Voici le récit d’Alexandre qui partage avec nous son tour d’Europe à vélo et la création du CycloTour d’Europe Musical. Son projet ? Parcourir plus de 22 pays à vélo pour enregistrer des musiciens de tous bords. Prouver que la musique peut faire tomber la barrière des différences.

Le Cyclotour d’Europe Musical

Je m’appelle Alexandre Hagenmuller, j’ai 26 ans. Alsacien et ancien étudiant strasbourgeois puis bordelais, j’ai terminé mes études à La Rochelle avec un Master en direction de projets culturels. Diplôme en poche j’ai enfourché mon beau vélo Johnny (aucun lien avec le chanteur) pour une boucle sur le continent. Durant 8 mois, je suis parti faire un tour d’Europe à vélo. 12 000 kms sur le continent, partant de Strasbourg et allant jusqu’à Istanbul avant de revenir en capital alsacienne. En passant notamment par Milan, Athènes ou Berlin.

Cyclotour d'Europe Musical en Suisse

En Suisse, dans la campagne bâtoise

Surtout, ce tour d’Europe à vélo avait un objectif particulier : rencontrer et enregistrer des musiciens de tout le continent. L’idée première était de créer un album en libre écoute sur internet, rendant compte de la diversité culturelle. Aucun filtre musical, l’intention était d’avoir un maximum d’éclectisme, et profiter du hasard des rencontres.

Au total c’est une soixantaine de groupes et de musiciens qui ont été enregistrés dans 22 pays différents pour 25 nationalités représentées ! A la suite, un moyen-métrage a été réalisé, présenté lors du tournée franco-belge à l’automne 2018, avant l’organisation d’une mini-tournée de concerts avec une partie des musiciens rencontrés, pour le printemps 2019.

Le Cyclotour en Hongrie

Hongrie, soirée punk pour bien commencer en terre Hongroise avec Tetrafo bia

Genèse de ce tour d’Europe à vélo

L’idée germe quelques années auparavant. Un tour d’Irlande d’un mois à l’été 2015 avec une amie aventurière sert de tremplin. Après ça, l’envie est certaine. Je partirai à vélo, en solo cette fois, pour un tour d’Europe ! Je trouve le terrain de jeu chouette pour un premier grand voyage. L’intention, en plus, étant de partir à vélo depuis la maison et d’y revenir par le même moyen. Surtout, l’avantage de l’Europe est de pouvoir traverser – plus ou moins – librement les frontières. Pour tous les pays, seul un passeport suffira.

Traverser les frontières avec un moyen simple, économique, écologique

Il reste juste à terminer mes études. Je partirai avec les moyens du bord, soit pas grand chose, quelques économies faites lors de petits jobs et un bon serrage de ceinture dans les derniers mois avant le départ (pâtes et patates aux menus, restriction en bière…).

Et petit à petit, l’idée grandit davantage. D’une initiative personnelle, cette idée de voyage à vélo se transforme en projet de témoignage. Le témoignage d’une jeunesse qui croit à l’Europe, le souhait de faire entendre ma petite voix, déclarer mon envie de l’ouverture à l’autre. Voilà une belle symbolique, traverser les frontières par la terre, avec un moyen simple, économique et écologique, à la seule force des jambes. Et mettre peut-être en confrontation ma liberté d’Européen à pouvoir voyager librement tandis qu’un autre humain, né de l’autre côté de la Méditerranée ne peut le faire.

L’art et la musique pour fédérer les gens

Le message du vélo est chouette, mais il me semblait trouver quelque chose de plus universel. L’idée de la musique prend forme au fond d’un bar strasbourgeois avec un pote musicien à l’automne 2016. La musique sera le lien, le porteur d’un message. Celui que l’art et la culture sont un moyen pour abaisser les frontières et les barrières. Et qu’ils peuvent fédérer les gens, au-delà de leurs différences. Surtout l’idée est de présenter la diversité culturelle de l’Europe, non pas comme un moyen de nous différencier, mais comme un intérêt, une richesse pour nous rencontrer !

Le projet prend place, se construit à partir de Noël 2016. Des subventions affluent de l’Université de la Rochelle, de la DDCS et la CAF de Charente-Maritime, de la région Grand-Est. Puis quelques partenariats, avec Cityzenbike qui réduit le coût du vélo et du matériel et Pause Photo, qui me prête à titre gracieux un appareil photo Reflex !

Enfin quelques économies de côté et un financement participatif permettent de boucler le budget, certes serré mais qu’importe, l’aventure peut démarrer !

