Tout commença il y a pas mal d’années avec un rêve de gosse : faire un jour un Ironman. Epreuve ultime du triathlon, 3.8km de natation suivi de 180km de vélo et pour finir un petit marathon c’est-à-dire 42,195km de course à pied. Né dans le milieu du cyclisme, j’avais déjà un point commun avec ce sport. Puis vint le temps où je pris part à mon 1er tri voila 9 ans, un sprint à Aix les Bains, puis l’année d’après un courte distance. Toujours avec cette envie du longue distance, toujours CE fameux rêve. Les années s’enchainent, quelques triathlons au programme mais pas d’Ironman. Et puis un jour…
Le début de ce rêve pris forme, courant Août 2013, quasiment un an jour pour jour. Le compte à rebours était parti. Un compte à rebours qui se lança quand ma chère et tendre maman, et surtout son compte en banque, me fit comme cadeau les frais d’inscription pour réaliser mon rêve de gosse. Donc déjà un GRAND MERCI à Mimi.
Le rendez-vous était fixé pour le 27 Juillet 2014 sur les bords du lac de Zurich à 6h50 pour prendre part à l’évènement le plus important de ma saison. Un engouement réel se créa autour de cet Ironman dans le club, pour finalement atteindre 18 Aixois sur la startlist. 18 du même club sur une telle distance ce n’est pas rien, ce qui nous vaut le titre de club étranger le plus représenté à Zurich. 18 fous et leurs proches qui partageront des moments uniques durant un weekend.
L’hiver se passa avec toujours dans un coin de ma tête cette fameuse date. Arriva le temps de la reprise du triathlon en mai avec le half de Rumilly, une 10ème place pas trop satisfaisante mais j’avais encore le temps ce n’était que le début de la préparation. Les sorties s’enchainèrent, les kilomètres à pied, à vélo aussi. Un peu moins dans l’eau, mon gros point faible !
Mi juin, triathlon longue distance du lac des sapins à Cublize, support du championnat de ligue Rhône-Alpes. Dernier test avant l’ironman. 2ème au final, champion Rhône-Alpes longue distance, les jambes sont là, il faut continuer sur la même voie. Continuer les longues sorties à vélo et à pied et intensifier la natation pour limiter la casse, enfin essayer de limiter la casse.
Nous sommes maintenant le 20 juillet, l’objectif se rapproche à grands pas. Fin de la dernière grosse semaine d’entrainement avec 26h de sport en 6 jours maintenant place à la récupération. Le corps est prêt, fatigué mais en forme ; le matériel quasiment aussi, il ne manque plus que les roues de course qui sont en cours de livraison, d’ailleurs je voudrais remercier Ronan de Oderen Bike pour sa réactivé ainsi que Charles de Cycle Tyres Direct, pour leur soutien qui est très important pour moi; par contre l’esprit, lui ne l’est pas ! Le doute s’installe malgré la condition, pleins de questions tergiversent dans ma tête mais bon on va faire avec et une des petites blessures apparaissent et réapparaissent. Pas top à 7 jours de la course.
Vendredi matin, c’est le grand départ pour la Suisse. Avec mon beau-père, nous faisons voiture commune pour limiter les frais. Arrivé sur place en début d’après-midi, petit pic-nic à l’hôtel et direction le village Ironman pour récupérer les sacs de transitions et le dossard. Le village est énorme, il y a des exposants de partout, des concurrents de toutes nationalités, ca brasse dans tous les sens. C’est un autre monde.
Ensuite reconnaissance d’une partie du parcours vélo, qui est composé de 2 boucles de 90km, sous un grand soleil. Beau parcours, pas très dur en lui-même mais usant avec de beaux faux plats montants, quelques jolies bosses et une grosse partie plate le long du lac. A la fin du circuit se trouve Heartbreak Hill, la côte mythique de l’épreuve, relativement raide mais pas très longue. Où le jour de la course se massent des centaines de supporters avec trompettes, drapeaux, mégaphones, etc… Certains disent que la foule s’ouvre devant nos roues comme lors des grands cols du Tour.
