Pédale Moins Vite, c’est l’histoire d’une famille qui a décidé de partir à l’aventure à travers un séjour cyclotouriste en famille. Un voyage à vélo qui a duré 14 mois et s’est étendu sur 9000km. Nelly Guidici nous raconte comment s’est mis en place son projet. Interview !
Combien de temps a duré votre voyage ? Quels pays avez-vous traversés ?
Le départ a été donné de chez nous à Whitehorse qui est la capitale du territoire du Yukon le 17 juillet 2015. Nous sommes arrivés 3 jours plus tard dans la ville de Skagway en Alaska en passant par le col Blanc (White Pass) col emprunté par les chercheurs d’or qui se rendaient à Dawson au XIX et XXème siècles. Nous nous sommes ensuite rendus en ferry dans des communautés du sud-est de l’Alaska qui n’ont pas d’accès par la route. Le 8 août 2015, après 3 jours de ferry nous sommes arrivés à Bellingham dans l’état de Washington et avons suivi la côte ouest du Pacifique ainsi que la Basse-Californie au Mexique.
En Février 2016, nous sommes dans la mégalopole de Guadalajara et avons décidé de parcourir les petites routes de montagne dans l’intérieur du pays (les états de Jalisco et du Michoacan). Cependant, le 12 mars je suis victime d’un accident de la route à Ciudad Hidalgo et nous décidons de quitter à contre coeur le Mexique. Notre voyage s’est poursuivi en France à partir d’avril 2016 où nous avons découvert le canal du Midi, la vallée du Lot, le sud ouest du Cantal, le plateau des Mille vaches, la Loire, la Mayenne et la côte Nord de la Bretagne jusqu’au Conquet. Nous décidons ensuite de prendre un ferry et de nous rendre en Irlande au mois d’août 2016. Nous avons finalement parcouru 9000 kilomètres en 14 mois à travers 5 pays: Canada, Etats-Unis, Mexique, France et Irlande.
Quel était l’objectif ? Pourquoi avoir décidé de partir pour un si long voyage ?
Nous n’avions pas vraiment d’objectif mais simplement le souhait de nous rendre jusqu’au Guatemala en une année. Comme je suis correspondante pour le journal francophone canadien « l’Aurore Boréale », je devais fournir une fois par mois des articles concernant le voyage et les rencontres. Notre souhait était, entre autres, de visiter des plantations de café dans le sud du Mexique … Suite à cet accident, nous avons dû mettre entre parenthèse notre projet. Le besoin de rouler sur des pistes cyclables sûres et sans danger était primordiale, surtout avec notre fille qui a voyagé sur son propre vélo en France et en Irlande.
Voyager longtemps nous permet de nous immerger dans la culture d’un pays. La lenteur que nous adoptons volontairement en voyage implique que nous n’ayons aucune contrainte de temps ou de retour. Voyager au long cours va de pair avec notre philosophie qui veut que nous prenions le temps de nous arrêter pour discuter avec les gens, d’observer et de découvrir. La lenteur nous a souvent révélé des aspects d’un endroit cachés par la vitesse. Prendre le temps d’écouter les oiseaux ou d’observer un colibri qui butine est un des aspect du voyage lent que nous aimons tant. Enfin, le voyage à vélo est l’expression d’un petit acte de résistance face à la société qui accélère de plus en plus. Pourquoi aller vite si c’est pour finir par ne plus rien voir ? Le vélo et la lenteur permet aussi et surtout de vivre intensément chaque seconde de son voyage.
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Comment vous êtes-vous équipés ?
Nous avons des vélos Opus avec un cadre en acier afin de réparer facilement en cas de casse. Nous avons également des porte-bagages vélo Tubus avant et arrière afin d’équilibrer le poids des sacoches. Pour plus de confort, Jérôme a opté pour un guidon papillon qui permet de varier les positions. Nous avons aussi opté pour une double béquille qui est plus résistante face au poids des vélos chargés. Jusqu’au Mexique, notre fille était dans une charrette de la marque Chariot. L’espace arrière de la charrette nous permettait de ranger facilement des affaires que nous avions mis dans des sacs étanches.
La sécurité n’est pas une chose à prendre à la légère et afin d’être très visible sur la route, nous avons des lumières arrière qui clignotent en tout temps ainsi que des drapeaux jaunes et rouges. Ainsi équipés, les automobilistes nous voient rapidement et ont le temps d’anticiper ou de ralentir. Si j’avais eu cet équipement au Mexique, je ne suis pas certaine que l’accident aurait eu lieu.
Vous êtes partis en famille. Quel bilan faites-vous de cette expérience ?
Partir loin et longtemps en famille est une expérience plus qu’enrichissante. Dans les bons moments comme dans les épreuves nous avons resserré nos liens et avons vécu ensembles des histoires qui font maintenant parties de notre mémoire collective familiale. L’école en voyage nous a forcés à nous adapter à toutes les situations et Joséphine a appris à travailler n’importe où : sous la tente ou au bord d’une plage, dans un café ou sur un banc publique. Mais ce que nous avons privilégié est la rencontre afin de voir qu’il n’y a pas qu’une seule façon d’apprendre. Ainsi nous avons passé une matinée dans une école d’immersion en langue autochtone dans une réserve indienne de l’état de l’Oregon aux Etats-Unis.
Voyager en famille nous a aussi ouvert des portes. En effet, le soir lorsque nous étions à la recherche d’un jardin pour planter notre tente, les gens nous ouvraient plus facilement leur porte et bien souvent nous avons été invités à partager le repas du soir. Notre fille Joséphine parle maintenant couramment anglais et comprend l’espagnol.
Quelques conseils pour les personnes qui souhaiteraient faire comme vous ?
Nous avons toujours privilégié la légèreté et partir en vélo en famille ne nécessite pas vraiment de matériel supplémentaire. Partir léger est la garantie de se libérer l’esprit. De plus, il faut se faire confiance et sauter le pas. Nous avons rencontré d’autres voyageurs, d’autres familles à vélo et l’intensité des rencontres, les sensations de bonheur et de liberté qu’apportent le vélo nous font penser que le jeu en vaut la chandelle.
Nous n’avons jamais planifié à l’avance notre trajet car nous nous laissons guider au jour le jour. Il est important de ne pas se donner des objectifs kilométriques. Surtout lorsque l’on voyage en famille, chacun doit prendre plaisir et le plaisir de l’un ne doit pas se faire au détriment de l’autre.
Un prochain voyage est-il prévu pour bientôt ?
Pas pour le moment car nous sommes dans l’écriture d’un ouvrage sur ce voyage à vélo. Nous sommes ailleurs à la recherche d’une maison d’édition. Egalement, nous présentons nos dessins, photos et notre film lors de festivals autour du vélo dans toute la France. Nous avons des idées et des pistes pour un prochain voyage car il est certain que nous repartirons sur les routes avec notre fille. Cependant, nous prendrons davantage en considération la sécurité et l’état des routes. Etre victime d’un accident de la circulation (heureusement sans gravité) nous remet aussi devant nos choix. Le vélo est un formidable moyen de rencontre et c’est cet aspect que nous privilégions le plus.
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