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Un voyage désorganisé, spontané et plein de surprises

Le voyage solitaire pousse à la rencontre

Le grand départ a lieu le 14 octobre à Strasbourg. Après le concert d’ITJ, je démarre avec un petit cortège de cyclistes, avant de continuer seul la route pour les 8 prochains mois. A vrai dire pas vraiment seul. L’effort sur le vélo sera souvent solitaire, mais une pause café où les nuits seront souvent accompagnées de rencontres spontanées. De Tirana à Berlin, en passant par Athènes, Istanbul ou Budapest, traversant les Alpes, les Balkans et les Carpates, touchant les mers Méditerrannée, Noire et du Nord, la route sera accompagnée d’étonnantes rencontres.

Dans les Balkans je découvre une autre temporalité, celle où l’on prend le temps de parler à l’autre, d’échanger autour d’un café. Les Albanais et les Turcs me transmettent leur culture de l’accueil de l’étranger. En Bulgarie je découvre la triste réalité des gens du voyage. Je traverse l’Allemagne sous le soleil et une pluie de mains tendues qui m’offrent bières et bonnes bouffes. Les Wallons ne sont pas en reste non plus.

Le tour d'Europe à vélo : la bulgarie

Bulgarie, dernier col dans les petits Balkans à la tombée de la nuit

Il n’y avait pas d’attentes particulières avant le départ, les surprises sont d’autant plus présentes et d’autant plus positives. Le voyage à vélo solitaire pousse par ailleurs à la rencontre : il est plus facile pour les autres de venir vers moi et j’ai de mon côté soif de rencontre, d’échanges avec les autres, quitte à ne pas parler la même langue.

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Le vélo me sert d’image, raconte une histoire

Le vélo me sert d’image, raconte une histoire à lui même, il attire l’œil et provoque les interrogations, des étonnements. Notamment lorsque l’hiver arrive et que je me retrouve à pédaler sous la neige. De plus, dans l’idée de dire systématiquement oui à toute proposition, les rencontres se multiplient. Et les histoires s’enchaînent. De longues soirées qui font suite aux concerts. Des invitations dans des lieux étonnants : un squat à Budapest, dans un resto chic du centre de Vienne, devenir photographe VIP pour un concert à Bratislava, une invitation chez un chanteur d’opéra à Brême, un passage à la télévision bulgare…

La musique est donc un levier, un prétexte à la rencontre. En plus de passer des soirées magnifiques, elle m’ouvre des portes, m’offre des expériences et des découvertes uniques. Surtout elle confirme le postulat de départ : la musique pour abaisser les barrières et inviter à l’ouverture à l’autre.

Tour d'Europe à vélo aux Pays Bas

Pays Bas, Les Néérlandais sont accueillants, Paul et sa femme m’invitent dans leur jardin

Le retour a lieu le 23 juin 2018, à Strasbourg bien sûr. La boucle est bouclée juste avant les vacances d’été, histoire de pouvoir faire un retour auprès des écoles partenaires du projet. Mais l’euphorie du retour laisse place à une terrible amertume, un sentiment de décalage, de vide et d’ennui se fait sentir. Une seule « thérapie » : partager l’expérience Cyclotour d’Europe Musical au maximum, replonger dans le voyage et pouvoir échanger autour de ce projet.

Un film documentaire et une tournée franco-belge

Depuis le retour en France, les choses se sont accélérés. Après une pause estivale pour remettre mes comptes financiers un peu à flot, j’ai réalisé, avec l’aide de mon ancien professeur d’audiovisuel, un film documentaire d’une quarantaine de minutes. Bouclé fin septembre, la première a eu lieu à La Rochelle le 5 octobre dernier. S’en suit désormais une tournée franco-belge de Cyclotour d’Europe Musical – en partie à vélo ! La tournée est organisée afin de présenter ce film et échanger sur mon expérience dans des bars, des librairies, des centres culturels, des écoles. Et ce, jusqu’à la fin de l’année 2018.

Le film documentaire candidate et sera présent sur différents festivals de film d’aventure au cours de l’année 2019. Cette même année sera également le point d’orgue et final du projet : une mini-tournée de concerts (Bordeaux – La Rochelle – Nantes) au printemps avec une partie des groupes et musiciens rencontrés sur la route.

Pour connaître les prochains parcours du Cyclotour, vous pouvez consulter le planning L’après Tour du CycloTour. Et si vous êtes intéressé, vous pouvez soutenir le CycloTour Musical.

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Merci à Alexandre pour son témoignage. Si comme lui, vous êtes intéressé pour partager votre histoire de cycliste, n’hésitez pas à nous envoyer votre récit à media@citycle.com. Pour tout article publié, un bon d’achat de 40€ chez notre site partenaire Lecyclo.com.

Appel à témoignages cyclistes

À propos de l’auteur : Emilie De Citycle

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