Le lendemain, le temps n’est pas au beau fixe. Les nuages ce sont invités à la fête et c’est sous une belle pluie et une température beaucoup plus fraiche que lors de notre arrivée que je pars avec ma chérie au parc à vélos pour la dépose.
L’ouverture se fait à 16h, nous sommes un peu en avance et heureusement parce que, déjà nous ne sommes pas les premiers, une bonne cinquantaine de personnes sont devant, mais surtout derrière ça s’empile. Et oui, mine de rien 2800 triathlètes ca fait pas mal ! La pression monte un peu mais finalement ça passe encore, une fois les sacs et le vélo installés à leur place, petit tour dans le village et retour à l’hôtel pour préparer à manger.
Il est 22h00 ; demain réveil 3h45 alors au lit ! Quelques petits étirements et dodo.
Ça y est le réveil sonne, c’est l’heure. Il fait encore nuit, tout le monde dors encore dans la chambre, je descends dans la salle du petit déjeuner, il y a déjà 2 personnes. Le silence fait du bien. Je déjeune dans le calme sans un bruit et en profite pour me recentrer sur ma future course, me remémore les fondamentaux, toujours très peu de pression et ce n’est pas plus mal.
5h20, on décolle, tous les triathlètes d’Aix ensemble, pour aller sur le site de départ et là … le stress arrive, une boule au ventre me prends et je me demande bien ce que je fais ici.
Arrivé au parc, vérification du vélo, gonflage des roues, mise en place des bidons puis je me prépare, j’enfile ma combinaison et je file vers le lac pour m’échauffer doucement. Sur le chemin, je retrouve Eric et Sylvain. Petite photo de groupe pour immortaliser le moment et chacun repars direction l’eau.
Il y a 3 vagues de départ en natation, une à 6h45 pour les pros ensuite à 6h50 une vague pour ceux qui veulent faire moins de 1h10 puis à 6h55 une dernière pour les plus de 1h10. Pour ma part, j’espère faire 1h05 donc ce sera la deuxième vague avec le gros du peloton. Je retrouve 2 compères du club avant le départ et demande les derniers petits conseils. Là, je vais vous avouer que j’ai le cœur qui bat vite, très vite ! L’ambiance est chaude mais tendue, je me retrouve à coté d’un triathlète étranger et avant la guerre on se souhaite bon courage. Petit geste sympa. C’est vraiment une grande famille le triathlon.
6h50 Pan !
C’est le départ, je me jette à l’eau, fait les 200 premiers mètres assez vite pour la mise en place, éviter les coups et puis après je prends mon rythme de croisière. La première boucle se passe bien, 31’22’’ à la sortie à l’australienne, 1km900 moitié du parcours, je suis content de moi.
La deuxième est un peu plus dure même si j’ai l’impression de bien nager, le vent se lève un peu et les vagues font leurs apparitions du coup je me concentre sur mes mouvements, bien allonger le bras, bien pousser, essayer de prendre des pieds. Dernière bouée, un coup d’accélérateur, hop je sors de l’eau et rentre dans le parc 1h07’. Je suis un peu déçu mais pas abattu et me dis que maintenant c’est à mon tour de jouer sur le vélo et d’envoyer. Je prends en vitesse mon sac de transition que j’avais bien mis en retrait sur les racks pour pouvoir le repérer facilement, je me change et pars direction le vélo. Ça crie de partout et à un moment j’entends deux voix qui me sont familières, je jette un coup d’œil et j’aperçois ma mère et ma chérie qui me disent que Pierre-Yves (un pote du club alias PYA) est juste devant et que j’ai bien nagé.
Dans la précipitation et le stress de la course je me perds à moitié dans le parc et cherche mon vélo en vain ! En un quart de seconde, qui me semble une éternité, tout me passe par la tête ! Je crois même que l’on m’a volé mon vélo ! J’essaie de me concentrer et percute que je ne suis peut-être pas au bon numéro, du coup je jette un coup d’œil à mon dossard. BINGO ! Je suis me suis trompé de 10 numéros. Je file donc au bon vélo, mets mon casque et pars vers la sortie du parc. 180km en deux tours, 2h20 par tour ce serait super et faisable à mon avis.
