

Chacun s’équipe différemment. La différence se joue principalement sur le poids. Il y a la catégorie des cyclistes ultra légers jouant la gagne. On les reconnaît par un vélo minimaliste, on pourrait croire qu’ils partent pour une journée de vélo. Privilégiant les repos en ‘dur’ à l’hôtel, ou une sieste de quelques minutes à même le sol au bord de la route. 

L’autre catégorie sera davantage en format voyage mais light. Ils partiront avec un peu plus d’équipement, avec le nécessaire pour dormir dehors. Loin de jouer la gagne et appréciant les nuits dehors, je fais partie de cette deuxième catégorie.

 

Le vélo : Le croix morand de chez Distance. En acier, lourd mais confortable. Un bon compagnon de voyage.

Les roues: Fulcrum Lite ER

Transmission : Un mono plateau 40, avec une cassette 11-48. De quoi grimper aux arbres.

Pneu : Pneu gravel de 35 mm plutôt slick. Les gravel king de PANARACER Pas trop gros pour avancer sur la route, pas trop fin pour être confort sur la monture.

Selle : Brooks C17. Un allié de taille sur ce genre d’épreuve ! 

Prolongateur rehaussé : Profil design rehausseur 5 cm. Indispensable sur ce genre d’aventure. Ça permet de varier les postures quand on reste entre 12 et 16 h sur le vélo par jour

Une sacoche de selle Artefact (Ex La virgule) : J’y range une tenue de rechange, une petite doudoune, et ma housse de transport pour le retour, des tongs et mon matelas gonflable de chez Nemo (pas plus grand que la taille de ma main!)

Une sacoche de cadre : J’y mets une lampe frontale, une batterie externe, quelques trucs à grignoter, une pompe et une chambre à air.

Deux “food pouch” : Avec plein de choses à grignoter.

A l’avant, un sac étanche avec mon duvet 0°, que j’attache avec des liens fixplus.

Une fixation lampe frontale (Stoots Opalo 3) pour m’éclairer durant la nuit

 

L’équipement est minimal pour ce genre d’épreuve. Il faut trouver le bon équilibre entre confort et légèreté sur les quatre à cinq jours d’épreuve. Je dois être à 17 kg au total vélo compris (il pèse son poids!). L’équipement est suffisant pour dormir à la belle étoile. Les températures ne sont pas encore trop froides à cette période dans ces coins de France et d’Italie, et en cas de pluie, on trouvera un abri pour les quelques heures de sommeil. Pour la nourriture, on trouvera tout ce qu’il nous faut le long du chemin. Nous partons donc sans réchaud. Et chanceux que nous sommes, il y aurait même tout ce qu’il faut pour se régaler. Voyager en Italie est un véritable plaisir gustatif. 

 

L’itinéraire

 

Certaines courses proposent un itinéraire fixe à suivre, quand d’autres proposent des checkpoint imposés puis un tracé libre.  Sur cet événement, il faut suivre l’itinéraire imposé par l’organisation qui passe par plusieurs points marquants, au départ de l’emblématique Stade Vélodrome à Marseille pour arriver au Bicycle House, plaque tournante du vélo Napolitain.

 

  • Le col de la Gineste
  • Le col de Turini
  • San Remo
  • Les cinques Terres
  • Les pistes blanches de Toscane
  • Le Vésuve

Plan de la course avec la Toscane en fond

 

La première partie de l’itinéraire longe la côte méditerranéenne, avec un premier écart en France par le Col de Turini, au début du massif du Mercantour, pour rejoindre rapidement à Menton la Méditerranée de nouveau. On continue de la longer un long moment puis, un peu avant Pise, l’on s’enfonce dans les terres en Toscane en direction de Sienne et de la Strade Bianchi (piste blanche reconnue dans cette zone). L’ensemble des participants viseront le Vésuve, volcan qui longe la baie de Naples. Avant de redescendre à toute vitesse sur l’arrivée.

 

 

 

Une course d’ultra cyclisme en duo

 

Comme de nombreuses courses maintenant, il est possible de s’inscrire en solo ou en duo. Mi-mai, je reçois un message d’Antoine, ami rencontré sur la Désertus-Bikus avec qui on partage de chouettes aventures: “Marseille Napoli en duo, ça te dit?”. Je n’ai pas hésité une seconde pour me lancer dans cette aventure ensemble. Nous avons  roulé de nombreuses fois ensemble, je n’ai aucun doute sur notre capacité à faire un bon duo. Me lancer dans ce genre de course en équipe m’intéresse et m’intrigue.

