Début avril, j’ai traversé l’Espagne à vélo. Du Pays-Basque français jusqu’au Sud-ouest de l’europe, plus précisément Setubal au Portugal. Cette traversée, je l’ai réalisée dans le cadre de la course d’ultra cyclisme Desertus Bikus. Cette épreuve est un hommage aux premiers aventuriers du Rallye-Raid Paris/Dakar des années 80. Je profite de cette article pour vous raconter cette folle aventure. Intense, dans tous les sens du terme.

Installez-vous, c’est parti !

un cycliste sur une route en lacets au départ de la desertus bikus

La Desertus Bikus, une course d’ultra cyclisme

C’était la troisième édition de cet événement cycliste. Cette année, il regroupait 300 cyclistes

L’objectif ? La traversée intégrale de l’Espagne. Avec quelques règles, la faire en moins de sept jours en reliant les sept checkpoint obligatoires imposés et reconnus par Yvan, l’organisateur. Chacun est libre de prendre la trace qu’il souhaite entre chaque checkpoint, ça fait la particularité de cette course. Ça crée le charme de cet événement, les trois cents participants qui se divisent dès le début pour se retrouver… à l’arrivée au plus tard. Pour toutes et tous, le parcours fera environ 1400 kilomètres pour 12000 m de dénivelé positif.  C’est pourquoi on appelle cela “ultra-cyclisme”. Mais à chacun son rythme, à chacun son objectif. Les meilleures mettront 2 jours de demi, quand d’autres prendront tout le temps imparti soit sept jours. Deux styles, deux voyages. Ces checkpoints, lieux somptueux, sont placés dans des déserts d’Espagne. Le nom de cette course n’est pas un hasard.

Le départ est lancé le samedi à 00 h 01. Trois cents cyclistes, des étoiles, des loupiotes, un DJ. Ambiance.

C’est parti pour plusieurs centaines de kilomètres à la découverte de ce pays qui m’est inconnu.

 

 

Un cycliste pédale dans le désert des Bardenas en Espagne.

Quel équipement pour une course vélo dans le désert ?

Avant de prendre le départ, il y a une phase de préparation physique et matériel. Réfléchir à son “ set-up ” est une mission à part entière. Trouver le bon équilibre entre légèreté et confort. Légèreté pour avancer vite et fort. Confort pour tenir sept jours en autonomie. Des dizaines de questions se posent. Quelle section de pneu utiliser ? Est-ce que j’emmène ma tente ? Mon réchaud ? Quels vêtements apporter ? 

J’ai appris seulement sept jours avant le départ ma participation à l’épreuve. Je n’ai pas eu le temps de me poser trop de questions. En synthèse, quelques détails de mon vélo, utile pour cette pratique.

  • Le vélo : le croix morand de chez Distance. En acier, un bon compagnon de voyage.
  • Transmission : un mono plateau 40, avec une cassette 11-48. De quoi grimper aux arbres.
  • Pneu : Pneu gravel de 35 mm plutôt slick. G-ONE RS SCHWALBE 700 TUBELESS EASY ( cycletyres.fr). Pas trop gros pour avancer sur la route, pas trop fin pour être confort sur la monture. Si vous hésitez sur l’équipement de votre gravel, n’hésitez pas à consulter cet article sur Tubeless Ou Chambre À Air Gravel : Que Choisir ?
  • Selle : Brooks C17. Un allié de taille sur ce genre d’épreuve ! 
  • Prolongateur rehaussé : Profil design rehausseur 5 cm. Indispensable sur ce genre d’aventure. Ça permet de varier les postures quand on reste entre 12 et 16 h sur le vélo par jour
  • Une sacoche de selle La virgule : j’y range une tenue de rechange, une petite doudoune, et ma housse de transport pour le retour.
  • Une sacoche de cadre : j’y mets une lampe frontale, une batterie externe, quelques trucs à grignoter. 
  • Deux “food pouch” : une avec une gourde 50 ml, une autres avec des choses à grignoter
  • À l’avant : mon duvet.
  • Sur la fourche, avec le système Fixplus : mon matelas. ( lecyclo.com

J’ai fait le choix de partir sans tente car la météo était annoncée bonne, et que ça demande de l’énergie de démonter et de monter sa tente, dans ce genre d’épreuve. Je n’ai pas amené de réchaud non plus. Pour la même raison. On trouve d’autant plus en Espagne de la nourriture bon marché, disponible à chaque café. 

Dormir dehors et être autonome fait partie de ma philosophie du voyage, j’étais donc un peu plus chargé que d’autres. Pas d’hôtel, et du bivouac, pour être dehors, proche des éléments.

Un vélo gravel équipéé avec des sacoches de bikepacking pour une la course de vélo Desertus Bikus en Espagne.