Le départ du vélo se fait sous la pluie, la route est rendue glissante et rajouté à ça les rails de tram et les bandes blanches, du coup je ne prends pas trop de risques, préférant perdre quelques secondes plutôt que d’aller au tapis.
Comme à mon habitude, je remonte des dizaines et des dizaines de concurrents au début du parcours, tiens un aixois, Cyrille puis au bout du lac vient PYA ensuite Eric et enfin Fabien et à chaque fois un petit encouragement, ça ne fait pas de mal au contraire.
Les jambes sont bien, j’ai juste un peu froid mais c’est supportable malgré la pluie ! Je m’alimente bien et bois bien parce que 9h d’effort demande beaucoup de jus et la moindre faute surtout alimentaire peu coûter chère. Le tour ce passe bien, il y a de moins en moins de concurrents je dois donc me rapprocher de la tête de course.
Arrive la fameuse Heartbreak Hill. J’entame la montée à un bon rythme, quelques personnes sont là mais rien d’impressionnant ; je continue toujours bien, rattrape encore des mecs et là je vois ma mère, un petit signe, un sourire pour dire que ça va au top, une photo. Là je commence à entendre des cris, des bruits, je lève les yeux et oui effectivement ce que l’on dit sur cette bosse est bien réel !!! Juste la place d’un vélo, les gens hurlent, applaudissent, la sono à fond et tout ca donne des ailes !
Fin du premier tour, 2h15’ !!! Super, je ne suis même pas trop entamé du coup je reste sur ce rythme et continue ma remontée. Par contre la pluie a cessé mais le vent lui a fait son apparition. Un gros groupe se forme autour de moi, dont un arbitre qui a l’air assez chiant, après deux trois rappels à l’ordre, je le sens énervé et prêt à mettre un carton au premier qui draftera ! Pas loupé, ca siffle et je me retourne. BIM, c’est pour moi. Carton noir 6’ de pénalité !!! La loose ! Alors que j’étais dans le groupe pour la gagne en AGR*. Pas grave c’est comme ça ; je m’arrête donc à la première penality box que je vois et regarde passer tous les concurrents que j’avais doublé dont Fabien et Pierre-Yves.
6 minutes c’est long en course, surtout quand on est sur le bord de la route ! Heureusement les arbitres sont assez cool et me laissent aller faire un petit pipi et bien manger. Libéré, je repars tambour battant avec l’idée d’essayer de combler une partie de mon retard concédé sur mes adversaires directs. Heartbreak Hill une dernière fois, l’ambiance est toujours aussi chaude. Le vélo se finit bien, les sensations sont là, dans les derniers kilomètres je lève un peu le pied histoire d’attaquer le marathon sur un bon rythme.
Rentré dans le parc, 4h49’, assez satisfait je pose le vélo et file sous la tente enfiler les baskets. Par contre aucune info sur ma place me laisse un peu dans l’interrogation.
A peine assis qu’arrive PYA. Il s’installe juste à coté de moi, on échange deux trois mots, savoir les sensations de l’autre, notre état et notre envie sur le marathon. 3h20 pour Pierre-Yves, moi je suis peut-être ambitieux pour mon premier IM, et marathon par la même occasion, mais j’espère un petit 3h09 alors je pars sans l’attendre, ca reste une course !
Me voilà lancé pour 42 kilomètres à peu près, je découvre le parcours au fur et à mesure que j’avance. 4 tours sont à couvrir et pas des moindres puisque chaque tour est composé de beaucoup relances et aussi de 4 montées courtes mais assez raides. En gros pas mal de changement de rythme rendant difficile de tenir une allure constante.
Le premier semi se passe bien, un peu trop rapide même, 1h30’ environ mais le fait d’être parmi la tête de course fait baisser les chronos et les supporters Aixois sont en nombre sur le parcours rendant la foulée plus light.
