Les Pyrénées, ce massif si lointain de nos chères Alpes, qu’on connait si peu, par paresse ou par chauvinisme bien que, reconnaissons-le, rien jusqu’ici ne nous invitait à partir découvrir ces montagnes de l’Occitanie bordées par l’océan d’un coté et la mer de l’autre.
A ma connaissance, excepté la Transpyr, Raid VTT existant depuis plus de 5 ans maintenant et toujours assez peu connu, et le coupe du monde de DH de Lourdes qui reste un événement réservé à une poignée de pilotes rigoureusement choisis, les événements VTT Pyrénéens se faisaient rares, notamment en Raid / Marathon All Mountain, et c’est le club de Lourdes VTT qui est monté au créneau pour nous proposer cette année la première édition du raid Pyr’Epic, un format de course qui s’annonçait très intéressant : 2 jours de courses avec en cumulé 9000 mètres de dénivelé négatif, pour 4500 de positif repartis sur 120 km de sentiers !! Autant vous dire que les inscriptions n’ont pas eu de mal à se remplir puisque les 250 places ont été prises d’assaut en l’espace d’une soirée ! J’ai eu la chance de réussir à me sauver une place et d’avoir l’honneur de participer à cette première édition qui fut à la hauteur de toutes nos espérances.
Arrivé donc le Vendredi 2 Septembre à la sacro-sainte ville de Lourdes, pour une soirée logistique : remise des dossards, contrôle des sacs, chargement des vélos dans les semi-remorques qui monteraient ensuite à la Mongie pour le départ du samedi matin, pasta party de rigueur, quelques pages de lecture du second testament qui fait office de livre de chevet et dodo . Le réveil nous sort du lit samedi matin à 4h, premier petit déjeuner à l’hôtel, ensuite chargement de nos sacs de voyage et direction La Mongie. Arrivés là-bas à 6h nous voila réunis pour le briefing traditionnel, accompagné de quatre quarts et de café, le temps est annoncé au beau fixe, cela promet une belle journée !

On grimpe chacun notre tour dans le télécabine qui nous emmène au sommet du Pic du Midi, lieu symbolique pour le départ d’une course de cette trempe, on découvre toute l’hostilité et l’immensité du territoire que nous allons parcourir pendant deux journées bien remplies, que dire si ce n’est que c’est magnifique, lever de soleil à 3000m les vélos nous attendent déjà sur la plate-forme de départ, on croit rêver ( certains finissent probablement leur nuit aussi !) L’atmosphère est irréelle, mais il est temps de revenir sur terre, préparation, mise en rang et le départ est donné, chacun s’élance à son tour à travers ces pentes rocailleuses, le départ est hostile, on voit déjà des crevaisons sur le bord de la piste… Il vaut mieux ménager sa monture… On rejoint ensuite un magnifique sentier dans les alpages, rapide et piégeux tout de même.. La faute peut coûter cher… Je prends mes marques, me réveille et remonte graduellement le peloton, la journée débutant par une longue descente je suis plutôt avantagé dans cette partie ! Quasiment 2000m de descente avant de rejoindre le premier ravito en comptant quelques remontées courtes, mais exigeantes. Difficile de lever les yeux , et l’on passe une bonne partie de la première descente dans les bois, donc on espère ne pas rater trop de beaux coup d’oeil, et la course bat son plein, les écarts se creusent, les descentes sont souvent rapides, de belles séries d’épingles joueuses nous attendent avant un long balcon qui nous permet de rejoindre Luz . Après un bref portage/poussage qui nous amène au Ravito 1 c’est la grosse montée du jour qui nous attend, démarrage progressif sur un sentier en balcon, piégeur lui aussi, puis route, puis piste avant que la pente ne s’accentue et ne nous force à porter les vélos pour un long moment à travers champs pour rejoindre le Col de Riou, on reprend des forces volontiers après une longue montée qui nous a bien entamé par sa longueur et la chaleur ambiante, avant de plonger sur Cauterets par une longue descente bien alpine: pas mal de terre/cailloux en sous bois, rendue cassante par la vitesse de navigation, une petite montée bien casse-pattes scinde la descente avant le final rapide et raide, on voit le panneau Cauterets, quelques centaines de mètres pour rejoindre l’arrivée de l’étape.

