Sa terre aride et ces hameaux dépeuplés.
Cette Super Randonnée porte bien son nom. Désert.
Rouler ces kilomètres, c’est accepter de faire face à la solitude.
Accepter de prendre à bras le corps l’aventure.
De mettre à l’épreuve sa monture, son corps et sa tête.
S’engager dans ces sentiers n’est pas un acte anodin.
Pour autant, les efforts seront récompensés tant cette trace ne laisse pas indifférent par son caractère, sa beauté et son côté sauvage.
C’est donc mi-septembre que je suis parti avec 4 acolytes sur la Super Randonnée du Désert. Six cent kilomètres d’exploration à travers la Drôme, les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence, à peu près délimitée par Sisteron, Gap, Die et Nyons.

©Nicolas Leroux
Les Super Randonnées, tu connais?
Il s’agit de randonnées permanentes de 600 kilomètres, sur un parcours résolument montagnard. Elles comportent plus de 10,000 mètres de dénivelé positif. Deux formules sont proposées aux participants : Randonneur et Touriste.
Les Randonneurs ont un délai de 60 heures pour boucler le parcours. En formule Touriste, on prend le temps de déguster la Super Randonnée, à raison de 75 kilomètres par jour minimum en moyenne.
Les Super Randonnées sont des épreuves exigeantes qui requièrent :
- un excellent entraînement,
- une bonne connaissance de la montagne,
- et une grande habitude de l’autonomie sur de longues distances.
Touriste ou Randonneur, il faut aimer grimper et avoir le goût de l’effort. On choisit la formule Touriste lorsqu’on souhaite contempler tous les paysages de jour et rouler sans s’imposer de contrainte horaire. On choisit la formule Randonneur lorsqu’on souhaite se lancer un défi en temps limité.
Les Super Randonnées sont organisées, contrôlées et homologuées par Provence Randonneurs. Les Super Randonnées ont été créées en 2009 par l’Audax Club Parisien. En 2022, Provence Randonneurs prend la succession de l’Audax Club Parisien à la tête des Super Randonnées.
On choisit de notre côté de se lancer sur la formule touriste. Cela nous impose de parcourir 100 kilomètres et 2500 mètres de dénivelé positif minimum par jour…
Touriste.. Cette formule n’en a que le nom.

©Nicolas Leroux
La Super Randonnée du Désert: le topo
La Super Randonnée des écarts, des culs-de-sac, des bouts du monde et des milieux de nulle part !
Elle se situe dans une zone peu peuplée qui s’étend entre la Drôme, les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence; à peu près délimitée par Sisteron, Gap, Die et Nyons.
Trois communes traversées figurent au top 10 des villages les moins peuplés de France : Rochefourchat (1 habitant), Majastres (4 habitants) et Izon-la-Bruisse (9 habitants).
Sur les 600km, elle comporte 250 km de routes non goudronnées, soit 25 sections disséminées tout au long du parcours. La SR du Désert porte bien son nom puisque même les 400 km de bitume, de part et d’autre des pistes, n’offrent pas beaucoup de possibilités de ravitaillement, ni de couchage (à moins de s’écarter du parcours).
Autonomie et débrouillardise seront nos alliées dans cette aventure !

©Nicolas Leroux
Jour 1 : de Die à Nyons – 105km à vélo avec 2200mD+
Partant depuis Die, nous adaptons le premier jour pour rejoindre la trace qui passe normalement à proximité de cette dernière. Pour cela, nous commençons un premier col après un café et un croissant dégusté sur la place du dynamique village de Die.

©Nicolas Leroux
Très vite nous quittons l’asphalte pour rejoindre un chemin de cailloux. La pente s’élève, et les premières gouttes de sueur accompagnent la montée du denivelé. Il va falloir s’y habituer. Avec environ 25 cols sur la totalité du parcours, monter et descendre va vite devenir une habitude que l’on doit apprécier. Sur les hauteurs, Die se trouve en bas, quand plus au Nord se trouve la fin du massif du Vercors.
Le paysage sauvage est à coupé le souffle.
Heureux, nous dévalons la première descente sur chemin forestier du parcours. Quel bonheur ! Un petit snack en bas qu’il est déjà temps de grimper le second col de la journée. Le col de la Chaudière, le col du Gourdon, puis celui de la Sausse. La journée se termine par un gouter à la boulangerie / épicerie ‘Pain d’Epi’. Fatigué mais heureux par cette belle première journée. Nous nous dirigeons pour trouver notre spot bivouac du soir. Un parc à proximité de la rivière pour se baigner. Il ne nous en fallait pas plus !
Jour 2 : de Nyons à Barret sur Méouge – 90kmà vélo avec 2400 d+
Départ de notre spot bivouac parfait pour une nouvelle journée à travers la Drôme et les barronies provençales. On met le cap plus à l’est pour s’approcher de Sisteron. Après un premier long col sur une piste forestière assez exceptionnel, on plonge dans la vallée avoisinante pour faire notre première pause à Buis-les-Baronnies. On prend un café, petit dejeune et prenons le stock de nourriture pour tenir toute la journée.

