Depuis septembre 2015, La Clef à Cyclette circule à vélo dans les rues de Nantes. Cet atelier mobile de réparations de deux-roues est tenu par Hugo Letessier, 24 ans. Interview…
Un secteur d’avenir
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la création d’un atelier mobile de réparation vélo ?
Hugo Letessier : C’est au retour d’un voyage en vélo de plusieurs mois que je me suis décidé à mettre les mains dans le cambouis de manière professionnelle. La bicyclette représente pour moi une solution écologique très importante et un objet de liberté.
Le pourquoi du comment je me suis lancé dans cette aventure est un peu difficile à démêler. La raison tient sans aucun doute à de multiples facteurs. Une première voie professionnelle qui ne m’a pas totalement épanoui, un besoin de rencontrer l’autre, l’envie d’allier sport et travail, une volonté de travailler dans un secteur d’avenir. Car soyons en sûr, le vélo à toute sa place dans nos moyens de transport, pratiques loisirs et sportives de demain !
Comment avez-vous mis en place ce projet ?
H.L. : La Clef à Cyclette a officiellement vu le jour le 1er septembre 2015, soit environ 6 mois après la naissance de l’idée. Il a fallu, pour ce faire, passer par des étapes clefs de tous les projets d’entreprise. C’est-à-dire une étude de marché, des projections et montages financiers, des discussions avec des réseaux d’accompagnement, la définition de son offre de service et de sa zone de chalandise. Mais aussi le choix d’un nom, d’une identique graphique, la création des supports de communication, … Il m’a également été nécessaire de passer le Certificat de Qualification Professionnelle vendeur et technicien. Un diplôme obligatoire à la pratique de la mécanique cycle qui a ainsi validé plus de 5 années d’expérience acquises dans les milieux associatifs et solidaires de la petite reine.
Allier savoir-faire et organisation
Comment s’organise la journée type d’un réparateur itinérant ?
H.L. : La première étape de la journée est de préparer son outil de travail. Je choisis les pièces et outils à placer dans la caisse du vélo en fonction des interventions du jour. C’est un moment important qui me permet d’être réellement efficace sur tout le déroulement de la journée.
Une fois fin prêt, j’enfourche le vélo-atelier de près de 80-90 kilos (non propulsé à l’énergie nucléaire bien sûr) et s’ensuit une majeur partie de petites réparations courantes : réglages de frein, changements de câbles, crevaisons, … Mais aussi des travaux plus importants tels que l’installation d’un nouveau guidon, le changement d’une transmission classique pour une transmission avec vitesses dans le moyeu, le montage d’une roue sur mesure…
Au delà de la mécanique, il faut aussi être réactif – répondre au téléphone, mails, Facebook – et ajuster son emploi du temps. Généralement, vous pouvez compter entre 15 minutes et 48 heures pour me voir arriver sur mon vélo tout équipé. En rentrant au bureau, c’est le débriefing : dernières réponses aux messages, traitement et envoi des factures de la journée, comptabilité, préparation de la prochaine commande de pièces,… Pour ainsi dire, il faut être multi-tâches et savoir jongler rapidement d’un sujet à l’autre sans s’emmêler les rayons !
Développer la proximité
Avez-vous fait des rencontres particulières depuis que vous avez commencé votre activité ?
Mon métier consiste à sillonner les rues d’une grande ville tout au long des semaines. Il n’est pas chose rare de voir quelques particularités. Contrairement à une boutique, on rentre en quelque sorte dans l’intimité des personnes que l’on rencontre que ce soit dans la rue ou dans des bureaux somptueux. Il est très fréquent que la discussion quitte l’objet vélo pour voguer vers un tas d’autres sujets. Ce sont toutes ces petites anecdotes et ces rencontres qui me font dire aujourd’hui que je suis un petit artisan d’ultra-proximité. Je n’apporte pas simplement un service de réparation vélo, c’est toute une philosophie de vie, un émerveillement constant de l’humain et du lieu.
Quand ce n’est pas dans le tumulte de la ville et de la vie, il m’arrive de travailler directement au bord de l’eau, avec comme compagnons les premiers rayons du soleil qui viennent vous lécher le visage, le cormoran qui prend son envol, le brochet qui bondit hors de l’eau. Ce sont ces moments qui m’assurent que travailler pour la petite reine est définitivement un acte qui permettra de préserver toute cette belle diversité.
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