Passionné de voyage, d’aventures mais surtout de monocycle, Simon Jan s’est lancé le défi de traverser une partie des Alpes sur une seule roue. Ce Rennais attiré par ces paysages montagneux et ces cols mythiques de vélo a ainsi relié Jausiers, au pied du Col de la Bonette à Grenoble, Capitale des Alpes. Ce choix d’itinéraire, il ne l’a pas fait par hasard. Il nous raconte alors en détails sa préparation de voyage itinérant ainsi que son périple lui-même.

De l’origine du projet à la préparation : une petite graine a germé

Au total, Simon compte 600 kilomètres au compteur avec 14 300 mètres de dénivelé positif cumulé. 

  • Pourquoi ce parcours ? Quel était l’objectif recherché ? 

voyage à monocycle dans les alpes

« À la Toussaint l’an dernier, j’ai entendu parler du col de la Bonette.  Vivant à Rennes, à plus de 1000 bornes de là, je ne me voyais pas traverser la France pour réaliser l’ascension d’un seul col. En plus de ça, j’ai un cousin qui habite proche et lui aussi m’a parlé de ce col. « Super col ! C’est magnifique, tu verras ! » étaient les phrases que l’on me disait à son sujet. Ça m’a directement donné envie d’en faire le point de départ de mon périple à monocycle. 

Pour ce qui est du point d’arrivée, je le voyais bien à Grenoble vu que c’est la ville d’accueil du prochain championnat du monde de monocycle. Et j’avoue que c’était plus facile pour prendre un train retour. Puis pour la traversée, La Chartreuse m’attirait fortement et le fait de passer par les plus grands cols comme l’Izoard, le Galibier,… c’était un rêve. Puis en faisant quelques recherches, j’ai vu des lieux magnifiques à découvrir comme le “Mont du Chat” qui domine le Lac du Bourget. Un spot d’ailleurs de plus en plus connu par les cyclotouristes. C’est donc comme ça que les étapes, les unes après les autres, se sont assemblées tel un puzzle. »

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  • Est ce que tu as dû te préparer physiquement ? 

“J’ai pas fait une grosse préparation spécifique. Surtout que dans mon coin il n’y a pas vraiment de montagne. J’ai quand même trouvé dans les alentours de Rennes, une côte d’un kilomètre à 6%. Ca a donné une sortie à 1200 mètres de dénivelé positif sur 2 heures.

Toute l’année, j’utilise mon monocycle pour me déplacer au quotidien.En hiver, je fais plutôt du tout-terrain ou je travaille ma technique en gymnase. Il faut dire qu’au fil des années, je pratique davantage le monocycle. Je me mets alors des objectifs toujours plus élevés. Je suis à 10 heures de sport par semaine depuis 4 ans, ce qui me donne une bonne condition physique générale.

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S’équiper pour un voyage à monocycle, a-t-on besoin du même matériel vélo ?

  • Est ce que tu peux me parler de ton équipement ? Tes sacoches ? 

Oui ! J’ai acheté une des plus grosses sacoches de selle chez Apidura, celle de 17L.  Normalement, elle s’utilise avec les rails sous la selle de vélo. Seulement, les selles de monocycle n’en possèdent pas. Avec des colliers de serrage en plastique, j’ai pu combiner une base de selle de monocycle avec une selle de vélo. Et ça tient ! Je suis très satisfait de cette sacoche de selle, on peut y mettre beaucoup de choses. J’y avais rangé toutes mes affaires pour la nuit : duvet, tarp, sursac, tapis de sol, drap, et quelques vêtements. 

D’ailleurs, pour ma selle, j’ai opté pour une selle ISM, avec un trou pour soulager le périnée. (ndlr. À monocycle, on met d’autant plus de poids sur la selle qu’à vélo.)..

  • Un sac à dos en voyage à monocycle, c’est confortable ? 

“J’aurais adoré faire ça sans sac à dos, j’avoue ! Mais il fallait quand même que je puisse transporter de de l’eau. Alors je me suis dit qu’il valait mieux prendre une poche d’eau avec un contenant de 3 litres, plutôt que 3 bidons d’eau. Surtout, que ce petit sac m’a permis de transporter mes affaires pour le mauvais temps (imperméable et polaire) et mon casse-croûte. ”

  • Pour dormir, quelles ont été tes options ?