L’ultra est une épreuve très individuelle par essence. La difficulté, la fatigue, le rythme.. Ces facteurs semblent faire qu’il est plus facile de gérer ces paramètres en solitaire.  Se lancer en duo, c’est se confronter à des différences de ressenti à chaque instant, demandant une adaptation et renforçant les liens. C’est ce que je viens chercher. Je suis curieux de ça, curieux de voir comment nous réagirons. Curieux de confronter notre amitié à cette expérience là.

 

C’est à 10h le dimanche qu’on se lance ensemble, nous deux et les autres sur cette nouvelle expérience, depuis le stade vélodrome où l’on s’est tous et toutes réunis. Antoine m’a rejoint quelques minutes avant pour un café et un petit déjeuner, sous le soleil Marseillais, qui ne nous quittera pas de toute la course. On reconnaît des visages familiers, rencontrés lors des précédents événements, ou tout juste la veille pour le briefing et la soirée pizza. Si ce genre d’événement plaît autant, c’est bien sûr pour le voyage et le dépassement de soi, mais aussi et surtout pour ces rencontres. Partager la souffrance et l’euphorie avec d’autres passionnés, ça crée du lien. L’aspect communautaire est très fort dans le vélo.

 

Les premiers participants ont quitté le vélodrome une heure plus tôt déjà, trois départs différés pour éviter tout accident avec cette masse de 260 cyclistes. Les premiers coups de pédale nous amènent vite au col de la gineste, où l’on peut admirer le parc naturel des calanques. On poursuit direction Nice pour les 200 premiers kilomètres. Le vent dans le dos, on ne pouvait espérer une première partie de journée si rapide. On prend plaisir à regarder sur notre droite la méditerranée, la pierre orangée du massif d’Esterel sur notre gauche. L’arrivée à Nice pour le dîner est magnifique, avec un coucher de soleil à couper le souffle. Il en sera de même durant tout notre périple. A 18 heures à Nice, on fonce vers le premier supermarché pour se ravitailler, à déambuler hagards dans les rayons du supermarché. C’est un signe distinctif à tout ultra cycliste. Être perdu dans un supermarché, en manque de lucidité, ne sachant quoi manger devant l’offre importante qui se présente devant nous.

 

L’ultra commence là, avec les premiers tours de roue sans la lumière du jour en quittant Nice. On se lance à l’assaut du Col de Turini, plus grosse ascension de la course. Trois heures trente d’effort éclairées par la pleine lune, à écouter le brame du cerf. Rouler de nuit peut paraître inintéressant. Et pourtant, on y retrouve une saveur particulière. Le calme, l’attention portée sur chaque bruit, les reliefs de la montagne, les étoiles. J’aperçois la 1ère étoile filante de la course. La vue s’habitue petit à petit à l’obscurité. Au passage du col, on affronte la fraîcheur en descendant pour s’abriter du froid à Sospel, et y passer notre première nuit à la belle étoile. Sans même trop chercher, on tombe sur un toilette et un lavabo. C’est un confort suffisant, et inestimable. On s’endort à 1h30, chanceux d’avoir trouvé par hasard ce spot là. 

 

La journée commence par un café / petit déjeuner à Sospel. Dernier moment en France avant de rejoindre l’Italie depuis Menton, à la frontière. On longera un long moment la côte jusqu’à Gênes. La route est chargée, on s’habitue à se faire doubler par de nombreuses voitures. Heureusement, on (re)découvre les joies de l’Italie. Avec nos premiers “Ristretto”.

 

La café matinal, rituel de chaque nouvelle journée

 

Ruelle d’un petit village proche de la frontière Italienne

Route du massif de l’Esterel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En fin de journée, on traverse Gênes. Deux heures intenses qui en paraissent quatre dans un énorme trafic, à se faufiler entre les automobilistes. Un petit groupe se forme sur la fin de journée. Cassandre, Théo, Damien et nous deux. C’est agréable, on discute et le temps passe rapidement. On pousse jusqu’à minuit jusqu’à trouver notre spot de bivouac. Une ancienne école désaffectée avec juste la place pour poser 5 matelas au sol. Idéal (L’idéal est tout relatif dans le contexte d’un ultra…un simple terrain plat et sec devient vite une espace luxueux..)

 

Après une journée à longer la côte assez peu agréable, le troisième jour commence sur les chapeaux de roues. On a le droit au début des Cinque Terre au lever de soleil. Et qu’on se le dise.. C’est absolument magique ! Des couleurs roses, la lune pleine, la mer, on en prend plein les mirettes jusqu’à la première ville pour notre première pause petit déjeuner.