©Nicolas Leroux
Une des spécificités de cette randonnée du Désert, c’est son côté sauvage avec très peu de commerce pour se ravitailler.
Chaque jour, nous aurons seulement une épicerie. Il faut donc penser à la logistique le jour d’avant pour ne pas se tromper.
On reprend la route, elle est encore longue. On a ciblé un camping pour la fin de journée, la météo s’annonce capricieuse. Après plusieurs cols gravel extrêmement difficiles, avec des pourcentages qui atteignent 19%, la pluie arrive comme prévue à une heure de notre arrivée. Assez fine au début, on se fait ensuite littéralement rincé. Nous sommes trempés de bas en haut. Au camping, on se réfugie dans un bungalow qui nous permet de passer la nuit au sec.
Cela fait seulement 2 jours que nous sommes partis, et les corps sont déjà bien entamés, entre effort physique et froid de fin de journée…

©Nicolas Leroux
Jour 3 : de Barret sur Méouge à Bras d’Asse – 113km à vélo avec 2280m d+
Le jour trois commence. Partis à l’aube, dans la brume, la météo se lève au fur et à mesure que nous nous élevons en roulant sur notre premier col de la journée.
Le groupe prend ses habitudes, chacun trouve son rythme.
Le premier objectif de la journée est de rejoindre Sisteron, pour un premier café accompagné d’un croissant.
Je découpe chaque journée en petits objectifs.

©Nicolas Leroux
Celui-ci me ravit d’avance. Trouver la place de la ville, une terrasse ensoleillé. Déguster une boisson chaude. C’est pour ce genre de moment aussi que je prends autant de plaisir à voyager à vélo. C’est aussi un excellent moyen de s’imprégner des villes que l’on traverse. Ce jour-ci, nous sommes chanceux, c’est le marché. Nous pouvons nous ravitailler pour prévoir le repas du soir.

©Nicolas Leroux
Ce jour sera clef aussi dans la suite de notre voyage. Nous décidons non sans mal de raccourcir légèrement les étapes pour pouvoir davantage profiter des paysages que l’on traverse. Le rythme des deux jours précédent étant assez soutenus.
Enchainer les cols sur pistes gravel est éreintant pour le corps, qui est plus chargé. C’était un élément que nous avions sous estimé.
Nous reprenons la route pour nous diriger vers notre spot bivouac du soir. Quatre heures de vélo plus tard, nous y sommes. Une rivière, un endroit pour poser nos habitations légères. Nous pouvons nous rincer dans cette dernière, nous reposer et préparer notre repas tant attendu.
Jour 4 : de Bras d’Asse à Le Villard – 84km de vélo avec 2350m D+
Après une bonne nuit, on se retrouve tous au café du coin qui ouvre tôt, tout comme l’épicerie. On peut ainsi faire les courses pour toute la journée qui se profile, on en croisera pas de commerce avant le lendemain midi. Chargé et rassasié, on se met en route pour nos premiers kilomètres.

©Nicolas Leroux
Sur la Super Randonnée du Désert, les routes se répètent. Un début de col sur l’asphalte qui amène à un village dans un “cul de sac”. Dans les hauteurs, la route se poursuit pas une piste forestière de cailloux jusqu’en haut du col, puis la descente de l’autre côté de la vallée. Rejoindre un autre hameau, puis la route goudronnée. C’est le programme du matin.

©Nicolas Leroux
On fait une rapide pause au premier village, à Saint Jurs, pour un café et une eau pétillante. On va entamer la D17, dernière départementale de France non asphaltée. Elle amène une village de Majastre, qui comptent neuf habitants. C’est époustouflant. Au village, on se ravitaille en eau au bassin.
On prolonge sur la D17 jusqu’à notre pause du midi. Une rivière pour se baigner, ils ne nous en fallait pas plus.
On se lance sur notre dernier col de la journée. Le paysage est époustouflant. Montagne, piste, les couleurs de fin de journée subliment cette nature. Arrivé au village de Le villard, un habitant nous indique un spot un peu plus haut où il sera facile de poser nos tentes. On suit son conseil. La nuit sera humide mais le coucher de soleil qui se présente à nous vaut le détour !
Jour 5 : de Le villard à Curbans – 103 km de vélo avec 2140m de D+
Felix nous a rejoint pour ces trois derniers jours jusqu’à Die. Nous sommes donc maintenant cinq. On commence la journée dans les terres noires, dans les contreforts de Digne les Bains. Paysages lunaires où la végétation est quasiment absente.
Comme chaque début de journée, on met le cap sur le village de La Javie pour le petit déjeuner après trois heures à parcourir cette route fabuleuse.
Les kilomètres défilent, les corps fatiguent à la cadence des paysages changeants.
Comme tous les jours, ça monte, puis cela descend. Nos habitudes nous amènent à une rivière pour la pause du midi, où on peut se rafraîchir par une baignade, manger et dormir quelques minutes avant de repartir.
On termine la journée dans les champs de pommes des Hautes Alpes. Ce soir, on mange au restaurant, ce qui nous enlève la charge du dîner à préparer. Le repas terminé, on demande au patron si l’on peut dormir sur sa terrasse abritée. Et il accepte. Quel bonheur de ne pas repartir sur le vélo, et de pouvoir se reposer après cette nouvelle longue journée !

