Grand Raid. La 25ème édition d’une course hors norme. Mythique. Un mot. Deux syllabes. Une façon brève de qualifier le tracé de 130km et 5000m de dénivelé positif qui sépare Verbier de Grimentz. Pauvre en difficultés techniques, l’usure est physique. La gestion des paramètres physiologiques et du matériel constituent le vrai challenge. Repousser les limites de son corps pour se battre contre la montre. Plus vite, plus fort, plus haut. Un récit de course, l’histoire d’une passion. Là où certains ont décrit la route, le sentier, l’adversaire et j’en passe, mon intention est toute autre.
Dix années à rythmer mes étés. Le challenge de la première édition a laissé place à l’esprit de compétition qui m’animait, lorsque je dévalais les pentes de toutes ces stations, skis aux pieds. Un rituel. Des reconnaissances, le contrôle technique, la nuit courte et agitée qui précède le départ. Verbier, le coup de pistolet, enfin. La fougue du départ qu’il est bon de savoir canaliser. Savoir rester dans sa bulle, faire abstraction de l’adversaire, s’isoler, avancer, écouter son corps. Flirter avec la limite et attendre. Pour l’élite comme pour le populaire, l’équation est simple. Attendre la fatigue, attendre les crampes, affronter chaque péripétie et ne jamais abdiquer.
Train roulant : Ritchey Z-max Shield WCS 29×2.10 à l’arrière et Schwalbe Rocket Ron Snake Skin 29×2.10 à l’avant.
Pour cette 25ème édition, les temps de passages correspondent à mes attentes, les jambes répondent bien. L’estomac tolère les apports glucidiques réguliers. Les kilomètres défilent et les difficultés s’enchaînent. Le flow, un sentiment de légèreté, de facilité. Un équilibre fragile. Accrochage dans le passage de Mandelon pour me remettre à l’ordre. Le ciel s’assombrit. Mon staff se mobilise. Des encouragements, le soutien est moral mais ô combien précieux. Plus loin, les crampes me guettent les forces m’abandonnent. Alpage de la vieille, au pied du mur, un homme me tend la main. Le mur de Lona, pas à pas, on le gravit ensemble. A 2800m d’altitude le plus dur est fait. La montée du basset est anecdotique, la descente finale, dernière prise de risque et la ligne est franchie.
6h55 d’effort, un record personnel et la 22ème place finale pour clore ce chapitre (voir les résultats). Une page se tourne, la suivante sera blanche, synonyme de repos. L’histoire est encore longue et l’année 2015, une autre occasion de grappiller quelques précieuses minutes.