Les chiffres sont impitoyables. D’après une étude publiée par l’INSEE, seulement 1,3% des actifs vont travailler à vélo en PACA. Si aller au travail à vélo n’est pas encore une habitude, la marche, autre mode de déplacement doux, est cependant utilisée sur des courts trajets.
Aller travailler en vélo en PACA
En région Paca, la moyenne des déplacements domicile-travail est faible. 1.3% des actifs vont travailler à vélo en PACA contre 1,9% sur la moyenne nationale. Selon l’étude dévoilée par l’INSEE, après la Corse et la Normandie, ce mode de transport est le moins utilisé sous nos cieux. Un point encourageant toutefois : 8,9% des actifs utilisent un mode de transport. C’est-à-dire qu’ils se rendent au travail à vélo ou à pied contre 8,2 % en moyenne nationale. La marche est ainsi relativement courante par exemple dans les navettes domicile-travail en Paca. Elle prend l’avantage sur le vélo lors de trajets courts. Sur les trajets d’au plus 5 km, les marcheurs sont six fois plus nombreux que les cyclistes. Au-dessus de 5 km, les modes doux restent néanmoins hyper minoritaires pour rejoindre le lieu de travail.
Le vélotaf, une pratique urbaine pas évidente à suivre
En Paca, comme sur le plan national, les actifs résidant dans les villes, les grands centres urbains utilisent deux fois plus le vélo pour aller travailler que ceux qui résident dans les autres types d’espace. Parmi les villes de plus de 100 000 habitants comme Marseille et Aix-en-Provence, l’usage du vélo demeure néanmoins très rare. Par contre la marche et surtout le deux-roues motorisé sont des modes de déplacements plus utilisés.
En Paca, 3,9 % des actifs utilisent un scooter, moto ou mobylette contre 1,9 % en moyenne nationale. Plus de 7 actifs sur 10 utilisent un deux-roues motorisé sur le trajet domicile-travail. Du fait d’une forte concentration urbaine, la majorité des navettes domicile-travail sont courtes. La moitié d’entre elles sont inférieurs ou égales à 5 km contre 40 au niveau national.
On note que les actifs de la région sont plutôt adeptes de leur automobile mais moins que ceux des autres régions de province. Après l’Île-de-France, Paca est en effet la région où la voiture est la moins utilisée. A Marseille, les transports en commun représentent par ailleurs un quart des navettes domicile-travail. Une proportion voisine à celles des autres grandes agglomérations nationales. Reste que le nombre d’habitants, pouvant utiliser les transports en commun, peut s’accroître aisément.
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Deux fois plus d’hommes à vélo en PACA
L’âge a peu d’influence dans les déplacements domicile-travail. La part d’actifs varie autour de 1,3% quelque soit la tranche d’âge. Entre 25 et 64 ans, les hommes sont majoritaires. Constat encore plus flagrant s’agissant des deux-roues motorisés. A l’inverse, les femmes utilisent le plus souvent les transports en commun. Les cyclotes sont minoritaires, reste que le signataire en croise de temps à autre. L’usage du vélo est commun au sein de la fonction publique, en particulier chez les cadres. Pouvant traduire une contrainte financière, le vélotaf est aussi plus développé chez les ouvriers. Il est possible que l’impossibilité de prendre une douche sur le lieu de travail après une petite suée printanière constitue un réel frein.
Pas assez de pistes cyclables en PACA
Selon le site Amenagements-cyclables, il y aurait seulement 135 km de pistes cyclables à Marseille. Nantes, avec pourtant 3 fois moins d’habitants, en totaliserait 329 km. Pour citer un autre exemple, la Normandie, avec 1,7 million d’habitants de moins qu’en Paca, compte 2604 km de chemins cyclables. Contre 2026 km en Paca. Martine Vassal, actuelle présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, souhaite créer 400 km de pistes cyclables dans le département. Jean-Pierre Serrus, quant à lui vice-président de la métropole, est davantage pour le développement d’une intermodalité. Donc la mise en place de garages à vélo à proximité des gares ferroviaires ou routières.
Développer le vélo, laisser la voiture
Les experts sont formels, la voiture doit laisser la place au vélo. Quelques pistes existent :
-Accroître le stationnement payant en ville,
-Verbaliser les automobilistes garés n’importe où et n’importe comment.
Jean-Pierre Serrus, sollicité par 20Minutes, estime que’il ne « suffit pas de virer la voiture. Il faut une politique de régulation qui s’intégrerait dans un projet global ». Une bien jolie formule. Reste à concrétiser cela et ce n’est pas gagné. Dans l’immédiat, les cyclistes urbains sont invités à cycler dans l’état actuel des choses.
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Zoom sur Marseille d’après Alain
Cette année, Marseille est Capitale du Sport. Coté vélo c’est mal embarqué. Il est un fait acquis, l’usage du vélo relève trop souvent d’un parcours du combattant. Pistes ou voies cyclables mal entretenues, très mal matérialisées, rarement nettoyées. Sur ce dernier point, un nettoyage régulier évite l’accumulation de débris rejetés sur la piste et donc limite le risque de crevaison. Enfin les pistes cyclables recèlent de solides pièges, à l’instar de celle de la rue de Rome cernée par deux voies de tramway, donc de facto hyper dangereuse.
Des infrastructures vélo à améliorer
Le fait que peu d’actifs se déplacent à vélo sur Marseille n’étonne pas le collectif Vélos en Ville. L’association marseillaise dénonce à juste titre l’insuffisance des aménagements. Les pistes cyclables parfois stoppent sèchement, contraignant le cycliste à rejaillir dans la circulation. D’autres sont peu visibles, matérialisées par deux bandes blanches avec des sigles spécifiques au ¾ effacés.
Quelques solutions pour renforcer l’usage du vélo
En premier lieu, les pouvoirs publics doivent redonner un second souffle à leur politique d’aménagement de l’espace public en matière de voie ou piste cyclable. Bien évidemment, proposer des lieux ou le cycliste urbain peut déambuler en toute sécurité. Des mesures qui inciteraient les travailleurs à prendre leur deux-roues. A noter que la Métropole a mis en place l’écriture d’un agenda de la mobilité entre les 92 communes concernées. L’utilisation des fonds alloués par la région notamment permettrait aussi de rallonger le kilométrage des pistes cyclables sur Marseille.
En deuxième lieu, muscler l’offre de vélo en libre-service. Sont déjà présents 1000 vélos et 123 stations. Un signe tangible de l’effort accompli par la métropole qui revendique 10 000 abonnés. Par ailleurs, peut être que l’aide à l’achat d’un VAE changera un tant soit peu la donne. Affaire à suivre !
Alain Chouzenoux
Sources :