Écoute, c’était plutôt simple de trouver des spots. J’avais une préférence pour ceux à côté d’un cours d’eau pour me laver. À chaque fois il y avait un risque de crue, certes. Pour repérer des lieux où dormir, je regardais la carte sur mon smartphone. Et même dans la vallée de la Maurienne (ndlr. zone relativement industrialisée), j’ai réussi à trouver un petit spot pas trop mal ! 

Lors de mes précédentes aventures, je suivais mon itinéraire à l’aide d’une trace GPX mais cette fois ce n’était pas nécessaire, il n’y avait qu’une seule route.

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Un sportif qui avait déjà fait ses preuves à monocycle !

Simon Jan a commencé à pratiquer le monocycle en 2011. 4 ans après, il partait déjà pour son premier voyage à monocycle. Il s’était alors lancé pour plusieurs mois mais faute de blessure, il a rapidement fait demi-tour. Serait-elle dû à un manque d’entraînement ? Peut-être. Alors le Rennais, a habitué son corps à l’effort et soumis à l’équilibre tous ses muscles au quotidien.  En 2021, il réitère l’expérience, accompagné d’un autre monocycliste, sur le GR 39. (De Saint-Michel-Chef-Chef au Mont Saint-Michel)

“En 8 jours, nous avions parcouru 450 kilomètres avec près de 5000 m de dénivelé. C’était à la même période de l’année, mais nous n’avions pas eu de chance avec la météo. Entre la pluie, la boue et le froid qui m’avait empêché de dormir pendant 2 nuits, ça avait été une épreuve beaucoup plus difficile que la traversée des Alpes. ”

Cet aventurier est aussi adepte des records. En 2019, il bat le record du monde de 10km à monocycle sur route. Puis en 2021, avec un total de 33,365 km, il obtient le record de l’heure ! 

  • Sportif comme tu es, t’attendais-tu à ce type d’effort lors de ton voyage ?

“Mon objectif, c’était d’aller jusqu’au bout ! Je vais rarement à la montagne. Quand j’y suis je profite, je m’allège, je le fais à fond. Par exemple, quand je vois des cyclistes, j’ai qu’une envie c’est de les rattraper. Sauf que là l’idée, c’était de me préserver pour ne pas être cuit au bout de 3 jours de voyage. J’avais peur d’être un peu ambitieux sur mes étapes. J’avais prévu des parcours alternatifs, notamment à cause de l’enneigement des cols. Au final, j’étais plutôt large niveau temps. ”

voyage à monocycle dans les alpes avec paysage

  • Le petit bonus : Quelle était la réaction des personnes que tu as croisé ?

“Je pense qu’ils se disent que « Je suis fou ». En 36 pouces, j’entends rarement « oh il a perdu une roue » alors que c’est une phrase que l’on entend très souvent à monocycle . Sur une roue de 36 pouces, ça impressionne.

Ce qui m’a marqué aussi dans la réaction des personnes. C’est leur facilité à me mettre un coup au moral. (Pas volontaire évidemment.) À chaque fois que je leur parlais du col que j’allais devoir grimper, les gens me disaient « Oh tu es sûr ? Il est très difficile celui-ci ! » Alors que je pensais avoir déjà fait le plus ardu du parcours. 

Tout ça donne envie de faire d’autres projets et de voyager sur une seule roue” m’a confié Simon en fin d’interview. (ndlr : je voyais presque les étoiles dans ses yeux.) Il prévoit notamment de faire la traversée des Pyrénées.

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À propos de l’auteur : MarineH

One Comment

  1. Cyrille 18 août 2022 at 12 h 03 min - Reply

    Bravo pour ton expérience insolite. C’est la première fois que j’entends parler de quelqu’un qui fait des sorties en monocycle.
    Je vais faire lire l’article à ma fille qui fait du monocycle depuis 3 ans, cela va peut être l’inspirer.

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