Maxime Puès, jeune étudiant en médecine nous livre son témoignage sur le défi qu’il s’est lancé : le SLA Ride Challenge. Afin de promouvoir la recherche pour la maladie de Charcot et rendre hommage à son grand-père, décédé de cette maladie, il a décidé de se lancer dans une traversée des pays nordiques en totale autonomie. Norvège, Suède, Danemark et Allemagne, il compte traverser ces pays à la force de ses mollets pour aider et faire connaître une association : l’ARSLA.

Une enfance à vélo

Je tenais à peine sur mes 2 jambes que j’enfourchais déjà mon vélo autour du jardin de mes grands-parents. Avec les petites roues à l’arrière bien entendu. Au fur et à mesure, j’ai fini par acquérir l’équilibre sans le trépied arrière, puis à rouler autant que je le pouvais. C’était d’abord de modestes tours des pâtés de maisons et des zones résidentielles en construction autour du pavillon catalan de mes grands-parents. De fil en aiguille, arrivèrent les sorties à vtt avec mon père. Nous allions voir la plage, 30 km aller/retour, le bout du monde pour mes mollets frêles. Vinrent ensuite les premières sorties sur la route, les premières fringales sur les pentes de Tautavel. Le tout sous le soleil brûlant pyrénéen. Je me souviens de ces vacances d’été où nous roulions le matin nous rêvant héros du Tour de France.

La Grande Boucle : le moment complice avec mon grand-père. Atteint de la Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA), ou maladie de Charcot, il ne pouvait pas m’emmener avec lui rouler sur les routes. La SLA est une maladie neurodégénérative qui entraîne une paralysie progressive des muscles. Mon grand père avait bien deux roues qui le portaient, ressemblant à s’y méprendre à celles de mon VTT, mais c’étaient celles de son fauteuil roulant. J’ai continué, en grandissant, à regarder les étapes cyclistes avec lui, à rire avec lui, à encourager nos coureurs préférés, criant pour lui, qui ne le pouvait plus ! Il y a 6 ans, il a fini par me laisser seul devant la télé du salon les dimanches après-midi, abandonnant sa prison corporelle.

L’âge des défis

J’ai continué ma route, enchaînant les étapes. En médecine comme un hommage, enchaînant les stages et les partiels comme les cols d’une étape de montagne. Cette année, le concours d’internat se profilait à la mi-juin: col Hors Catégorie avec arrivée au sommet. Après ça : c’est la fin de cette boucle, une autre redémarrera en novembre : je serai officiellement médecin.

Dans cet intervalle, je voulais donner du sens aux 4 mois de « vacances » qui me sont offertes. Aller au delà d’une simple étape de transition. J’ai donc réfléchi, même si j’avais déjà cette idée un peu folle depuis des années, de partir 1 mois à vélo pour voyager à ma manière, loin du tourisme de masse des plages de sable fin. Après quelques recherches, l’Eurovélo 12 (ou Véloroute de la Mer du Nord) s’est naturellement imposée. J’avais la route, mais je me disais qu’il fallait donner du sens à ce défi, lui donner un substrat autre que la simple performance physique. Je voulais que ce défi serve à faire connaitre la SLA. Qu’il permette de lever des fonds pour l’association qui lutte contre cette maladie : l’ARSLA.

J’ai donc commencé mon tracé, en planifiant chaque étape. J’ai pris en compte les lieux de bivouac, les zones de ravitaillement, les ferries et horaires… Quelques semaines plus tard j’avais mon tracé. J’irai de Bergen en Norvège à Hambourg en Allemagne, en passant par la Suède et le Danemark. 31 étapes, 3000 km seul en totale autonomie, tout le matériel sur le porte-bagages du vélo et dans les sacoches : le SLA Ride Challenge !

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Le vélo équipé de sacoches pour le SLA Ride Challenge

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Trouver des partenaires et se préparer physiquement

Je vais traverser des fjords majestueux, prendre de la hauteur sur les montagnes norvégiennes, rouler sur les plages danoises… Cette façon de voyager remet la nature au centre de nos préoccupations. Une fois la partie théorique terminée, il a fallu passer à la pratique.

Dans un premier temps, l’entraînement. Le défi à relever demande une condition physique optimale. Bien que j’utilise mon vélo tous les jours pour me rendre à l’hôpital, que je roule tous les étés à travers le Sud-Ouest. J’ai donc mis en place un programme d’entraînement en allouant 1/2h de sport par jour. L’idée n’était pas forcément d’en faire tous les jours mais plutôt 3 à 4 fois par semaine. Lorsque j’ai démarré en janvier, il faisait très froid. J’ai donc décidé de commencer par du renforcement musculaire et de courtes sorties running de moins d’une heure. J’ai commencé à remplacer les séances de renforcement par des séances de vélo autour de l’hippodrome de Longchamp. Les effets commencent à se faire sentir. Il me restera 3 semaines avant mon départ pour augmenter les distances parcourues et notamment avec le vélo chargé.

Entre ces séances d’entraînement, je jonglais avec mes révisions et, bien entendu, mon stage à l’hôpital. Mon emploi du temps n’étant pas assez chargé, il m’a fallu commencer à chercher des partenaires afin d’être soutenu matériellement et financièrement dans cette aventure. C’était une petite entreprise qui tournait bien. Mes proches benchmarkaient les marques à démarcher et je me chargeait de les contacter par email, sur instagram, par twitter et même parfois par télépathie. Je ne vais pas vous mentir, les 15 premiers jours j’étais assez sélectif dans mes choix. Mais face à l’absence de réponse, j’ai décidé d’adopter une stratégie plus offensive. J’ai élargi pleinement mon champ des possibles en faisant sauter toute limite…

Maxime et sa tente Ferrino

Et ça a payé ! Les premiers partenaires se sont manifestés et m’ont proposé un soutien matériel : BAM clothing, Björka, Fractel Running, Power Traveler, Sporthopeo, Sigr. Des collectivités et entreprises m’ont ensuite proposé des financements : La mairie du 9e arrondissement de Paris, The Collection France… J’ai donc été amené à ouvrir une association afin de pouvoir recevoir tous ces financements. Je me suis retrouvé à faire des déclarations en préfecture, rédiger des statuts, un règlement intérieur. Le tout à minuit les soirs de semaine, sans aucune connaissance du milieu associatif. Un ami m’a même cousu des sacoches sur mesure pour m’accompagner le long de mon voyage ! L’école primaire de mon quartier m’a proposé de venir intervenir auprès des classes de CM1 afin de leur présenter mon projet, de leur parler de la SLA, d’échanger avec eux autour des études de médecine.

Nous sommes désormais début juillet et j’ai eu les résultats de mon concours. Selon toute vraisemblance, je serai bien urologue à la rentrée de novembre 2022. J’aurai donc réussi mon pari de mener de front deux combats, deux manières de soigner, deux manières de dire à mon grand-père que je ne l’oublie pas, que je pense encore à lui quand se profilent les pentes du Tourmalet.

 

Vous pouvez suivre la préparation de Maxime sur Komoot et également faire un don à l’ARSLA ici.

À propos de l’auteur : Quentin Cornuault

One Comment

  1. Lauriane 19 juillet 2022 at 9 h 28 min - Reply

    Tellement fière de toi et de ce que tu accomplis.
    De tout mon coeur je t’accompagne dans cette démarche exceptionnel
    Biz petit cousin

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