Actuellement, on assiste à un regain d’intérêt pour le vélo. Plus qu’une tendance, la pratique du vélo est aujourd’hui une réelle alternative aux moyens de transports plus polluants. Aussi entre 2001 et 2010, en Ile-de-France,  une nette augmentation du nombre de déplacements à vélo a été constatée. Pourquoi ? Jérémy Courel, de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France, apporte ses explications.

Les données de la dernière Enquête Globale de Transport (EGT) menée en 2010 auprès de 40 000 personnes, nous en apprennent beaucoup sur l’évolution de la pratique du vélo. Les notes de décembre 2014 rédigées par Jérémy Courel et Dominique Riou de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU IDF) nous permettent de mieux comprendre les raisons de ce comeback soudain de la petite reine, notamment en Ile-de-France.

« Le vélo retrouve sa place dans les mobilités du quotidien »

Selon Jérémy Courel, le vélo commence à revivre ses belles époques. En effet, dans les années 1970, le vélo était le chouchou des jeunes et des ouvriers. Il était principalement utilisé pour se rendre à l’école et au travail : en 1976, 50% des déplacements à vélo étaient réalisés par des élèves et des étudiants.

En 2010, moins de jeunes utilisaient le vélo pour aller à l’école. Cependant celui-ci était largement plébiscité pour les déplacements domicile-travail (30%). Principalement utilisé par des cadres et professions supérieures ou intermédiaires, le vélo est donc redevenu le chouchou d’une nouvelle catégorie d’usagers.

Les chiffres parlent d’eux même

Les Franciliens se déplaçaient deux fois plus à vélo en 2010 qu’en 2001.  En effet en  2010, 650 000 déplacements ont été réalisés chaque jour à vélo. Par ailleurs, la distance moyenne parcourue à vélo (1,2 km en 1976) est passée à 2 km en 2010.

En ce qui concerne Paris, en seulement 10 ans, l’usage du vélo pour les déplacements internes au sein de la capitale a triplé pour atteindre 3%. Toujours d’après l’étude de l’IAU, 240 000 déplacements quotidiens à vélo ont été enregistrés dans la capitale contre 540 000 en voiture.

Le vélo peut donc être considéré comme un mode de déplacement des plus pertinents ; et d’ailleurs, depuis 2010, il est « largement plus utilisé que les scooters ou les motos » avec 150 000 déplacements enregistrés à l’intérieur de Paris.

La contribution de Vélib’

L’arrivée de Velib’ a également contribué à redorer le blason de la petite reine.  En effet, en 2010, 80 000 déplacement par jour ont été réalisés via le Vélib’. Selon Jérémy Courel, ce chiffre représentait alors 10 à 12% des déplacements à vélo en Ile-de-France. Depuis Vélib’ continue de séduire les clients et la part de déplacements effectués via le service ne cesse d’augmenter. On parle alors de plus de 120 000 trajets effectués par jour à Vélib’.

Toujours selon Jérémy Courel, « symboliquement, le Vélib’ a montré qu’il était possible de se déplacer à vélo dans Paris et a donné envie à certains d’essayer ».

Par la même occasion, il a permis un développement favorable de la pratique du vélo car en faisant augmenter le nombre de cyclistes, il a aussi permis une réduction non négligeable du nombre d’accidents. Les études menées l’ont démontré. Les risques d’accidents avaient considérablement diminué sur la période 2001-2010 tout en conservant un taux d’accidentalité relativement stable.

L’augmentation du nombre de cycliste et du taux d’utilisation du vélo a également contribué à la mise en place de politiques cyclables qui ont à leur tour apporté leur contribution au développement de la pratique du vélo. « Les aménagements cyclables qui n’en étaient qu’à leurs balbutiements dans le milieu des années 1990 ont été multipliés » souligne Jérémy Courel avec +300% entre 1999 et 2012 pour Paris et les départements limitrophes.

En conclusion, de nombreux facteurs tant économiques et environnementaux que sociaux ont été à l’origine du retour de la petite reine dans le quotidien des Franciliens. Mais Jérémy Courel précise que  « Vélib’ a largement contribué à légitimer la présence du vélo en ville, a créé un espace visible pour lui et affirmé que le vélo et les politiques en faveur du vélo avaient leur place en ville »

À propos de l’auteur : Pascaline Roussel

20 de commentaires

  1. AmOfPanam 9 mars 2015 at 1 h 00 min - Reply

    En effet 40% de déplacements en vélo en 2013 se font en Vélib’ selon le bilan de la Ville de Paris, mais il faut déplorer le choix de la Ville de subventionner une entreprise privée de publicité pour la mise en place d’une politique vélo de qualité.
    A ce sujet, j’ai survolé les pages 37 à 40 d’un doc du GART (groupement des autorités responsables de transport) de 2009 « TOUR DE FRANCE DES SERVICES VÉLOS ».(http://www.gart.org/Divers/Rapport-annuel/Tour-de-France-des-services-velos/%28language%29/fre-FR)
    Mon bref résumé :
    *La quasi gratuité des services vélos est une de raisons de leur succès
    *Vélo libre service (VLS) : le plus coûteux des services vélos
    *Adossé ds la plupart des cas aux recettes publicitaires des marchés publics de mobilier urbain
    *Donc : choix restreint aux deux uniques acteurs du marché : Clear Channel et JC Decaux
    *Montage financier du système : induit opacité des coûts.
    *D’autres possibilités :
    _Délégation de Service Public transport : diminue les coûts du service
    _Procédure de marché public ou de DSP spécifique (choisi par 25% des collectivités) : permet de mieux maîtriser les coûts réels des services, bien qu’il ne soit pas possible de s’appuyer sur des synergies. En revanche, le service vélos constituant la mission première du délégataire, la qualité du service est souvent meilleure.
    _En régie : 21% des collectivités

    Et on remarque que depuis 2009 les 23 villes s’étant dotées d’un système de VLS l’ont fait grâce à une Délégation de Service Public accordée à Keolys/Efiia (branche de SNCF), ou en régie en utilisant un système bien ingénieux (Smoove) -sauf 3 qui ont utilisé JC Decaux, mais elles sont toutes en banlieue parisienne (selon wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_syst%C3%A8mes_de_v%C3%A9los_en_libre-service_en_France). Et le plus gros VLS géré en DSP transport est à Lille avec 4000 vélos (loin des 14000 vélib, mais ceux ci font figure d’exception) – ceci pour répondre à l’argument que seuls Decaux /ClearChannel pouvaient offrir un volume de vélos important.

    Bref, à Paris il semble bien que nous soyons voués à vivre avec les Vélib pour toujours, étant donné l’infrastructure maintenant en place, mais ailleurs les municipalités réfléchissent mieux !

    Sur ce, bonne nuit à vélo-)
    A.

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