Comme pas mal de gens me l’ont dit, il ne faut pas louper un ravito en course à pied, en nombre relativement important sur tout le tour je me force à prendre un gel et à boire à chaque passage devant. Lors de la 3ème boucle, une vieille blessure mal soignée à l’ischio droit commence vraiment à me tirer et les quadriceps se durcissent de plus en plus. Je sens qu’il va falloir être fort dans la tête, je commence à me crisper, les foulées sont plus lourdes mais la motivation est toujours là.
Sur certains passages la progression devient compliquée au vu du nombre de coureurs et un slalom avec des petits « hop ! hop ! » me permettent de faire écarter les futurs Ironmen et women devant moi.
Dernier passage devant la finish line, que je regarde avec envie, je me dis qu’il ne reste que 10,5km et tout est fini. Une banalité vu tous les kilomètres parcourus depuis ce matin, j’arrive à reprendre un bon rythme mais à 4,5km du but je me fais doubler par une concurrente ; et oui ça arrive ! ; Qui a une superbe foulée, instinctivement je lui emboite le pas et mes temps au kilo redescendent aussitôt. J’arrive au bout du circuit, plus que 3km. Je repasse devant mon « lièvre » pensant l’aider aussi en prenant le relais mais sans m’en rendre compte j’accélère légèrement et la laisse sur place.
A ce moment là je ne vois plus personne et cours sur l’énergie, les hectomètres descendent petit à petit, plus que 2 kil. Je passe une dernière fois devant ma maman qui s’époumone en me disant que c’est top, que j’ai assuré ! Cette fois pas un sourire juste un petit regard, je ne suis pas au mieux mais c’est fini. Un peu plus loin je vois Cyrille, qui a abandonné comme prévu à cause d’une blessure au pied, et Lydie qui me disent que je suis 3 ou 4 dans ma caté. Super content je fais un dernier kilomètre au rythme de la sono, en gros à fond !!! Et j’arrive sur le tapis bleu, il y a un monde impressionnant et sur la tribune d’arrivée je vois Mel me tendant le drapeau français que je brandis au dessus de ma tête, fier d’en avoir fini avec mon tout premier Ironman. Je regarde le temps 9h22 moins les 5 minutes d’écart avec les pros ce qui fait 9h17’ pas mal. 3h13 au marathon. Je suis crevé mais heureux et au moment de passer la ligne j’entends une phrase mythique, LA phrase mythique : « You are an IRONMAN !!!! ».
C’est juste énorme, ma médaille autour du coup et mon drapeau sur les épaules, je rejoins Mel et Eric, un pote Suisse venu pour nous encourager, qui me sors « tu gagnes mon pti !!! 1er dans ta cat ». Cerise sur le gâteau.
Mes jambes sont douloureuses au possible, un petit bisou à ma chérie et je repars m’assoir vers la finish line pour attendre les copains. Et au final je me rends compte que je n’ai même pas eu ma petite larme de joie ou d’épuisement tout dépend du point de vue lors du passage de la ligne ! Je pense en partie à cause du gars qui me collait au cul sur la dernière ligne droite !!! Même pas pu savourer !
Au même moment passe Pierre-Yves, à qui je tends le drapeau tricolore aussi, je suis juste après les photographes et on se prend dans les bras plein de joie et nous nous félicitons, me mettant cette fois-ci la larme à l’œil.
Une journée longue, dure, éprouvante mais extraordinaire, pleine de sentiments très différents et une envie qui cette fois est encrée au plus profond de moi, vivement le prochain !!!! Ce ne sera pas Kona, obligations militaires obligent, mais Hawaii, un jour, c’est sûr!
Je tiens à remercier tous mes amis qui m’ont soutenu, envoyé des messages et des mails, donné des conseils, tous les supporters qui sont venus nous encourager sur le bord des routes, mes sponsors pour leur aide, mon coach Christophe, Claire ma kiné qui m’a chouchouté les 2 dernières semaines et Jean-Pierre VADALA mon ostéopathe et étiopathe et surtout ma famille en particulier ma chérie qui m’a poussé, encouragé, reboosté et supporté dans tous les sens du terme.
MERCI MERCI MERCI
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