Bastille day, c’est ainsi que les anglo-saxons font référence à notre fête nationale. C’était pour nous le 4 octobre dernier, le jour du lancement officiel des vélos Bastille, au Musée des Arts et Métiers. Bastille nous dévoilait son vélo pliable made in France, fruit de 8 ans de recherche et développement.

Genèse

Des origamis au vélo pliant, c’est l’histoire d’un ingénieur français passionné de pliage, Gilles Henry, inventeur de la poussette YOYO.

Vous ne pouvez pas ne pas la connaitre, il s’en est vendu plus de 2 millions d’exemplaires vendus dans plus de 100 pays depuis son lancement en 2012. La raison de son succès ? YOYO, c’est la première poussette pliable et dépliable d’une main, quand l’autre tient l’enfant, et aussi la première poussette que l’on peut prendre en bagage cabine quand on voyage en avion. Comme quoi toutes les poussettes – les vélos pliants – ne se ressemblent pas.

Gilles Henry, sensible à la congestion des villes par les voitures et aux barrières à l’adoption du vélotaf (risque de vol, manque de place pour stocker le vélo) a commencé à réfléchir à un nouveau concept de vélo pliant dès 2015. Il faudra 8 années pour arriver au produit actuel.

Il part d’un constat : le vélo pliant de référence, le Brompton, est avant tout conçu pour l’intermodalité vélo-train et pour des trajets à vélo courts, ce qui limite son utilisation en tant que vélo proprement dit. Le créateur de la YOYO a donc voulu concevoir un vélo « normal », mais pliable. Dans cette démarche, La fonctionnalité de pliage ne doit impacter ni la géométrie, ni l’adaptation à des plus longs trajets ou le plaisir de rouler à vélo, même sur des pavés.

Ce qui distingue donc avant tout le vélo Bastille, c’est ce que c’est un vélo de taille normale, avec des roues en 650, ce qui est unique pour un vélo pliant (mis à part le contortionist prototype de vélo pliant sans chaine de Dominic Hargreaves). On aura donc plaisir à rouler sur un Bastille sur de plus longues distances, y compris le week-end, ou sur des commutes plus longs la semaine.

Cette approche est la même que celle retenue par Gilles Henry dans la conception de la Yoyo :

• Le pliage est au service du produit et pas l’inverse.
• Le pliage est simple et un élément de plaisir de l’utilisation du produit

Conception, fabrication et commercialisation

Anticipant les principales causes de la récente débâcle de Van Moof, dont le caractère propriétaire des composants et le manque de réseau de maintenance physique ont été les deux facteurs clé de faillite, Bastille s’appuie uniquement sur des composants vélos standards, et sera commercialisé essentiellement en magasins de vélo. Seul le cadre est constitué de pièces propriétaires à Bastille. Et seul le site de la marque Bastille Cycles le proposera à la vente en ligne.
Bastille a par ailleurs impliqué un expert de la conception de vélo sur mesure, les cycles Victoire de Saint-Etienne, et Cycleurope pour la fabrication. Des spécialistes de l’aéronautique (un spécialiste des sièges avion, Expliseat) font également partie du projet, tant les exigences mécaniques d’ultra précision sont élevées.
Le cadre pliant en pyramide, fabriqué à Angers, est une pièce d’horlogerie constituée de 140 composants. La potence débrayable utilise un système de baïonnette permettant de le pivoter à 90°.

Équipe

Gilles Henry s’est associé à un ancien de Devialet, Quentin Bernard, pour qui le marketing et la commercialisation à l’international d’un fleuron de technologie française n’ont aucun secret. La paire reste toutefois prudente, avec d’abord un lancement en France.

Le vélo

Ce qui frappe quand on découvre ce vélo, c’est d’abord qu’il ressemble à un vélo normal avec ses grandes roues, son éclairage intégré, ses garde-boue, sa transmission à courroie et sa béquille. Quand Gilles fait la démonstration du pliage, qui ne prend que 5 secondes, la magie opère et toute l’assistance reste bluffée. Comment peut-on rendre en quelques secondes ce grand vélo aussi compact, stable au repos (une cale est incluse dans la tringle de garde-boue) et facile à manipuler (on peut le tirer d’une main comme un caddie) ? Le dépliage n’est pas moins spectaculaire, donnant l’impression d’un papillon qui sort de sa chrysalide.

Nous ne l’avons pas encore essayé, mais les grandes roues apporteront à coup sûr plus de confort par rapport aux alternatives en petites roues : meilleur franchissement des nombreux obstacles urbains tels que bateaux de trottoirs, jonctions de pistes cyclables, racines sous bitumes, nids de poule, pavés, et sur de plus grandes distances, une meilleure sensation de glisse, de transmission et un rapport plus naturel entre la taille de la roue et le développement de pédalier utilisé.
Le vélo sera proposé au prix de 2590 euros. Cela coûte 800 euros de plus qu’un Brompton C Line (1799 euros), mais vous n’aurez plus l’air d’un crapaud sur une boite d’allumettes, prendrez plus de plaisir à rouler, et aurez acheté du made in France ! En outre, le vélo est éligible à 400 euros d’aide par votre commune ou région.

Cela correspond à 100 euros de plus qu’un Cowboy à chaine (mais 700 euros de moins que la version à courroie), le VAE belge dont le slogan « take the streets » n’est pas sans rappeler la prise de la place de la bastille par les vélotafeurs! Là, le choix est plus cornélien, car pour une version électrique de Bastille il faudra encore patienter. Si en revanche, vous manquez de place, ou ne voulez pas repeindre votre cage d’escalier avec des traces de pneus en montant votre vélo non pliant à votre étage, le choix est limpide. Allons enfants, les rues sont à tout le monde, il est temps de mettre fin au despotisme automobile !

Poids : 15 kg
Prix : 2590 euros
Disponibilité : mi-2024