Deux comités du Département de l’Intérieur (DoI), le « Bureau of Land Management » et l’ « U.S. Geological Survey » étudient actuellement les capacités de stockage en profondeur du dioxyde de carbone dans les formations géologiques de différents terrains fédéraux. Ils ont ensuite présenté leurs conclusions dans un rapport présenté le 3 juin dernier au Congrès par le Secrétaire au DoI Ken Salazar. Les conclusions démontrent un potentiel important en terme de stockage tout en soulignant un certain nombre de barrières à franchir.
Un programme de stockage de dioxyde de carbone
Ce rapport constitue la première étape vers la mise en place d’un programme de capture et de stockage du dioxyde de carbone (CCS) de grande échelle. Sa publication répond aux exigences définies par la loi de 2007 sur la sécurité et l’indépendance énergétique (EISA). Cette loi consiste à évaluer la capacité des différentes agences gouvernementales à délivrer des autorisations d’exploitation du CCS sur les terrains publics (dans le cadre des lois « Mineral Leasing Act, Federal Land Policy and Management Act »).
Dans l’optique de diminuer les émissions de GES (Gaz à Effet de Serre), le rapport identifie un certain nombre de formations géologiques présentant des capacités de stockage importantes. Si les anciens réservoirs de pétrole et de gaz sont identifiés comme de potentiels sites de stockage, les couches géologiques à fort potentiel sont les formations salines en profondeur. Celles-ci assurant une meilleure étanchéité. Les estimations publiées par l’Energy Information Agency du DoE (Department of Energy) indiquent que ces dernières représenteraient à elles seules une capacité d’environ 500 ans de production au rythme actuel d’émission des Etats-Unis (6Gt de CO2/an en 2007).
Les barrières techniques et juridiques
Toutefois, le rapport souligne un certain nombre de barrières techniques et juridiques à dépasser dans le cadre d’une utilisation à grande échelle du CCS. Si le DoI pratique déjà l’injection de CO2 dans d’anciens champs pétrolifères afin d’aider à l’extraction de matières brutes (procédé appelé Enhanced Oil Recovery), de plus amples recherches sont nécessaires pour s’assurer de la longévité du stockage. En effet, l’un des risques majeurs concernant l’utilisation d’un tel procédé est la fuite vers le milieu extérieur ou vers les nappes d’eau souterraines. Une campagne utilisant de nouveaux outils méthodologiques mis au point par l’USGS est prévue dans le budget 2010 de l’agence afin de tester l’ensemble des formations identifiées. Avant de pouvoir certifier les sites de stockage, il importe également d’avoir réglé les questions de responsabilité et d’assurance sur le long terme, en cas de fuite intempestive.
Par ailleurs, le DoI devra mettre en place un cadre réglementaire pour la concession de terrains fédéraux destinés au CCS. Le Département gère une centaine de millions d’hectares disponibles à la surface, et détient par ailleurs un peu moins de 300 millions d’hectares de sous sol, dont la surface peut appartenir à des particuliers, des entreprises ou des organismes gouvernementaux. Des réglementations doivent donc être mises en place afin de faire face aux problèmes de droit de propriété.
Un potentiel de stockage de CO2 aux USA confirmé
Cette étude confirme le potentiel de stockage du CO2 aux Etats-Unis mais ne règle pas le débat sur le CCS. Les obstacles restent nombreux et il n’existe toujours pas de technologie commercialisable à grande échelle permettant de séquestrer directement le CO2 émis à la sortie des usines . Le procédé reste donc très loin d’être mature, tant dans sa composante « capture » que dans sa composante « stockage ». Il n’en demeure pas moins que l’aboutissement des recherches et la mise en œuvre opérationnelle du procédé restent perçus comme primordiaux pour atteindre les objectifs nationaux de réduction des émissions. Le projet de loi Waxman-Markey, voté à la Chambre des Représentants le 21 mai dernier fixe une diminution des GES de 83% par rapport au niveau de 2005 d’ici 2050. De nombreux parlementaires espèrent également pouvoir exporter la technologie, notamment en Chine, devenue le principal émetteur mondial de GES.
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source : BE Etats-Unis numéro 169 (12/06/2009) –
Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59494.htm