Sur le continent Européen, la saison des manches de coupe du monde VTT marathon (UCI marathon series) se termine généralement par les traditionnelles épreuves du Roc d’Azur, de l’Extreme sur Loue ou pour certains qui choisissent d’aller chercher le soleil et la chaleur par La Tramun Singletrack en Espagne. Depuis quelques années, une autre manche inscrite au calendrier UCI marathon series a fait son apparition aux Açores : l’Azores Mountain Bike Marathon. Afin de sortir de la routine et de chercher un peu d’ « exotisme », je décide donc de partir sur ces îles peu connues… et d’aller chercher quelques points UCI !

Avant de rentrer dans le vif du sujet, petite leçon de géographie : les Açores c’est où ? L’archipel des Açores est un groupe de 9 îles Portugaises situé à environ 1500 km à l’ouest de Lisbonne en plein milieu de l’Atlantique. Ces îles d’origine volcanique offrent un relief bien adapté à la pratique du VTT avec des dénivelés moyens d’environ 800-900 mètres (le plus haut sommet de l’archipel et du Portugal au passage culmine à 2351 m). Leurs positions en zone subtropicale et le climat océanique très humide offrent une végétation luxuriante et apportent des températures quasi constantes toute l’année.

La course :
Dimanche 7 Octobre, réveil à 6h du matin, le premier regard se porte vers le ciel : le ciel semble bien dégagé avec seulement quelques traditionnels nuages accrochés aux sommets des volcans les plus hauts. Soulagement… car la tempête tropicale de la veille ne donnait pas envie de mettre une roue dehors ! Seul un vent avec de bonnes rafales (40km/h) reste bien présent ce qui est également habituel pour l’île.

Après un bon petit déjeuner et les dernières vérifications sur la monture direction la route côtière du centre de Ponta Delgada (capitale des Açores) pour 20 minutes d’échauffement sous les premiers rayons de soleil aux bords des plages de sable noir : ca commence bien ! La mise en grille se fait dans une ambiance très décontracté, ça rigole et ça discute. Quelques « grosses cylindrés » du TOP mondial marathon sont là ainsi que de nombreux élites Portugais… ca risque de partir fort ! Le départ sera donné à 9h15 sur le port de la ville : c’est parti pour 96 km et 2500m de dénivelé.

Dès le départ, les 15 premiers Km ont pour but d’étirer le peloton avant les premiers singletrack et de nous faire sortir de la ville pour gagner les pentes du volcan Lagoa do Fogo. Cette première partie assez urbaine et roulante, face aux vents, sera avalée rapidement (a condition de rester bien groupé) d’autant que le rythme est donné à l’avant par les locomotives du Team DMT (dont un certain Tiago Ferreira) accompagnées par le Belge Frans Claes… pas facile de rester collé au groupe de tête !

Après environ 40 minutes, nous arrivons maintenant via quelques chemins agricoles dans le vif du sujet : une succession de côtes assez courtes mais bien raides sur les pentes du Lagoa do Fogo. La tempête et les pluies diluviennes de la veille ont rendu le terrain bien boueux mais heureusement, du fait de leurs origines volcaniques, les terres des Açores sont plutôt liquides que collantes et rocailleuses. Les « raidards » s’enchainent entrecoupés de quelques chemins de liaison et de descentes magnifiques sur des singletrack à flanc de volcan avec en toile de fond l’océan. Quelques averses de pluie durant cette partie de la course rendent certains passages bien glissants et techniques mais permettent de refroidir les organismes car la chaleur et l’humidité commencent à se faire bien ressentir. A noter que les singles ont été sélectionnés et certains aménagés spécialement pour l’occasion (construction de passerelles et de virages relevés en bois) nous permettant d’évoluer dans ces forêts verdoyantes d’une densité sans égale… nuit noir garantie par endroit avec les lunettes de soleil ! Le point d’orge de ces successions d’ascensions sera l’arrivée non loin du sommet de ce volcan à environ 700m d’altitude… nous sommes au kilomètre 40.

 

Suite à cette partie plutôt « montante », une descente d’environ 10 km va nous permettre de rejoindre la côte nord de l’île. Les chemins et singles empruntés ne sont pas très techniques mais le terrain toujours glissant et bien humide demande de rester bien lucide pour ne pas partir à la faute. En s’approchant petit à petit de la côte, nous quittons les quelques nuages restés accrochés sur le sommet pour retrouver un beau ciel bleu et un terrain bien plus sec : on peut lâcher les freins ! Après un arrêt rapide au ravitaillement en bas de cette portion descendante, afin de repartir avec un bidon neuf, nous repartons pour une ascension courte mais usante : un chemin en graviers fuyants, monotone sans réel visibilité ni de paysage et un soleil de plomb… seul le mental est là pour nous aider dans ce passage qui au vu des visages des concurrents que je double à du en faire souffrir plus d’un. Une fois arrivé au sommet, une descente va nous mener à la récompense de ces efforts : une dizaine de kilomètres au dessus des falaises de la côte nord (autour de la commune de Ribeira Grande) surplombant l’océan et ses vagues qui viennent s’écraser en contrebas : magnifique ! Vent dans le dos, profile plat voir descendant, l’énergie qui revient après le ravitaillement un peu plus tôt et cette magnifique vue vont me redonner l’énergie nécessaire pour attaquer les 25 derniers km.

