Le vélo a depuis son apparition à la fin du XIXème siècle suscité beaucoup de passions dans l’hexagone. Choyée par les uns, détestée par les autres, la petite reine a laissé une trace indéniable dans l’histoire du pays. « La Reine bicyclette » revient sur cette relation complexe des français avec le vélo.
La Reine bicyclette, l’histoire des français à vélo
Dans ce documentaire de 52 minutes, Laurent Védrine aborde la relation ardente et passionnelle des français avec la bicyclette. Souvent sur le ton de l’humour, richement documenté et agrémenté d’images d’archives, « La Reine Bicyclette » retrace l’histoire des français à vélo de la fin du XIXème siècle à aujourd’hui.
D’abord un luxe réservé à la bourgeoise, la bicyclette devient un symbole d’indépendance et d’émancipation des femmes et des travailleurs. Mais l’âge d’or des années 1900 laisse place à l’engouement de la nouvelle chouchoute de la révolution industrielle : l’automobile.
Le vélo, qui jusqu’alors opposait les classes, dresse désormais les automobilistes symboles de la modernité contre les cyclopédistes. Il pose également le problème de la cohabitation dans l’espace public. En effet, c’est à cette période que l’aménagement urbain des grandes villes françaises fait la part belle à la voiture.
Objet clivant, la bicyclette se transforme aussi en outil politique. Dans les années 70, elle devient le symbole du mouvement écolo. Une réputation portée notamment par René Dumont, le premier candidat Vert à une élection présidentielle en 1974. Pour lui, pédaler est un geste politique. Il portera par ailleurs le vélo comme une métaphore de la non-nécessité des énergies fossiles.
Ce documentaire de Laurent Védrine soulève également des questions sur la situation actuelle. Aujourd’hui, où en sommes-nous de notre relation au vélo, et quelle place souhaitons-nous accorder à la reine bicyclette ?
Quelle place pour le vélo dans nos villes aujourd’hui ?
L’histoire plus récente montre que la France a encore des progrès à faire. La part modale du vélo atteint difficilement 3%. Elle monte à 10% en Allemagne et à 29% aux Pays-Bas. Certes, il y a une vraie différence culturelle et d’approche chez les bataves. Mais au départ, l’exemplarité et l’amour du vélo aux Pays-Bas s’expliquent avant tout par des décisions politiques. Dès les années 70, après le choc pétrolier, ils ont voulu développer le vélo et ont pris une large avance.
Les problématiques restent nombreuses. Les aménagements cyclables, les emplacements et les parkings pour garer son vélo ainsi que la valorisation de l’intermodalité font encore défaut. Mais certaines villes ont su prendre le train en marche et peuvent aujourd’hui servir d’exemple. Strasbourg, notamment, atteint les 15% de part modale vélo.
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Tout est une question d’urbanisme, de décisions politiques et de manque d’éducation à la circulation. La loi LAURE obligeant chaque commune qui aménage sa voirie à mettre en place un aménagement cyclable et les avantages donnés aux vélos (tourne à droite au feu, double sens cyclable) vont dans ce sens. Tout comme la mise en place de vélos libre-service qui, d’abord à La Rochelle puis Lyon et à Paris en 2007, ont permis de remettre le vélo dans la cité et de le sortir de sa marginalité.
En finir avec les clivages
En réalité, nous sommes aujourd’hui assez loin de la caricature du gauchiste écolo sur son vélo opposé au conservateur de droite dans son 4×4. C’est d’ailleurs un centriste, Pierre Pflimlin, qui a écrit le plan vélo à Strasbourg dès 1978. Et si finalement tout était une question de volonté ?
« Il faut que tous ces modes coexistent […], il n’y a pas de meilleurs des mondes avec que des vélos ou que des voitures comme on a cru le faire autrefois. Il faut avancer dans un partage de la rue »
Laurent Védrine, réalisateur de La Reine bicyclette
L’arrivée en France du free-floating, l’annonce d’un plan vélo par la Ministre des Transports Elisabeth Borne, ou la volonté de plus en plus de communes de favoriser le vélo laissent à penser que l’histoire des français à vélo n’est pas encore terminée.
Sources :