Aujourd’hui on s’éloigne un peu du vélo et de l’écomobilité pour s’attarder sur un sujet qui fait également partie de la lutte écologique : le chalutage profond ou la pêche en eaux profondes. Mis en lumière notamment par l’article dessiné de Pénélope Bagieu (à lire absolument si ce n’est pas déjà fait), ce scandale environnementale méritait que l’on s’y attarde.

Malgré une forte mobilisation pour  dénoncer et faire interdire cette pratique, le Parlement Européen a rejeté ce mardi 10 décembre 2013 le projet d’interdiction de la pêche en eaux profondes. L’opposition avait pourtant tenté de faire entendre sa voix avec la pétition de l’association Bloom soutenue par la blogueuse et dessinatrice Pénélope Bagieu mais les 750 000 signatures n’ont pas réussi à faire changer la donne.

Mais pourquoi cette méthode de pêche crée-t-elle débat ?

La technique est simple : un chalut tracte un filet sur les fonds marins entre 400 et 1500 mètres sous la surface de l’eau. Principalement utilisée au large de l’Écosse et de l’Irlande, cette méthode sert à ramener principalement trois types de poissons : le lingue bleue, le sabre noir ou le grenadier. En Europe, le France est malheureusement la plus présente dans ce domaine : 90% de la flotte européenne est française (9 bateaux sur 11). Sur ces 9 bateaux, 6 sont gérés par la Scapêche, premier armateur national de pêche fraiche, pour le distributeur Intermarché.

Apprenez à reconnaitre les poissons issus de la pêche en eaux profondes !

Le chalutage en eaux profondes est décrié par les organismes environnementales et la majorité de la communauté scientifique car elle détruit les écosystèmes marins fragiles comme le corail mais également elle travaille à épuiser les ressources halieutiques (les ressources vivantes aquatiques) sans discrimination touchant ainsi les espèces à croissance et reproduction lente, et comme nous l’annoncions un peu plus haut, les espèces recherchées sont peu nombreuses et donc le reste de la pêche est rejeté, mort, à la mer.

Mais malgré des arguments forts et indéniables, le Parlement Européen a donc décidé de rejeter l’interdiction de la pêche en eaux profondes mais s’est quand même prononcé pour un contrôle accru des licences de pêche qui ne seraient plus accordés pour les milieux fragiles.  D’ici 4 ans, l’exécutif européen devrait également réévaluer la situation des espèces et des fonds marins en se gardant le droit d’interdire les méthodes les plus destructrices et de limiter la pêches sur les espèces profondes. Le problème est donc repoussé.

L’industrie européenne de la pêche se félicite donc de ce sursis : la pêche en eaux profondes peut s’exercer de manière durable et responsable en préservant l’équilibre crucial mais fragile entre la protection de l’environnement et celle des territoires maritimes auxquels des milliers d’emplois sont attachés – Olivier Le Nézet, président de Blue Fish représentant les intérêts des armateurs.

Ces propos viennent s’opposer aux déclarations de Claire Nouvian à la tête de l’association Bloom qui est à l’origine de cette mobilisation anti-chalutage : c’est une victoire du lobbying acharné des industriels. L’euro-député écologiste Jean-Paul Besset déplore que le Parlement Européen ait cédé à une logique productiviste malgré des destructions considérables du milieu marin.

Par ailleurs, une étude menée par la New Economics Foundation soutient l’argument que le chalutage en eaux profondes n’est pas si rentable que ça notamment en terme d’emplois alors que les dégâts, eux, sont bien présents. La commissaire européenne chargée de la Pêche, Maria Damnaki, propose quant à elle d’abandonner le chalutage au profit de la palangre, moins destructrice mais aussi qui garantirait une augmentation du nombre d’emplois.

Si vous souhaitez soutenir le combat anti-chalutage, venez signer la pétition de l’association Bloom « Halte à la destruction des fonds marins ! ». Pour cela, il vous suffit de vous rendre sur la page suivante : http://petition.bloomassociation.org/

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À propos de l’auteur : Cédric

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