 

Le choix de l’itinéraire vélo pour la Desertus Bikus

 

Le départ de la course est à Hasparren en France, l’arrivée à Setubal au Portugal. Entre deux, les checkpoints : 

  1. Le désert des Bardenas
  2. L’alti Tajo
  3. Ruta de Las Caras
  4. Barrancas de Burujon
  5. Sancti Spiritus
  6. Cogolludo
  7. Comporta galé

Pour relier tous ces points, j’utilise l’application Komoot qui permet de planifier un itinéraire, et d’en donner le nombre de kilomètres et le dénivelé. Je peux choisir si je souhaite passer sur de la route ou du petit chemin. Pour cette épreuve, je ferais 15 % de gravel pour 85 % de route. L’idée est d’avancer. Par contre, j’accepte de passer par la montagne. Ça rajoute du dénivelé par rapport à d’autres itinéraires plus rapides. Mais j’aime ça, la montagne. C’est gage de beau paysage. Je voyage pour ça, voir du beau paysage. “En prendre plein les mirettes” comme on dirait.

L’itinéraire est terminé. 1400 kilomètres pour 13000 mètres de dénivelé. Cela me plait.

 

Deux cyclistes participants de la Desertus Bikus sont de dos sur un chemin en terre avec des vélo gravel .

 

Une course vélo qui traverse l’Espagne

Départ à minuit ! Une nouveauté pour moi. Rouler de nuit, je ne l’ai jamais fait. C’est justement initialement ce qui me rebute dans ce type de course, je fais du vélo, je voyage pour voir du paysage. Et pourtant. Je passe cette première nuit des étoiles dans les yeux. Je ne ressens pas la fatigue, avec l’excitation du départ. On traverse les Pyrénées cette nuit-là, la montagne est belle, on aperçoit ces formes dans la pénombre. Au petit matin, ça y est, nous sommes en Espagne. Le premier café nous met d’entrée dans l’ambiance, avec de l’animation et un buffet de “Bocadillos” (petit sandwich fourré de tortilla et d’autres mets gourmands). L’aventure commence. Les kilomètres défilent. Cette journée sera marquée par la traversée du désert des Bardenas, absolument magnifique, et d’une rude ascension en après midi, accentuée par la chaleur et la nuit blanche qui vient de passer. Le soir, 300 kilomètres et 4000m de dénivelé avalés, à bout de force, avec un petit groupe qui vient de se constituer, on installe notre bivouac, on se lave dans la rivière, on mange… Nos premières habitudes de groupe.

Sans le savoir à cet instant, on ne se lâchera plus jusqu’à la ligne d’arrivée.

Notre groupe prend également ses habitudes sur ces longues journées à rouler. Partager ce genre d’aventure est une chance, je m’inscris justement à ce type d’événement dans ce but. Partager. C’est aussi une charge qu’il faut réussir à gérer. Un groupe a une certaine inertie, s’il n’est pas organisé, beaucoup de temps est perdu. Et le temps, c’est précisément ce qui nous manque sur cette épreuve. On reste douze heures sur le vélo pour progresser rapidement. Nous démarrons à cinq heures, prenons un petit déjeuner vers huit heures. Puis roulons jusqu’au déjeuner entre 13 heures et 15 heures. Pour terminer la journée au coucher de soleil, vers 21 heures. Et ce, tous les jours. Rouler du lever au coucher de soleil à quelque chose de spécial. Les lumières changeantes sont sublimes, on a le temps de s’en apercevoir sur ces longues journées à pédaler. 

De manière générale, on est tous ravis de cette traversée espagnole. L’automobiliste est très respectueux du cycliste, on se sent en sécurité sur la route. Et les paysages, tous très beaux. Plus vert que l’on peut s’imaginer de ce pays. Kilomètres après kilomètres, on se délecte de ces beautés, on échange et partage avec tous les participants. Quel plaisir. Chaque checkpoint est parfaitement choisi par son esthétisme, avec de belles pistes de gravel pour se régaler.

Mille kilomètres plus loin, nous voila au Portugal. On le ressent tout de suite avec un comportement automobile tout à fait différent. C’est bluffant comme une frontière peut diamétralement changer ce genre de chose. Le Portugal est joli, mais pour tous, il est temps d’en finir.

L’arrivée est proche et nous voulons tous en terminer.

Jeudi après-midi, après cinq jours et 60 heures de course, nous arrivons à Setubal. La ligne d’arrivée. S’ensuivent deux jours de fête avec tous les participants. Quel événement. Le vélo aura rassemblé le temps d’une semaine 300 mordus d’aventure. Pour la découverte d’un pays, de soi et surtout le partage d’émotions intenses. Ce n’est pas pour rien que la Desertus Bikus a autant de succès. Merci donc à tous les participants rencontrés durant cette semaine, et à Yvan, à l’initiative de tous ces beaux moments.

 

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À propos de l’auteur : Nicolas Leroux

Nicolas Leroux, un micro-aventurier à vélo, parcourt la France dans le cadre d'un tour à vélo, dormant en bivouac entre les étapes de son voyage. Passionné de cyclisme et d'aventure en plein air, il incarne un mode de vie nomade. En outre, Nicolas promeut son mode de vie inspirant sur les réseaux sociaux pour encourager un style de vie respectueux de l'environnement.

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