Souvent, lorsqu’on argumente en faveur des infrastructures cyclables, on délaisse les bénéfices économiques, au détriment de l’écologie ou la santé. Pourtant, le retour sur investissement des aménagements cyclables est assez important ! Cela représente une raison de plus d’inciter la population à adopter le vélo comme moyen de transport quotidien. Faisons le point sur les bénéfices économiques des infrastructures cyclables…
Un cadre privilégié pour évaluer le retour sur investissement des aménagements cyclables
La pandémie du COVID-19 a offert un excellent cadre de recherche pour étudier le retour sur investissement (ROI) des aménagements cyclables.
En général, le déploiement d’actions et de mises en place d’aménagements empêche d’avoir des résultats représentatifs. Or, l’ère Covid a obligé à accélérer la mise à disposition d’infrastructures vélo. Ainsi, les auteurs d’une étude publiée dans la revue scientifique PNAS (Vol. 118, No. 15, 13 avril 2021), Sebastian Kraus et Nicolas Koch, ont réussi à analyser la réactivité de la bicyclette dans ce contexte favorable.
Cette étude s’est appuyée sur des données d’une centaine de villes européennes. Elle en conclut que lorsque les infrastructures sont à disposition, la pratique du vélo et le nombre de cyclistes augmentent exponentiellement, de 11 à 48 % en plus.
Mais qu’en est-il du retour sur investissement ? Cette étude défend qu’il est élevé et on explique ces bénéfices grâce à plusieurs facteurs.
Le vélo permet de réduire les dépenses liées à la santé
On parle souvent des bienfaits du vélo liés à la santé : un meilleur état de forme physique, moins de stress, plus de bonheur…
Si en général on se focalise sur les avantages pour l’individu, l’économie sociale en est aussi reconnaissante. La pratique du vélo pourrait réduire de plusieurs milliards d’euros les frais liés à la santé.
Le cyclisme dans toutes ses formes (sport, vélotaf, itinérance…) prévient le développement de plusieurs maladies. En effet, l’activité physique comme le cyclisme réduit le risque de maladies cardiovasculaires, de cancer, de dépression et de diabète. Il en résulte une meilleure qualité et espérance de vie chez les pratiquants.
Cela dit, les bénéfices économiques qui en découlent dépendent de la pérennisation des politiques menées pendant la période aiguë de la crise sanitaire. Or, la plupart des aménagements cyclables ont été démantelés…
Qu’en est-il du bénéfice sur le coût humain ?
Pour aller un peu plus loin, les coûts de santé de la société sont alourdis par le coût humain des déplacements urbains en voiture.
On compte plus d’un million de personnes tuées dans des accidents de la route chaque année. Pour les jeunes de moins de 29 ans, c’est la première cause de mortalité. Cela s’explique par un environnement routier saturé.
Le vélo pourrait non seulement sécuriser les trajets en ville mais aussi apaiser l’espace urbain. En plus du bilan humain catastrophique, ce type d’événement tragique entraîne des coûts qui pourraient êtres réduits par la mise en place d’infrastructures pour le vélo.
Des économies à la création de richesse : le secteur du tourisme à vélo
Que ce soit en ville ou en milieu rural, le cyclotourisme est en vogue. L’association Vélo & Territoires partage quelques données et chiffres clés ! Le voyageur à vélo a déjà un profil type et dépense plus que d’autres touristes traditionnels : 68 € contre 55 € par jour !
Face à l’essor des voyages à vélo, les collectivités locales investissent pour développer un tourisme durable.
Voici quelques résultats selon l’étude « Impact économique et potentiel des usages du vélo en France » de l’ADEME :
- 165 % de kilométrage en plus dans les véloroutes de l’Hexagone.
- Grâce à ces structures, la fréquentation augmente : la Vélodyssée est empruntée par 20 % plus de gens et génère 80 mille euros par kilomètre par an (chiffres de 2018) soit 103,6 millions d’euros dans l’année.
Si on compare les gains à l’investissement initial de 150 millions d’euros, la balance positive est flagrante. En plus, ce nouveau type de tourisme transmet sa vitalité aux acteurs traditionnels du secteur.
Le coût des infrastructures cyclables
Parlons du coût des infrastructures cyclables : combien de milliers d’euros est-ce que cela représente ?
Selon l’étude, le coût est assez faible, même s’il varie d’un projet à l’autre et selon les pays. Par exemple, à Séville, cela a coûté 250 000 €/km de piste cyclable, tandis que Berlin a réussi à optimiser les dépenses avec seulement 9 500 €/km. La différence proviendrait de méthodes de planification différentes et de la mise en place de structures qui ne sont que provisoires.
Si l’on compare ces chiffres aux avantages économiques, on calcule entre 0,4 et 1,6 milliards d’euros d’économies dans la santé.
Ces bénéfices pourraient se voir multiplier, à condition que l’on conserve les pistes cyclables mises en places pendant la pandémie. La pratique du vélo continuerait d’augmenter, en même temps que les économies.