La paralysie du trafic aérien est d’ampleur comparable au blocage qui avait suivi les attentats du 11 septembre 2001, estime Steve Lott, un porte-parole de l’Association internationale du transport aérien (IATA) à Washington .
En effet, depuis ce jeudi 15 avril 2010, un nuage de cendres volcaniques provenant de l’éruption du volcan islandais Eyjafjöl situé dans le sud de l’Islande engendre de sérieuses conséquences sur le trafic aérien d’Europe du Nord.
Un nuage de cendres destructeur
Le satellite Meteosat-9 a observé la formation d’un gigantesque nuage de poussières provenant du volcan Eyjafjöll recouvert par le glacier Eyjafjallajökull. A l’origine, le nuage était teinté de noir, à cause des particules de glace qui masquaient la poussière d’origine volcanique, puis, en progressant vers l’est, le nuage a pris une teinte rougeâtre trahissant la présence de cendres volcaniques. Ces cendres sont composées de minuscules particules de roches déchiquetées. Ainsi, le nuage d’altitude est composé à 58 % de silice (SiO2) ou quartz, un minéral très dur, capable de rayer une vitre. Le panache de fumée qui s’échappe du volcan représente un danger pour les avions et leurs passagers en réduisant considérablement leur visibilité mais surtout en endommageant leurs réacteurs. Une fois aspirées par les turbines d’un avion, ces particules abrasives peuvent facilement causer une panne moteur. Or, le radar météorologique d’un avion n’est pas capable de repérer ces dangereuses cendres volcaniques. Les chasseurs finlandais F-18 ayant traversé le nuage de cendres jeudi matin ont vu leurs réacteurs endommagés.
Des vols d’essai à basse altitude
Dans le but de reprendre leur activité, les compagnies aériennes étudient l’impact des cendres volcaniques sur les avions en effectuant des tests grandeur nature. Alors qu’à 11.000 mètres d’altitude le niveau de croisière habituel des avions de ligne serait devenu une zone polluée ne permettant pas d’être atteinte en raison du nuage de cendre, les vols de convoyage à basse altitude tendent à démontrer que jusqu’à 8.000 mètres il n’y a pas de cendres volcaniques dangereuses.
A savoir que cette stratégie ne génère pas de nuisance pour les riverains, le bruit n’étant pas réellement perceptible en-dessous de 1.500 mètres.
Actuellement, le ciel européen ré-ouvre avec prudence. Selon Eurocontrol, aujourd’hui environ 30% du nombre total de vols devraient avoir lieu en Europe, ceux-ci représentant tout de même 50% de la superficie totale du continent !
Des conséquences sur notre santé ?
Le nuage de cendres issu de l’éruption volcanique contient des particules fines d’une taille semblable à celles émises par d’autres sources naturelles comme anthropiques. Selon un communiqué de l’Organisation Mondiale de la Santé, ces cendres sont en cours d’analyse. L’OMS estime qu’un quart des particules rejetées ont une granulométrie inférieure à 10 microns (PM10). Or, de par leur petite taille, les PM10 » sont plus dangereuses car elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons « , a déclaré le Dr Maria Neira, Directeur de la santé publique et de l’environnement à l’OMS. A ce titre, l’OMS rappelle que les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques (asthme, bronchite, emphysème…) peuvent être plus sensibles à l’irritation induite par les cendres si elles se retrouvent en forte concentration à basse altitude. Toutefois, selon le Ministère de la Santé, » il n’y a pas, actuellement, de risque significatif pour la santé du fait de la haute altitude et de la dispersion du nuage de cendres. «
En effet, le nuage se situe à environ 11 km d’altitude. Cependant, samedi 17 avril, le premier ministre François Fillon a demandé à Roselyne Bachelot et Chantal Jouanno » qu’une veille quotidienne soit assurée sur la qualité de l’air et la situation sanitaire. Il n’y a pas actuellement de risque pour la santé, du fait de la haute altitude et de la dispersion des particules. « rappel un communiqué du gouvernement.
Et en cas d’aggravation de la situation, des solutions existes. En effet, certains masques anti-pollution offrent un haut niveau de protection contre les fines particules. Dans la gamme de la marque RESPRO, le masque anti pollution SPORT possède un filtre électrostatique qui retient les plus petites particules en suspension dans l’air, jusqu’à 3 microns, en filtrant les fumées diesel, le plomb, et les vapeurs de goudron.
De plus, en bloquant les avions européens, le volcan Eyjafjöll a projeté beaucoup de CO2 dans l’atmosphère, pourtant, les avions qu’il a empêché de voler polluent bien plus ! Les vols de jour ont une responsabilité à long terme sur le réchauffement climatique car le CO2 émis par la combustion du kérosène reste dans la haute atmosphère pour environ 100 ans. Avec ces derniers évènements, nous pouvons être au moins certains que les émissions de CO2 planétaires sont plus faibles.
Pour le moment les scientifiques ignorent encore la durée de cette éruption : » C’est extrêmement variable, cela peut aller de plusieurs jours à plus d’un an. Mais si l’on en juge par l’intensité de celle-ci, cela pourrait durer longtemps « , explique un professeur de géophysique islandais. Quant au nuage de cendres, » il est impossible de dire jusqu’où il ira « . Le nuage de cendres volcaniques pourrait même atteindre le Canada lundi selon le magazine « Challenges ». La durée de l’éruption n’est donc pas prévisible mais rien n’indique pour le moment qu’elle devrait faiblir significativement.
Sources :
Le point
Notre planète
RFI