La dernière difficulté sera une monté d’environ 7 km, à la pente assez douce, principalement sur un chemin bien roulant en roches volcaniques noires typique de l’île, afin de rejoindre le centre de l’île avant de redescendre sur la capitale au bord de la côte Sud. Le soleil chauffe de plus en plus et la réverbération sur ce chemin en roches volcaniques rend l’atmosphère encore plus chaude et usante pour les organismes. Plus qu’une vingtaine de kilomètres, c’est le moment de puiser dans les dernières réserves ! Une fois cette dernière portion montante achevée, les descentes entrecoupées de quelques bonnes relances bien raides vont se succéder pour rejoindre les ruelles de la capitale. Les 8 derniers kilomètres, slalomant dans les ruelles de la ville, vont être avalées rapidement (agrémentés par les encouragements des habitants de la ville nous lançant des « Forza » et des enfants excités à chaque passage des coureurs) avant de rejoindre la route du littoral. Les derniers kilomètres se feront en bord de mer, avec un vent favorable et sous un grand soleil avant de franchir la ligne d’arrivée sur le port !

 

Coté sportif :

La course a été menée du début à la fin par la Team DMT accompagné de Frans Claes. Au final c’est le portugais Tiago Ferreira (Champion du Monde VTT marathon en 2016) de la DMT qui l’emporte en 4h15 minutes. La 2ème place revient à un autre membre de la Team DMT, José Dias, qui distance de quelques mètres au sprint Frans Claes (3ème). Chez les filles, c’est la Portugaise Ana Antunes qui l’emporte. Quand à moi, je récolte quelques points UCI grâce à une bonne 17ème place : heureux !

Coté matos :

Ne connaissant pas cette course ni le terrain de ces îles, c’est seulement après quelques recherches sur internet, visionnage des vidéos des éditions précédentes et au vu des chronos des éditions précédentes que mon choix s’est fait pour mon semi-rigide carbone (29 pouces bien sur) avec une fourche de 100mm de débattement. Même si quelques passages m’ont bien secoué et fatigué les bras, la course reste assez roulante dans son ensemble et ce choix n’aura pas été une mauvaise idée. Mon choix de pneus s’est fait assez facilement vers un de mes montages favoris que je connais très bien : des Maxxis Ikon 3C Maxxspeed EXO protection 2.2 à l’avant et à l’arrière. J’aime ce montage pour sa grande polyvalence, la qualité de la gomme qui procure une bonne accroche, le bon volume du pneu apportant du confort sur mon semi-rigide et son rendement… sans oublier un autre point essentiel, sa résistance : montés avec du préventif Notubes Race Sealant et grâce à leurs flancs renforcés EXO je ne me rappelle pas la dernière fois que j’ai crevé avec ces pneus. On peut leur faire confiance ! Certains ont optés pour un montage avant plus accrocheur et adapté aux conditions humides de type Maxxis ForekasterContinental CrossKing ou encore Schwalbe Rocket Ron, choix assez judicieux au vu de la technique pas très « académique » utilisée pour franchir certains passages bien boueux ! https://www.cycletyres.fr/m-schwalbe-rocket-ron-379.htmMais le terrain étant assez liquide et non collant et rendu vite sec par le soleil ne m’a pas fait regretter mon choix. Pour le reste du matériel : un monoplateau Rotor QX1 de 30 dents avec une cassette de 11 vitesses pour pouvoir grimper certaines pentes assez abruptes, des grips ESI neufs et une petite sacoche de selle pour emporter le strict minimum au cas où !

Coté organisation :
Rien à redire ! Un contact très efficace et chaleureux dès les premiers échanges par mail avant la course. Un accueil sur place très convivial avec quelques produits locaux de bienvenue pour tous les participants : petits gâteaux traditionnels et thé vert de l’île (seul endroit d’Europe où l’on produit du thé). Durant la course les ravitaillements sont très généreux avec beaucoup de choix et la possibilité pour les coureurs solitaires sans « ravitailleurs » comme moi qui veulent pouvoir retrouver leurs boissons et autres produits (barres, gels,…) sur les ravitaillements, de coller des autocollants numérotés (dossard et zone technique) sur les bidons. L’organisation se charge de placer vos produits sur les différentes zones techniques choisies par le coureur : royal ! Et enfin pour ceux qui en veulent toujours plus, un prologue, facultatif et sans conséquence pour le classement du dimanche, était organisé le vendredi dans le parc municipal de la ville.

Au final, un séjour parfait ! Des îles verdoyantes magnifiques dans un décor d’océan Atlantique, un parcours assez complet (peut-être un peu trop roulant pour certains) et une équipe d’organisation aux petits soins : tout est réuni pour offrir à ceux qui veulent s’échapper des traditionnelles courses du continent un très bon moment de VTT (de sueurs…) et de dépaysement !

Julien BEHR, VC Ornans, Novembre 2018.

À propos de l’auteur : GuillemetteP

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