 

Coucher de soleil Italien

 

En ultra, chaque pause est « timée », attendue et salvatrice. L’occasion de se régénérer en mangeant, et de couper un peu mentalement. Elles sont peu nombreuses, il faut en profiter ! On trouve notre rythme et nos habitudes avec Antoine. Il roule plus vite que moi, mais aime faire plus de pause. On s’adapte, on trouve l’équilibre qui nous va bien tous les deux. Petit à petit, on enchaîne les sessions de 4 à 5 heures à rouler, et des pauses agréables et organisées.  On terminera la journée avec Félix qui nous a rattrapés, un peu après Sienne en Toscane par de magnifique couleur sur les oliviers. Les paysages ont changé, on a quitté la mer. 

 

Les Cinque Terre / © Martin Mocquart

 

Petit port de pêche Italien / © Martin Mocquart

 

Le jour 4 commencera comme le jour 3, par un lever de soleil grandiose sur la Strada Bianchi. Rouler au sud à cette période de l’année est un cadeau. Nous sommes chanceux d’être là par cette météo. Le premier petit déjeuner est une nouvelle fois très agréable. Un petit troquet d’une zone industrielle, on découvre le rituel des habitants du coin. Tout le monde arrive en même temps pour prendre un shot de café au comptoir, pour repartir dans la foulée démarrer sa journée de travail. C’est le genre de moment qu’on aime en voyage. La journée sera chaude et belle dans les terres de Toscane. On roule bien, on se laisse même le temps de se baigner dans le grand lac volcanique de Bolsena. Notre fin de journée est plus décousue, on a de la difficulté à trouver le bon endroit pour dormir et il est déjà 23 heures. On trouve un petit parc dans la ville, jonché de déchets et avec plusieurs personnes qui squattent dans les rues. Pas bien rassurés mais fatigués et sans autres options à proximité, on dormira tous finalement sans problème.

 

Au petit matin, on retrouve Théo que l’on n’avait plus vu depuis 2 jours. Il semble clair qu’on arrivera ensemble à l’arrivée. La question du jour se pose. Arriver le soir même à Naples ou prendre l’apéro sur le Vésuve, et de profiter du lever de soleil le jour suivant pour clôturer la course.(Ce qui permet d’économiser par ailleurs aussi une nuit d’hôtel). Le choix est vite fait. La décision est dans la continuité de nos intentions. On ne fait pas la course. La journée est chaude une fois de plus et identique aux précédentes. On roule encore et toujours. Être à 4 n’est pas toujours facile dans les prises de décisions, le ton monte parfois mais on s’accommode. On arrive à 23 heures en haut du Vésuve pour poser le dernier bivouac. Dans nos têtes, la course est terminée. On est heureux et soulagés. On célèbre ensemble avec une bière achetée sur le chemin. Naples en visu, toute illuminée. 

 

Antoine & moi sur le mont Vésuve surplombant Naples / © Martin Mocquart

Le camino à toute vitesse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au réveil, on retrouve d’autres copains qui ont roulé toute la nuit. Les couleurs du lever sont belles. Le dernier défi est de traverser la dense ville de Naples. Le trafic est intense à cette heure de la journée, j’ai le sentiment de me retrouver dans une grosse ville asiatique entre scooter et voiture. Ca y est, nous y sommes arrivés ! On célèbre notre arrivée au Bicycle house avec un gros petit déjeuner et un énième ‘dopio ristretto’ . Le pied ! Quatre jours et 23 heures pour relier Marseille à Naples.

 

Nous visiterons la belle ville de Naples, et dégusterons les nombreuses spécialités jusqu’à la Finisher Party le samedi soir. Fin d’une prometteuse première édition. 

Une petite glace pour la route ?

 

Maintenant, place à une journée de train pour rentrer. 80% des émissions de Co2 des événements est issus des déplacements des participants. Rentrer en train sur des événements si proche est une évidence.

 

Marseille–Napoli s’achève, mais l’envie de repartir ne fait que grandir.
Vous pouvez retrouver la suite de mes aventures sur Instagram : @nicolas_leroux_outdoor

 

Crédits photo : Nicolas Leroux & Martin Mocquart

À propos de l’auteur : Nicolas Leroux

Nicolas Leroux, un micro-aventurier à vélo, parcourt la France dans le cadre d'un tour à vélo, dormant en bivouac entre les étapes de son voyage. Passionné de cyclisme et d'aventure en plein air, il incarne un mode de vie nomade. En outre, Nicolas promeut son mode de vie inspirant sur les réseaux sociaux pour encourager un style de vie respectueux de l'environnement.

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