Il est 13h on est bien contents de la journée, pas de grosse erreur, une journée un peu à l’économie pour en garder pour le lendemain et je fini 23e de la journée. Restauration au food truck prévu par l’organisation, mécanique puis stockage des vélos dans la gare de télécabine , bien gardée comme il se doit et direction l’hôtel, pour du repos bien mérité, petite virée dans la piscine et dans Cauterets avant la seconde pasta party bien animée par le club de Lourdes , les traits sont tirés mais les sourires sont bien marqués sur les visages.
Dimanche, lever à 5h, le départ est prévu en haut de Cauterets, on déjeune tous à la bonne franquette dans la gare du télécabine, et c’est reparti pour un magnifique lever de soleil au sommet de la station. Aujourd’hui le départ est donné dans l’ordre du classement ce qui est très motivant ! Départ un à un sur un beau chemin en balcon, à travers les alpages ou chacun sera vite libre de choisir largement sa trajectoire, une erreur d’aiguillage me coûtera bien 5 minutes, je loupe une bifurcation et me retrouve bien trop bas, portage à travers les alpages obligatoire pour récupérer la trace, ça commence mal , mais qu’a cela ne tienne, j’essaie tant bien que mal de regagner ma place pendant cette longue descente de 1500m , l’étape d’aujourd’hui est plus consistante qu’hier, plus vallonnée, plus de montée et plus de descente aussi, mais toujours aussi chaude en température. Première montée au col de Couret ou j’arrive à grappiller quelques places encore , en gardant un rythme cool, petite pause ravito et on plonge dans une magnifique foret , sur un chemin qui déroule parfaitement, je rattrape encore quelques avions de chasse, qui se referont sur le gros pédalage ensuite…
La liaison jusqu’a Ouzous est longue et difficile même si il n’y eut qu’une courte montée rude, le plus dur à gérer fut les longs faux plats, de route de piste, et les gros pédaleurs reviennent tous à la charge, mon plateau de 30 ne me permet pas de rouler plus vite que ça , l’écart se creuse inévitablement, même en essayant d’être efficace dans la belle descente en sous bois, bien raide et technique je ne me refais pas…. Second ravitaillement , nous sommes tous intimidés par le Pibeste qui siège devant nous et qui s’annonce comme la difficulté du jour , plus d’une heure de portage (quasiment 1000m donc) sous une chaleur écrasante, il va falloir sortir le gros moral et prendre son mal en patience, on s’élève rapidement, les promeneurs nous encouragent et c’est toujours bon à prendre ! Le sommet semble inatteignable, toujours caché derrière un replat, je fais la montée accompagnée et les quelques échanges permettent de garder patience plus facilement… Enfin le plat se fait deviner, « encore 5 minutes de pédalage» nous dit-on, qui nous rassurent et nous remotivent. La pente s’inverse, une folle descente a travers les pins nous fait oublier la souffrance de cette montée, la terre meuble permet de bien jouer avec le vélo, le décor est très sauvage et le chemin ne demande qu’a ce qu’on lâche les freins. Gros soulagement en arrivant au troisième ravitaillement mais une nouvelle montée coriace nous attend encore: re-portage en plein soleil pour rejoindre Béout, c’est un peu dur mentalement, mais on sait que la fin est proche pour rallier Lourdes, la montée accompagnée cette fois-ci encore permet de faire passer la difficulté, et de rejoindre la dernière descente plus facilement, cette dernière descente technique qui commence avec un beau toboggan de cailloux roulants, s’ensuit une belle partie dans les bois avec quelques belles marches à négocier avant d’arriver à Lourdes. C’est le soulagement, mais il nous reste l’ultime étape du Pic du Jer, Théatre de la Coupe du Monde de Lourdes ! Petit ravitaillement avant d’embarquer dans le funiculaire et nous voila parti pour la dernière spéciale qui ne fut pas des moindres, avec ses quelques épingles fourbes et sa grosse montée interminable avant la dernière partie sur la piste bleue qui termine cette journée bien sympathiquement, quelques relevés, pour se décrisper un peu, tout le monde semble avoir apprécié !..

Seconde journée terminée, je finis à la 19eme place, bien content de mon résultat , un week-end sans accroc, tout fut parfait du début à la fin, Le club de Lourdes nous a servi un raid inoubliable, tiré à quatre épingles ! Que ce soit l’ambiance, l’organisation, les chemins ou la météo, ils ont signé un sans-faute pour cette première édition, il va falloir être créatif pour réussir à faire mieux l’an prochain !

À propos de l’auteur : Eglantine A

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