Dans certains endroits, circuler à vélo n’est pas toujours une partie de plaisir. Parfois, faute d’infrastructures ou à cause de l’inadéquation de ces dernières, les cyclistes se retrouvent dans des situations difficiles, voire dangereuses. Des situations qui finissent par les décourager, au point même de renoncer à l’utilisation de leur vélo. Il existe pourtant des solutions qui pourraient rendre la circulation des cyclistes urbains plus facile… Le point avec les experts.

Des difficultés de circulation des cyclistes urbains

Dans les zones qualifiées de « coupures urbaines », les qualités attribuées aux vélos semblent tout de suites dénuées de sens. Rapidité, souplesse et accessibilité ? Selon Fréderic Héran, ces qualités ne servent plus à rien lorsque les vélos sont confrontés aux environnements hostiles des boulevards périphériques, des bretelles d’autoroutes ou encore des voies ferrées parfois infranchissables.

Prenant l’exemple de Saint-Ouen et Saint-Denis, Frédéric Héran, (économiste spécialiste du vélo) nous met donc devant une dure réalité : se rendre d’un point à l’autre à vélo peut parfois relevé d’un véritable parcours du combattant.

« Essayez donc de passer de Saint-Ouen à Saint-Denis ! »

Sur l’itinéraire joignant ces deux communes, « d’abord vous allez vous faire dépasser par des semi-remorques sur le boulevard Jean Jaurès, à Saint-Ouen. Puis, vous devrez mettre pied à terre pour franchir un terre-plein, avant de vous retrouver devant un raccordement tangentiel, cette voie qu’empruntent les voitures qui sortent à toute berzingue de l’autoroute », raconte-t-il pour nous démontrer à quel point le trajet peut être risqué pour les cyclistes, loin des zones 30 et des pistes cyclables des centres-villes.

Ces différentes situations, considérées par Fréderic Héran comme « principaux frein à l’essor du vélo en périphérie » peuvent pourtant être améliorées. Des solutions existent pour y remédier ! Le Club des villes et des territoires cyclables, présidé par Pierre Serne, a d’ailleurs, le 31 mars dernier, organisé la journée « Vélos sans coutures », rassemblant différents acteurs de la mobilité autour d’un objectif bien précis : « rafistoler les villes pour inciter leurs habitants à se mettre en selle »… un objectif peut-être difficile à réaliser mais tout à fait possible.

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Les solutions des experts :

Construire des passerelles

mise-place-passerelle-veloSelon Geneviève Laferrère, présidente FUB : « Pour éviter les coupures, il n’y a pas 36 solutions, il faut les enjamber ». Comme ce fut le cas pour Strasbourg, pour résoudre le problème des zones infranchissables à vélo, nous pourrions donc également nous mettre à construire des passerelles. La Communauté urbaine de Strasbourg (CUS) s’y est mise depuis 1994 en investissant 500 000 euros pour venir à bout d’une coupure par an. En 2014, 8,5 millions d’euros ont même été débloqués pour construire une passerelle enjambant à la fois l’autoroute et les voies ferrées du nord de la ville.

Construire des routes dédiées aux vélos

« Les vélos routes constituent l’une des meilleures manières de surmonter les effets de coupure », affirme Dominique Lebrun, coordonnateur interministériel pour le développement de l’usage du vélo. Ce n’est donc pas par hasard que La municipalité de Strasbourg s’est lancée dans un projet de construction d’un réseau routier, spécialement dédié au vélo d’ici 2020. Pour quoi ne prendrions nous donc pas exemple sur Strasbourg en rattrapant du même coup notre retard ?

Réduire la vitesse et privilégier la cohabitation

zone-30-veloSelon Luc Gwiazdzinski, géographe et chercheur en aménagement et urbanisme, deux options seraient à considérer. « Soit on prend le parti de séparer les flux, de cloisonner les modes de transport, et lorsqu’on veut développer un nouveau moyen de transport on rajoute un tube. Soit on reconnaît que la ville est un lieu de frottement, un lieu d’échange, et on fait le pari de l’intelligence de la cohabitation ».

Pour une cohabitation harmonieuse entre cycles, véhicules motorisés et piétons, la réduction des vitesses maximales semble donc être la solution la plus efficace. C’est d’ailleurs ce qu’affirme également Fréderic Héran, favorable à l’extension des zones 30 en vue d’une meilleure cohabitation entre cyclistes et automobilistes.

D’ailleurs, prenant l’exemple de l’Allemagne qui, dans les années 1980, avait décidé de réduire la vitesse pour éviter que les enfants se fassent écraser, Fréderic Héran rappelle également que la réduction de la vitesse appliquée à cette époque par les allemands avait « involontairement » entrainé une augmentation exceptionnelle du nombre de cyclistes.

Transformer les autoroutes en boulevard urbain

Un cycliste ne s’aventurerait jamais sur axe « tout voiture » ! Mise à part la construction de pont (investissement souvent trop lourd), Frédéric Héran propose donc également la reconversion des autoroutes en boulevard urbain afin remédier au problème et ramener ainsi piétons et cycliste sur ses espaces injustement exploités. « On y ajoute des trottoirs et des passages piétons, on abaisse la limitation de vitesse et l’on obtient un boulevard urbain. Les cyclistes mais aussi les piétons peuvent alors se réapproprier ces espaces.» conclut-il en rappelant qu’en réduisant la vitesse, l’on réduira également le trafic, rendant du coup le vélo et les transports publics plus attractifs.

Des voies à travers les parcs, hôpitaux et autres zones industrielles

Au lieu de les contourner, pourquoi ne pas permettre aux cycliste de traverser les parcs, hôpitaux, cimetières, et autres zones d’activité généralement interdites à ces derniers ? En ouvrant ces espaces aux cyclistes, non seulement ces derniers gagneraient du temps mais prendraient également moins de risques. C’est ce que pense en tout cas Dominique Lebrun qui continue en proposant ses solutions : « s’appuyer sur les voies vertes d’abord pensées comme des aménagements touristiques » à l’instar des berges du canal en Seine-Saint-Denis, pour développer par la suite les trajets du quotidien ». Les berges du canal pourraient ainsi devenir un itinéraire sans coupure.

Multiplier les voies à doubles sens cyclables

Cette solution pourrait permettre de raccourcir bien des trajets. En respectant le Code de la route les cyclistes doivent en effet éviter les rues à contre-sens et souvent faire de grands détours. Au lieu d’investir uniquement dans des pistes allant dans le même sens que la circulation, mettre à disposition des cyclistes plus de voies à double sens, serait donc non seulement plus économique mais réduirait du même coup les risques sachant que les voies à double sens améliorent la visibilité…

Si vous aussi vous avez des solutions à proposer, des remarques à faire ou des idées qui pourraient faciliter le déplacement de chaque cycliste alors, n’hésitez pas à partager vos avis en commentant cet article.

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Source : Terraeco

À propos de l’auteur : Anastasia Giardinelli

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