©Nicolas Leroux
Jour 6 : de Curbans à Montmorin – 83,5 km à vélo avec 1950 de D+
Avant dernier jour sur la Super Randonnée du Désert. On avait la possibilité de finir aujourd’hui en réalisant une grosse journée. Les corps fatigués, le mental aussi, on décide de la couper pour terminer finalement le lendemain midi. Ce qui nous laisse un peu plus de temps pour profiter des paysages traversés. Les bonnes habitudes, elles, ne changent pas. On part en éclaireur avec Félix pour rejoindre le prochain village où se trouve la boulangerie, le café et une épicerie pour se ravitailler pour la journée.

©Nicolas Leroux
En quittant le village de Tallard, la route s’élève pour notre premier col de la journée, sur asphalte cette fois-ci. Cette pente nous amène sur le site mondialement connu de Céüse, connu de tous les grimpeurs de rocher. La descente, elle, se trouve dans une piste forestière, qu’on prend plaisir à dévaler. Tout est très beau.

©Nicolas Leroux
Le col d’Arron s’annonce plus coriace. A la moitié, on profite de la rivière pour se baigner, manger et faire une sieste. Ça c’est les vacances ! On reprend la route sur la piste jusqu’au col où se trouve un petit abri. On s’attend tous, pour redescendre vers le village de Montmorin qui sera notre point d’arrivée. On pose les vélos pour visiter ce magnifique petit endroit. Four à pain, église, vigne.. Quel caractère ! On trouve le préau de l’école primaire comme spot pour poser nos matelas. Je saute dans la fontaine pour me laver. Tout y est, une table, des chaises. La dernière soirée est royale et confortable. On prépare notre dernier dîner au réchaud. Un dahl et du riz. Quel réconfort!
Le sourire est présent sur tous nos visages.
Jour 7 : de Montmorin à Die – 58 km à vélo avec 1000m de D+
Dernière journée. Les corps sont fatigués. Douleur au mollet pour Maëlys, douleur dans le bas du dos pour moi. On a un peu “tiré sur la corde” ces derniers jours.
On en tarde pas à prendre la route pour s’assurer de pouvoir déjeuner au restaurant à Die. La journée est plus courte, mais la route s’élève encore une fois. Dès les premiers kilomètres. A peine sorti du village, sur une belle piste forestière. Petit à petit, on retrouve le paysage du Diois, montagneux et provençale à la fois. On traverse de nombreux villages, longe la grande route pour finalement arriver à notre étape finale à temps.
Nous sommes bien arrivés à Die après 636 kilomètres et 15000 m de dénivelé positif. La fatigue se comprend mieux. On fête notre arrivée par un moment convivial autour d’une bonne pizza. Die est un chouette point d’arrivée, ville animée où il fait bon vivre.
Chacun de nous est heureux de cette belle et longue balade de sept jours !
Les indispensables à emporter pour une randonnée en gravel
- Un vélo gravel : il sera mis à rude épreuve sur autant de kilomètres de pistes.
- Pneu: 40mm minimum, un peu cranté. Plus on sera large, plus on sera confort sur toutes les pistes. J’étais personnellement en chambre à air, et tous mes compagnons de route en tubeless.
- Sacoches: Une sacoche de selle, une de cadre, une de cintre et deux aux fourches si besoin. Il est important de ne pas être trop lourd vu le dénivelé, mais d’avoir suffisamment de place pour emmener un jour de nourriture.
- Un jeu de plaquettes de frein de rechange est un plus : j’ai dû changer les miennes.
- Une batterie externe 10 000 mah : vous trouverez parfois seulement un commerce par jour.
- Une frontale : pour les bivouacs le soir.
- Eau : de quoi emmener deux litres, pour être autonome en bivouac.
- Une pompe : on a eu 4 crevaisons en tout pour nous cinq.
- Un multitool : en cas de réglage mécanique.
Article rédigé par Nicolas Leroux et mis en ligne par l’auteur.
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